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CONEY Michael – Le chant de la Terre ~ La grande course de chars à voiles, tome 1

08/06/2009 12 commentaires

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Titre : La grande course de chars à voiles (Le chant de la Terre, tome 1)
Auteur : Michael Coney
Plaisir de lecture :  Livre à découvrir
Tome 2, tome 3, tome 4, tome 5

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« Le Chant de la Terre est supposé extrait d’un chant épique qui relate l’histoire de l’humanité, plus quelques autres, et qui a tant proliféré au fil des temps qu’il faudrait plus d’un siècle pour le réciter en entier. Nous ne disposons donc que de fragments en cinq volets, La Grande Course de chars à voiles, La Locomotive à vapeur céleste, Les Dieux du grand loin, Le Gnome et Le Roi de l’île au sceptre. »
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La grande course de chars à voiles nous propulse dans un monde où la technologie a été oubliée car elle a failli conclure sa fin. Sous les préceptes des grands Chihuahuas, les différentes peuplades nichées au cœur d’un Brésil méconnu, tentent de survivre à cette jungle.
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Les moyens de locomotion demeurent de grands chars à voiles qui se déplacent sur des rails de bois. Avec l’interdiction formelle d’utiliser des métaux, qui renfermeraient une certaine violence pour l’humanité, les chars à voiles restent lents et des transports instables. Chaque année se voit rythmée par la grande course de chars à voiles. Cette dernière bien qu’adulée, ne fait que mettre en exergue les tensions d’ores et déjà accumulées entre les deux peuples (Félinos et Vrais Humains) qui se partagent difficilement rails de bois & pays. Cependant, les exemples Chihuahuas prônant le respect des espèces, vont être très vite remis en cause…

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)°º•.  Ce livre pourrait même plaire à ceux-qui-aiment-la-fantasy-et-presque-rien-que-ça, genre moi. La preuve, cela m’a séduit !
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Par contre, comme tu vas lire sur le net partout, partout, l’avènement tant attendu de la libération de Starquin Le grand, mon enfant, il va te falloir attendre au moins la lecture du prochain tome pour ça. Parce que le coco, tu n’en apprends que le nom dans ce roman, et qu’en plus au début tu vas te demander si tu vas plutôt l’appeler Starqu’un ou plutôt Starqueen. Et puis, tu ne sais même pas si c’est un dieu ou un démon. Alors avant de le connaitre et ne serait-ce qu’imaginer sa libération, toi futur lecteur, tu vas commencer par apprécier les personnages de ton tome.
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Et oui, car la Grande Course de Chars à Voiles est une introduction à ce monde fantastique. Il aurait fallu plus d’un livre pour l’approcher, mais ici tu vas connaitre les diverses espèces, connaitre les déclinaisons de spécimens et bien sûr tous les sentiments qui régissent cet univers. Tu en auras à te mettre sous la dent, crois-moi !

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De plus, des flashback sont disponibles en rayon : et oui, si l’on veut comprendre la vie la vraie, des personnages, quelques flash back bien pensés te seront nécessaires.
Il est possible d’éprouver quelques difficultés à suivre les différentes actions. Ce n’est que par un saut de ligne qu’elles sont interrompues, et non pas par des « parties » distinctes. Bien sûr, elles existent avec un titre qui en dit un peu trop à mon goût mais elles ne débutent pas sur une nouvelle page, le texte est continu. Quelques mots espagnols sont présents ici ou là, mais faciles à interpréter. On rencontre également de l’italique qui a permis à l’auteur d’appuyer certains mots ou idées.

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Et comme un « bonus », tu peux même apprendre les « aléas ». Ce genre d’hypothèses de vie, où telle action aurait été préférée à une autre, ou le non choix entraîne également un destin différent. Ce sont les « aléapistes« , ces bifurcations permettent d’entrevoir ce que les personnages auraient pu devenir/faire. Elles sont suffisamment nombreuses pour nous rendre curieux, mais point trop pour ne pas nous noyer. Mais si tu connais Michael Coney, tu sais qu’il aime exploiter ce genre de principe narratif : la trame et les chemins « qui auraient pu ». Il est très intéressant de découvrir en soulevant ainsi le pan, les voies de vie de ces personnages qu’ils ont refusées, fermant définitivement des bouts de vie imparfaits.

