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HOWEY Hugh – Outresable

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Couverture du roman Outresable de Hugh Howey paru aux éditions Actes SudTitre : Outresable
Auteur : Hugh Howey
Plaisir de lecture :  Livre sympa
Lire les premières pages

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Depuis des siècles, le sable prend du terrain : il a englouti les villes de la civilisation précédente et contraint femmes et hommes à survivre sur les immenses dunes. Pour subsister, certains humains plongent pour récupérer des objets qui se monnaieront à la surface. Les premiers mètres ont été complètement ratissés : ils doivent atteindre une profondeur dangereuse pour laquelle leurs équipements ne sont pas viables afin de leur assurer un minimum de sécurité.

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Toute vie est pareille au sable profond, avait appris Vic. De la naissance au trépas, ce n’est qu’une succession de constrictions violentes, l’une après l’autre, un poing graisseux agrippant des âmes infortunées qui crèvent la surface juste le temps de remplir leurs poumons d’air avant d’être aspirées vers le bas de nouveau. C’était la vision du monde que Vic avait fini par se faire. Partout où elle portait le regard, elle voyait la vie qui broyait les gens, les arrachant d’une situation difficile pour les précipiter dans la suivante, avec les paumes cruelles du malheur serrées autour de leur pauvre cou.

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Avec « Outresable », Hugh Howey nous présente une famille éparpillée. Si j’étais honnête, je dirais que chaque membre de la famille cherche à creuser lui-même sa propre tombe. J’ai une problématique toute personnelle : je mélangeais les personnages masculins en début de roman (description physique, prénoms), ce qui m’a demandé de revenir en arrière pour bien comprendre les premières actions et leurs conséquences. J’ai une préférence très marquée pour Vic car elle ne sait pas toujours ce qu’elle fait, mais elle le fait. Elle reste plus ancrée dans leur réalité et se trouve dans l’action.
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L’intrigue prend place aux USA, dans un futur éloigné. Le sable a tout recouvert et continue de progresser. Les personnes se sont regroupées en cités éphémères pour éviter l’enfouissement. La survie se base sur la plongée dans le sable : les plongeurs tirent des villes enterrées, les ressources nécessaires. Ces objets, tels des trésors des anciennes civilisations sont troquées contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Pour vous donner une idée, une culotte – sale, certes – est un trésor. Ce n’est évidemment pas le gros lot sur lequel tout le monde espère tomber.

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Le secret pour survivre à pareilles souffrances consistait à rester parfaitement immobile dans cette étreinte, elle l’avait découvert. Apprendre à ne pas respirer, là résidait la solution. La seule différence entre l’étouffement et l’accolade, c’est une voie ouverte. Raison pour laquelle Vic avait appris d’elle-même à retenir sa respiration. Alors la vie était devenue une série ininterrompue d’embrassades.

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Pour se mouvoir dans le sable, les plongeurs enfilent une combinaison qui ressemble à celle d’un astronaute. La technologie leur permet de modeler le sable pour s’y mouvoir comme dans l’eau. Il existe des techniques de plongées et de déplacements en modelant le sable, en s’appuyant sur les halos repérés avec leurs lunettes. Découvrir cet aspect technique m’a vraiment botté mais l’auteur a spécifié dans une interview que cet aspect scientifique ne relevait d’aucun réalisme.
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En plongée, le sable s’immisce partout dans la combinaison et même dans la bouche, c’est pourquoi il existe le phénomène de cercueil où le cerveau peut arriver à crier au danger. Leurs équipements sont construits en mode « système D » avec les pièces qu’ils arrivent à troquer et des connexions réalisées à la main. Je me suis surprise à ralentir ma respiration et même à tenter plusieurs fois au cours du roman à retenir mon souffle pour voir si je ferai une bonne plongeuse (la réponse est non, définitivement).

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Hugh Howey nous emmène dans un nouvel univers âpre : après l’environnement toxique de Silo, la mer houleuse de Phare 23, on réalise une plongée dans le sable avec Outresable. A fortiori, j’ai bien aimé le titre de ce roman et la couverture.
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On se retrouve en pleine dystopie avec un monde perdu, des civilisations englouties et la survie des êtres humains. On se confronte à l’effet dévastateur du changement climatique puisque l’envahissement du sable est omniprésent mais l’eau est aussi devenue rare.
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L’axe principal du roman est le suivi et le développement de cette famille dysfonctionnelle. Pour ma part, j’ai eu quelques pages de flottement pour comprendre les relations qui liaient les personnages. J’ai aimé le rapport de l’aridité entre leurs contacts et celle de leur environnement. La plongée, leur survie, l’existence de villages provisoires et le questionnement autour de la grande faille sont autant d’éléments venant nourrir cet univers mais pour lesquels Hugh Howey restera assez sommaire pour cette intrigue.
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Entrez dans cette histoire si vous souhaitez découvrir le portrait de personnages aussi rudes que leur environnement. Si vous cherchez plus de profondeur sur le quid de l’univers, la problématique des personnages et leur avenir, votre lecture risque d’être inassouvie.

