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Articles taggués ‘dystopie’

DALCHER Christina – Vox

19/06/2019 12 commentaires

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Couverture du roman "Vox" de Christina DalcherTitre : Vox
Autrice : Christina Dalcher
Plaisir de lecture : Livre sympa
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Depuis qu’elle possède son bracelet, Jean McGann est bien en peine à rester chez elle. Elle a interdiction de se rendre à son laboratoire alors qu’elle est doctrice en neurosciences. Il faut dire que communiquer avec son équipe est impensable avec seulement 100 mots par jour. C’est le nombre maximal quotidien de toutes les personnes de sexe féminin – femmes et filles – depuis qu’ont été créés les bracelets compteurs de mots. Pourtant, elle pourrait se débarrasser du sien si elle acceptait de travailler sur la formule d’un sérum contre l’aphasie pour sauver le frère du président.

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En deux pages, on se retrouve puissamment plongés dans le contexte dystopique. Ces bracelets compteurs de mots ont été créés pour la liberté des femmes « Vous avez le droit de garder le silence » annonce le texte officiel. C’est la dernière invention du Mouvement Pur, le parti politique qui se trouve à la tête de ce pays.
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La liberté de… mieux choisir ses mots, de ne pas perdre son temps en discussions futiles et de se concentrer sur la vie de famille et la tenue du foyer, évidemment. C’est vrai : avec 100 mots par jour, il y a intérêt à bien les choisir ! Et si l’on dépasse la limite ? Petite décharge électrique !… qui s’intensifie selon le pourcentage de dépassement au point de devenir mortelle.
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La colère et la détresse de Jean, protagoniste sont palpables et amenées de manière réaliste dans le récit. J’estime que les personnages sont réussis quand ils nous font travers des émotions. C’est pourquoi le fils de Jean l’est certainement étant donné que j’ai eu envie de le défenestrer à chaque fois qu’il ouvrait la bouche. Il faut dire que les différences entre hommes et femmes sont un tel gouffre dans ce monde horrible, que l’avis cet adolescent sur la place des femmes (de son entourage) retourne totalement l’estomac.
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Évoquons-le maintenant : oui, cette dystopie rappelle fortement « La servante écarlate » de Margaret Atwood. Les récits se basent sur le même procédé : on « tombe » dans la vie d’une femme à instant T, on découvre par les pensées de la protagoniste la société dans laquelle elle vit. On a accès à sa vision et son ressenti. Et on construit au fur et à mesure, par les bribes d’informations données, les règles sociétales de l’univers et le basculement fatidique.
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Cette société patriarcale est poussée à son paroxysme dans les droits des femmes et aussi dans le rôle des hommes ; même si l’histoire ici stigmatise un peu l’absence de réactions des hommes face à l’injustice (même c’est un processus compréhensible si l’on se souvient que c’est le discernement de Jean qui octroie ce filtre).

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L’immersion est rapide grâce à un style fluide. Dans son ensemble, le livre se dévore, « mais…». Et c’est rageant pour moi d’écrire que la fin ne me semble pas aussi soignée que le reste. D’ailleurs, je me demande si c’en est réellement une : l’autrice nous quitte sans nous dire ce que deviennent les rescapés et les victimes du mouvement « rebelle ». La fin est non seulement rapide et quelque peu bâclée mais d’une résolution beaucoup trop facile alors que Christina Dalcher avait pris soin de donner de la consistance à l’épreuve que doit traverser Jean.
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Le positif est à considérer : ce livre trouvera son public, dont la majorité n’aura pas découvert « La servante écarlate » (incomparablement mieux construit et intense).

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La prise de conscience est donc un élément bénéfique pour questionner les lecteurs sur leurs propres choix ; voire de se projeter dans la personnage principale en se demandant comment l’on agirait à sa place. L’existence d’une telle société est effrayante ; mais aussi déstabilisante tant la situation décrite ne me parait pas si lointaine.
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Je pense qu’à l’époque du #metoo, de la libération de la parole des femmes, de la priorisation à la sororité, certains livres amenant à une réflexion dans ce sens sont tout simplement bons à prendre.
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Je me permets de terminer ce billet sur une citation très à-propos de Simone de Beauvoir : «N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.»

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Mise en scène du roman "Vox" de Christina Dalcher

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Lune a eu un coup de cœur pour ce récit féministe, Margaud Liseuse note aussi l’importance du roman, Elessar a été moins convaincu sur l’aspect réaliste de l’histoire.