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Voilà comment ce livre a pu me séduire. Les différents aspects que je n’apprécie pas dans la Science Fiction s’effacent pour laisser libre court à l’imagination : il « suffit » de suivre les aventures des uns et des autres, de comprendre la problématique d’un monde qui se cherche et qui se trouve être en proie à de plus grandes problèmes qu’il n’ose définir. La dimension des peuples est la plus importante du livre, mais également la plus élaborée et soignée. La capacité de Coney a nous faire entrer dans son monde est tout simplement phénoménale. J’ai su apprécier le principe narratif du « et si… » avec les aléas proposés. Bref, une très belle découverte !

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)°º•.  Au début, avant tout, a posteriori, dans un univers parallèle, maintenant (rayez la mention inutile), il existe l’Arc-en-ciel ; c’est un ordinateur géant inventé aux alentours du 52e millénaire. Son but est de chapeauter le tout.
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Il y a fort fort longtemps (an cyclique 143642), un institut scientifique a joué avec les gènes et a créé cinq espèces d’humains : les Vrais Humains (toi, moi, eux,…), les Humains Sauvages, les Néoténites, les Spécialistes (les Félinos, les Nou n’Ours, etc.) et les Cuidadors. Se greffent les Didon, les Loups du Malheur, et autres oiseaux. A force de vouloir faire une étude poussée d’un livre, on ne fait que dissuader les lecteurs potentiels, et croyez-moi, ce n’est guère mon envie.
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Notons quand même, la présence quasi inévitable de Karina. Croisement entre Vrai Humain et chat, est née la race des Félinos : souplesse, beauté, inclémence et férocité. Elle rencontrera une multitude de personnages tel le Capitaine Tonio, son fils Raoul, un Cornac et son baleinier…
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Ce roman est un véritable tapisserie où chaque fil représente un personnage : l’entremêlement de ces derniers crée une fresque abondante & intrigante. Les personnages se croisent et s’entrecroisent et nous proposent une véritable myriade des caractères.
Leur destin n’est pas scellé, mais leurs différents choix sont déjà dessinés : tout est sagement pondéré par les Exemples des Chihuahuas. Ces derniers pestent contre la technologie et imposent de grandes valeurs éthiques aux différents peuples. Cependant, l’équilibre n’est pas atteint et tout mouvement de la balance engendre une infinité d’enchaînements.

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)°º•. Biographie
Michael Coney, écrivain britannique né en 1932 s’est mis à sa quarantaine à écrire de la Science Fiction. Il a tout d’abord reçu le prix British Science-fiction en 1977 pour son roman « Brontomek ». Ce n’est que durant les années 1980, qu’il commence à écrire le grand cycle « Le Chant de la Terre »; cette œuvre originale et présentant une certaine sensibilité contemporaine a été récompensée en 1987 par le Prix Aurora.
Avant sa mort en 2005, Michael Coney a publié sur son site web plusieurs romans et des récits inédits pour en faire don à ses lecteurs.
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Notons enfin que la couverture des Éditions Laffont reprend le modèle d’anciennes collections basées sur un mélange de futurisme et de psychédélique. Par ailleurs, c’est aspect chromé qui en a fait sa renommée. Espérons que l’esthétique reprise pour ces éditions saura séduire les nostalgiques.
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La grande course de chars à voiles représente l’ouverture du cycle « Le Chant de la Terre ». Sont disponibles par la suite : la Locomotive à vapeur céleste, les Dieux du Grand-Loin, le Gnome,  le Roi de l’île au sceptre.

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Chatperlipotte (Katell) en parle aussi.

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Pic : Little sharpener par LinkyQ.

