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ZELAZNY Roger & SHECKLEY Robert – Le concours du Millénaire

30/08/2017 9 commentaires

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Le concours du Millénaire, livre écrit par Roger Zelazny et Robert SheckleyTitre : Le concours du Millénaire
Auteurs : Roger Zelazny & Robert Sheckley
Plaisir de lecture :  Livre sympa

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Les forces du Bien et du Mal s’affrontent tous les 1000 ans pour déterminer qui règnera sur l’humanité pour le millénaire à venir. Azzie Elbub, Démon de profession, sort de sa torpeur pour préparer son projet et soigner la présentation.

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Cette intégrale renferme tous les tomes de la trilogie : Apportez-moi la tête du prince Charmant ; À Faust, Faust et demi et Le démon de la farce.

Cette série a été écrite à 4 mains mais je ne saurais différencier les apports de l’un que je connais peu et de l’autre, n’ayant jamais lu la plume de Robert Sheckley.

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Le Démon Azzie nous entraine dans de folles aventures au sein de ces trois tomes. En plus du protagoniste, nous faisons la connaissance d’Ylith, Babriel, Méphistophélès et Faust ; des personnages pas piqués des vers.
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Cette fantasy burlesque présente un humour noir grâce à une plume acérée. Le ton caricatural détourne contes et légendes : le récit est parodique à souhait. Le tout est basé sur la surenchère, nous allons de rebondissements en rebondissements.
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Et pourtant, j’ai trouvé la lecture un peu ennuyeuse pour avoir lu la trilogie d’une seule traite. Je me demande si c’était le bon moment pour rencontrer ce livre qui trônait dans ma bibliothèque depuis quelques années. C’est donc un argument complètement personnel qui ne remet pas en question la qualité du texte.
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Pour moi, la lecture est amusante, j’ai passé un bon moment bien que je n’en garderai pas de souvenirs impérissables.

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Dans le chaudron :
De quoi se marrer
¤ La magnificence des oiseaux de Barry Hughart
¤ Le livre qui rend dingue de Frédéric Mars
¤Joueur_1 de Douglas Coupland

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Challenge littéraire : pavé de l'étéLogo défi Valériacr0Cette lecture – cette brique, ce pavé absolu ! – a été sélectionnée par Valériane dans le cadre de notre défi Valériacr0 pour le mois d’août.

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D’une pierre, deux coups, la brique de 989 pages me permet d’ajouter une participation au challenge estival de Brize.

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KATE Lauren – Damnés

10/11/2010 18 commentaires

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Titre : Damnés (Damnés, tome 1)
Auteur : Lauren Kate
Plaisir de lecture : Livre sympa
Tome 2

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Après que son amoureux soit mort dans d’étranges circonstances, Luce se retrouve bien malgré elle, conditionnée au lycée d’éducation surveillée Sword & Cross. C’est entre les murs gris de l’établissement et sous les caméras de surveillance que Luce devra vivre les prochains jours. Dès sa rentrée, elle est privée de téléphone portable et va devoir cohabiter avec les autres élèves. Certaines personnes lui feront froid dans le dos, elle arrivera à obtenir la sympathie d’autres et aura enfin, d’étranges sentiments pour Daniel et Cam. Cependant, une fois les grilles forgées passées, Luce pensait qu’elle aurait un peu de répit, malheureusement d’étranges ombres sont revenues planer sur sa vie.

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)°º•. Les personnages sont très stéréotypés mais diversifiés : nous avons le bad boy, le mystérieux, le rebelle, la méchante, la sympathique, la dérangée, la bombasse, la folle dangereuse, l’incontournable, etc.

Luce de son vrai nom Lucinda Price est notre héroïne relativement nunuche. Elle se retrouve dans ce lycée car son ancien amoureux, Trevor a flambé inexplicablement à leur dernier rendez-vous. Bon, il faudra lui pardonner son côté un peu niais, mais à cet âge-là, les relations sont quelque peu difficiles avec ses semblables et on s’entiche toujours d’un jeune homme. On conviendra aisément que son déséquilibre est compréhensif car elle rejoint un établissement pour le moins oppressant. N’oublions pas également, qu’elle devra composer avec de fortes personnalités. Bref, Luce, sans son téléphone et sans sa meilleure amie Callie, risque de ne pas survivre dans ce monde à part… surtout quand ses pires semblent être devant elle.

Parmi les élèves, nous apprendrons à connaître Arianne. Elle, on ne sait pas si ce qu’elle dit est du lard ou du cochon. Elle parait non seulement étrange mais aussi quelque peu dangereuse. C’est typiquement le genre de personnes que Luce pensait rencontrer dans ce lieu lugubre. Il n’empêche que ce sera la première personne à la prendre sous son aile. Mais jusqu’où son imprévisibilité va-t-elle emmener Luce ? Penn (Pennyweather Van Syckle-Lockwood) deviendra petit à petit la bonne copine de Luce. Elle sera également son oreille discrète, sa confidente. Vous l’aurez compris, à Sword & Cross, c’est la valeur sûre de Luce.
A contrario, Molly, tout de noir vêtue, look gothique avec bas résilles, talons aiguille, piercings et cheveux décolorés sera la grosse bête noire de Luce. Cette dernière ne supportera pas non plus Gabbe, la blonde aguicheuse. Bien qu’insignifiante, elle ne cessera de se montrer intéressée par tout jeune homme.
Du côté des mecs, nous avons Roland, la personne à connaître absolument pour obtenir un objet. Pour lui, les grilles de Sword & Cross sont de véritables trous à gruyère. En vient son ami, Daniel Grigori le rebelle. Il attire toutes les filles et demeure plutôt mystérieux. Il fera battre le cœur de Luce au même titre que le beau brun ténébreux et aux yeux verts, Cam.

