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Articles taggués ‘horreur’

FEIST Raymond E. – Faërie

31/10/2012 43 commentaires

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Titre : Faërie
Auteur : Raymond Elias FEIST
Plaisir de lecture Livre fantas… tique

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Phil, grand écrivain décidé de quitter la vie agitée d’Hollywood pour retourner dans sa région natale, vers Pittsville. Gloria et leurs enfants, Gabbie, Sean & Patrick emménagent très vite dans la maison du vieux Kessler acquise pour une bouchée de pain. La propriété s’étend sur plusieurs hectares et comprend le pont du troll au fond des bois. Phil retrouve sa mère spirituelle, l’ancienne universitaire Aggie et même Gabbie qui rechignait un peu à passer son été ici, rencontre Jack. Mais ce tableau idyllique est très vite envahi par les ombres, notamment quand les jumeaux et leur chien Pas-de-pot traversent pour la première fois le pont. Ils ne sont que les premiers à être la proie de créatures fantastiques et d’autres puissances inconnues.

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)°º•. La famille Hastings se compose d’une famille presque trop parfaite aux yeux des lecteurs, que ce soit dans la description de leur caractère ou dans leur comportement. Phil, bien que n’étant toujours pas passé à l’ère des ordinateurs, s’avère être un écrivain brillant, un illustre réalisateur et maints fois récompensé. Ce qui n’est pas forcément le cas de Gloria qui n’a pas réellement enflammé les planchers de théâtre ; mais elle demeure une femme aimante et une mère protectrice.
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Gabbie, jeune rentière est la fille de Phil née d’un précédent mariage. Si au début, on s’attend à ce qu’elle tape un scandale parfait pour une publication dans Vogue, elle redevient très vite une jeune femme responsable. Elle rencontre le protégé d’Aggie Grant : le doctorant Jack  Cole avec qui elle tisse des liens très forts. Mais il n’est pas le seul à être charmé par son physique. Les jumeaux Patrick & Sean sont un peu plus clichés dans le sens où le premier est fort et téméraire, le second est très effacé et timide. Il en convient qu’ils sont plutôt crédibles dans leur rôle de jeunes garçons de 8 ans, tant pour les « oui, oui » répondus aux conseils de leur mère – alors qu’ils n’en pensent pas moins – que pour leur incapacité à prendre correctement des messages téléphoniques, parce que bon, « les jeux vidéos, c’est trop cool ». Ils vont être les premières victimes des créatures et ce sont eux aussi qui vont faire face aux plus dures épreuves.
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On croisera souvent Mark et Gary, deux collaborateurs d’un même cabinet qui sont ravis de pouvoir fréquenter la bibliothèque de M. Kessler laissée en l’état dans la vieille maison. Ils souhaitent compulser tous les documents qu’ils y trouveront mais se feront surprendre par quelque découverte. Enfin, il y a le vieux Barney qui lui sait. Il sait beaucoup de choses, mais personne ne daigne l’écouter. Il se révèlera être une aide précieuse dans les derniers retranchements et possède d’ailleurs une pierre-à-fées.

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)°º•. Pour son histoire, Raymond Feist ne présente pas un univers édulcoré à la poudre de perlimpinpin, mais sert un véritable monde sombre et dangereux. Même si les légendes me sont parfois méconnues, nous mettons les pieds sur un tapis de folklore. L’environnement – paysages, bâtiments – est très peu décrit pour laisser une place optimum aux ambiances lugubres.
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Raymond Feist nous entraine à la rencontre du peuple : petit, bon ou mauvais. Pour ce livre-ci, nous allons côtoyer les sentiments maléfiques du petit peuple. On se rend compte que les créatures féériques ne sont absolument pas fréquentables. Personne n’échappe à ces êtres diaboliques, même pas les petits enfants de 8 ans. Il va sans dire que le roman peut faire ressortir les peurs de son enfance ; l’histoire prend des tournants un peu malsains voire qui font peur.

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)°º•. Ce roman fantastique date de 1988 et n’a pas pris une seule ride. L’écriture se révèle subtile, très travaillée et le roman se lit facilement.

