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Articles taggués ‘féminisme’

FAVILLI Elena & CAVALLO Francesca – Histoires du soir pour filles rebelles

29/06/2019 10 commentaires

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Couverture du livre "Histoires du soir pour filles rebelles" d'Elena Favilli et Francesca CavalloTitre : Histoires du soir pour filles rebelles, 100 destins de femmes extraordinaires
Autrices : Elena Favilli & Francesca Cavallo
Plaisir de lecturenote : 4Livre à découvrir

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« Histoires du soir pour filles rebelles » est né d’un financement participatif et a connu un grand succès : 500 000 exemplaires vendus, n° 1 des albums jeunesse aux USA et en Angleterre, n° 1 des livres en Italie dès sa parution. Il existe un second tome.
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Le livre fait part de 100 portraits de femmes qui ont cru en elles. Le fond du message rappelle que rien n’est acquis. Il est à mettre entre toutes les mains, masculines et féminines. Il passe très bien en lecture à voix haute (le soir ou non). J’ai partagé ma lecture avec N., 10 ans, qui était très intéressé. Les biographies soulèvent des questions… qui amènent à d’autres recherches.
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Je tique un peu sur l’expression « pour filles rebelles » dans un contexte où la lecture devrait être non genrée. J’ai bien conscience du parti pris du livre qui souhaite mettre en avant des figures féminines qui ont connu une victoire. Mais je trouve que c’est maladroit d’en faire un point purement marketing pour le titrer ainsi.
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J’ai trouvé la présence de certains portraits tendancieuce, que je n’aurais peut-être pas validé sur maquette mais rien d’outrageant. Inversement, toutes les femmes au niveau mondial ne peuvent pas être représentées (heureusement qu’un second tome est paru !).
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Est à remarquer, un effort louable pour balayer aussi bien les époques que les continents. On retrouve ces cent femmes dans diverses disciplines sportives, dans les arts, de métiers différents ou dans les nombreuses sciences. Les reines côtoient les guerrières – parfois, elles sont les deux – et beaucoup de militantes.
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La sélection s’établit sur des femmes qui s’avèrent/s’avéraient des rebelles pour la société et leur époque. Parfois, elles choquent/choquaient et risquaient souvent leur vie.
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Les portraits brossés sont synthétiques : la biographie se concentre sur le succès et moins sur l’œuvre accomplie par la femme. La fin tragique de certaines figures est aussi édulcorée. Alors même si on peut rester sur sa faim, le livre a l’immense intérêt d’éveiller les consciences.
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Concrètement, chaque double page présente une figure féminine : texte de présentation à gauche, portrait dessiné à droite accompagné d’une citation. La biographie titre le nom, puis le métier ou le titre, présente l’histoire en quelques mots, clôture sur la date de naissance et la date de mort, ainsi que le pays de naissance.

J’ai bien aimé que ces 100 portraits soient classés de manière alphabétique à partir du prénom de chacune.
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60 illustratrices interviennent dans ce livre : chaque artiste a pu apporter sa touche et c’est une véritable sensibilisation à l’art qu’on peut aussi amener en le feuilletant. Petit précision : les illustrations sont non « girly » (ouf !), non enfantines et travaillées. Elles sont un vrai régal à découvrir.
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Le livre contient un signet en ruban, les cent portraits, une double page vierge pour écrire l’histoire et dessiner le portrait de la/du propriétaire du livre, un panthéon des rebelles (les personnes qui ont participé au crowdfunding initial), et la liste des illustratrices ; en plus des remerciements et d’un succinct portrait des autrices.

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Mise en scène du livre Histoires du soir pour filles rebelles Livre histoires du soir pour filles rebelles, signet et étiquette "appartient à"

Livres histoires du soir pour filles rebelles portrait de Magherita Hack

Livres histoires du soir pour filles rebelles portrait de Nina Simone

Livres histoires du soir pour filles rebelles portrait de Jane Goodall

Livres histoires du soir pour filles rebelles portrait d'Hypatie

Livres histoires du soir pour filles rebelles portrait de Michelle Obama

Livres histoires du soir pour filles rebelles à feuilleter

Livres histoires du soir pour filles rebelles portrait vierge

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Défi Valériacr0 écrit en lettres retro à ampoules.
Ce livre était la sélection de ma binômette Valériane dans le cadre de notre défi Valériacr0 de juin. Très rebelle !