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HOWEY Hugh – Outresable

06/02/2019 16 commentaires

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Couverture du roman Outresable de Hugh Howey paru aux éditions Actes SudTitre : Outresable
Auteur : Hugh Howey
Plaisir de lecture :  Livre sympa
Lire les premières pages

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Depuis des siècles, le sable prend du terrain : il a englouti les villes de la civilisation précédente et contraint femmes et hommes à survivre sur les immenses dunes. Pour subsister, certains humains plongent pour récupérer des objets qui se monnaieront à la surface. Les premiers mètres ont été complètement ratissés : ils doivent atteindre une profondeur dangereuse pour laquelle leurs équipements ne sont pas viables afin de leur assurer un minimum de sécurité.

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Toute vie est pareille au sable profond, avait appris Vic. De la naissance au trépas, ce n’est qu’une succession de constrictions violentes, l’une après l’autre, un poing graisseux agrippant des âmes infortunées qui crèvent la surface juste le temps de remplir leurs poumons d’air avant d’être aspirées vers le bas de nouveau. C’était la vision du monde que Vic avait fini par se faire. Partout où elle portait le regard, elle voyait la vie qui broyait les gens, les arrachant d’une situation difficile pour les précipiter dans la suivante, avec les paumes cruelles du malheur serrées autour de leur pauvre cou.

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Avec « Outresable », Hugh Howey nous présente une famille éparpillée. Si j’étais honnête, je dirais que chaque membre de la famille cherche à creuser lui-même sa propre tombe. J’ai une problématique toute personnelle : je mélangeais les personnages masculins en début de roman (description physique, prénoms), ce qui m’a demandé de revenir en arrière pour bien comprendre les premières actions et leurs conséquences. J’ai une préférence très marquée pour Vic car elle ne sait pas toujours ce qu’elle fait, mais elle le fait. Elle reste plus ancrée dans leur réalité et se trouve dans l’action.
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L’intrigue prend place aux USA, dans un futur éloigné. Le sable a tout recouvert et continue de progresser. Les personnes se sont regroupées en cités éphémères pour éviter l’enfouissement. La survie se base sur la plongée dans le sable : les plongeurs tirent des villes enterrées, les ressources nécessaires. Ces objets, tels des trésors des anciennes civilisations sont troquées contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Pour vous donner une idée, une culotte – sale, certes – est un trésor. Ce n’est évidemment pas le gros lot sur lequel tout le monde espère tomber.

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Le secret pour survivre à pareilles souffrances consistait à rester parfaitement immobile dans cette étreinte, elle l’avait découvert. Apprendre à ne pas respirer, là résidait la solution. La seule différence entre l’étouffement et l’accolade, c’est une voie ouverte. Raison pour laquelle Vic avait appris d’elle-même à retenir sa respiration. Alors la vie était devenue une série ininterrompue d’embrassades.

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Pour se mouvoir dans le sable, les plongeurs enfilent une combinaison qui ressemble à celle d’un astronaute. La technologie leur permet de modeler le sable pour s’y mouvoir comme dans l’eau. Il existe des techniques de plongées et de déplacements en modelant le sable, en s’appuyant sur les halos repérés avec leurs lunettes. Découvrir cet aspect technique m’a vraiment botté mais l’auteur a spécifié dans une interview que cet aspect scientifique ne relevait d’aucun réalisme.
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En plongée, le sable s’immisce partout dans la combinaison et même dans la bouche, c’est pourquoi il existe le phénomène de cercueil où le cerveau peut arriver à crier au danger. Leurs équipements sont construits en mode « système D » avec les pièces qu’ils arrivent à troquer et des connexions réalisées à la main. Je me suis surprise à ralentir ma respiration et même à tenter plusieurs fois au cours du roman à retenir mon souffle pour voir si je ferai une bonne plongeuse (la réponse est non, définitivement).

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Hugh Howey nous emmène dans un nouvel univers âpre : après l’environnement toxique de Silo, la mer houleuse de Phare 23, on réalise une plongée dans le sable avec Outresable. A fortiori, j’ai bien aimé le titre de ce roman et la couverture.
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On se retrouve en pleine dystopie avec un monde perdu, des civilisations englouties et la survie des êtres humains. On se confronte à l’effet dévastateur du changement climatique puisque l’envahissement du sable est omniprésent mais l’eau est aussi devenue rare.
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L’axe principal du roman est le suivi et le développement de cette famille dysfonctionnelle. Pour ma part, j’ai eu quelques pages de flottement pour comprendre les relations qui liaient les personnages. J’ai aimé le rapport de l’aridité entre leurs contacts et celle de leur environnement. La plongée, leur survie, l’existence de villages provisoires et le questionnement autour de la grande faille sont autant d’éléments venant nourrir cet univers mais pour lesquels Hugh Howey restera assez sommaire pour cette intrigue.
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Entrez dans cette histoire si vous souhaitez découvrir le portrait de personnages aussi rudes que leur environnement. Si vous cherchez plus de profondeur sur le quid de l’univers, la problématique des personnages et leur avenir, votre lecture risque d’être inassouvie.