Le fort pouvoir d’attraction de cette histoire réside dans le mélange du réalisme au folklore. La vie quotidienne est mélangée à des scènes surnaturelles. Ce qui fait sa force peut aussi être un petit point faible dans le sens où certains moments paraissent plus lents, un peu trop enfantins à mon goût ; mais cela représente à peine 10% de la totalité du roman puisqu’il s’agit-là de moments plus calmes pour que la tension monte progressivement.
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La sexualité est exploitée dans ce récit, on peut même parler de violence sexuelle. C’est pourquoi certaines scènes peuvent se révéler choquantes. Ce livre ne doit absolument pas être considéré comme un livre jeunesse, surtout si le lecteur n’a jamais eu de premiers frissons via un livre classé « horreur » pour jeunesse.
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Il va de soi que l’angoisse est latente, que le suspense peut se révéler « de fou ». Il ne s’agit pas de verser dans de l’horreur gratuite ou dans des moments sanglants, mais la chair de poule nait parfois à la lecture de certains passages. C’est un livre dont on ne se sépare pas, jusqu’au dénouement.
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Ce roman est totalement envoutant car nous voyons l’ombre rôder dès les premières pages et s’imposer sur ces feuilles d’écriture innocentes. On est très vite aspiré par l’histoire et les interventions de différents narrateurs sont justement dosées. Cela pourrait être une histoire à laquelle on y croirait dur comme fer.

Si vous souhaitez lire ce livre, commencez par vous procurer une pierre-à-fées.

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En un tour de main, Feist nous présente un one shot des plus particuliers où le petit peuple montre ses aspects les plus terrifiants et s’en prend puissamment aux êtres humains. Ce livre fait monter un suspense certain tout au long de ses pages et c’est avec les yeux écarquillés – et parfois cachés sous la couette – qu’on dévore cette histoire.

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)°º•. Biographie
Né en 1945 à Los Angeles, Raymond Elias Feist tire sa notoriété mondiale grâce aux chroniques de Krondor comptant pas moins de 28 ouvrages. Son site.

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Souvenir de lecture : « Ah, ce passage, c’est un peu craignos quand même » […] « Oké, celui-là, c’est encore pire ! »

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Audouchoc (Théoma), Au fil de mes lectures (La Liseuse), E-maginaire, Imagin’erre, La bibliothèque Malounienne (Malou), Lanylabooks, Lectures d’une dévoreuses de livres… (Nini), Mes imaginaires (SBM) ont aussi rencontré la Chose sous le Pont du Troll.

CITRIQ
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Une participation au Challenge Halloween, un peu effrayante mais idéale pour ce 31 octobre !

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Pic : Couverture anglaise par Geoff Taylor, des détails à voir ici.

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BURTON Tim – La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires

18/10/2012 40 commentaires

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Titre : La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires
Auteur : Tim BURTON
Plaisir de lecture Livre fantas… tique

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Ce petit livre de 125 pages présente 23 courtes histoires sous forme de poèmes écrites et illustrées par Burton lui-même. Le recueil met en scène des enfants ou adolescents étranges voire insolites. Tantôt loufoque ou effrayant, il va sans dire que nous sommes plongés dans l’univers décalé de Burton que nous reconnaissons bien là.

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Drôle et macabre à la fois, Burton nous propose une critique de notre société et notamment sur le regard des adultes au vu de la différence : intolérance et marginalité. Une touche surnaturelle se mêle à l’humour grinçant. C’est toute une palette d’émotions qui s’ouvre ; allant de la tendresse jusqu’aux limites de l’acceptable pour les lecteurs les plus sensibles d’entre nous. Il va sans dire que pour moi – fan de zombies nota bene – ce livre est un véritable délice.

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L’édition française est bilingue : sur les pages paires se trouve le texte d’origine et sur les pages impaires la traduction. Cette dernière laisse à désirer car elle a préféré respecter les rimes que le sens des mots et bien que cela ne soit pas affriolant, on arrive à des situations où le texte VF est littéralement à côté de la plaque.

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Il va sans dire que ce recueil n’est pas à présenter au plus jeune public mais que les textes en anglais sont très agréables à lire à voix haute.

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Les titres au programme donnent déjà un aperçu :
Stick Boy and Match Girl in Love | Brindille et Allumette amoureux
Robot Boy | L’Enfant Robot
Staring Girl | La fille qui fixait, fixait, fixait
The Boy with Nails in His Eyes | L’enfant avec des clous dans les yeux
The Girl with Many Eyes | La fille avec plein d’yeux
Stain Boy | Enfant Tache
The Melancholy Death of Oyster Boy | La triste fin du petit Enfant Huître
Voodoo Girl | La Fille Vaudou
Stain Boy’s Special Christmas | Enfant Tache : un Noël hors norme
The Girl Who Turned into a Bed | La fille qui se transforma en lit
Roy, the Toxic Boy | Ludovic, l’Enfant Toxique
James | James
Stick Boy’s Festive Season | Période des fêtes pour le jeune Brindille
Brie Boy | L’Enfant Brie
Mummy Boy | L’Enfant Momie
Junk Girl | La fille faite d’ordures
The Pin Cushion Queen | La Reine Pelote-à-Épingles
Melonhead | Tête de melon
Sue | Justine
Jimmy, the Hideous Penguin Boy | Benjamin, le vilain gamin pingouin
Char Boy | J.C., le Jeune Carbonisé
Anchor Baby | Bébé Ancre
Oyster Boy Steps Out | La sortie du petit Enfant Huître

