FFORDE Jasper – Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons, tome 1
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Titre : Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons (Jennifer Strange, tome 1)
Auteur : Jasper FFORDE
Plaisir de lecture : Livre fantas… tique
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Aujourd’hui, Jennifer Strange accueille Grizz Crevettes au sein de l’agence des Arts Mystiques de Kazam dont elle s’occupe actuellement. Ici, dans le royaume de Hereford comme tous les autres des Royaumes Désunis, la magie sert à rendre des services en société pour renflouer les caisses. Ces derniers jours, l’énergie sociérique ambiante connait des pics intensité. Il est fort probable que cela ait un rapport avec la prophétie stipulant la mort du dernier dragon, dimanche prochain. Une âpre bataille s’organise pour savoir qui va récupérer les terrains de la Dragonie de Maltcassion dans les Montagnes Noires. Jennifer Strange a l’impression d’être la grande manipulée, le pion au centre des magouilles. Et ça, ça ne lui plait pas du tout.
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)°º•. Jennifer Strange a bientôt 16 ans. C’est une orpheline adoptée par les sœurs du culte du Homard – Les Bienheureuses du Homard – et elle a été placée dans une société de magiciens. Elle est l’assistante du directeur mais en l’absence de Houdini, elle se retrouve toute seule pour gérer cette troupe mal troupée. Cette héroïne est atypique et aussi très attachante. Fforde nous propose une protagoniste très convaincante. Les personnages secondaires sont aussi très intéressants… et loufoques qu’il s’agisse de Grizz Crevettes, de Maltcassion et de ses réflexions ou des magiciens. Le quarkon est très attachant – vous verrez ! – et on est peu étonné de découvrir le titre du deuxième tome « Moi, Jennifer Strange, dresseuse de quarkons ».
Le quarkon aime dormir dans une poubelle : vous en achèterez une à la quincaillerie mais assurez-vous qu’elle soit peinte, pas galvanisée, sinon il la mordillera. Il mange de la pâtée pour chiens de n’importe quelle marque : il n’est pas difficile. Par ailleurs, il ronge un maillon de grosse chaîne à ancre par semaine et il lui faut une cuillère d’huile de poisson dans sa gamelle d’eau tous les jours – ça lui fait briller les écailles.
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L’agence de Kazam est une maison d’enchantement accréditée. Elle remplit de menus services contre de l’argent sonnant et trébuchant : transports d’organe en tapis volant ou réparations d’installations électriques. Selon leur titre, l’agence se compose de Deux Dames, un Mystérieux, trois Mages, un Remarquable, deux Vénérable et d’un Absurde. Elle suit une hiérarchie interne réglée comme du papier de musique : le niveau Ensorceleur : « Soulever des objets légers, arrêter des pendules, déboucher des canalisations, sans parler de laver et de sécher le linge, ne posent pas trop de problèmes. », le niveau Sorcier : « Ils peuvent invoquer des vents légers et déclencher des migrations de hérissons. Jeter des étincelles avec les doigts et léviter une voiture.». Je vous laisse découvrir les autres niveaux, Maître Sorcier, Grand Maître Sorcier, Super Grand Maitre Sorcier ou catégorie « illimité ».
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Le Shandar est l’unité de mesure de base de l’énergie sorciérique. Avant la déclaration officielle de la mort lente du dernier dragon, cette dernière diminuait fortement. Cependant, les magiciens n’ont pas la vie facile :
Pour pratiquer n’importe quelle sorte de magie, il faut un Certificat de Conformité, un permis assurant que la personne est saine d’esprit et peu susceptible d’en arriver à utiliser les Arts pour le mal.
Tout acte de sorcellerie accompli sans permis, hors des limites d’une Maison d’enchantement est passible de… crémation publique.
Grizz paraissait choqué.
_ Je sais, ai-je repris, c’est un héritage déplaisant du XIVe siècle. Extrêmement déplaisant. Et c’est pourquoi toi, moi, nous, tout le monde, on doit remplir des formulaires avec une absolue diligence.
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)°º•. Si on se fie uniquement à la couverture : on pourrait croire à un roman de bit-lit dont le protagoniste est une femme virile, puissante et sensuelle : tatouage, cou de reine. La première fois que j’ai croisé ce livre, j’avais alors lu le quatrième de couverture une fois pour ne jamais plus y revenir. J’ai donc été très agréablement surprise par ma lecture, c’est très frais.
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Le récit me fait penser un peu à l’univers de Pratchett compte tenu du caractère des magiciens, des bras cassés qui composent l’équipe, des vérités glissées ici ou là et de l’humour. Jasper Fforde remet d’aplomb les travers de notre société. Rien de mieux qu’un humour franc pour faire rire le lecteur ; l’utilisation du cynisme permet une critique plus acerbe. Ce roman n’est pas uniquement récréatif au ton léger… bien qu’on se poile souvent à la lecture des dialogues ou autres descriptions.
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Le style percutant de l’auteur offre un récit farfelu, plaisant et rafraichissant. L’histoire est bien ficelée ; il ne s’agit pas d’un sombre combat super sérieux entre le Bien et le Mal mais plutôt d’une joyeuse partie de « je fais avec ce que j’ai… un peu au hasard ». Cette histoire propose une satire contemporaine dans une trame fantasy, et c’est fichtrement bien joué ! La grande taille de la police et le texte aéré vous feront engloutir très vite ces 300 pages.
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« Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons » est une histoire abracadabrante selon toutes les définitions. Partez à la découverte de l’agence de magie accréditée de Kazam, allez tirer les poils métallisés du quarkon et tailler une bavette avec Maltcassion. On passe un très bon – et court, malheureusement ! – moment avec toute cette troupe. L’auteur, grand professionnel de l’humour rafraichira vos heures de lecture grâce à ce récit qui fait la peau aux travers de notre société.
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)°º•. Biographie
Né en 1961, Jasper Fforde est un écrivain britannique. Il écrit principalement des romans étiquetés « light fantasy » où l’humour est omni-présent. Son livre le plus connu et culte est « L’affaire Jane Eyre », premier tome de la saga Thursday Next, son précieux personnage féminin éponyme.
Son site.
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Dans le chaudron :
¤ Les annales du Disque-Monde de Terry Pratchett,
¤ De bons présages de Neil Gaiman & Terry Pratchett,
¤ Le sot de l’ange de Christopher Moore.
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Adalana’s Imaginary World, Azilis, Book en stock (Phooka), Carnet de lectures de Aude, Chez Iluze, See you beyond Hell ! (Harmony), La bibliothèque de Glow, Muti et ses livres, Perdre une plume, Un brin de lecture (Karline), Welcome to Nebalia (Nébal) ont aussi discuté avec Maltcassion.
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Un livre parfait pour le challenge jeunesse-YA.
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