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Le regard de Palmer passa de cette lanière de joyaux à la bande dansante de feu givré qui s’intensifia de nouveau quand la tente fût refermée. Ce groupe d’étoiles innombrables s’étirait d’une dune jusqu’au ciel de l’horizon lointain. Il était impossible d’apercevoir le feu givré en ville, pas avec toutes ces flammes de gaz qui brûlaient pendant la nuit. Mais c’était la marque du désert, le tampon au-dessus de sa tête qui disait au garçon qu’il se trouvait très loin de chez lui, qui lui faisait savoir qu’il était au milieu des étendues de sable. Et pas seulement les étendues de sable et de dunes, le fin fond de nulle part dans l’existence, quand il avait rejeté le refuge de la jeunesse et avant qu’il prenne la peine de construire son propre abri. Les années sans tente. Les années lumineuses, aveuglantes, durant lesquelles les hommes vagabondaient, comme les planètes le faisaient.

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Palmer consulta la jauge de sa visière. La distance était transmise par le transpondeur laissé derrière eux. Cinquante mètres. Cent mètres. Leu respiration devenait de plus en plus difficile, et il leur fallait accentuer leur concentration pour écarter le sable. Plus Hap et lui s’enfonçaient et plus la colonne de sable au-dessus d’eux se tassait et se faisait pesante. À ce stade, beaucoup de plongeurs cédaient à la panique et au phénomène dit « du cercueil », quand ils laissaient le sable se solidifier autour d’eux. […] Lorsque le désert referme ses deux bras géants autour de votre poitrine et décide que vous ne respirerez plus, vous prenez conscience de votre insignifiance. Vous n’êtes qu’un grain de sable écrasé au sein d’une infinité de grains de sable.

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Mise en scène de livre Outresable de Hugh Howey

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Dans le chaudron : un roman « opposé » car l’exploration de l’environnement se passe au fond des mers « Les océans stellaires » de Loïc Henry.
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Cunéipage (Sylvie) a bien enfilé sa combinaison mais elle aussi est restée à la surface.

 

VAN WILDER Cindy – Terre de Brume ~ Le Sanctuaire des Dieux, tome 1

27/11/2018 19 commentaires

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Couverture du roman "Le sanctuaire des dieux" de Cindy Van Wilder, tome 1 de Terre de BrumeTitre : Le Sanctuaire des Dieux (Terre de Brume, tome 1)
Autrice : Cindy Van Wilder
Plaisir de lecturenote : 4 Livre à découvrir

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Le Monde de Mirar vient de subir un cataclysme que les habitants nomment le Bouleversement. Une Brume toxique s’abat sur l’ensemble des territoires : seuls les sommets de montagnes sont épargnés. Les rares survivants se sont retranchés dans des sanctuaires. Intissar, une Sœur de Feu brave l’avis de sa supérieure pour prévenir la ville de Taho du terrible danger qui se profile. Elle est accueillie par Héra au Sanctuaire des Prêtres de l’eau. Une vague de Brume peuplée de créatures déferle et attaque l’aqueduc qui alimente les communautés en eau, ressource déjà rare.

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Le prologue reste mystérieux : il se déroule une semaine après que la Brume envahisse tout. Puis, l’histoire s’enchaine avec une ellipse de dix-sept années. On suit l’une des deux protagonistes Héra, bébé récupérée par Pylos, un marin.

Terres et mers ont été englouties par la Brume mortelle : les pêcheurs sont devenus des Passeurs de Sanctuaire en Sanctuaire, déposant passagers et courrier, car leur embarcation flotte sur ladite Brume.

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La jeune femme le remercia d’un sourire avant de s’éloigner vers le modeste réduit que Pylos avait aménagé. Un luxe inédit pour ce type d’embarcations, dont de nombreux autre marins s’étaient moqués à l’époque.
— Et à quoi cela va te servir, hein ? Quand tu y auras remisé tes voiles, il ne te restera plus de place pour y suspendre ton hamac !
Pylos sentit son cœur se serrer à ce souvenir.
Si on lui avait dit un jour qu’il se retrouverait dans un monde sans aucune brise pour faire avancer son bateau, où les voiles ne servaient plus à rien, sinon à se tailler des vêtements… Jamais il ne l’aurait cru. Un monde où le vent avait purement et simplement disparu. Une des nombreuses conséquences du Bouleversement.

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Mirar est une société clivée : les clans ne se mélangent pas. Si l’Académie existe, il est réputé que l’entente est peu cordiale entre les Prêtres de l’Eau et les Frères & Sœurs du Feu.