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Souvenir de lecture : Entre Stain Boy et Roy, the Toxic Boy, mon cœur balance.

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Toutes ces filles Bazar de la littérature (Mélisende), Biblioblog (Laurence), Chez Iluze, Dans ma bibliothèque (Rose), La bouquinerie au coin des deux colombes (GeishaNellie), Les lectures de Liyah, Lily et ses livres, Lis tes ratures (Lyra), My Lou Book, RSFblog (Lhisbei), Sous le feuillage (Lael) ont également lu ce recueil.

CITRIQ

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Il a fallu attendre la motivation du challenge halloween 2012 pour que je me décide – enfin ! – à vous parler de ce livre.

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Pics : #01 Voodoo Girl parSycil ; #02 Even the freaks need love par Casshimee.

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FERRIC Franck – Marches nocturnes

15/11/2011 12 commentaires

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Titre : Marches nocturnes
Auteur : Franck FERRIC
Plaisir de lecture Livre à découvrir

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En échange du gîte et de couvert, un « Luneux » propose de conter des histoires…
Il vous emmènera à la rencontre de personnages pris dans les tourments de leur destin ou perdus dans les voies obscures de leur vie. Chacun d’entre eux vous entraine dans un bout de leur vie, là, maintenant.

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)°º•. Tout au long de ces 17 nouvelles, nous croiserons des personnages tous différents de ses voisins, un groupe hétéroclite. Ils se rejoindront sous un trait commun : le fantastique. La palette de personnages servira les ambiances qui filtrent des pages, sans aucun doute.
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Ces nouvelles présentent des thèmes divers et variés : la sensibilité frôle le côté morbide, la tendresse accostera un univers sombre, les rêves côtoieront le macabre. Le récit est tantôt poétique, tantôt tragique. Les sentiments y sont exacerbés également.

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Une certaine mélancolie s’installe, elle broie le cœur. Certaines nouvelles sont très (trop ?) sanglantes pour moi. J’y découvre beaucoup de détresse et j’ai du ma à y trouver l’espoir. La cruauté et l’horreur se présentent très vite à moi : les images qui m’apparaissent sont assez marquantes, l’environnement est hostile, mais aussi brut. Parfois, le texte nous dérange, on ne se sent pas à l’aise.
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Mais c’est sous la bannière de la sensibilité que se retrouvent les nouvelles. Elles proposent toutes des tonalités différentes. Le fantastique et le merveilleux se rejoignent parfois en notes de fond, parfois de manière moins discrète. On y trouve tout ce que l’on cherche : de l’anticipation, de l’horreur, du fantastique et même de la féerie urbaine. Le fil rouge à mes yeux, est le comportement humain (dans ses noirceurs désespérées).

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)°º•. Ces nouvelles bénéficient toutes d’une identité forte. Elles bousculent parfois le lecteur, le choque. Ces nouvelles de rupture et de transgression proposent un style distant ou lyrique. L’enjeu de ces personnages, c’est la survie mentale et physique.
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Mais c’est bien une appréciation toute subjective que nous aurons du recueil. Selon nos propres expériences, nos souvenirs et nos émotions, certaines nouvelles auront toute notre préférence, on ne les considérera alors pas toutes de la même force.
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Les personnages suivent des chemins tortueux. Mais Franck Ferric nous sert des quêtes loin des clichés des contes de fée. Le style d’écriture et les ambiances présentent une cohérence générale. Je le rapprocherai du recueil « Fée Verte » de Poppy Z. Brite même si je le trouve moins sanglant mais prenant davantage aux tripes.
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Ce recueil ne laisse pas indifférent : il happe le lecteur et l’entraine dans un souffle un morbide, un peu mélancolique au travers de ses personnages. Nous ne restons pas de marbre, tantôt mal à l’aise, tantôt surpris mais toujours touchés.