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Le regard de Palmer passa de cette lanière de joyaux à la bande dansante de feu givré qui s’intensifia de nouveau quand la tente fût refermée. Ce groupe d’étoiles innombrables s’étirait d’une dune jusqu’au ciel de l’horizon lointain. Il était impossible d’apercevoir le feu givré en ville, pas avec toutes ces flammes de gaz qui brûlaient pendant la nuit. Mais c’était la marque du désert, le tampon au-dessus de sa tête qui disait au garçon qu’il se trouvait très loin de chez lui, qui lui faisait savoir qu’il était au milieu des étendues de sable. Et pas seulement les étendues de sable et de dunes, le fin fond de nulle part dans l’existence, quand il avait rejeté le refuge de la jeunesse et avant qu’il prenne la peine de construire son propre abri. Les années sans tente. Les années lumineuses, aveuglantes, durant lesquelles les hommes vagabondaient, comme les planètes le faisaient.

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Palmer consulta la jauge de sa visière. La distance était transmise par le transpondeur laissé derrière eux. Cinquante mètres. Cent mètres. Leu respiration devenait de plus en plus difficile, et il leur fallait accentuer leur concentration pour écarter le sable. Plus Hap et lui s’enfonçaient et plus la colonne de sable au-dessus d’eux se tassait et se faisait pesante. À ce stade, beaucoup de plongeurs cédaient à la panique et au phénomène dit « du cercueil », quand ils laissaient le sable se solidifier autour d’eux. […] Lorsque le désert referme ses deux bras géants autour de votre poitrine et décide que vous ne respirerez plus, vous prenez conscience de votre insignifiance. Vous n’êtes qu’un grain de sable écrasé au sein d’une infinité de grains de sable.

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Mise en scène de livre Outresable de Hugh Howey

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Dans le chaudron : un roman « opposé » car l’exploration de l’environnement se passe au fond des mers « Les océans stellaires » de Loïc Henry.
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Cunéipage (Sylvie) a bien enfilé sa combinaison mais elle aussi est restée à la surface.

 

  1. 06/02/2019 à 14:37 | #1

    Han la couverture est jolie, par contre je ne suis pas hyper tentée par l’aventure.
    ouf wais, je vois bien ce que tu veux dire avec « je retenais mon souffle »… une atmosphère étouffante… toussa.
    Une préférence pour quel Hugh Howey?

    • Acr0
      06/02/2019 à 18:22 | #2

      J’aime la couverture, mais je ne sais pas pourquoi. Mon préféré ? La trilogie Silo sans hésiter !

  2. 06/02/2019 à 17:13 | #3

    Plus je lis de chronique sur ce roman moins j’ai envie de le lire… :-/

    Cela semble très superficiel au final.

    • Acr0
      06/02/2019 à 18:22 | #4

      Je n’ai eu à ma connaissance que la chronique de Sylvie 🤔 Oui, j’ai eu une impression de « rester à la surface ».

  3. lutin82
    06/02/2019 à 21:58 | #5

    Bon, je vais aller piocher du côté de Silo plutôt alors

    • Acr0
      07/02/2019 à 18:45 | #6

      Peut-être que les blogopotes sont d’un avis plus positif que moi ? Silo m’avait vraiment bottée, oui !

  4. 07/02/2019 à 10:18 | #7

    Du Hugh Howey quoi. Ça semble être la constante de l’auteur. Je n’ai lu que « Phare 23 », mais ça me suffira. ^^’

    • Acr0
      07/02/2019 à 18:45 | #8

      J’avais bien accroché à sa trilogie Silo !

  5. 07/02/2019 à 18:39 | #9

    J’ai hésité tout le mois de janvier avec celui-là ; un coup, une chronique dythirambique me tentait terriblement, puis une autre soulignait la superficialité du bouquin. Bon, je décide finalement de passer mon chemin – sachant que Silo ne m’avait pas enjoué plus que cela.

    • Acr0
      07/02/2019 à 19:01 | #10

      Hormis l’avis de Sylvie, je n’en ai pas croisés d’autres 🤔 J’aime bien connaître des blogopotes sur les titres que nous avons en commun. Après, tout dépend ce que tu recherches dans un livre. J’aime bien les tranches de vie mais pour Outresable, il me semble que l’auteur n’a pas signé le même contrat que moi.

  6. 09/02/2019 à 20:52 | #11

    Mmmh, plutôt attirant tout ceci, je me le note.

    • Acr0
      10/02/2019 à 17:14 | #12

      Ah ! Je serais alors très intéressée par connaître ton avis (un jour) 😄

  7. 23/02/2019 à 18:38 | #13

    Silo me tente bien davantage. J’aime bien creuser la surface pour voir se qui se cache en profondeur, mais seulement dans les livres, hein ^^ Je n’ai pas l’âme d’une spéléologue sinon 😀
    Merci pour ton éclairant retour 😉

    • Acr0
      24/02/2019 à 14:18 | #14

      Je te rejoins : j’aime bien vivre des aventures extrêmes… au fond de mon canapé 😀

  8. 26/02/2019 à 21:58 | #15

    Mazette, j’ai de plus en plus la flemme de le lire celui-ci ! Les chroniques sont moyennement élogieuses :/

    • Acr0
      27/02/2019 à 22:07 | #16

      Aïe, situation délicate… ou alors méthode barbare, tu le détournes ! Cale-porte, cale-meuble… 😁 (le conseil est gratuit !)

  1. 20/02/2019 à 18:32 | #1
  2. 03/05/2019 à 15:12 | #2
  3. 14/04/2020 à 09:24 | #3