On apprend que les corporations se sont formées autour des quatre éléments : pour l’Eau, les fidèles peuvent devenir guerrier ou guérisseur. Concernant le Feu, les Sœurs et les Frères sont capables de projeter des flammes sur une longue distance (entre autres). Pour le Vent, les membres sont appelés les Souffleurs et pourraient modifier les conditions climatiques. Vis-à-vis de la Terre, la mission des Semeurs nous reste encore complètement inconnue.

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Pour la création de cet univers, j’ai aimé les clins d’œil de Cindy Van Wilder à la mythologie grecque avec les lieux, la consonance des prénoms (Laël, Tyel, Tybalt, Maïlyne, Amani, Dédale, Mégare,…).

Question contexte, l’eau est devenue une denrée rare et la nourriture ne se trouve pas à profusion. La magie possède une contrepartie polluante : quand la magie est utilisée, elle produit un déchet… la Brume. D’ailleurs, l’olympite est le seule matériau qui peut résister à son effet corrosif.

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[Pylos] n’avait jamais vu un Vecteur d’aussi près de toute sa vie. Bien entendu, il connaissait le principe – deux capsules de verre l’une sur l’autre, formant un sablier, sauf qu’elles ne contenaient aucun grain de sable. Au contraire, celle du dessus était emplie d’une eau claire, translucide, qui émettait une faible lueur turquoise. L’eau consacrée par les prêtes et source de magie.
Et, en dessous, une capsule vide destinées à recevoir la Brume.
Il était impossible d’utiliser la magie sans produire de Brume en retour.
Une Brume toxique, que les prêtres prenaient soin de stocker dans un immense réservoir au sein de l’Académie. Une Brume qui avait brutalement échappé à leur contrôle le jour du Bouleversement, si les rumeurs disaient vrai.

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Ce récit est raconté en alternance des points de vue d’Intissar et d’Héra. La complémentarité des caractères de ce duo féminin fonctionne et est source d’intérêt pour le lecteur. Elles restent toutes deux, adolescentes plus ou moins perdues : elles se retrouvent coincées entre les mœurs de leur communauté et qui croient en leurs valeurs qu’elles sont prêtes à défendre.
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L’écriture entrainante permet de profiter pleinement du foisonnement de l’imagination de l’autrice. J’ai été agréablement surprise de découvrir la base de cet univers mais j’avoue que j’aurais apprécié de m’y balader davantage alors que l’enchaînement des actions ne le permettait pas. Le dénouement se termine avec un point en suspens et c’est expressément voulu, diantre ! (‘point en suspens’ expression francophone pour remplacer ‘cliffhanger’).
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« Le Sanctuaire des Dieux » part sur les thèmes des secrets enfouis, des enjeux politiques et de la préservation de l’environnement. Il s’avère le premier volet du diptyque « Terre de Brume » dont le second devrait être publié en mai 2019.
OUF ! L’attente sera courte, j’ai plié ce premier tome en deux heures (pauvre de moi).

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Aux Aventuriales, la couverture du livre m’a attirée et je brandissais un exemplaire à mon amoureux en lui stipulant « Voilà une couverture réussie ! Tout : l’illustration, la police utilisée, le titre, l’impression sur fer à dorer. Bam, tu vois, tu achètes. Simple et efficace. Un packaging au top ». Et cela va sans dire que j’ai évidemment commencé par un bonjour à Cindy (je suis une personne polie) (et gentille). Elle a su me « vendre » cette série par le seul argument de la forme diptyque dont je tenais le premier volume entre les mains et le second était presque finalisé. Et vous savez que j’arrive maintenant à résister aux livres, pour des achats plus raisonnés.

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Lecture conseillée à partir de 12 ans

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Mise en scène du roman "Terre de Brume" de Cindy Van Wilder

Mise en scène de Terre de Brume dans un décor automnal Dédicace de Terre de Brume par Cindy Van Wilder
Dédicace aux Aventuriales

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Alice Neverland, Encres & Calames (Sia), Livrement vôtre (Gilwen)Plumes de lune (Kin) ont aussi affronté la Brume sur une embarcation de fortune.

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ATWOOD Margaret – La servante écarlate

04/10/2018 27 commentaires

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Couverture du roman intitulé La servante écarlate écrit par Margaret Atwood. Edition DeluxeTitre : La servante écarlate
Autrice : Margaret Atwood
Plaisir de lecture : Livre fantas… tique

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J’attends. Je me compose un moi. Mon moi est une chose que je dois maintenant composer, comme on compose un discours. Ce que je dois présenter, c’est un objet fabriqué, pas un objet natif.