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)°º•. Biographies
Né en 1979, Franck Ferric est nouvelliste et a plusieurs parutions dans diverses revues culturelles et dans des anthologies. Il indique également sur son site, qu’il est amateur de musique bruyante (« métal ») et ce n’est pas rien.
Son site.

Réalisée par B. (Bastien Lecouffe Deharme), la très belle couverture intrigue à plus d’un titre. J’ai pu la tester en la laissant trainer sur le coin de mon bureau ou en lisant le livre dans le métro. Son site.

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Souvenir de lecture : Mention spéciale à « Fée d’hiver ».

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Imaginelf (Lelf) et If is dead (Orfeus) l’ont également lu.

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Et hop, chronique estampillée du logo « Petit mais costaud » 🙂

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Cette lecture a été réalisée en partenariat avec les éditions Lokomodo.

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POE Edgar Allan – Le chat noir et autres nouvelles

29/08/2011 10 commentaires

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Titre : Le chat noir et autres nouvelles
Auteur : Edgar Allan POE
Plaisir de lecture Livre à découvrir

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Ce recueil présente six nouvelles d’Edgar Allan Poe : le Chat noir, Hop-Frog, l’ange du bizarre, la Barrique d’Amontillado, Petite discussion avec une momie et l’Homme des foules.

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Ces nouvelles « noires » s’articulent autour du thème de prédilection de Poe : la mort. Bien que les nouvelles soient sombres, elles n’en sont pas pour autant macabres. Celle du « Chat noir », ô combien puissante dans l’écriture, est évidemment celle qui présente le plus d’horreur dans la torture et le machiavélisme.

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Le diabolisme, Poe le mange à toutes les sauces et au travers de ces courtes histoires, il nous présente des récits bien ficelés, à la narration quasi parfaite. Et surtout… toutes pourvues d’un humour parfois acide, un peu acerbe mais surtout poilant. J’ai trouvé les nouvelles un peu inégales dans leur force mais j’ai apprécié – notamment – l’accent de l’ange du bizarre même si son idiolecte est difficile à déchiffrer, et ai savouré la discussion avec la momie.

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Il n’en demeure pas que ces nouvelles, simples de premier abord sont de véritables petits bijoux. Dans le même état d’esprit, je vous conseille le magnifique album « 4 histoires fantastiques illustrées » par Gris Grimly dans lequel nous retrouvons le Chat noir et Hop-Frog. Il est un délice pour les yeux et plaira aux petits et aux grands.

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Edgar Allan Poe (1809-1849) est un sacré homme aux multiples compétences : poète, romancier, nouvelliste, critique littéraire, dramaturge et éditeur. Quand tu lis sa biographie sur le net, tu apprends aussi qu’il aurait inventé le roman policier mais que la majorité de son travail appartiennent aux genres littéraires de la science-fiction et du fantastique. Han !
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Si toi aussi tu as envie de découvrir la nouvelle du Chat noir, il te suffit de cliquer ici.

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STURGEON Théodore – Cristal qui songe

30/11/2009 14 commentaires

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Titre : Cristal qui songe
Auteur : Théodore Sturgeon
Plaisir de lecture Livre fantas… tique

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Horty Bluett a 8 ans quand il fugue. Il vient d’essuyer une énième colère de son père adoptif et de perdre trois doigts à la suite des violences subies. Il a 8 ans, se retrouve en pleine rue, la nuit. Par hasard, il croise son amie Kay Hallowell, lui dit au revoir et la promesse de la revoir.
Et voilà un camion qui déboule, des étranges inconnus qui le prennent sous leur aile et l’embarquent vers des chemins inconnus. Propulsé dans un bar, il rencontre la bande. Ces gens marginaux, certain à la peau verdâtre, d’autres de petites tailles, l’adoptent. Après l’accord de Cannibale, le propriétaire du cirque, Horty va trainer ses savates et se construire grâce à la vie en communauté foraine. Au sein de cette famille de cœur, Horty va partager son temps, son attachement et développer son don de mémoire eidétique. Mais est-ce la seule facilité qu’il possède ? Pourquoi le directeur du chapiteau est-il surnommé Cannibale ? Pourquoi la troupe entière tremble devant lui et se bouche les oreilles aux gémissements d’étranges cristaux vivants ? Les phénomènes ne sont pas forcément « du cirque »…