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DALCHER Christina – Vox

19/06/2019 12 commentaires

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Couverture du roman "Vox" de Christina DalcherTitre : Vox
Autrice : Christina Dalcher
Plaisir de lecture : Livre sympa
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Depuis qu’elle possède son bracelet, Jean McGann est bien en peine à rester chez elle. Elle a interdiction de se rendre à son laboratoire alors qu’elle est doctrice en neurosciences. Il faut dire que communiquer avec son équipe est impensable avec seulement 100 mots par jour. C’est le nombre maximal quotidien de toutes les personnes de sexe féminin – femmes et filles – depuis qu’ont été créés les bracelets compteurs de mots. Pourtant, elle pourrait se débarrasser du sien si elle acceptait de travailler sur la formule d’un sérum contre l’aphasie pour sauver le frère du président.

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En deux pages, on se retrouve puissamment plongés dans le contexte dystopique. Ces bracelets compteurs de mots ont été créés pour la liberté des femmes « Vous avez le droit de garder le silence » annonce le texte officiel. C’est la dernière invention du Mouvement Pur, le parti politique qui se trouve à la tête de ce pays.
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La liberté de… mieux choisir ses mots, de ne pas perdre son temps en discussions futiles et de se concentrer sur la vie de famille et la tenue du foyer, évidemment. C’est vrai : avec 100 mots par jour, il y a intérêt à bien les choisir ! Et si l’on dépasse la limite ? Petite décharge électrique !… qui s’intensifie selon le pourcentage de dépassement au point de devenir mortelle.
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La colère et la détresse de Jean, protagoniste sont palpables et amenées de manière réaliste dans le récit. J’estime que les personnages sont réussis quand ils nous font travers des émotions. C’est pourquoi le fils de Jean l’est certainement étant donné que j’ai eu envie de le défenestrer à chaque fois qu’il ouvrait la bouche. Il faut dire que les différences entre hommes et femmes sont un tel gouffre dans ce monde horrible, que l’avis cet adolescent sur la place des femmes (de son entourage) retourne totalement l’estomac.
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Évoquons-le maintenant : oui, cette dystopie rappelle fortement « La servante écarlate » de Margaret Atwood. Les récits se basent sur le même procédé : on « tombe » dans la vie d’une femme à instant T, on découvre par les pensées de la protagoniste la société dans laquelle elle vit. On a accès à sa vision et son ressenti. Et on construit au fur et à mesure, par les bribes d’informations données, les règles sociétales de l’univers et le basculement fatidique.
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Cette société patriarcale est poussée à son paroxysme dans les droits des femmes et aussi dans le rôle des hommes ; même si l’histoire ici stigmatise un peu l’absence de réactions des hommes face à l’injustice (même c’est un processus compréhensible si l’on se souvient que c’est le discernement de Jean qui octroie ce filtre).

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L’immersion est rapide grâce à un style fluide. Dans son ensemble, le livre se dévore, « mais…». Et c’est rageant pour moi d’écrire que la fin ne me semble pas aussi soignée que le reste. D’ailleurs, je me demande si c’en est réellement une : l’autrice nous quitte sans nous dire ce que deviennent les rescapés et les victimes du mouvement « rebelle ». La fin est non seulement rapide et quelque peu bâclée mais d’une résolution beaucoup trop facile alors que Christina Dalcher avait pris soin de donner de la consistance à l’épreuve que doit traverser Jean.
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Le positif est à considérer : ce livre trouvera son public, dont la majorité n’aura pas découvert « La servante écarlate » (incomparablement mieux construit et intense).

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La prise de conscience est donc un élément bénéfique pour questionner les lecteurs sur leurs propres choix ; voire de se projeter dans la personnage principale en se demandant comment l’on agirait à sa place. L’existence d’une telle société est effrayante ; mais aussi déstabilisante tant la situation décrite ne me parait pas si lointaine.
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Je pense qu’à l’époque du #metoo, de la libération de la parole des femmes, de la priorisation à la sororité, certains livres amenant à une réflexion dans ce sens sont tout simplement bons à prendre.
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Je me permets de terminer ce billet sur une citation très à-propos de Simone de Beauvoir : «N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.»

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Mise en scène du roman "Vox" de Christina Dalcher

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Lune a eu un coup de cœur pour ce récit féministe, Margaud Liseuse note aussi l’importance du roman, Elessar a été moins convaincu sur l’aspect réaliste de l’histoire.