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VANDERMEER Jeff – La cité des saints et des fous

04/05/2009 12 commentaires

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Titre : La Cité des Saints et des Fous
Auteur : Jeff VanderMeer
Note :  Livre fantas… tique

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Ambregris est une ville mystérieuse qui se situe sur les côtes du fleuve Moss. Elle a pris naissance de par le sang de ses créateurs et abritera de curieux Chapeaux Gris. Contée par ses habitants – champigniens lugubres, artistes dévoués, politiciens perdus – Ambregris devient une ville d’une grande beauté froide. Sa raison d’exister est le culte du Calmar Royal qui peuple le fleuve Moss. Grâce à ce recueil, vous serez littéralement transporté au cœur de la cité d’Ambregris… de bien de curieuses façons…

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)°º•. Cette critique va paraître complètement absurde.
Il est très difficile de pouvoir en dire plus sans dévoiler l’intérêt de ces histoires sans en casser l’effet de surprise. Ce roman n’en est pas un : c’est, pour moi, un recueil de divers documents traitant d’Ambregris; la richesse provient des types de documents mis à disposition. Alors, certes, il part dans tous les sens, mais il n’en demeure pas moins compréhensible et cohérent ; mais comment expliquer ce phénomène ?
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Ce monde créé de toutes pièces (ou peut-être pas) par Jeff VanderMeer est un patchwork d’émotions :  fou, glacial, morbide, drôle, grotesque, déchirant… On trouve tour à tour, poésie & horreur.
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Au programme (Source : Le Cafard Cosmique)
• « Le Véritable Vandermeer » par Michael MOORCOCK, paratexte
• « Dradin amoureux »
• « Guide Hoegbotton de l’Ambregris des premiers temps par Duncan Hurle »
• « la Transformation de Martin Lac »
• « L’étrange cas de X »
• « Lettre du Dr.V. au Dr. Eron-Minaudery »
• « Notes de X »
• « La libération de Belacqua »
• « Le Calmar royal : brève monographie de Karl Manfou (complétée par quelques recherches de Candace Avalaarp, bibliothécaire) »
• « Histoire de la famille Hoegbotton par Orem Hoegbotton »
• « La Cage par Sirin »
• « Dans les heures après la mort par Nicolas Pretspor »
• « Notes adressées au Dr. Eron-Minaudery »
• « L’Homme qui n’avait pas d’yeux par X » [crypté]
• « Pretspor, Verden et L’Echange »
• « Apprendre à quitter la chair »
• « Glossaire d’Ambregris »

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Ces dépliants commerciaux et touristiques, précis d’histoire, rapports de contes et légendes et autres correspondances, permettent de toucher du doigt puis de s’ensevelir dans un monde imaginé : que de richesse et profondeur pour un ouvrage ! La définition des contours et du contenu de cette cité est tellement précise qu’elle en devient obsessionnelle. Tout, tout, tout, vous saurez tout sur Ambregris (et désolée pour l’emprunt vulgaire de la chanson).

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Véritable puzzle dont la construction mérite le détour : poésie, illustrations, glossaire (hilarant), monographie, essai scientifique (sur le calmar), bibliographie des livres parlant d’Ambregris, riche documentation appartenant à un interné, (X, qui n’est pas si inconnu que ça au bataillon).
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Les autres… traité philosophique, précis biologique sur les us & coutumes des calmars royaux, l’histoire d’Ambregris, correspondance, documentation commerciale sur les activités et services disponibles à Ambregris & courtes nouvelles et vies racontées des personnages, vous plongeront dans l’immensément abyssale Ambregris.

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Telle une boite à trésors aux multiples tiroirs, pour pourrez approcher la générosité de VanderMeer grâce à un mélange ahurissant à tous niveaux : tons, teintes, style d’écriture, observations, etc. Et vous comprendrez pourquoi c’est la fête au Calmar d’eau douce !