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)°º•. Très vite, nous sommes plongés dans cette famille au grand cœur. La micro société que représente le cirque est peuplée de « monstres » très attachants. Ces freaks et autres énergumènes de foire apprendront la vie à Horty. Notre jeune garçon va évoluer parmi les gentils et les méchants. Une pression forte, une impression irréaliste tournent et planent autour de son noyau de vie. Heureusement, Horty garde encore son point d’attache, un diable à ressort reçu à l’orphelinat.  Horty entretient des relations très fortes avec Junky et y tient comme à la prunelle de ses yeux.
Horty c’est le gamin que tu vas voir grandir sous tes yeux que t’y crois pas ! Gentillesse et générosité sont son leitmotiv mais il va être désarçonné, rejeté à plus d’un titre.
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Le Cannibale, ex Pierre Ganneval n’est pas étranger à l’atmosphère pesante qui plane sur le cirque. Ce grand misanthrope a depuis longtemps été déçu par la cause humaine. Délaissant l’être humain dans toute sa splendeur, il s’intéresse davantage à des bizarreries scientifiques.
Le Cannibale, c’est le méchant de l’histoire. Mais méchant-méchant. Un vrai de vrai. Que t’aimerais même pas le croiser dans tes pires cauchemars. Enfin, bref, avec l’ingéniosité et la cruauté dont il fait preuve, tu vas en rester plus que baba.
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Famille recomposée de membres rejetés par toute structure sociale, le cirque se compose de freaks et autres énergumènes de foire. Nous croisons tantôt des hommes à la peau verdâtre, tantôt des hommes sans poumon, et quelques nains au physique particulier. Ces « monstres » très attachants n’en représentent pas moins une micro-société. Ce sont ces gens montrés du doigt qui vont apprendre le plus à Horty et vont lui permettre de traverser les obstacles qu’il rencontre.
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Enfin et non des moindres, des personnages pas forcément « principaux » en terme où on l’entend, mais non moins cruciaux, les Cristaux. C’est autour de ces « objets » que se forge notamment l’intrigue. Ces derniers vivent, communiquent, ressentent la douleur, sont faits « de chair, sève, bois, os et sang » et construisent des rêves épatants. Leur communication reste énigmatique, et c’est certainement bien là-dessus que naissent affabulations et machiavélisme.
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Bien que pour certains lecteurs, le Cannibale est une pâle copie mal réussie d’un vrai méchant ; je n’en démords pas, que je n’aimerai pas le croiser en vrai. Le véritable défaut, cependant mineur, réside pour moi dans le statut presque immuable de « gentil » et de « méchant » des personnages. Dommage… Cependant, et cela est sans doute le plus gros point positif de ce roman à mes yeux, la vie des Cristaux est splendide et j’admire l’imagination de Sturgeon. Leur existence atteint quelque sommet poétique et c’est un vrai délice de se délecter des paragraphes (pseudo ?) scientifiques et des envolées exaltées que l’auteur manifeste.

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)°º•. Bien sûr, plusieurs thèmes sont abordés par cette histoire et la plus grande réside en l’image forte de l’humanité et de ses valeurs. La marginalité montre la double facette indispensable de vivre et survivre. Dans le bouquin, on en arrive presque à la lutte du bien contre le mal. Mais il n’en demeure pas moins que pour (sur)vivre, il faut alors avoir la faculté d’adaptation. Marche ou crève en quelque sorte… J’ajouterai qu’on retrouve même une vision poétique voire une hymne à la différence.
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Une de mes plus grandes interrogations au fil des pages a été de me demander quand l’horreur (et secondairement la méchanceté) allait arriver. Sturgeon a su mettre en place des atmosphères en très peu de temps, et qui enveloppent entièrement le lecteur. Souvent on tâtonne, on reste dans la brume. Et grâce à une intrigue plus que palpitante, on se questionne beaucoup. Sturgeon a su distiller avec succès les informations, garder de grands mystères ; actes qui participent au « pourquoi ? » général.
Dans le cadre de la lecture commune du Cercle d’Atuan, les débats ont été riches et passionnés, les différentes théories qui entourent Horty, Junky et les Cristaux (ainsi que le rôle des personnages secondaires) ont eu la belle part de nos bavardages. Il va sans dire que les interprétations des écrits ont été différentes d’une personne à l’autre. Relativement jouissif !
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El Jc a très bien définit la plume de Sturgeon via le forum,  « aspect humaniste et bouleversant et ce avec une grande économie de mots ». La fluidité du style n’est pas en reste et le charme étrange du bouquin participe à accrocher à l’histoire. On apprend aussi, que c’est le roman le plus réussi et le autobiographique de Sturgeon, car il se vouait à la culture physique plus jeune, dans l’objectif de devenir acrobate. Malheureusement, la vie en a décidé autrement…

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Sturgeon nous délivre une histoire très palpitante où le thème de la différence est servie sur plateau. Confiné aux abords de la vie de phénomènes de foire, le lecteur est entrainé dans un monde où les atmosphères sont prenantes, où l’on reste dans un endroit brumeux et quelque peu cruel. Nous suivons le trépidant d’Horty qui bien malgré lui, se retrouve au centre d’étranges affaires. La vision des Cristaux, leur existence et leur fonctionnement demeurent le point d’orgue magnifique de ce récit. Oserez-vous plonger dans ce livre énigmatique ?