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Mais rassurez-vous, vous vous ne vous contenterez pas d’adolescents, vous aurez aussi le droit à de l’ange et à du démon !
Quelques mots sur le décor plutôt angoissant et sombre. Il sera le lieu d’événements bien tragiques. Dès les premiers mots de Lauren Kate, on se projette facilement dans cet univers de gris et d’asphalte. L’auteur nous précise qu’elle s’est inspirée de l’université d’Atlanta où elle a étudié, pour définir Sword & Cross. A savoir si effectivement les vieilles pierres lui parlaient ou si cette université est réellement inquiétante !
Cimetière, murs en béton, barrières en métal, orage et ombres : tous les éléments sont au diapason pour créer un environnement ô combien mélancolique.
Mais la véritable source d’inspiration de Lauren Kate se situe dans la ville de Savannah, une ville de Géorgie au sud-est des Etats-Unis. Pour elle, cette ville tranquille et calme cache quelque chose de mystérieux. C’est pourquoi elle en a fait le berceau de son histoire.

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)°º•. Lauren Kate dit s’être inspirée d’un passage de la Genèse évoquant les anges jetés hors du Paradis car ils se seraient laissés tenter par des mortelles. Elle a donc voulu imaginer ce que pouvait être la vie quotidienne d’une d’entre elles.

L’action est certes, plutôt lente à venir. Je trouve que c’est un des avantages de ce livre, puisque cette lenteur toute relative permet de planter le décor, de faire surgir les émotions et par-dessus tout de mettre en avant le cœur de Luce qui balance. Oui, ce dernier point est fondamental, car il s’agit de la trame de fond, du fil rouge de la série. Néanmoins, les transitions entre les événements sont soignées et l’action – et vous en aurez plein les mirettes – sera présente à partir du dernier tiers du bouquin.

Le langage familier sied très bien aux personnages adolescents et l’univers sombre est plutôt bien campé. On regrettera encore une fois, que le premier tome d’une trilogie sert essentiellement d’introduction – dommage –. La prévisibilité est de… 100%. Et oui, la lecture du premier chapitre vous dira tout sur tout.

Bref, pour résumer, c’est un livre un peu cucul mais tellement romantique ! On suit les pérégrinations d’une adolescente dans un collège un peu particulier. La rencontre avec les autres élèves sera tout aussi étrange et Luce devra s’habituer aux ombres. Un livre jeunesse sympathique et accessible. (À partir de 12 ans)

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)°º•. L’illustration est d’un touché peau-de-pêche et propose un vernis sélectif (oui, je suis amoureuse du vernis sélectif, il y a des choses comme ça qui ne s’explique pas). L’illustration est relativement commune. Il n’y a qu’un faire un tour sur Deviantart pour s’en rendre compte.

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Comme beaucoup, j’ai reçu ce livre en avant-première grâce aux éditions Bayard. J’arriverai sans doute la dernière en proposant ma chronique maintenant. Oui, j’aime que les éditions me flattent, mais il est rare que je cours à la célébrité (des statistiques), sinon cela se saurait. Le livre était emballé dans un papier de soie bleue, avec des plumes blanches et noires – qui sont d’ailleurs passées au nettoyage par l’un de mes chats -. En sus, j’ai reçu une petite pochette estampillée « Damnés » en lettres brillantes (ouuuuh) et une clef-usb du trailer (que je n’ai même pas regardé).

Par ailleurs, notez que les droits ont été achetés par The Walt Disney Company… affaire à suivre !

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)°º•. Lauren Kate est née au Texas (mais en quelle année ?) et a grandi là-bas avant de s’envoler suivre ses études àAtlanta. Touche à tout (poèmes, chansons, histoires courtes,…), son parcours l’a menée à tester sa plume en fiction. Sa série « Fallen » (soit Damnés) compte pour l’instant 2 tomes (« Fallen » et « Torment ») et le troisième volet « Passion » sortir en juin 2011 et le quatrième porte déjà le nom de « Rapture ».
Son site.

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Souvenir lié à ma lecture : Je retiendrai que c’est une couverture la plus douce qui soit !

 

D’autres avis disponibles : Book en stock (Dup), Délivrez des livres (Herisson08), La bibliothèque de Malou.

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Pics : #01 The Fallen de Nykolai ; #02 Colonial Park Cemetery de Mark Coggins ; #03 Angel par Dr4kon ; #04 Portrait de Lauren Kate ; #05 Mon colis.

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RICE Anne – L’heure de l’ange

17/02/2010 24 commentaires

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Couverture du roman "L'heure de l'ange" d'Anne Rice : aile blanche sur fond noirTitre : L’heure de l’ange
Auteur : Anne Rirce
Plaisir de lecture : etoile 3  Livre sympa

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Lucky le Renard. Perfectionniste de son état, dénué de sentiments, Lucky achève toujours ses missions de manière rapide et professionnelle. C’est pour les gentils, qu’il travaille. Enfin, qu’il essaye de se persuader. Le FBI et Interpole n’arrivent pas à le nommer : ils restent pour eux, un mode opératoire. Sous les ordres de l’Homme Juste, il tue froidement ses cibles avec une précision et une délicatesse extraordinaires.

Difficile de croire avec les besognes abattues, qu’il y a réellement un homme derrière cette ombre… alors qu’il se révèle passionné de luth et lecteur fébrile de livres traitant sur le sujet du moyen-âge. Lucky le Renard n’existe pas : connu sous diverses identités anonymes, connu comme une simple image floue des caméras de surveillance par le FBI et Interpol, Lucky vit sa vie… sans témoin.