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Dans ce roman d’anticipation, on sait que les États-Unis se sont surprotégés vis-à-vis des attaques terroristes. La baisse du taux de fertilité et la naissance d’enfants non viables à cause des pollutions, remettent en cause la survie de l’humanité.
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Un putsch du gouvernement a eu lieu et s’est installée une dictature théocratique. Elle s’appuie sur les mécanismes du pouvoir et de la coalition totalitaires. L’oppression renvoie les femmes dans leur foyer. La vie est aseptisée, ultra surveillée dans les faits et gestes, l’austérité devient la priorité. Conditionnement et délation sont des éléments communs.
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Dans la République de Gilead, les femmes sont triées selon leur utilité utérine et leur docilité. Ainsi les Épouses se révèlent être les femmes des Commandants et de parfaites maîtresses de maison (fertiles ou non), les femmes qui ne peuvent plus procréer mais peuvent servir de petites mains deviennent les Martha en s’occupant des tâches relatives à l’entretien du foyer, les femmes ayant un système reproductif valide sont les servantes écarlates, les femmes qui forment ces dernières sont les tantes, enfin le rebut de la population féminine travaille aux colonies, à manipuler des déchets toxiques.

La vêture relève des « castes » de cette hiérarchie : les Épouses sont toutes de bleu vêtues, les Martha sont en vert, les servantes en rouge avec une coiffe blanche additionnée d’ailes qui diminuent le champ de vision quand elles vont en extérieur, les tantes sont en marron et celles aux colonies sont en gris. (Ce n’est pas sans rappeler le roman « Le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley).

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Notre fonction est la reproduction ; nous ne sommes pas des concubines, des geishas ni des courtisanes. Au contraire : tout a été fait pour nous éliminer de ces catégories. Rien en nous ne doit séduire, aucune latitude n’est autorisée pour que fleurissent des désirs secrets, nulle faveur particulière ne doit être extorquée par des cajoleries, ni de part ni d’autre ; l’amour ne doit trouver aucune prise. Nous sommes des utérus à deux pattes, un point c’est tout : vases sacrés, calices ambulants.

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Nous suivons Defred, femme de notre société qui a tout perdu, jusqu’à son prénom. Comme elles, les femmes ont vu tous leurs acquis disparaitre : indépendance, possibilité de travailler, droit à disposer de leur corps. La théocratie a annihilé toute forme de pensée. Defred n’est plus une personne, elle n’a ni nom, ni argent à dépenser, ni activité ou loisir comme la broderie ou même pire, la lecture.
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Le lecteur a accès au point de vue de la narratrice, sans savoir quoique ce soit de la situation politique et sociétale. Le monologue oscille entre son présent et son passé qui représente tout un monde. Elle tente de s’accrocher à sa vie d’avant et à ses souvenirs pour ne pas perdre pied, mais elle a l’impression qu’ils sont déjà corrompus. Ses souvenirs sont autant de marques d’identité. On suit son arrivée dans la nouvelle maison, son quotidien, dénué de tout intérêt, tour à tour dangereux et las.

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Nolite te salopardes exterminorum

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Cette dystopie est une histoire qui a peu vieilli. Écrit en 1985, le récit est tout aussi féroce qu’engagé. Il glace le sang car il rapporte une situation qui pourrait être notre réalité. Une certaine lenteur horrifique s’installe et aborde un présent d’une violence extrême. Defred devient une matrice pour dignitaires qui veulent revaloriser la race humaine. Le viol est institutionnalisé et appelé « Cérémonie ».

J’ai été captivée par le récit de ce roman intime ; qui comportement une dimension féministe singulière. En tant que femme, c’était étrange pour moi d’être propulsée dans ce monde de terreur. La résonance religieuse donne prétexte aux hommes de restreindre les libertés des autres et surtout celles de femmes. « La servante écarlate » peut donner l’alerte et conseiller de rester vigilant.e quant aux conséquences d’une société liberticide. La lecture amène à la réflexion entre le péril de nos libertés et le questionnement général qu’elle soulève.

Ce livre contient un épilogue ; que je considère personnellement comme « de trop » a posteriori. Mais qui, à chaud (de lecture) permet clôturer cette histoire un peu plus sereinement.

Détails sur la nature de l’épilogue (à déplier)

Le récit est écrit comme une retranscription de cassettes audio retrouvées dans la maison. L’épilogue prend la forme d’une conférence d’historiens dans un avenir plus lointain durant laquelle la reproduction est analysée. Elle permet une fin ouverte (dans laquelle s’engouffre l’adaptation télévisée dès la saison 2).

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Ce livre a été adapté en série télévisée, orchestrée par Bruce Miller avec en premier rôle, l’actrice Elisabeth Moss. Actuellement, elle comprend deux saisons et une ultime est en cours de production.
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Ce livre m’a été offert en début d’année, j’ai flashé sur la version de luxe avec sa tranche rouge et sa couverture impactante (je l’avais donc mis sur ma liste d’envies). Après hésitation, je l’ai lu après avoir visionné les saisons 1 et 2. Si j’évoque la série c’est parce qu’il est délicat pour moi de déterminer réellement l’emprise de la lecture seule, si j’aurais pu être autant prise aux tripes. J’ai été propulsée dans un univers très photographique et qui se prête excellemment bien au support télévisuel. L’histoire prenait vie sous mes yeux dans ma tête avec le visage des acteurs. Ces deux media se complètent : le point de vue interne exclusivement dans le livre devient un point de vue externe dans la série pour une question – je suppose – de richesse d’intrigue.

