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VONARBURG Elisabeth – Le silence de la cité

29/09/2012 4 commentaires

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Titre : Le silence de la cité
Auteur : Elisabeth VONARBURG
Plaisir de lecture Livre à découvrir

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Après le Déclin, des hommes se réfugient dans les souterrains où leurs laboratoires sont munis de la technologie de pointe. Ils vivent reclus, avec leurs robots ; alors qu’à extérieur, l’homme est poussé dans ses derniers retranchements. Paul poursuit ses manipulations génétiques et crée Elisa, aux capacités de régénération extrêmes. Cette dernière souhaite sauver le peu d’humanité restante en s’affranchissant de Paul. Comment va-t-elle s’y prendre ?

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)°º•. Elisabeth Vonarburg développe dans ce livre, ses thèmes fétiches quant aux relations humaines. Tout y est imbriqué : place de l’intelligence artificielle, le devenir de l’humanité, la problématique entre cause mondiale et objectifs personnels, les limites de la recherche et la quête d’identité.
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« Le silence de la cité » se déroule dans le même univers que « Chroniques du Pays des Mères » mais à une date antérieure. Si lors de la chronique de ce dernier, j’ai trouvé l’exercice un peu périlleux, il est encore plus difficile de vous parler de ce livre sans spoiler ni les lecteurs qui veulent découvrir Vonarburg ni les lecteurs de Chroniques qui veulent maintenant lire celui-ci. N’oubliez pas également pour ménager le suspense de lire d’abord « Chroniques du Pays des Mères » puis « Le silence de la cité ». Je serai donc très très brève et me permettrai aussi de comparer les deux livres.
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Ce livre a été écrit plus de 10 ans avant les annales de Lisbeï et s’il est sympathique à découvrir, il n’égale pas la puissance qui se dégage de « Chroniques du Pays des mères ». On peut l’accueillir davantage comme un complément à notre précédente lecture.
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Vonarburg mêle ici science et folie ; le livre m’est apparu comme assez froid. Je n’ai pas développé d’empathie comme ce fut le cas pour son compagnon livresque et j’ai même trouvé un côté un peu malsain à la relation de Paul & Elisa. L’avantage est que l’auteur nous remet en place, nos préjugés, nos connaissances et nous.
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Durant ma lecture, j’avais la véritable impression de jouer au détective entre ce livre-ci et Chroniques : je liais les éléments, je montais des hypothèses. Elisabeth Vonarburg sait soigner son lecteur, on se sent comme un lecteur omniscient, qui lui « sait ». Sans aucun doute « Le silence de la cité » donne des pistes et des éléments de réponse quant à l’histoire de Lisbeï.  Mais j’ai quitté ce livre avec beaucoup plus de questions en tête qu’avec « Chroniques du Pays des Mères ».

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« Le silence de la cité » est un parfait complément à « Chroniques du Pays des Mères », on y découvre surtout  les causes de la nouvelle civilisation chapeautée par les Captes des Familles. Ce roman propose davantage d’aspects scientifiques mais donne des éléments de réponse : on devient un véritable chercheur d’indices. S’il semble moins personnel et moins prenant que « Chroniques du Pays des Mères », il bénéficie du même talent d’écriture.

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)°º•. Biographie
Elisabeth Vonarburg née en 1947 à Paris et vit au Saguenay au Québec depuis 1973. Romancière et nouvelliste, elle fait parti des figures incontournables francophones de la SF. Ayant plusieurs cordes à son arc, elle a reçu tout autant de récompenses littéraires. Notons le fait primordial qu’elle aime les chats (elle en a même plusieurs !). Son site.
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Pour Le silence de la cité : Grand Prix de la SF français 1982, Prix Rosny aîné 1982, Prix Boréal 1982.

Feuiller le livre, ici.

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Dans le chaudron :
¤ Chroniques du Pays des Mères

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Souvenir de lecture :  « Il se force à des gestes lents et posés. Les réflexes, d’abord. Normaux. Mais pourquoi ne seraient-ils pas normaux ? Des années à chasser les gènes indésirables, à raffiner ce chef-d’œuvre… Electroencéphalogramme… normal. Normal, évidemment ! »

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Le rêve du renard (Yume), Miss Mopi, Mon coin lecture (Karine), Nevertwhere (Vert), RSFblog (Lhisbeï) sont aussi parties à la recherche des origines.