L heure de l ange 01Actuellement résidant en Californie, le cœur de Lucky bat à l’unisson avec Mission Inn et San Juan Capistrano. Il se perd dans la contemplation de leurs églises et cathédrales, dans ces petits détails médiévaux, dans leur reconstruction et dans leur Histoire au fil du temps. Il aurait voulu être prêtre. Dès son enfance, il se voit plutôt dominicain bien que les prédications franciscaines l’attirent tout aussi. Cependant, bouleversé par la découverte du luth lors d’un opéra, Lucky à 12 ans, veut profiter des plaisirs de la vie et devenir un homme du monde.

Son plus grand plaisir est certainement « sa » suite à Mission Inn : il y va chaque fois qu’il peut : admirer la fresque plafonnière, profiter du lit à demi-baldaquin, jouer du piano à queue ou simplement s’asseoir à la magnifique table de granit. En ce moment, Lucky a peu de repères, il ne croit pas en Dieu, et se surprend à espérer pouvoir emmener ses livres historiques s’il devait aller en prison.

Ce matin, il reçoit un appel téléphonique de l’Homme Juste. Sa prochaine mission se déroule à Mission Inn, dans SA suite. Difficile de voir ce chez-lui se transformer en lieu d’une tâche professionnelle. Quelque peu ébranlé, il va devoir encore tuer. Mais la proximité entre son semblant d’intimité et sa charge le trouble plus que de raison.

Lucky, lui toujours si discret et invisible aux yeux des autres, se retrouve épié par d’étranges yeux bleus. Malchiach, propriétaire du regard azuré lui parle de son passé. Lucky ou Toby O’Dare, quelle différence ? Déconcerté, Lucky ne sait plus à quels saints se vouer…

Malchiach lui propose un pacte : sauvegarder des vies plutôt que de les voler. Se retrouver, se réinventer… et aider autrui. Le voilà catapulté au XIIIe siècle , au cœur de la juiverie de Norwich, à défendre un couple des persécutions d’émeutiers chrétiens.

Etrange rêve ou douce folie ?
L’heure de l’ange est capable de l’emmener… bien loin.

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L heure de l ange 02)°º•. Qu’il soit Toby O’Dare ou Lucky le Renard, il n’en reste pas moins indifférent.
Dès les premières pages, on approche Lucky le Renard dans son quotidien : sans nous révéler quoi que ce soit vis-à-vis de sa personne ou de son histoire, il va nous conter ce qu’il l’aime, le passionne ou ce qui l’irrite.
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C’est un bonheur de se balader au chant de sa description de ces lieux saints vénérés, de leur prodigiosité ou de leurs fonctions extraordinaires. C’est par rapport aux choses, que Lucky se dévoilera : la présentation des fresques tant aimées, du son de la chaussure sur les pierres bancales ou encore de la fraicheur des arches de divers endroits.
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L’histoire est majoritairement contée par Lucky le Renard, à la première personne du singulier. Pourtant, tour à tour, ce sont les autres personnages qui vont devenir narrateur au cours d’un ou plusieurs chapitres. Et c’est finalement grâce à ces morceaux assemblés que Luky le Renard va quitter cette enveloppe anonyme pour devenir quelqu’un à nos yeux.
Petit à petit on se rapproche de sa personnalité et de son passé pénible, à cette personne blessées aux idéaux noyés, à cette figure solitaire. Irrémédiablement, on s’attache à lui.

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L heure de l ange 03)°º•. Comme toujours,  Anne Rice nous transporte littéralement : commencer un de ses livres, c’est être plongé directement en son cœur, c’est entrer naturellement dans son univers, c’est être happé par l’histoire. Il en convient que le travail de traduction y est aussi dans la réussite de cette immersion totale.
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Elle nous entraine tour à tour à différentes époques, actuellement, vingt ans en arrière ou encore au XIIIe siècle. Invariablement, elle nous emmène dans différent lieux, avec la vieille Europe et la Nouvelle Orléans, si chères à son cœur.
Le tourbillon est mené d’une main de maitre : tous les aspects – lieux, époques, personnages – nous révèlent judicieusement par petites touches, l’aspect psychologique.
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Le thème principal et non moins très fort se concentre sur la civilisation juive médiévale, avec les relations entre chrétienté et judaïsme à une époque ou les persécutions des révoltés démarraient au quart de tour.

La grande présence de la religion ne doit pas rebuter ; bien que soient mis en avant les ordres des mendiants (prêcheurs dominicains et franciscains), les confessions chrétienne et juive, le livre est ouvert à et compréhensible par tout le monde.

Il existe des lecteurs qui n’aiment ou ne poursuivent pas leur lecture, au premier mot de « religion » rencontré ; qu’ils soient d’une autre confession que celle présentée ou athés (ou agnostiques). Cependant, avec l’heure de l’ange, on peut se rendre compte que ces religions révèlent un fond de toile intéressant pour une histoire captivante.
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Le travail de recherches, bien qu’utilisé naturellement pour le roman, se ressent. Les documents pris en appui sont nombreux et quelques uns sont cités en bas de page et à « la note de l’auteur » en fin de livre. Cette fonction est d’autant plus importante à l’histoire qu’elle l’enveloppe d’une véritable authenticité et permet au lecteur de pénétrer les pages. de notre nouvel amour, Lucky.