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Il y a du temps à perdre. C’est l’une des choses auxquelles je n’étais pas préparée : la quantité de temps inoccupé, les longues parenthèses de rien. Le temps, un bruit blanc. Si seulement je pouvais broder. Tisser, tricoter, quelque chose à faire de mes mains. J’ai envie d’une cigarette. Je me souviens d’avoir déambulé dans des galeries d’art, parcourant le XIXe siècle : l’obsession des harems, qu’ils avaient alors. Des douzaines de tableaux de harems, femmes grasses paresseusement étendues sur des divans, coiffées de turbans ou de toques de velours, à se faire éventer avec des plumes de paon, un eunuque à l’arrière-plan montant la garde. Études de chair sédentaire, peintes par des hommes qui n’étaient jamais entrés dans ces lieux. Ces tableaux étaient censés être érotiques, et je les croyais tels, à l’époque ; mais je vois maintenant ce qu’ils représentaient réellement : c’était une peinture de l’animation suspendue, une peinture de l’attente, d’objets non utilisés. C’était une peinture qui parlait d l’ennui.
Mais peut-être l’ennui est-il érotique, pour les hommes, quand il est figuré par des femmes.

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Fan art de la servante écarlate, roman d'Atwood Fan art du roman The Handmaid's tale de Margaret Atwood

Mise en scène du roman "La servante écarlate" de Margaret Atwood

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Logo défi Valériacr0

Logo challenge Halloween 2018Pour une sélection automnale, Valériane a choisi ce titre pour me mettre dans l’ambiance d’Halloween alors que l’automne pointait le bout de son nez chez elle.

Ce livre est terriblement parfait pour frissonner dans le cadre du challenge Halloween.

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Les lectures de Bouch’, Yogo (Les lectures du Maki)Liza Helle (page 39), Lorhkan et les mauvaise genresNevertwhere ont aussi mis un pied en République de Gilead.

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Crédits : #01 Marta Dec, #02 Rubén

SHUSTERMAN Neal – La Faucheuse ~ Thunderhead, tome 2

31/05/2018 8 commentaires

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Couverture du livre "Thunderhead" de Neal Shusterman, il s'agit du tome 2 de la série La FaucheuseTitre : Thunderhead (La Faucheuse, tome 2)
Auteur : Neal Shusterman
Plaisir de lecture :  Livre fantas… tique
Tome 1
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Dame Anastasia, fraîchement assermentée prend son travail de faucheuse à cœur, en y incluant une particularité de moisson. Prise d’amitié avec sa mentor, elles restent en bonnes relations, vivent et fauchent ensemble. Maître Lucifer est devenu une légende urbaine car il œuvre uniquement pour ses valeurs… qui vont à l’encontre de la communauté pétrifiée des Faucheurs. Le tout sous l’œil permanent et scrutateur du Thunderhead.

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J’étais curieuse de découvrir « Thunderhead » car j’avais beaucoup aimé le premier tome « La Faucheuse ». J’étais déjà prête à ce que l’histoire retombe comme un soufflé, sensation déjà vécue avec quelques trilogies classées « jeune adulte » (YA). Je ne vous ferai vivre aucun suspense : j’ai aimé ma lecture !
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Les points de vue des narrateurs sont récurrents ; Neal Shusterman introduit le personnage de Grayson. J’ai pris plaisir à retrouver Citra et Rowan, à travers qui nous découvrons leur vie et toujours davantage sur les règles qui régissent cette société.
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Alors que nous avions des extraits du journal de bord des Faucheurs, dans ce deuxième tome, ce sont les « pensées » du Thunderhead qui sont insérées en début de chapitre. Il est truculent d’avoir accès aux observations de cette intelligence artificielle, comprendre comme il réfléchit sachant qu’il n’est ni omniscient, ni impotent. Il pourrait l’être, mais il souhaite s’occuper de tout sauf de la vie et de la mort des humains. Beaucoup d’interrogations géopolitiques et les dérives possibles de notre réalité sont soulevées.
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Le roman s’inscrit dans une pluralité – pluralité des expériences, pluralité des points de vue, pluralité des questionnements et s’avère peu manichéen (d’un point de vue extérieur, si l’on n’a pas lu les livres, on peut s’en étonner alors qu’il est surtout question de Faucheurs !). J’ai été rassasiée concernant le rythme, les retournements de situation, les révélations et le niveau de manipulations ; à un rythme dont l’auteur avait donné la cadence dès le premier tome.
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Ce que j’ai préféré, ce sont tous ces détails sur le fonctionnement de cette société, aussi originale que complexe. On entre dans la décadence de l’univers des Faucheurs où les « traditionnels » se confrontent au « nouvel ordre ». Nous est révélé le monde des malpropres, aspect sociétal que Neal Shusterman n’avait pas abordé jusque-là.
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Le suspense est bon, bien que le livre se termine sur un énorme cliffhanger (et c’est un euphémisme). La vision de l’intelligence artificielle est déstabilisante. L’univers est pensé dans les moindres détails et avec perspicacité. C’est validé !