CITRIQ

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Cette lecture est une participation à « Québec en septembre » ainsi que le pour le challenge « Fins du monde« .

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Pics #01 Portrait d’Elisabeh Vonarburg par Mélanie Fazi.

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VONARBURG Elisabeth – Chroniques du Pays des Mères

27/09/2012 32 commentaires

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Titre : Chroniques du Pays des Mères
Auteur : Elisabeth Vonarburg
Plaisir de lecture Livre avec entrée au Panthéon

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Après une catastrophe qui a changé la planète, les Captes des Familles veillent sur le Pays des Mères. Sous la protection de la Mère de Béthély, Lisbeï va grandir dans une société encore toute jeune. Ne pouvant remplir le rôle auquel elle était prédestinée, Lisbeï va devoir trouver sa nouvelle place dans une société en pleine effervescence et remettre à plat toutes ses convictions. Alors que Tula, sa sœur et amie va remplacer Selva en tant que Mère, l’exploratrice Kélys va aider de son mieux Lisbeï dans son cheminement.

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)°º•. Elisabeth Vonarburg nous dépeint une société relativement jeune (400 ans) où la discrimination raciale et sociale existe bien ; il est même question d’une hymne à la différence… et la naissance de la complémentarité. Ces chroniques sont tout aussi physiques qu’émotionnelles. On part chercher les origines d’une telle société en découvrant son Histoire et la foi. La question de l’identité et de la place de l’individualisme dans ce monde empreignent le livre. Il s’agit de véritables pérégrinations intellectuelles.
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Au Pays des Mères, le contrôle des naissances est rude et qui parfois à nos yeux peut paraitre triste, dur et injuste. Les hommes sont très peu nombreux dans cette civilisation et la procréation s’avère un devoir vital extrêmement ritualisé ; mais tout est affaire de survie.

On navigue sur la contestation et le dynamisme de la séparation des sexes. La hiérarchie est telle qu’un code vestimentaire est créé : verts : pré pubères ; rouges : nubiles ; bleus : stériles ou interdites de procréation pour cause de risque congénital.  L’aspect sexuel peut déranger quelques lecteurs : on ne rentre pas dans les détails, tout est conté avec un certain voile pudique mais c’est plutôt le type de relations qui pourraient apparaitre comme atypiques.

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Même si la violence physique n’existe plus, la violence a toujours sa place de bien des manières. Les différences de statut homme/femme intègrent des caractéristiques sexistes et même l’exclusion jusqu’à la haine envers les hommes. La soif de pouvoir s’effectue aussi via la féminisation du langage ; le vocabulaire tout comme les expressions : la chevale, la hérissonne, la bébée, l’enfante. La grammaire est aussi modifiée ; le féminin remporte toujours sur le masculin : un groupe de personnes composé d’une femme et de deux hommes sera signalés par un « Elles ».

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L’auteur s’interroge sur la place des femmes, sur les relations avec les hommes. Même si cette société est basée sur le matriarcat, sexiste et féministe, Elisabeth Vonarburg nous propose la vision d’une société subtile et sans cliché. Les femmes seront d’ailleurs nombreuses dans l’histoire et nous suivrons entre autres Lisbeï, Tula, Kélys, Mooreï, Antoné, Guiséa et Selva.

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)°º•. En lisant cette histoire, on vit à travers les yeux de Lisbeï : on suit ses aventures mais parfois on en apprend plus grâce aux correspondances. Ce roman initiatique est le journal de bord de Lisbeï entrecoupé par des lettres reçues, des extraits de journaux ou des monologues intérieurs. Ecrit entre 1979 et 1992, il faudra bien toutes ces années pour qu’Elisabeth Vonarburg nous livre une humanité bouleversante.