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Bon, en soit, l’histoire m’a plu. Bon, en soit, on attend forcément « mieux » d’Anne Rice. Elle nous a habitué dans ses romans fantastiques, à mêler le monde réel avec celui plus invisible. Elle a su nous emmener dans des intrigues très bien ficelées, avec un travail d’écriture époustouflant qui demande généralement et imagination débordante et efforts « techniques » pour un roman quasiment parfait. Ici, la deuxième partie du roman est un peu plus lâche que la première et un peu décevante. Certaines « solutions » s’avèrent un peu tirées par les cheveux et le rythme, mollasson. Alors sont-ce de réels défauts, ou une projection du lecteur qui veut toujours « plus », toujours « mieux » de la part de l’auteur ?

La seule chose qu’on pourrait reprocher à ce roman est sa brièveté. 270 malheureuses pages se révèlent bien trop courtes ! Surtout lorsqu’on est habitué à un tome de deux tiers supérieurs à celui-ci… qui prend sa place au sein d’une trilogie.

Anne Rice qui a déclaré être athée prend un chemin différent dans sa vie personnelle avec l’envie de « glorifier » Dieu. Et c’est avec « l’heure de l’ange » sans aucun doute que ce tournant s’inscrit dans sa vie d’écrivain.

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Anne Rice nous entraine en différents lieux et époques pour nous offrir un roman sur l’univers des anges, de leurs relations particulières avec les humains. Le thème de la civilisation juive médiévale est le bâti de l’histoire. Menée joliment, l’histoire de Lucky le Renard se découvre par petites touches. Mais malheureusement, avec cette nouvelle trilogie, elle ne comble pas nos espérances, elle se perd un peu en chemin et rend le tout un peu brouillon.

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Anne Rice)°º•. Biographie
Anne RICE, écrivain américain aux 100 millions de livres vendus, devient un des auteurs « actuels » les plus lus. Auteur des célèbres trilogie des vampires et trilogie des sorcières Mayfair, elle a écrit pas moins 22 de romans fantastiques, de nouvelles ou encore de livres à thème religieux. Elle est notamment connue pour ses histoires mêlant l’épique au style baroque et aux intrigues de différentes époques.

¤ Pour une fois, on ne pourra rien reprocher à des éditions françaises dans un titre traduit, judicieusement et sans faux-pas par rapport au titre anglais « Angel Time : The Songs of the Seraphim ». L’heure de l’ange

¤ Notons aussi que la couverture des Editions Michel Lafon est superbe : Une aile blanche sur un grand aplat noir et mat. Avec un vernis sélectif pour le nom d’Anne Rice. D’accord, l’aile est jolie, cependant, tout petit regret de la retrouver seule, en illustration à côté du titre du chapitre.

est un concept à découvrir entre les pages…

Je ne manquais jamais de m’aventurer dans le restaurant pour déjeuner. La piazza était magnifique, avec ses hauts murs percés de fenêtres arrondies et de terrasses semi-circulaires ; je sortais le New York Times, que je lisais tout en déjeunant à l’ombre de dizaines de parasols rouges.
Mais l’intérieur du restaurant n’était pas moins attirant, avec ses murs recouverts de carreaux de faïence bleu vif et ses arches beiges artistement peintes de plantes grimpantes. Le plafond à solives figurait un ciel bleu avec des nuages et même de minuscules oiseaux. Les portes de plein cintre à meneaux étaient couvertes de miroirs, tandis que d’autres laissaient passer le soleil venant de la piazza. Le bavardage des gens rappelait le murmure d’une fontaine.
Je me promenais, dans les couloirs sombres, sur des tapis poussiéreux, de styles différents. Je m’arrêtais dans l’atrium devant la chapelle Saint-François, contemplant l’embrasure lourdement sculptée, chef-d’œuvre en ciment moulé de style churrigueresque. Cela me réchauffait le cœur d’entrevoir les préparatifs de mariages, inévitablement luxueux et apparemment interminables, avec leurs buffets dressés dans de l’argenterie sur des tables drapées de nappes autour desquelles s’affairait le personnel.
Je montais jusqu’à la plus haute véranda et, appuyé sur la balustrade en fer laquée de vert, baissais les yeux vers la piazza du restaurant et l’énorme horloge située en face. J’attendais souvent son carillon, qui sonnait tous les quarts d’heure. Je voulais voir ses gros chiffres bouger lentement.
Un élément très puissant m’attire vers l’horlogerie. Quand je tuais quelqu’un, j’arrêtais sa montre. Et que font les horloges, les pendules, les montres, sinon mesurer le temps dont nous disposons pour devenir quelqu’un, découvrir en nous quelque chose dont nous ignorions la présence ?

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GAIMAN Neil – Neverwhere

25/09/2009 28 commentaires

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Titre
: Neverwhere
Auteur : Neil Gaiman
Plaisir de lecture Livre avec entrée au Panthéon