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Fan art d'Anastasia de Peter's really pretty pour le livre Thunderhead de Neal Shusterman Fan art de Lucifer de Peter's really pretty pour le livre Thunderhead de Neal Shusterman

Dame Anastasia | Maître Lucifer
Par Peter’s really pretty

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Encres & Calames (Sia), Le Chat du Cheshire (Léa), Lectures trollesques (PtiteTrolle)Muti et ses livres (Mutinelle), Ptite-Boukinette (Azariel) se demandent si elles seraient des traditionnelles ou membre du Nouvel Ordre.

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CHATTAM Maxime – Autre-Monde

25/10/2017 20 commentaires

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  Malronce de Maxime Chattam, tome 2 d'Autre-monde 
Entropia est le quatrième tome de la série Autre-Monde de Maxime Chattam   Genèse de Maxime Chattam, dernier tome d'Autre-Monde
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Titre : Autre-Monde (la saga, 7 tomes)
Auteur : Maxime Chattam
Plaisir de lecture Livre sympa

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La Grande Tempête a plongé le monde actuel dans l’obscurité. La Nature a repris ses droits. Il ne reste plus que les enfants qui se sont rassemblés en colonies pour pouvoir survivre. Des créatures nouvelles ont vu le jour et les Pans vont bien devoir s’en protéger ; mais le pire danger proviendrait vraisemblablement d’eux-mêmes.

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La saga Autre-Monde de Maxime Chattam se compose de sept tomes et sont ventilés en deux cycles, respectivement en trois et quatre volumes.

Sur toute la série, nous suivons un trio d’adolescents : Matt, Tobias et Ambre. L’innocence rattachée à leur jeunesse va vite être détruite : les décisions et le poids sur les épaules vont rapidement les faire mûrir.
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Matt devient un leader, Ambre rayonne et Tobias est plutôt le héros de l’ombre. Ils sont des pans, des enfants comme l’on en trouve par colonies disséminées dans le monde. Les adultes, quant à eux, ont mal tourné.

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Les protagonistes deviennent de plus en plus forts, gagnent fortement en maturité et formulent des décisions très réfléchies ; une évolution que je considère un poil trop brutale pour être réaliste mais acceptable par rapport au déroulé de l’intrigue principale.
Grâce à la plume de l’auteur, on se sent très proche des pensées, des gestes et des réactions des jeunes, ce qui apporte indéniablement un degré de crédibilité aux personnages.

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Ce monde imaginaire est la résultante quand la nature se rebelle. Le monde inhospitalier renferme un bestiaire effroyable : golem, élémentaire, mangeombre, buveur d’innocence, gagueulle, dévoreur, entropia, kloropanphylle, raupéroden, cynik,… Maxime Chattam développe un vocabulaire spécifique à son univers.
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Il y a quelques références discrètes (et peut-être n’est-ce qu’une illusion propre à moi-même) : Harry Potter, Le seigneur des anneaux, Jack Sparrow, Tim Burton et résolument l’univers des pirates.

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Ces aventures résolument fantastiques proposent un rythme soutenu. Le chapitrage fonctionne bien puisque le lecteur a toujours l’envie de découvrir le suivant.
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Les rebondissements sont nombreux pour fournir du souffle à sept tomes, dans un monde périlleux et dangereux. L’imagination est à saluer même s’il y a quelques retournements attendus, quelques facilités et autres aspects cousus de fil blanc. Mais il faut bien avouer qu’une certaine magie prend en suivant le trio par monts et par vaux (par terre, mer et ciel, aussi).

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J’ai trouvé la parabole d’ensemble un peu naïve car pour moi, le destin s’est clairement dessiné et je n’ai pas eu le phénomène d’immense révélation finale. Bien que tout ne fût pas clair dans les explications, j’ai trouvé qu’elles tenaient la route et Maxime Chattam a pris soin de donner les réponses qu’il avait promises.
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La critique de la société y est prégnante avec la place de l’écologisme et les réflexions autour de nos modes de communication actuels. L’auteur ne concède pas au manichéisme, soulignant alors que chacun a son rôle à jouer (et jusqu’au bout).
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J’ai passé un bon moment avec Autre-Monde même si je n’ai pas entièrement palpité au rythme des pages tournées.