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)°º•. Biographie
via Wikipedia
Théodore Sturgeon, de son vrai nom Edward Hamilton Waldo ou Edward Waldo, est né le 26 février 1918 et mort le 8 mai 1985. C’est un écrivain américain de fantastique et de science-fiction, dont le talent s’est exprimé à travers de nombreuses nouvelles et quelques romans.

Plus que son style, l’ambiance et les thèmes abordés dans ses écrits font de cet auteur un cas particulier dans l’univers de la SF et du fantastique. Certains parlent à juste titre d’un univers « Sturgeonien ». On retrouve dans ses écrits des traces d’événements de sa propre vie qu’il a explorée d’une manière presque « thérapeutique » pour en faire quelques chefs d’œuvres, où l’humain prime toujours…

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¤ Adaptation :
La chaîne américaine de télévision HBO de 2003 à 2005 a diffusé un feuilleton de 24 épisodes en deux saisons inachevées. Ce dernier repose sur deux romans de Sturgeon et se nomme  « Carnivale » (fête foraine). La référence à l’auteur a été volontairement mise de côté afin que le public ne soit pas assujetti aux préjugés de la littérature sturgeonienne qui avait créé des scandales dans les années 1950 (le thème de la différence, on en parlait quelques paragraphes au dessus). Sans oublier que des références aux œuvres originelles, l’adaptation n’en garde plus grande trace afin de mieux coller aux envies d’un public qu’on voulait massif.

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¤ Extrait :

Horty poussa doucement Junky sur le pupitre e pressa un bouton usé sur le côtté du cube de bois. Violemment d’abord, puis en hésitant sur son ressort rouillé et enfin avec une sortie de défi triomphant, Junky émergea de sa prison. C’était un diable à ressort, reliquat d’une génération aux mœurs innocentes. Il avait une tête de polichinelle dont le nez crochu tout écaillé rejoignait presque le menton pointu. Dans la mince fente qui les séparait s’étalait un sourire chargé d’expérience.
Toute la personnalité de Junky (et c’était la raison principale de l’affection que lui portait Horty) résidait dans ses yeux. Ils semblaient faits d’une sorte de verre teinté, moulé ou taillé à arêtes mousses, qui, même dans une chambre obscure, avait un reflet, un scintillement étrange et complexe. Maintes et maintes fois Horty avait cru constater qu’ils possédaient une espèce de rayonnement propre – mais il n’avait jamais pu en être tout à fait sûr.
_ Bonsoir, Junky, murmura-t-il.

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45788423_pLa lecture de ce livre s’est réalisée dans le cadre du Cercle d’Atuan : Chimère, El Jc, Olya, Ryuuchan, Spocky, Tigger Lilly, Vert.
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Mes Imaginaires (SBM) en parle aussi, Nebal a rédigé un bien bel article sur Sturgeon.

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MOORE Christopher – Le sot de l’ange

10/06/2009 8 commentaires

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Titre : Le sot de l’ange
Auteur : Christopher Moore
Plaisir de lecturecoeur notation Livre avec entrée au Panthéon

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C’est tout Pine Cove, petite bourgade de Californie, qui s’active pour les préparatifs de Noël. En ces quinze derniers jours avant la date, Pine Cove se dédie à une joie commune, par la générosité envers autrui. Cette année, c’est l’immonde agent immobilier, Dale Pearson, qui endossera le costume de Père Noël.

Lors d’une petite altercation entre Léna Marquez et lui, Dale Pearson reçoit un coup fatal de pelle de la part de son ex-épouse. Joshua Barker, 8 ans et déjà en retard pour rentrer à la maison, assiste aux faits et voit le Père Noël passer l’arme à gauche.