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Le visage crasseux s’adoucit.
_ Tiens, mon pauvre, dit-elle en fourrant une pièce de cinquante pence au creux de la main de Richard. Alors, ça fait combien de temps que t’es à la rue ?
_ Je ne suis pas à la rue, répondit Richard avec embarras en s’efforçant de restituer la pièce à la vieille. Je vous en prie – reprenez votre argent. Je vais très bien. Je suis simplement sorti prendre l’air. Je pars demain pour Londres, expliqua-t-il.
Elle lui jeta un coup d’œil soupçonneux, avant de récupérer ses cinquante pence qu’elle fit disparaître sous les strates de manteaux et de châles qui l’emmitouflaient.
_ J’y ai été, à Londres, lui confia-t-elle. Et j’m’y suis mariée, à Londres. Mais c’était un sale type. Ma m’man m’avait prévenue, de pas me marier à l’extérieur. Mais j’étais jeune et j’étais belle, on le dirait pas maintenant, et j’ai écouté que mon cœur.
_ Je n’en doute pas, répondit Richard, gêné.
La certitude qu’il allait vomir commençait peu à peu à s’estomper.
_ Ca m’a fait une belle jambe. J’y ai été, à la rue. Alors, je sais comment c’est, poursuivit la vieille. C’est pour ça que j’ai cru que z’étiez. Et z’allez faire quoi, à Londres ?
_ J’ai trouvé du travail, lui répondit-il fièrement.
_ Dans quoi ?
_ Euh, les placements financiers…
_ J’étais danseuse, fit la vieille.
Et elle se déplaça en titubant sur le trottoir, tout en se fredonnant une mélodie indistincte. Puis elle se mit à tanguer d’un bord sur l’autre comme une toupie en fin de course, avant de s’immobiliser face à Richard.
_ Donnez vot’main, lui ordonna-t-elle. J’vais vous dire la bonne aventure.
Il fit ce qu’on lui demandait. Elle posa la main du jeune homme dans sa vieille paume et la serra fermement, avant de cligner plusieurs fois des yeux, tel un hibou qui vient de gober une souris et ressent les premières atteintes de l’indigestion.
_ Z’avez un long chemin à faire, dit-elle, surprise.
_ Jusqu’à Londres.
_ Non, pas seulement. (La vieille observa un silence.) Pas un Londres que je connais, en tout cas.
A ce moment, la pluie se mit à tomber doucement.
_ Pardon, dit-elle. Ca commence par des portes.
_ Des portes ?
Elle hocha la tête. La pluie redoubla, tambourinant sur les toits et l’asphalte de la rue.
_ J’me méfierais des portes, à vot’ place.

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Voilà, c’est ce passage qui m’a charmé. Je crois que je l’aurai trouvé sur le net, je n’aurai même pas lu le quatrième de couverture.
Une rencontre qui n’avait pas lieu d’être, deux mondes différents, une rencontre hors limite du temps, « intemporelle ». Mais exactement, le ton et l’ambiance du livre: magique !

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)°º•. Richard Mayhew est un homme heureux. Enfin, presque. Coincé entre les visites de musées, Jessica et ses trolls, il est persuadé de l’être. Il ne semble pas éprouver de difficultés à vivre un quotidien qui ne lui ressemble pas. Convaincu d’avoir une vie à chérir, il s’enfonce dans des habitudes qui ne sont pas les siennes, empruntées.
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Un soir, sur le chemin d’un restaurant, Richard et Jessica tombent sur une femme ensanglantée. L’une la traite d’alcool et veut poursuivre son chemin, l’autre ne décolle pas ses yeux. Il faut la sauver, elle est sacrément amochée. Richard se trouve alors en compagnie d’une demoiselle fragile à soigner, en l’absence d’une compagne vexée et furieuse. La demoiselle repêchée dort d’un sommeil profond quand deux inconnus Messieurs Croup & Vandemar sonnent à sa porte.
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Tout s’enchaine : il leur ouvre mais, les yeux écarquillés, il ne voit plus la demoiselle endormie. Quelques minutes plus tard, il constate qu’elle parle aux animaux. Une fois sur pied, elle se volatilise.
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Abasourdi et se sentant complètement à côté de ses pompes, il tente de reprendre sa vie. Sauf qu’… il est devenu invisible au monde. A son monde… Et le voilà projeté dans un Londres d’En-Bas avec ses rencontres, ses vices, ses ruelles labyrinthiques et ses faits magiques complètement irréalistes. Bienvenue à London Underground !

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)°º•.  Parlons tout d’abord des personnages. Ils sont sinistres, horripilants, magouilleurs, roublards, dandy, fragiles, frêles, discrets, sombres et énergiques. Et pourtant, difficile d’en croire à des archétypes. Ils sont tous hauts en couleurs, on les imagine très bien grâce au style de Gaiman qui favorise cette « réalité » visuelle qui nous vient en lisant le livre. Qu’il soit Marquis de Carabas, Old Bailey, Chasseur, Porte, Vandemar, Croup ou encore Islington, on s’y attache énormément ou moins, selon leurs traits de caractères… particuliers. J’avoue avoir une préférence pour la jeune demoiselle Porte ainsi que pour Lamia Velours… sans aucun doute, c’est leur portrait qui m’a séduit : l’un avec une certaine fragilité, des vêtements en superposition, un côté très « petit peuple », de l’autre, les yeux mangeant le visage, le côté doux, le gris, le violet et sa douceur. Mais attention, les personnages ne sont pas ce qu’ils prétendent être !
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Les objectifs des personnages restent difficilement cernables lors des premiers chapitre, mais au moins, on commence à parcourir le « nouveau » monde. Pour moi, et non des moindres, le mystère qui règne autour du marché flottant et de son prochain établissement géographique reste un de plus grands moments de plaisir… et de questionnement. Une fois, juste une fois, j’aurai aimé y mettre les pieds.
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Finalement, l’En-Bas de Londres est mis en devant de scène. C’est une sorte de reflet de Londres. La géographie des lieux est époustouflante et les ambiances sombres et marginales nous séduisent ! J’aime cette invitation au voyage, les trouvailles brillantes de Gaiman qui nous donnent tant envie. La crédibilité prend tout son sens quand on se dit que finalement, ce Londres-ci est la porte d’à côté. On se délecte d’un monde que l’on découvre… et dont on a toujours eu envie qu’il existe !
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Les détails pour les sentiments, les réactions et même les décors donnent un aspect « cohérent » à l’histoire : « botte au bout carré » « poche revolver d’un immense manteau noir de dandy, ni réellement redingote, ni vraiment trench-coat ». Parallèlement, l’absurdité est aussi omniprésente : que ce soit la femme sur le trottoir venue de nulle part, la demoiselle qui parle aux animaux, son volatilisation lors de la visite des messieurs Croup & Vandemar, son nom « Porte », surfer au-dessus de Londres, acheter des cauchemars frais, vendre une formule magique pour consulter la carte des métros… bref, Richard en prend plein les mirettes : et nous aussi.
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Le style de Gaiman est vivifiant et prenant. Que ce soit les passages en italiques pour les flash-back très proches et les pensées des gens ou pour l’utilisation de l’humour cynique, ce livre se pose là. De l’urban fantasy comme on l’aime. Un livre fantastique qu’on ne peut lâcher… et qui je pense, on n’oublie pas !