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)°º•. Alors oui, cela est chaotique mais certainement pas brouillon. Il faut prendre son temps pour le lire. C’est un livre mais pas un roman : il vaut mieux faire des trajets entre différents textes car il n’est pas une seule et unique histoire. Courageux est celui qui lira de la page 1 à la dernière ; je conseille fortement de l’attaquer comme un recueil de l’histoire d’Ambregris et de se laisser porter par ses envies.
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Jeff VanderMeer nous propose un réalisme magique offert sur un plateau d’argent. Il explore de nouveaux horizons et nous sert une multitude de détails, un enchevêtrement de vies, un papier de musique parfait. Sa précision en est foudroyante.
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Et même si on a l’impression que l’auteur se plie à des exercices de style (avec l’apparition de l’auteur dans ses propres nouvelles), il en convient qu’on aime se perdre dans ce livre. Il existe quelques longueurs dans les passages ressentis comme secondaires ; certains faits inventés peuvent ne pas plaire. Il faut alors aimer cette douce logique folle que VanderMeer nous dédie…
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Cet ouvrage est un compilé de petits « trucs littéraires », ce livre caméléon est tout simplement époustouflant. Bref, c’est le bouquin indispensable à avoir pour tout connaître d’Ambregris… ou presque.
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Petit aparté sur les notes de fin de page que je trouve ici, extraordinaires. Les discussions d’auteurs/lecteurs, les indices, les précisions historiques, le grandnimportequoi : c’est tout simplement délicieux de vivre une vie parallèle à ces lectures.

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)°º•. Les personnages issus d’Ambregris ont leurs vies imbriquées, ils se croisent, se connaissent, se suivent, s’indiffèrent ou s’interpellent. Les personnages sont pour la plupart fantasques et/ou perdus.
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Cette cité est le carrefour de ses habitants, on vit parmi eux : que ce soient les rebellions des habitants (Champigniens) , les drames dans les chaumières (Dradin, la Cage),les institutions en déroute (Hoegbotton), l’histoire ambiguë avec les animaux (Fête du Calmar) et la vie rocambolesque d’artistes désœuvrés (Guerre de la symphonie de Voss Bender), on est entraîné au fil des pages bien malgré nous.
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On y croisera entre autres…
Dradin l’Amoureux : un amoureux fou qui tentera tout, coûte que coûte, pour séduire une belle qu’il ne connaît que par son image furtive, qu’il observe du pied du bâtiment : horreur, bienvenue !

Martin Lac : peintre tourmenté de nature, il ne saura prendre position dans la Guerre de la symphonie de Voss Bender : sera-t-il rouge, sera-t-il vert, ou sa contribution dépassera-t-elle ces deux simples limites ?

Calmar Royal d’eau douce : au centre du livre et d’Ambregris, ce céphalopode décapode marin est l’emblème et la raison d’exister d’Ambregris. Ce Symbolisme fort en croyances et en valeurs… dépassera les contours du concept « abstrait ».

… et tant d’autres, qui n’attendent que vous, sans dessus dessous.

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En voilà, un livre complètement fou. Jeff VanderMeer nous propulse dans une cité inventée de toutes pièces : Ambregris, la belle. Vouée au culte du Calmar Royal d’eau douce, cette cité regorge de sombres épopées, de délicieuses entrevues et de passionnantes mais non moins horribles histoires. Partez à la conquête de cet ouvrage, recueil de nombreux et divers documents sur Ambregris, et suivez les Chapeaux gris.

Si ce livre a été un véritable délice à lire pour moi ; il se peut que son côté alibamqué et son atmosphère si particulière ne plaisent pas aux lecteurs avec qui je partage de nombreuses lectures d’ordinaire.

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)°º•. Alors certes, La Cité des Saints et des Fous est farfelu. Mais tellement bon… !
¤ Prix : du cafard cosmique, 2007
¤ Lecture:  du premier chapitre
¤ Traducteur : Gilles Goullet (travaux magnifiques et colossaux)
¤ Plaisirs du livre : enluminures, dessins, fresques, photos d’objets,…

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P.S. : Définition d’Ambre gris, locution signifiant : substance parfumée formée dans les intestins du cachalot.

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1. introduction à la monographie du Festival du Calmar Royal
2. extrait de « L’Homme qui n’avait pas d’yeux par X » [crypté]
3. Guerre: Hoegbotton vs Prepstor

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A livre ouvert (Chimère), Au bout de la corde (Le pendu), Journal semi-littéraire (Angua), Le bazar d’Urgonthe, Les lectures d’Elfelle ont aussi découvert Ambregris.

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