WALTON Jo – Les Griffes et les Crocs
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Titre : Les Griffes et les Crocs
Autrice : Jo Walton
Plaisir de lecture : Livre avec regrets
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Le dragon Bon Agornin tout juste passé de vie à trépas se fait dévorer par ses enfants comme le veut la tradition. La répartition de la richesse de la famille ne sera pas le seul souci que la fratrie va devoir subir. Dans une époque victorienne guindée, ils vont aussi être soumis à des turbulences personnelles.
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J’étais très curieuse de savoir ce que renfermait le nouvel opus de Jo Walton. Après avoir été tentée par les copinautes, c’est Carole qui me l’a placé entre les mains. Il faut dire que la couverture dessinée par Aurélien Police fonctionne très bien sur moi (je voulais le liiire !).
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Les protagonistes sont des dragons ; ils sont doués d’une conscience. Ils parlent et s’habillent. Ce sont donc des dragons « civilisés » : ils possèdent des us et coutumes ainsi que des comportements propres concernant leur morale. Exemple : leur morale religieuse leur déconseille fortement de voler le premier jour – qu’on associe facilement au dimanche, jour saint – les personnes religieuses telles que les prêtres ne volent pas et ont leurs ailes attachées dans le dos.
Il y a aussi des détails purement liés aux créatures : ils grandissent essentiellement s’ils mangent de la chair de dragon, dorment sur un tas d’or et le vol s’acquiert en grandissant tout comme l’apprentissage parfois du feu.
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Cet anthropomorphisme ne m’a pas dérangée, c’est le contrat que présente l’autrice et que j’ai accepté. Mais je comprends nettement qu’on puisse en être surpris sinon réfractaire.
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On découvre la famille – et ses multiples querelles – à partir du décès de Digne Bon Agornin. On suit ses enfants et leurs problématiques : un fils prêtre qui ne sait quoi faire d’une confession, un fils qui se construit dans les affaires à sa seule force, son aînée qui a eu le luxe de proposer une dot démesurée pour son mariage et les deux benjamines esseulées issues de la même couvée.
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L’histoire est racontée en alternance selon le point de vue des enfants.
La critique de la société n’est absolument pas cachée ni même voilée. Sont exposées les problématiques de l’époque victorienne avec la place de l’aristocratie, la condition de la femme et celle des domestiques. Il faut dire que les dragonnes se doivent de maitriser les mêmes principes : harmoniser les chapeaux à la saison et aux événements, assurer les bals de présentation des débutantes, accepter la présence de chaperons, se hisser sur le marché du mariage et réaliser avec brio son entrée dans le monde.
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Jo Walton se lance sur les questionnements concernant le conservatisme, l’intolérance religieuse, le marquage social et l’importance de la fin de vie et du passage à la mort.
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L’intérêt principal réside dans le fait que les axiomes de cette époque victorienne deviennent réels car ils sont liés aux lois de la biologie. Prenons les mœurs du mariage : si une dragonne rosit (c’est-à-dire que ses écailles tournent au rose), cela signifie qu’elle ressent des émotions pour celui qui les a fait naître. Elle se trouve donc dans l’obligation d’épouser celui qui a fait sa proposition. Elle peut aussi rosir si un prétendant s’approche trop d’elle. La couleur semble se fixer alors de manière irrémédiable avant que les écailles ne commencent à virer dans le rouge par le pacte de mariage pour poursuivre tout au long de sa vie dans le spectre jusqu’aux pourpres.
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Et pourtant, malgré ces remarques sociétales c’est bien une ambiance insouciante qui domine l’ensemble du récit ; récit qu’on pourrait placer dans toutes les mains.
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Même si le thème du fonctionnement de la vie sociale est intéressant, il reste que je me suis ennuyée et que j’en reste dubitative. Cette histoire pour les futurs lecteurs aura un effet quitte ou double.
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Le monde est alléchant et pourtant, j’ai trouvé que ce potentiel était non abordé. La saveur de lecture est assez tiède pour moi et c’est un titre que je ne retiendrai pas. D’autres romans de Jo Walton m’ont littéralement fait vibrer, comme Morwenna et Mes vrais enfants.
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Albédo (Lutin82), Bibliovermis, Book en stock (Dup), Le culte d’Apophis, Les lectures de Bouch’, Les lectures de Mariejuliet ont aussi pris leur envol depuis une corniche de la maison de l’Exalte Benandi.
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