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Humour cynique, ambiances sombres, Londres marginal. Voici le cocktail explosif que nous propose Gaiman. Un univers qu’on rêve tous d’en fouler le sol, qui se trouve à la porte d’à côté. Mystère, labyrinthes et incroyables rencontres attendent de pied ferme notre personnage Richard Mayhew… et les lecteurs. Les personnages hauts en couleurs valent le détour, le Londres peint est subtil et donne envie. Une histoire fantastique à lire de toute urgence.

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)°º•.  Gaiman, Neil de son petit prénom n’est plus à connaitre, tout le monde a déjà entendu parler de lui – du moins, j’ose espérer –. C’est un auteur britannique vivant aux USA et qui a fait son petit trou dans les rideaux du devant de la scène de la littérature fantastique (reprenons notre souffle). Comics, romans et nouvelles, Neil Gaiman a plus d’un tour dans son sac.
Son site/blog, son twitter.

Pour MON exemplaire (lorsque ce livre était encore en rupture de stock), je ne remercierai jamais assez Vert

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)°º•. Extraits

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On ne fait pas une omelette sans tuer quelques personnes.

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L’eau du récipient chauffait à gros bouillons. Richard contempla l’eau qui s’agitait et l’épaisse vapeur qui montait, se demandant ce qu’ils allaient en faire. Son imagination lui fournit une foule de réponses, dont la plupart lui auraient infligé une douleur inconcevable, et dont aucune ne se révéla correcte.
On versa l’eau bouillante dans un pot, auquel le frère Fuligineux ajouta trois cuillerées de feuilles séchées et broyées. Le liquide qui en résultat fut versé directement du pot dans trois tasses de porcelaine, à travers une passoire. L’abbé leva sa tête d’aveugle, huma l’atmosphère et sourit :
_ La première partie de l’Epreuve de la Clé, dit-il, est une bonne petite tasse de thé. Vous prenez du sucre ?
_ Non, merci, répondit Richard, sur ses gardes.
Le frère Fuligineux ajouta un peu de lait dans le thé et passa une tasse et une soucoupe à Richard.
_ Il est empoisonné ? S’enquit celui-ci.
L’abbé parut presque choqué.
_ Grand Dieu, non.
Richard but le thé, qui avait grosso modo le goût habituel du thé.
_ Mais ça fait vraiment partie de l’épreuve ?
Le frère Fuligineux prit la main de l’abbé et y plaça une tasse de thé.
_ C’est une façon de parler, dit l’abbé. Nous aimons toujours offrir une tasse de thé aux candidats, avant de commencer. Cela fait partie de l’épreuve pour nous. Pas pour vous. (Il bu un peu de son propre thé, et un sourire béat se répandit sur son antique visage.) Un thé plutôt savoureux, tout bien considéré.
Richard posa sa tasse, quasiment intacte.
_ Alors, demanda-t-il, verriez-vous un inconvénient à ce que nous passions tout de suite à l’épreuve ?

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Tout le monde achetait. Tout le monde vendait. Richard écouta les cris du marché en commençant à déambuler dans la foule.
_ Ils sont beaux, ils sont frais, mes rêves. Cauchemars, cauchemars, première qualité ! Venez acheter mes beaux cauchemars.
_ Aux armes ! Armez-vous ! Défendez votre cave, votre caverne ou votre terrier ! Vous voulez leur taper dessus ? On a ce qu’il faut. Allez, ma belle, approchez, venez par ici…
_ Cochonneries ! Beugla une vieille obèse dans l’oreille de Richard quand il passa devant son étal malodorant. Détritus ! poursuivit-elle. Ordures ! Déchets ! Fange ! Immondices ! Servez-vous ! Tout est cassé et abîmé ! Saloperies, saletés et vieux tas de merde. Allez, allez, faites-vous plaisir.
Un homme en armure battait un petit tambour, chantait en même temps :
_ Objets perdus ! Approchez, approchez ! Voyez vous-mêmes. Objets perdus. Rien de trouvé ici, tout est garanti perdu.

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Un vieux téléphone reposait dans un coin de la pièce. Un vieux téléphone en deux éléments, inutilisé par l’hôpital depuis les années vingt, en bois et Bakélite. M. Croup saisit le combiné par lequel se terminait un long cordon gainé de tissu et parla dans le microphone fixé sur la base.
_ Croup et Vandemar, annonça-t-il d’une voix suave, Maison de Tradition. Obstacles oblitérés, nuisances éradiquées, amputation des membres gênants et dentisterie à l’ancienne.

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Le blog d’Yspaddaden, Les chroniques d’Isil, Les lectures de Xapur, LupaMon coin lecture (Karine), Nevertwhere, Tortoise’s Times Tree ont aussi a-do-ré.