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CHOLLET Mona – Sorcières, la puissance invaincue des femmes

26/03/2019 20 commentaires

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Couverture de l'essai "Sorcières, la puissance invaincue des femmes" de Mona CholletTitre : Sorcières, la puissance invaincue des femmes
Autrice : Mona Chollet
Plaisir de lecturenote : 4 Livre à découvrir
Lire les premières pages

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La Sorcière ! Cette figure importante de l’Histoire.
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À travers cet essai, Mona Chollet, journaliste et cheffe d’édition au Monde diplomatique de métier, dresse un portrait de la sorcière moderne. Mais qui est-elle ? La femme indépendante, celle qui prend ses choix par elle-même sans rien devoir à la société et à sa cargaison d’idées bien-pensantes frelatées ou de poussiéreux us et coutumes.
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Mona Chollet revient sur le traitement des femmes dans la société occidentale actuelle ; avec le sexisme ordinaire qui prend racine dans tous les domaines. Le patriarcat veut brider l’autonomie à tout prix, réduire au silence les femmes qui gênent. Et c’est plutôt une affaire qui roule bien puisque dès la naissance, une fille sera sous la coupe d’une éducation liberticide (dans des proportions variant d’une individu à l’autre selon l’environnement). Avec une telle pression quotidienne, on peut comprendre l’intériorisation des femmes et cette obéissance remarquable.

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L’introduction se concentre sur le portrait de la sorcière d’antan et de sa chasse ; profondément misogyne. L’essai s’articule ensuite en trois parties, reprenant trois achétypes : la femme indépendante, la femme qui ne désire pas d’enfant et la femme âgée. Vous pouvez consulter la table des matières dans son entièreté, à l’avant dernière page de l’extrait.
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Si l’on est tatillon.ne, on pourrait trouver un certain déséquilibre dans les parties, mais il repose davantage sur la structure du texte et non l’argumentation. L’autrice ne brosse pas le portrait d’une femme aux idées que l’on pourrait qualifier d’extrémistes mais celui simple, d’une femme qui assume ses choix.
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J’ai été singulièrement interpellée par différents points : par ces femmes qui demandent une stérilisation volontaire ; par la répartition des femmes sans enfant par rapport à leur attitude vis-à-vis des enfants : attitude de la mère, celle de la tante ou celle qui n’aime tout simplement pas les enfants (et sans velléité à leur égard) ; par l’existence de ces femmes qui aiment leurs enfants sans aimer être mère (état qui ne m’a pas surprise, puisque des personnes de mon entourage ont parlé de leur conclusion) ; par le jugement vis-à-vis des femmes vieilles qu’il faut cacher.
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De quelques avis disponibles sur les Internets ressortait l’opinion que les écrits manquaient de nuance concernant la maternité. Je n’ai aucunement senti que Mona Chollet labellisait que pour être « sorcière » il ne fallait pas avoir d’enfant. D’abord, car l’on reste sur le concept de « sorcière = femme indépendante », pas sur le fait d’en être une-testée-approuvée-diplômée. Puis, elle écrit et développe son argumentation sur deux points fondamentaux : une non-maternité et un non-désir d’enfant qui doivent faire partie des possibilités pour les femmes. Tout compte fait, je note une distinction entre ce qu’il est écrit dans cet ouvrage et l’interprétation du/de la lecteur.rice. Ressenti qu’il est important de prendre en compte mais qui variera d’une personne à l’autre (maternité ou non-maternité vécue) ; je ne me suis nullement sentie jugée dans mes propres choix en lisant « Sorcières, la puissance invaincue des femmes ».

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Dès les premiers mots, Mona Chollet désamorce toute volonté scientifique : elle exprime son point de vue personnel – et donc subjectif. Elle dresse un constat bordé de son opinion et sans imposer de vérité absolue.
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L’esprit de synthèse et d’analyse de l’autrice permet d’offrir un essai d’une grande accessibilité grâce à la vulgarisation des informations. Il se révèle riche et bien documenté. D’ailleurs, elle cite toutes les sources avec autant d’humilité que celle qui berce sa démarche intellectuelle. L’abondante bibliographie est un des aspects le plus passionnant du livre, nous invitant à étendre notre curiosité au-delà de ces couvertures.
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L’écriture est fluide, simple et non pas simpliste. Il est agréable à lire tant sur la forme que sur le fond. L’humour nait de l’autodérision que l’on retrouve dans les anecdotes personnelles rapportées. Ajoutées à des représentations issues de la résonance, le rapport de connivence entre lectrice et autrice est intense.

