SPJUT Stefan – La chasseuse de trolls
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Titre : La chasseuse de trolls (Susso, tome 1)
Auteur : Stefan Spjut
Plaisir de lecture : Livre à découvrir
Lire les premières pages
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Susso est cryptozoologue et rêve de voir un troll. Alors quand une grand-mère aperçoit un étrange être à travers les carreaux de la fenêtre, Susso fonce jusqu’à ce patelin pour installer un appareil photo à déclencheur par mouvement pour espérer capturer un cliché. Peu de temps après sa visite, le petit-fils venu faire un tour chez sa mamie disparait. Il est connu que les trolls sont particulièrement attirés par les enfants. D’ailleurs, le triste événement rappelle la disparition locale de Magnus voilà vingt-cinq ans.
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La cryptozoologie est l’étude des animaux dont l’existence ne peut pas être prouvée de manière irréfutable. Ce sont les trolls qui passionnent Susso. D’ailleurs, elle leur consacre un site web et rêve d’en voir un de ses propres yeux.
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Dans ce récit, Stefan Spjut nous emmène au contact des habitants. Il prend son temps pour nous lier aux personnages et cela fonctionne. Au fur et à mesure de la lecture, on apprend à connaître les brisures personnelles des personnages.
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On plonge aussi bien dans une partie du folklore scandinave que dans les profondeurs de la forêt. L’ambiance froide est bien retranscrite tout comme la puissance de la nature. Le point central est le peuple des stallos, mieux connus sous le nom de trolls. Ces créatures sont accusées de quelques maux, notamment le kidnapping.
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Les trolls ne sont pas en dehors de la civilisation, comme un lointain mirage mais évoluent au sein de la société : dans le garage des voisins, dans la parcelle forestière d’à côté. Ce qui fait naître un intérêt croissant pour que nous espérions nous aussi, en tant que lecteurs, croiser un troll par les yeux de la protagoniste.
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« La chasseuse de trolls » est le premier tome d’une trilogie nommée « Susso ». Je pensais qu’il s’agissait d’un one-shot. La fin est ouverte et m’a paru un peu étrange mais pas assez pour me convaincre d’une suite ; surtout que je ne connais pas les codes de la littérature suédoise et me suis dit que c’était peut-être une clôture habituelle. À vrai dire, j’aurais aimé savoir qu’il s’agissait d’une trilogie avant de commencer le livre.
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L’atmosphère est marquante car lourde et tout aussi riche. Elle peut s’avérer oppressante à certains moments mais absolument rien d’insupportable, j’estime qu’on est loin du sentiment de malaise permanent.
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Le roman est singulier : ce polar prend une direction fantastique.
La base est policière avec l’enlèvement d’un enfant et l’impact du fantastique nous amène à toujours douter de la réalité. On remet en cause les éléments donnés car ce sont les personnages qui les rapportent : a-t-il vraiment vu ça ? N’exagère-t-il pas la situation ?
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J’ai aimé l’alliance de la modernité de la Suède et de la mythologie scandinave. Ma plongée a été immédiate grâce au réalisme, celui du quotidien : le kilométrage à effectuer et cette fatigue cumulée : sur la route, la neige à gérer, les personne à contacter avant d’arriver chez eux (logique), son entourage à prévenir.
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L’alternance entre deux points de vue permet de garder un certain équilibre. Une partie du jeu consiste à replacer les éléments dans la chronologie, ce qui permet de comprendre ce qui est arrivé. J’ai aimé les indices distillés, la rupture de rythme choisi par l’auteur. Plusieurs récits s’entrecroisent : on ne se trouve pas sur une balade bien balisée. Il faut chercher, s’interroger et se demander avec quelle intensité intervient le surnaturel.
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Cunéipage (Sylvie Sagnes) s’interroge elle aussi sur les dimensions des stallos.
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Illustrations : #01 Couverture des éditions Libri Kiadó ; #02 Couverture des éditions Forlaget Oktober.