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PULLMAN Philip – Le Miroir d’Ambre

29/01/2009 2 commentaires

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Titre : Le miroir d’ambre (A la croisée des mondes, tome 3)
Auteur : Philip Pullman
Plaisir de lecture Livre avec entrée au Panthéon
Tome 1, tome 2
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A leur séparation, Will avait juré retrouvé Lyra, enlevée par Mme Coulter. Quand il la retrouve et la tire de son sommeil, elle lui annonce qu’une mission plus périlleuse encore les attendent. La sauvegarde des mondes parallèle est menacée, les forces obscures se démènent, de nouveaux personnages font leur entrée sur scène ; et parmi tout cette agitation, Lyra & Will doivent trouver à tout prix Lord Asriel.

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Et voilà comment finir en apothéose. Le livre est sublime, et les émotions ressenties sont très fortes du côté du lecteur. On est navré de quitter tous nos personnages, de ne plus suivre leurs épopées et nous n’avons qu’une envie, dire « encore ! ». Voilà une trilogie qui met sans dessus-dessous et la profondeur des divers thèmes est indéniable. En gros, chapeau l’artiste !
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Récompense :
• Le prix Whitbread (Whitbread Book of the Year Award)

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Dans le chaudron :
¤ A la croisée des mondes – Les royaumes du nord, tome 1
¤ A la croisée des mondes – La tour des anges, tome 2
¤ Lyra et les oiseaux

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PULLMAN Philip – La tour des Anges

29/01/2009 Aucun commentaire

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Titre : la tour des anges (A la croisée des mondes, tome 2)
Auteur : Philip Pullman
Plaisir de lecture Livre avec entrée au Panthéon
Tome 1, tome 3
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Lyra fait la rencontre de Will Parry ; le porteur de l’étrange Poignard Subtil qui permet de decouper des fenêtres entre leurs deux mondes : celui de Lyra et Cittàgaze où règnent les Spectres, créatures mangeuses d’âmes. Leur but est de retrouver le père de Will qui s’est caché sous une fausse identité. Malheureusement, c’est sans compter sur les méfaits de Madame Coulter qui kidnappe Lyra pour de sombres destins. Grâce à l’aide de deux anges, Balthamos et Baruch, Will continue et sa quête, recherche Lyra et se voit propulser malgré lui sur le devant de la scène.
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Ce livre est le deuxième tome de la trilogie de « A la croisée des mondes ». Pullman atteint un niveau supérieur avec ce deuxième roman. L’écriture est toujours recherchée et puissante. Il soulève des thèmes chers à notre société actuelle et remet en cause les fondements (scientifiques, religieux, …). Ce roman est un puits de réflexion où Pullman nous offre une version kaléidoscopée de la vie. Pullman ne nous sert pas une version réchauffée du tome 1 mais nous amène encore et toujours sur des voies insondables et nous suivons les yeux grands ouverts l’évolution des personnages au niveau de leur caractère, de leurs visions et de leurs objectifs.

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Dans le chaudron :
¤ A la croisée des mondes – Les royaumes du nord, tome 1
¤ A la croisée des mondes – Le miroir d’ambre, tome 3
¤ Lyra et les oiseaux

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PULLMAN Philip – Les Royaumes du Nord

29/01/2009 8 commentaires

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Titre : Les royaumes du nord (à la croisée des mondes, tome 1)
Auteur : Philip Pullman
Plaisir de lecture Livre avec entrée au Panthéon
Tome 2, tome 3

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Au sein de Jordan College d’Oxford, un étrange hasard a fait confier aux Erudits les plus libres de cette Angleterre aux allures du XIXe siècle, la vie d’une toute jeune fille Lyra Belacqua. L’univers confiné où cette dernière vit, est un monde où les scientifiques sont théologiens et où la discipline la plus honorable semble être la «théologie expérimentale ». Alors que son oncle Lord Asriel revient à cette magnifique université pour partager ses découvertes, Lyra cachée dans le salon interdit, ne se doute pas que les paroles qu’elle entendra la mèneront bien plus loin qu’elle ne puisse l’imaginer. Lyra, rebelle au fort caractère, et son daemon Pantalaimon rêvent d’aventures, de palpitations aux couleurs boréales et de connaître autre chose que ces rues pavées.

Un étrange phénomène s’ébruite parmi les rangs des Erudits et semblent toucher tout ce monde intellectuel, la Poussière. Alors que les « Enfourneurs », kidnappeurs d’enfants sévissent, Roger le compagnon de jeu de Lyra est enlevé. Alors que Lyra remet ses connaissances en question et souhaite à tout prix retrouver son ami, elle se voit partir avec la charmante Madame Coulter de son plein gré pour devenir son assistante auprès d’enfants. Aux dernières heures précédant son départ, le Maître de Jordan College lui donne un précieux aléthiomètre.

Pourquoi le Pole Nord convoite-t-il tous les fantasmes ? Pourquoi Pantalaimon et Lyra ne peuvent-ils à peine être séparés de quelques mètres ? Pourquoi la séduisante Madame Coulter prend-elle Lyra sous sa protection ? Qu’a voulu faire découvrir Lord Asriel ? Quel est vraiment ce phénomène de Poussière ? Qui a enlevé Roger ? A qui est véritablement destiné l’aléthiomètre ? Quelle est la destinée de cette enfant orpheline ?

