ANSEAUME Camille – Un tout petit rien
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Titre : Un tout petit rien
Auteur : Camille ANSEAUME
Plaisir de lecture : Livre avec entrée au Panthéon
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On n’a ni projets, ni même le projet d’en avoir. Le plus gros engagement qu’on ait pris ensemble, c’était de se dire qu’on s’appellerait en fin de semaine. C’était quand même un mardi. On s’aime surtout à l’horizontale, et dans le noir, c’est le seul moment où on n’a plus peur de se faire, où on ose mélanger nos souffles sans redouter que l’autre se dise que ça va peut-être un peu vite. On ne s’est jamais servis du « nous », et quand dans une conversation on est obligés d’utiliser le terme « relation » ou « couple », nous concernant, on dessine avec nos doigts de gros guillemets en l’air pour montrer que c’est un grand mot pour une si petite chose.
C’est beaucoup plus que sexuel, c’est beaucoup moins qu’amoureux. C’est nos culs entre deux chaises, c’est suffisant pour faire semblant de faire des bébés, pas pour en avoir.
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La bataille que mène la narratrice, c’est pour elle, pour le bébé mais aussi un peu contre le monde. L’emploi de la première personne du singulier permet d’être plongée dans sa vie (parfois son chaos) et de s’accrocher à notre protagoniste. Ce récit est universel tant il parle à beaucoup d’entre nous. On la suit dans ses aventures : doutes, questionnement, tristesse, coups de colère ; les réactions de son entourage. Et indubitablement, dans ses prises de conscience, ses choix, ses non choix.
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Le livre se présente comme des entrées d’un journal intime. Elles sont souvent courtes, accélèrent le rythme et aident à la fluidité. Ces confidences sont pleines de force et remplies de phrases courtes assez choc.
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L’obstétricien m’a remis un dossier. Il est bleu avec écrit « Interruption volontaire de grossesse : dossier-guide ». En haut il y a un encadré aux couleurs de la France, marqué « République française, ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports ». Je préférerais y trouver les règles de badminton.
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Le style est percutant et la transmission des émotions en est bouleversante. On retient sa respiration, on est happé. Camille Anseaume est blogueuse et journaliste. Sa très bonne plume livre un ressenti authentique : on se demande où s’arrête la frontière entre réalité et fiction. Si on est irrémédiablement touché à la lecture de “Un tout petit rien”, jamais l’auteure ne nous sert du larmoyant. La crédibilité est très grande tant la justesse y est ciselée.
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C’est avec simplicité et une sensibilité tout à-propos que l’écrivain s’emploie à nous faire partager ce récit… que nous souhaitons par la suite, partager nous aussi. D’ailleurs, j’ai eu beaucoup de mal à mettre des mots sur mon ressenti immédiat car j’ai été retournée. J’ai trouvé une des meilleures façons pour le partager, donner le livre à une amie.
Si vous souhaitez découvrir la plume de l’auteure, vous pouvez lire sa nouvelle dans son entièreté ici.
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“Un tout petit rien” de Camille Anseaume est un récit percutant, qui touche au plus haut point son lecteur tant par la plume incisive de l’auteure que par le vécu de la protagoniste. L’immersion est totale grâce à la fluidité et la crédibilité d’une histoire à laquelle on ne pourra rester insensible.
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Voici quelques citations et pourtant, j’ai essayé de me limiter.
Cliquez pour mieux lire :
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Souvenir de lecture : Et si ?
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Dans le chaudron :
Bien que je ne les ai pas chroniqués, des textes – hors SFFF – qui m’ont touchée.
¤ Ainsi soit-elle de Benoîte Groult
¤ J’ai donné la vie dans un camp de la mort de Madeleine Aylmer-Roubenne
¤ Le voile noir d’Anne Duperey
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Faust’in, Femme sweet femme, La mite orange, Maêlle, Pensées by Caro, Plume de Cajou ont aussi « vécu » au rythme des lignes.
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Cette lecture a été réalisée en partenariat avec les éditions Kero.
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