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Le challenge est très haut dès le départ : il faut que la société soit crédible, qu’elle tienne droit et que l’histoire nous entraine vers des découvertes et autres surprises. La plume exigeante de l’auteur donne une impression de lire un roman historique, une véritable autobiographie d’une période de notre société ; c’en est bluffant. Le pouvoir d’écriture forme un monde en développement où les mystères sont assez nombreux pour nous intriguer tout du long. Ce n’est pas un livre d’action ; qui ne présente pas non plus une romance idéale mais les tensions sont parfaitement maitrisées. Cette histoire parait simple, presque linéaire alors qu’il n’en est rien ni dans sa construction ni dans l’immersion. Le rapport à une culture différente est le pivot de ce livre.

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Ce récit ô combien singulier est très prenant. Le plus difficile est sans doute d’entrer dans l’histoire : le vocabulaire nouveau et la description des lieux et hiérarchies peut être déroutants. Cette histoire m’a particulièrement touchée et j’ai eu du mal à le lâcher. Les informations sont assez nombreuses à avaler, quelques fois on a du mal à rester concentré(e) mais cela vaut la peine car le récit est beau et poignant.

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L’auteur fait part de beaucoup de suggestions et nous n’avons pas réponse à toutes nos questions. On s’interroge également à propos de notre société. Coutumes, évolutions, politiques et autres détails sociétaux donnent une grande force à l’histoire. J’ai ressenti une très grande sympathie pour Lisbeï mais aussi pour les personnages secondaires. La fin m’a surprise et je reste un tantinet désappointée concernant les Mauterres. A travers ma chronique, je n’aurai pas su vous convaincre tellement ce livre est complexe à résumer ou à vous expliquer : on ne peut le savourer qu’en le lisant.  J’ai particulièrement aimé les discussions avec les membres du Cercle d’Atuan pour les éclaircissements apportés. Il va sans dire qu’il est à lire avant « Le silence de la cité » qui se déroule antérieurement à ce livre-ci ; mais c’est un conseil non dénué de sens qu’a partagé la bloggeuse Vert, pour préserver le suspense et la magie. C’est un livre qui se lit et se relit plusieurs fois au cours de sa vie : ça tombe bien, j’ai acquis un vieil exemplaire un peu usé, aux pages jaunies qui me conforte dans cette idée.

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Chroniques du Pays des Mères est une histoire toute sauf personnelle, c’est un véritable voyage que vous entreprenez avec Lisbeï qui a soif d’aventures, de connaissances et d’expérience empirique. Des choix imparfaits dans un monde imparfait.

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)°º•. Biographie
Elisabeth Vonarburg née en 1947 à Paris et vit au Saguenay au Québec depuis 1973.  Romancière et nouvelliste, elle fait parti des figures incontournables francophones de la SF. Ayant plusieurs cordes à son arc, elle a reçu tout autant de récompenses littéraires. Notons le fait primordial qu’elle aime les chats (elle en a même plusieurs !). Son site.
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Pour Chroniques du Pays des mères : Prix Boréal 1993, Aurora Award 1993, Prix spécial P.K. Dick 1993, Prix Boréal du meilleur roman de SF 1993, Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois, Prix du Gala du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean 1993.

Feuiller le livre, ici.

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Souvenir de lecture : Les Mauterres, les Mauterres !

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Dans le chaudron :
¤ Le silence de la cité

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Chez Neph, Le rêve du renard (Yume), Mes lectures de l’imaginaire (Olya), Nevertwhere (Vert), Parchments of Sha’ (Shaya), Popoyo’ s lairRêverie en forme de poire (Zahlya), Tortoise’s time tree ont lu ce livre en ma compagnie.
La première chronique de Nevertwhere (Vert), Albédo (Lutin82), A livre ouvert (Chimère), La caverne de JainaXF, Lectures sans frontières (A girl from Earth), Miss Mopi, Mon coin lecture (Karine), Un papillon dans la lune.
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Cette lecture est une participation à « Québec en septembre » ainsi que le pour le challenge « Fins du monde« .

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Pics : #01Lisbeï, doll de Miss Mopi ; #02 Portrait d’Elisabeh Vonarburg par Mélanie Fazi.

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