C’est alors que toute la ville s’en mêle et le tout dérape: Tucker Case qui passait dans le coin, aide Lena Marquez à cacher son crime et lui présente sa chauve-souris géante végétarienne. Théophile Crowe, shérif de Pine Cove à ses heures perdues doit enquêter sur l’affaire et simultanément surveiller sa femme Molly Michon, schizophrène de son état, se prenant toujours pour une guerrière du désert et ayant arrêté ses médicaments.  Quant à Joshua, conscient que la mort du Père Noël entraînera une absence de cadeaux, formule un vœu à l’adresse de Dieu afin de faire revenir à la vie, le Père Noël échu. Notre grand copain, Ange Gabriel, assoiffé de réussite dans le vœu humain, chercher à réussir le voeu formulé de la part enfant et passant dans le coin, se dit que finalement, les Cieux lui sourit. Cependant, il n’est pas aisé ni même donné à tout le monde de réanimer un mort sans aucune conséquence.

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)°º•. Là, vous avez compris, avec ce décor planté, cela relève d’une belle m*rde !
Ce livre est tout simplement poilant. On se retrouve en lecteur ricanant du génie de l’histoire. C’est une réussite totale, une merveille d’humour déjanté et saugrenu (et j’en arrêterai là pour les superlatifs).
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Voilà enfin un livre où on assiste à un véritable retournement ironique des contes de Noël.  Christopher MOORE brise les conventions de la merveilleuse nuit de Noël, il met à mal les clichés de cette période, et on adore ça ! Il se base énormément sur l’imagerie de Noël que nous avons tous et décline le tout grâce à un jonglage rire/horreur.
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L’auteur est un fou dangereux. Les règles du jeu sont simples: on éclate de rire… et on ne prend rien au sérieux. On se délecte du jeu de Moore qui met en place tous les petits éléments de sa version de conte de Noël. Sans oublier que le délire s’étend bien évidemment jusqu’au chapitrage du bouquin.
Le style est fluide et nous entraîne dans cette mouvance sans dessus dessous. L’action se divise en une multitude d’épisodes et on tourne les pages fébrilement pour savoir la suite, vite, toujours plus vite. Seulement 256 pages pour pénétrer dans cet univers frappadingue et très vite on referme le livre avec la 4e de couverture. Et là, la seule réflexion qui nous formulons, s’avère être un onomatopée: « waouh!« 

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Apparemment, il y aurait quelques incohérences de traduction effectuée par Luc Baranger; mais elles ne m’ont absolument pas sauté aux yeux. Le tout est tellement bien enlevé qu’on reste dans l’histoire, sans se préoccuper de tout cela.

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)°º•.  Les personnages du bouquin sont issus des autres tomes de Moore, que ce soit L’agneau, Le Lézard lubrique de Melancholy Cove ou La Vestale à paillettes d’Alualu. Pour la plupart, ce sont des personnages- archétypes. Alors en ‘ »vrai », cela donnerait des personnes atypiques mais épatantes. Mais « sans rire », Moore nous sert une belle brochette de tarés doublée d’une équipe de bras cassés. Non, franchement, rien que les personnages valent le déplacement.
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Commençons par Dale Pearson. Agent immobilier de Pine Cove et ex mari de Léna Marquez, sa dernière grande prestation sera de jouer le Père Noël qui retrouvera vite la terre. Léna Marquez défend la cause des plus démunis, par tous les moyens. Elle se retrouve vite dépassée et s’appuiera sur l’aide improbable que propose Tucker Case. Ce dernier est l’admirable possesseur d’une chauve souris géante, parlante et végétarienne.
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On trouvera également un couple mal assorti avec Théophile Crowe, flic looser, fumeur accroc à la marijuana et pourtant mari flegmatique de la célèbre Molly Michon. C’est ancienne starlette de série B se prend toujours pour l’amazone des terres inconnues, son dernier rôle. Cependant, cette ex Kendra n’a qu’une envie, tuer des mutants des sables.
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Bien sûr, on retrouvera Joshua Barker qui formule un vœu de retour à la vie et notre grand sot d’Archange Gabriel.