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J’ai entièrement découvert cette série au format audio. Elle bénéficie de deux voix narratives : Hervé Lavigne et Véronique Groux de Miéri qui sera remplacée par Isabelle Miller à partir du cinquième volume. Deux voix, c’est l’apport d’une véritable richesse aux personnages. Il y a également une bande sonore : effets et musiques ; élément rare sur les supports audio.
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C’est un peu par hasard que je me suis mise à la saga : j’ai eu un abcès à l’œil qui m’a obligée à rester allongée dans le noir les yeux fermés. Il me fallait une série « longue » et de préférence entièrement parue pour me soutenir dans ma convalescence. Après avoir dévoré un tome par jour, la suite s’est tranquillement enchainée avec la découverte d’un tome par mois (j’écoute les livres durant mes déplacements : transports en commun et à pied).

Fait étonnant pour un livre audio, j’ai eu beaucoup de mal à me représenter la géographie des lieux, rien ne se dessinait dans mon esprit. Je reste réellement sur ma faim concernant les descriptions car il m’a été vraiment difficile pour moi d’imaginer tout élément autre que le physique des personnages (c’est dire !).

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Apocalypse et Raupéroden, fan art d'Autre-Monde de Maxime Chattam
Matt, Tobias et Ambre, fan art d'Autre-Monde de Maxime Chattam


Vaisseau Matrice, fan art d'Autre-Monde de Maxime Chattam

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logo challenge Halloween 2017

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Avec ce bestiaire effroyable et ce monde post-apocalyptique, la série de Maxime Chattam est parfait pour le challenge d’Halloween.

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Illustrations : #01, #02 et #04 par Laura Csajagi ; #03 Mathieu Reynes
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SHUSTERMAN Neal – La Faucheuse

08/08/2017 11 commentaires

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La faucheuse de Neal Shusterman, tome 1 de Futur Parfait

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Titre : La Faucheuse (Futur parfait, tome 1)
Auteur : Neal Shusterman
Plaisir de lecture :  Livre fantas… tique
Tome 2
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Milieu du troisième millénaire. Les Faucheurs sont des êtres humains à qui est accordé le droit de glaner des personnes. Depuis des siècles, la société a su se développer au point d’avoir terrassé d’abord la maladie puis la mort elle-même. La Terre est donc surpeuplée, c’est pourquoi le statut des Faucheurs existe maintenant.

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J’ai cédé aux sirènes des chroniques dithyrambiques concernant ce livre. Je suis une lectrice ouverte – et carrément influençable – ; je me demandais bien où j’allais mettre les pieds yeux.

La mise en place de l’univers est truculente ! Le Cloud est devenu le Thunderhead, une intelligence artificielle qui règle les problèmes sociétaux : avancées politiques, l’éducation des orphelins, etc. Il existe aussi la communauté des Faucheurs, une institution fascinante car elle est indépendante du Thunderhead et se trouve même au-dessus des lois. Système d’immunité, quotas, outils et stratégies de Fauche sont autant d’éléments que j’ai aimé découvrir.
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Par une alternance des points de vue, on découvre l’apprentissage de Citra et Rowan qui sont apprentis Faucheurs malgré eux – ce sont justement ceux qui ne veulent absolument pas l’être qui deviennent les meilleurs Faucheurs. Des extraits de journaux de grands Faucheurs ont aussi été ajoutés. Les personnages profondément humains sont un point fort de ce roman.

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Ma lecture a été addictive car Neal Shusterman sait calibrer le rythme avec un découpage judicieux des chapitres. Ce futur est peu enviable ; l’auteur fait naître un questionnement éthique. Les deux adolescents hésitent entre la défense de leurs valeurs et l’envie de se fondre dans le moule.
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Révélations et rebondissements sont nombreux : certains revirements sont bien envoyés, je ne m’y attendais pas. L’auteur m’a surprise et tout s’enchaîne jusqu’à la fin avec humour noir et cynisme. Neal Shusterman semble en avoir sous le pied. J’espère que la suite sera tout aussi réussie (car j’ai déjà eu une forte déconvenue – et qui me reste encore cuisante – avec une trilogie dont j’avais aimé le premier tome).

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La faucheuse de Neal Shusterman : Fan art de Citra

Citra de Possibly Awesome

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La Faucheuse de Neal Shusterman : fan art de Curie

Curie d’Emily Stilwell

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Alice Neverland, Encres & Calames (Sia), Liseron d’Hiver (Camille), Muti et ses livres, Pomme’s bookPtite-boukinette (Azariel) ont certainement réfléchi à leur stratégie de glane quand elles seront Faucheuses.

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