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Titre : La route
Auteur : Cormac McCarthy
Plaisir de lecture : Livre à découvrir
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Ce sont les pieds dans la cendre, que Lui et son enfant errent dans ce monde grisâtre. A la suite de l’apocalypse, leur seul but est de (sur)vivre coûte que coûte. L’homme et son enfant partent pour le sud : il n’est plus nécessaire de fuir, la mort rôde, ce n’est qu’une question de temps. Ils s’accrochent à leurs valeurs, à l’espoir de vivre encore un peu. Ils vont devoir faire face à la pénurie de nourriture et à leur pire ennemi : les autres. Leur chemin vers le sud sera pénible, à bien des titres.
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)°º•. De prime abord, l’absence d’identité des personnages est quelque peu troublante. Nous ne connaissons le nom ni de l’Homme, ni de l’Enfant. Sans aucun doute, une volonté de McCarthy de nous renvoyer à notre propre image. Et si finalement, c’était nous ?
Les échanges verbaux entre nos deux hommes seront peu nombreux : leur caractère bref rend l’histoire d’autant plus intense… le long cheminement proposé par McCarthy qui pourrait aussi valoir l’honneur de remplir de définition, le titre « Route ».
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L’homme est père d’un enfant relativement jeune (il sait tout juste écrire dans le sable et lire) porte sur ses épaules, un espoir mort dans l’œuf. Il tente tant bien que mal de ne pas se laisser bercer par de doux rêves et son ambition aussi stérile soit-elle est de rester en vie. Ils voyagent en suivant le macadam qui n’a plus de raison d’être, poussant dans le caddie, des placebos de vie. Le strict nécessaire, le peu qu’ils ont réussi à récupérer. Trouver de la nourriture devient de plus en plus difficile, au mépris de l’anthropophagie environnante, il assoit sa morale. Lui et le petit sont les gentils, il tente par tous les moyens de transmettre les valeurs d’un monde qui n’existe plus, en lesquelles il continue –ou fait semblant ?- de croire. Son plus grand garant de leur survie est son propre fils.
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L’enfant, allégorie de la vie dans ce roman, n’est pas en reste. On le devine jeunot mais la joie innocente a quitté depuis longtemps ce petit être. Il devine ce que ressent son père et l’éprouve plus que tout. Il remet son « quotidien » en cause, il pose des questions peu anodines, quelques fois détournées pour trouver des réponses. Il est d’une maturité hors du commun…
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Quand on sera tous enfin partis alors il n’y aura plus personne que la mort et ses jours à elle aussi seront comptés.
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)°º•. McCarthy nous propose un univers… ravagé, anéanti, ardu, âpre, glaçant et rempli de désespoir. Il nous présente des personnes blessées dans un monde blessé. Dans cette adversité totale, l’homme et l’enfant ont des préoccupations « rudimentaires », répondre aux besoins vitaux : manger et boire. Accessoirement, dormir sans trop d’humidité. Dans cet espace où le temps semble s’être arrêté, les souvenirs d’une société disparue deviennent des mythes. Les survivants sont peu nombreux et sont enclins au cannibalisme. L’humanité présentée par Mc Carthy n’en a que le nom. La problématique de la condition humaine dans ce roman prend tout son sens. Tout est remis en question : la valeur des denrées, la valeur des objets et la valeur des sentiments.
Tout cela nous renvoie à nous-mêmes : que ferions-nous dans cette situation… l’impossibilité d’éviter la mort de cette manière, d’errer sans but.
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L’évolution dramatique de l’histoire est inéluctable, mais bien plus que l’importance de la fin, entre ses pages sombres se révèle beaucoup d’amour. Notons d’ailleurs qu’il restera une pièce mystérieuse de l’histoire où l’interprétation demeure tout à chacun : la force du feu qu’ils portent en eux.
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Il faut que tu portes le feu.
Je ne sais pas comment faire.
Si, tu sais.
Il existe pour de vrai le feu ?
Oui, pour de vrai.
Où est-il ?
Je ne sais pas où il est.
Si tu le sais. Il est au fond de toi. Il y a toujours été. Je le vois.
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)°º•. Soyons honnête, le prix Pulitzer a propulsé le livre de McCarthy. Avec l’adaptation cinématographique, « La Route » a été le centre d’un buzz phénoménal de la critique littéraire. Ce ne sont pas les 170 000 lecteurs que proclame le bandeau du livre qui me donnera le petit coup de pouce pour entamer ma lecture – moi qui fuis les best seller… Quantité & Qualité ne sont pas deux critères qui vont toujours de paire.
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En attendant, ce livre étiqueté « Science Fiction post apocalyptique » n’en a que le titre dans le sens où cette définition ne le sert pas. En conviennent les critiques des bloggeurs et bloggeuses pas spécialement attachés aux lectures SFFF l’apprécient aussi.
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Cette histoire intemporelle, indéterminée et sans lieu de géographique donné propose une thématique tout aussi universelle et maintes fois, utilisée. Cependant, McCarthy a su se l’approprier : grâce à une plume quelque peu glaciale, il fait approcher une horreur plus que réaliste d’un monde de cendres.
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L’histoire en soi ne fait pas peur, elle pose énormément de questions. Elle émeut beaucoup et ne laisse pas insensible. Une sensation un peu cafardeuse reste après que le quatrième de couverture soit refermé.
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Ce récit est écrit dans un style relativement dépouillé. Chaque mot est pesé. Le tout est minimaliste : l’absence de ponctuation, l’usage excessif des « et » au sein d’une même phrase. La linéarité va même jusqu’aux discours sans guillemets, sans tirets, sans la précision des prosateurs. L’écriture en elle-même appuie la densité du roman sans saut de page, ni chapitre.
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Il plongea et empoigna le petit et roula et se releva avec le petit qu’il tenait contre sa poitrine.
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McCarthy nous présente une histoire minimaliste où chaque mot est pesé. L’homme n’a que garant de vie, son propre fils. Ce dernier, sans enfance et mature trop tôt, le suit jusqu’au bout du monde. Ce couple intemporel traverse un paysage sombre où leur pire ennemi est la condition humaine. Par une plume glaçante, plongez au cœur d’un pays blessé où les gentils ne sont plus si nombreux que ça.
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Cormac McCarthy, écrivain américain, né Charles Mc Carthy en 1933. A reçu le National Book Award en 1992 pour « De si jolis chevaux » et le Prix Pulitzer en 1997 pour « La Route ».
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Aucune liste des choses à faire. Chaque jour en lui-même est providentiel. Chaque heure. Il n’y a pas de plus tard. Plus tard c’est maintenant. Toutes les choses de grâce et de beauté qui sont chères à notre cœur ont une origine commune dans la douleur. Prennent naissance dans le chagrin et les cendres. Bon, chuchotait-il au petit garçon endormi. Je t’ai toi.
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Carnet de SeL, Connivences littéraires, Les lectures de Cachou ont aussi marché sur la route.
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