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Mona Chollet met en lumière des femmes qui font des choix « difficiles » par rapport à ce qui est attendu d’elles. Elle invite à inverser la perspective : et si les femmes transmuaient ? Au lieu de cataloguer certaines personnes ayant un caractère subversif ou une attitude rebelle, il serait « bien » de les considérer comme intégrant la normalité féminine. S’affranchir des injonctions faites aux femmes doit être une volonté de tous les jours et peut-être que la reconnaissance et la solidarité nouvelles seraient aussi une base bienvenue (le concept de sororité).
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La lecture est instructive et même nécessaire.

Elle peut renvoyer le/la lecteur.rice à beaucoup de questions personnelles et peut provoquer une remise en question de sa vision.
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Si vous êtes intéressé.e par la très vaste thématique du féminisme, vous trouverez certaines redondances – qui n’en sont pas moins qualitatives – avec d’autres écrits. J’ai une préférence pour l’essai « Ainsi soit-elle » de Benoite Groult qui retrace davantage l’Histoire des femmes, notamment sur leurs droits et leurs conditions (tout aussi accessible et argumenté).
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C’est un ouvrage passionnant, à offrir à toute personne pour qui la thématique peut résonner (de près et même de très loin). Il peut entraîner une prise de conscience de cet aspect sociologique à travers des femmes réelles ou fictives.
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Pour moi, il est particulièrement complexe de parler d’un tel essai avec mes propres mots. Je suis donc consciente de ne pas même pas avoir parlé de l’ensemble des aspects dont traite ce livre ; donc d’avoir été réductrice et d’avoir surtout souligné certains faits sans même réussir à indiquer tous les points qui m’ont questionnée. C’est la vie 😜. Conclusion : lisez-le ! 

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Mise en scène de l'ouvrage "Sorcières" de Mona Chollet

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Dans le chaudron : des essais englobant une part du féminisme
Quelques mots sur « Ainsi soit-elle » de Benoît Groult, sur « La chair interdite » de Diane Ducret et sur « Libres » d’Ovidie & Diglee ; ma chronique sur « Enfin insécurisée » d’Eve Ensler et celle sur les deux romans graphiques de Liv Strömquist.

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Défi Valériacr0 écrit en lettres retro à ampoulesCette lecture est sorti de la marmite de Valériane pour célébrer le printemps et pour fêter le début de notre septième année de challenge « Défi Valériacr0 ».

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Des galipettes entre les lignes (Lili Galipettes), Le Livroblog (Hilde)Les petites addictions de CranberriesMargaud Liseuse ont elles aussi relevé de nombreux passages.

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ENSLER Ève – Enfin insécurisée, vivre libre malgré le totalitarisme sécuritaire

16/07/2015 17 commentaires

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Enfin insecurisee Eve EnslerTitre : Enfin insécurisée, vivre libre malgré le totalitarisme sécuritaire
Auteure : Ève Ensler
Plaisir de lectureetoile 3 Livre sympa.

Ève Ensler a publié ce récit où elle revient sur son expérience, celle de toute une vie. Surtout sur les émotions qui l’ont submergée lors de la rencontre de personnes ; issues des sociétés contemporaines. Elle lève le voile de son regard sur le monde et le fait partager.

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insecure at last Eve EnslerCe texte a été publié en 2006 aux Etats-Unis. Sa préface plus actuelle fait un point sur la situation, pourtant, on se rend  vite compte que le récit reste de circonstance. Dans ce préambule, j’ai été un peu échaudée par sa position politique.
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Ce livre se compose de quatre parties, quatre phases de sa vie : Attirée par ce que je redoutais le plus ; effondrement ; quitter la maison de mon père ; finalement dévoilée – enfin sécurisée.
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L’auteure donne son ressenti plein de sensibilité quant aux différents cadres sociaux et économiques. Elle revient sur cet après 11-septembre avec ses implications, ses conséquences, sur le mode de réflexion des contemporains.
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Dans des environnements menaçants et dangereux, Ève Ensler rencontre des femmes victimes de violences : il y est question d’émotions, d’amour et ce n’est pas entièrement synonyme de douleurs et de tristesse.
. Lire la suite…

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