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Titre : Le cirque des rêves
Auteur : Erin MORGENSTERN
Plaisir de lecture : Livre avec entrée au Panthéon
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« Le cirque arrive sans crier gare. Aucune annonce ne précède sa venue, aucune affiche sur les réverbères, aucune publicité dans les journaux. Il est simplement là, alors qu’hier il ne l’était pas. »
C’est à une expérience unique que les visiteurs d’un soir sont invités, sous les lourdes tentures blanches et noires. Ce cirque particulier met en scène les meilleurs artistes sous des chapiteaux où chaque détail est soigné. Tout semble empreint de magie : la douce odeur caramélisée des popcorns, la souplesse inégalable de la contorsionniste, la neige tombante sous cette curieuse tente. Deux maitres en illusions décident de s’affronter par élèves interposés et le cirque des rêves est l’arène parfaite pour leur affrontement.
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)°º•. La naissance du cirque des rêves est née lors d’un souper de minuit. C’est grâce à l’osmose de Chandresh Lefèvre, des sœurs Burgess, de Monsieur Barris, de Tsukiko et de la Dame que nous assistons à la construction des premiers plans de ce projet surprenant à plus d’un titre.
Nous partons également à la rencontre de Hector Bowen dit Prospero l’enchanteur et de sa fille Celia, de A.H. Alexander, de Marco l’assistant de Chandresh mais aussi de Bailey, des jumeaux Poppet et Widget (Pénélope et Winston Murray).
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Le cirque des rêves est à mon sens le personnage central. Et bien qu’il soit fictif, il est tout simplement difficile de passer à côté puisqu’il s’avère non seulement le décor mais le centre de tous les intérêts. On se rend très vite compte que le duel repose sur une fragilité mais aussi sur la complémentarité des concurrents… à l’image même de l’omniprésence du noir et du blanc.
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Bien que les principaux aient de l’importance, ce ne sont pas les seuls à construire le récit. Chacun des personnages amène sa pierre à l’édifice : sublimant non seulement les lieux mais aussi la lecture. On retient le caractère de chaque individu mais surtout son talent.
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)°º•. Le cirque n’existe que pour et par le monochrome : les tentures, les costumes, les panneaux, les décors (allant même jusqu’à l’herbe poudrée de blanc et de noir). L’écriture de Morgenstern s’avère très visuelle et distille des ambiances grâce à des descriptions délicates : la grâce de Tsukiko, le roux flamboyant des jumeaux Murray, le tombé des tissus des chapiteaux, le tic-tac de l’horloge Wunschtraum et les arabesques en fer forgé dessinant les grilles du cirque.
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Cette atmosphère particulière est dans l’absolu, victorienne et un peu onirique aussi. L’univers se révèle énigmatique : cet environnement feutré réserve des surprises et charme dès les premiers mots.
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)°º•. La couverture fait rêver : je la trouve particulièrement calibrée pour donner envie de découvrir le roman. L’écriture est un peu contemplative et invite au voyage. On ne peut qu’aimer ce récit si on aime le poétique (mais pas lyrique) ; il n’y a pas d’action et des aventures – du genre tantantantan – mais le suspense quelque peu déguisé est bien présent. C’est plus qu’un combat, plus qu’une histoire d’amour, c’est un cirque vivant.
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Nous disposons de plusieurs points de vue qui amènent de la douceur mais œuvrent également pour un rythme soutenu. Contrairement aux personnages, nous connaissons les aboutissants. L’écriture s’exprime de façon simple, la magie opère. Si l’auteur prend son temps pour narrer c’est pour permettre au lecteur de mieux s’imprégner. Il n’y a pas de fioriture et pourtant on y découvre une grande sensibilité. Erin Morgenstern utilise l’écriture non pas pour le contenu uniquement (l’histoire en elle-même) mais pour y décrire ce qu’il s’y passe : elle l’utilise comme un véritable outil pour charmer le lecteur, flatter son esprit rêveur.
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Si vous aimez les ambiances particulières comme celles qu’on retrouve chez Poe, dans Eco, Les noces funèbres, La mécanique du cœur, Miss Peregrine et les enfants particuliers, Beautiful nightmares, vous devriez apprécier.
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Même s’il faut faire attention aux dates en début de chapitres car deux périodes s’entremêlent ; il vaut mieux lâcher prise même si on se sent un peu balloté(e). La seule frustration possible est de ne pas pouvoir errer nous aussi entre les chapiteaux. La lecture du “Cirque des rêves” est enchanteresse : on flotte, on s’y sent bien même si le récit est surréaliste et très intime.
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“Le cirque des rêves” a connu un très grand engouement chez les pays anglo-saxons. Le succès est devenu mondial avec la traduction dans 29 pays. Il est resté sept semaines sur The New York Times Best Seller list. Une adaptation cinématographique est entrain d’être produite par Heyday Films.
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“Le cirque des rêves” est comme une boite à musique : il suffit de se laisser entrainer dans cet univers particulier. L’ambiance onirique, perlée de blanc et de noir aura raison de vous. Cheminez à travers les chapiteaux, soulevez les tentures et retenez votre souffle. Un livre qui se dévore grâce à une plume d’une finesse incomparable proposant une atmosphère onirique et envoutante.
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Souvenir de lecture : L’impression de sentir la trame du tissu sous les doigts, le moelleux des tapis de Lefèvre sous les pieds, l’odeur sucrée du caramel.
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Hugin&Munin (Benoît), Lanylabooks, Les mots de Mélo, Lilyn Kirjahylly (Miss Spooky Muffin), Marque-ta-page (Valeriane), Perdre une plume, Pilalire (Bookwormette) ont aussi porté un peu de rouge.
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Pics : #01 Celia Bowen par Sombrewood ; #02 The clock par TheSearchinEyes ; #03 Poppet et Widget par Lahara ; #04 Poppet et Widget par Eizurin ; #05 Penelope par Lahara ; #06 The nigth circus par Kimchikawaii.
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