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)°º•. Biographie (présente sur la quatrième de couverture)
Né dans l’Ohio en 1957, Christopher Moore, qui aime l’océan, le polo à dos d’éléphant, les émissions télévisées sur les animaux et les crackers au fromage, a étudié l’anthropologie et la photographie au Brooks Institute of Photography de Santa Barbara — où il écrira son premier roman, Practical Demonkeeping, publié en 1993. Après avoir passé quelques années dans une forteresse perdue sur une île inaccessible du Pacifique, il s’est récemment établi en Californie. « Si jamais il y a un auteur plus drôle dans le coin, qu’il s’avance d’un pas. » Playboy

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)°º•. Extraits

¤ L’avertissement écrit par l’auteur :

Si vous comptez offrir ce livre à votre grand-mère ou à un gamin, sachez qu’il contient des jurons, de subtiles descriptions de cannibalisme, ainsi que des scènes de rapports sexuels entre des personnages dont l’âge moyen tourne autour de la quarantaine. À bon entendeur, salut !
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¤ Je trouve que les premières lignes du livre donnent le ton :

L’esprit de Noël s’immisça dans Pine Cove. Sournoisement. Comme un truc pitoyable. Sous la forme de guirlandes ou de rubans que l’on accroche à pendouiller, de cloches de traîneau, de lait de poule ‘ qui passe par-dessus bord, d’odeur entêtante de sapin et de menaces de sinistres réjouissances, telle la perspective de faire la bise, sous une boule de gui, naturellement à quelqu’un qui souffre d’un bouton de fièvre.
Avec ses édifices de pseudo-style Tudor (tous outrageusement retapés façon villégiature au charme désuet), ses loupiotes clignotantes dans les arbres bordant la rue Cypress, sa fausse neige dans les coins de chaque vitrine, ses Pères Noël miniatures, ses bougies géantes illuminées sous chaque réverbère, Pine Cove s’offrait en pâture aux troupeaux de touristes en provenance de Los Angeles, de San Francisco et de la Grande Vallée, tous contaminés par la fièvre acheteuse, et en quête d’une véritable émotion commerciale. Alors que Noël se profilait (plus que cinq jours à attendre), Pine Cove, véritable ville miniature de la côte californienne, où le nombre de galeries d’art supplantait celui des stations-service, et celui des officines de dégustation de vin le nombre de quincailleries, semblait aussi avenante qu’une Miss Beauté de comice agricole bourrée comme un coing. La fête de la Nativité arrivait, accompagnée cette année de l’Enfant roi, car l’une comme l’autre étaient grands, inévitables et miraculeux. À vrai dire, Pine Cove n’en espérait qu’un sur les deux.
Ce qui ne signifie pas que les habitants n’étaient pas pénétrés de l’esprit de Noël. Les deux semaines qui précédaient l’événement, ainsi que les deux semaines qui le suivaient, déversaient une sympathique avalanche sonnante et trébuchante dans les tiroirs-caisses de la ville, car depuis la fin de l’été les touristes se faisaient rares. Alors, chaque serveuse épousseta son bonnet de Père Noël, posa sur sa tête une paire de merrains de daim factices et s’assura d’avoir quatre stylos en état de marche dans la poche de son tablier. Les employés des hôtels se préparèrent à affronter le déferlement de réservations de dernière minute pendant que les femmes de ménage troquaient leurs habituels déodorants domestiques à la putride senteur de poudre pour bébés contre des bombes au parfum plus festif, mais plus putride encore, à l’odeur de sapin et de cannelle. À La Boutique de Pine Cove, sur la pile de sweaters ornés des affreux merrains de daim, on plaça un écriteau «Offre spéciale vacances» et on y inscrivit le prix… pour la dixième année consécutive.
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¤ Et le premier chapitre est disponible en lecture,  ici.

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GAIMAN Neil – Coraline

22/01/2009 6 commentaires

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Titre : Coraline
Auteur : Neil Gaiman
Plaisir de lecture :  Livre à découvrir
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Coraline Jones est une petite fille et surtout une grande exploratrice qui vient de déménager. Alors qu’elle s’ennuie, un jour de fortes pluies, elle s’introduit par la petite porte condamnée du grand salon. La curiosité la poussera à découvrir un monde parallèle où l’attendent joyeusement ses autres parents… Pourtant un chat noir la met en garde, elle est en danger.

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Voici un livre d’enfants réussi… On reconnait sa réussite dans le simple fait qu’il ne plait pas qu’aux enfants (ou alors aux petits et grands). Je partage l’avis de beaucoup de lecteurs quant au fait que l’histoire nous emmène toujours plus profondément dans l’horreur et nous attendons le dénouement comme si Coraline faisait un mauvais rêve. C’est de par la peur, qu’on apprécie tant ce livre, au cours duquel les événements deviennent de pire en pire. J’ai découvert véritablement Gaiman avec « De bons présages« , et c’est un véritable plaisir de retrouver sa plume seule avec « Coraline »

Ce livre est adapté cinématographiquement et sort le 15 avril juin 2009 en Europe…
Le site officiel : clic
Le livre est disponible en lecture gratuite et en VO : ici