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Lyra âgée de seulement 11 ans est une personne fière et de fort caractère. Elle passe son temps sur les toits de Jordan College en compagnie de son ami des cuisines, Roger ; quand elle n’est pas entrain de courir les rues et de livrer bataille contre les briquetiers. Lyra a un daemon du nom de Pantalaimon. Ils sont reliés télépathiquement et ne peuvent se séparer de plusieurs mètres. Ils partagent leur vie, leurs sentiments et leurs émotions car ils ne sont qu’une et unique personne. Pantailamon peut encore se métamorphoser en divers animaux car Lyra n’a pas atteint l’âge adulte. Un jour, il prendra une forme définitive qui représentera la personnalité de Lyra. Pantalaimon semble plus peureux, moins habile au parler et plus prudent que Lyra. Cette petite demoiselle a une vie peu enrichissante et fuit sa gouvernante ; elle aime la liberté, échafauder des plans et faire des bêtises. Elle est particulière, un peu différente et ne s’en offusque pas. Malgré le fait qu’elle chérisse la vie qu’elle mène, elle rêve de fabuleuses traversées et de grandes épopées.

Entraînée par sa curiosité, elle ne se doute pas qu’elle va tracer son avenir en écoutant des secrets échangés, tapie dans l’obscurité d’une armoire. Bien à elle de sauver Lord Asriel d’un empoisonnement prémédité par le Maître de Jordan College. Dans le même laps de temps, Roger aurait été enlevé par les Enfourneurs et Lyra ne supporte pas de le laisser aux griffes de terribles malfaiteurs et décide de voler à son secours. Aux lendemains de son espionnage, une fulgureuse femme se propose d’emmener Lyra vivre avec elle. La jeune fille est si heureuse d’échapper à sa vie monotone, qu’elle ne se pose pas de questions quant au demeurant. Cependant, à l’aube, le Maître de Jordan College l’invite personnellement chez lui pour lui remettre un étrange instrument. Ses dernières paroles lui demanderont de prendre soin de cet étrange objet.

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Alors que certain s’évertueront à gonfler l’hérésie de Pullman successeur de Tolkien (A croire qu’en fantasy, ils le sont tous…), ou d’autres vous compteront les points positifs par rapport à la « platitude » de Rowling, je m’arrêterai juste sur l’écriture de ce tome (et un peu de la trilogie).

Dès le premier tome, nous avons pour nous accompagner des personnages profonds. Pullman les peint et les dépeint de sa plume, boucles et hampes délicates : ils sont vivants. Les personnages évoluent de manière considérables au long de la trilogie et c’est avec grandes émotions que nous partageons leurs sentiments et leurs pensées. Les personnages restent toutefois ambigus, la traditionnelle dualité « du bien et du mal » est atténuée, estompée et surtout trompeuse. Les gitans, les panserbjorns, les sorcières se mêlent, se démêlent… et finissent pas s’emmêler. Quel est cet ours alcoolique répondant au nom de Iorek Byrnson, pourquoi Serafina Pekkala est-elle une sorcière si vieille ?

Le style de Pullman est recherchée, l’écriture est riche, imagée et documentée (et pour cause !). Il nous entraine inlassablement dans un univers semblable au notre et pourtant si différent… Il bouscule les repères, surprend, choque, « émotionne ». On vit à côté de Lyra, on sent son cœur battre et les pages défilent. Vous dévorez, le premier, le deuxième puis vient le troisième : le tout crescendo et dans le plus grand art, qu’est l’écriture.

Il est vrai que les points concernant la religion sont nombreux, qui remet sans doute en cause quelques fondements. Mais pour avoir lu les Chroniques de Narnia, le « travail » effectué est bien mieux réalisé où l’on ne tombe point dans les clichés d’après-guerre et les croisades évangélistes. Il ne s’agit pas de dispenser un cours de religion, mais d’introduire doucement une vision plus… « kaléidoscopée ». Pour moi, ce thème particulier n’est pas à mettre en avant au vu des prouesses réalisées. Faut-il encore prouver que les livres destinés aux enfants plaisent tout autant aux « moins jeunes » ? Je pense qu’il y a autant de niveaux de lecture que de lecteurs, cette œuvre peut être considérée plus sombre et réfléchie que vous ne pourriez le penser.

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La biographie de Monsieur :
Orphelin de père dès son plus jeune âge, car son père, pilote de chasse de la R.A.F ., est tué en février 1954, au large du Kenya, Philip Pullman et son frère sont élevés par leurs grands-parents maternels dans le Norfolk, tandis que leur mère travaille à Londres.C’est en découvrant à l’école la ‘Ballade du Vieux Mari’ de Coleridge, que Philip Pullman commence à être attiré par l’écriture. Bien plus tard, lors de sa dernière année à l’université, à travers la lecture du roman de Mikhaïl Boulgakov, ‘Le Maître et Marguerite’, il découvre le genre du réalisme fantastique dont son travail s’inspirera. Après divers métiers, dont celui d’apprenti bibliothécaire, il mène à bien un projet de roman, un ‘thriller métaphysique’, qu’il publie et pour lequel il obtient un prix. Devenu instituteur à Oxford, il se met à écrire des pièces de théâtre pour ses élèves, qui seront la première ébauche de ses romans pour enfants. Il écrit ses premières histoires policières fantastiques, puis les romans s’enchaînent. Dès 1985, il commence une série policière dont l’héroïne, Sally Lockhart, doit beaucoup au célèbre Sherlock Holmes, de Conan Doyle. Mais c’est avec la trilogie ‘A la croisée des mondes’, qu’il a mis sept ans à écrire, que Philip Pullman connaît son plus grand succès.

Avec ce premier tome :

• Prix des Incorruptibles, catégorie 4e-3e.
• Prix du meilleur livre de l’année aux États-Unis.
• Prix « Guardian » de la fiction pour la jeunesse et Carnegie Medal, en Grande-Bretagne.
• Philip Pullman a obtenu pour son œuvre le prix de littérature à la mémoire d’Astrid Lindgren 2005.

La trilogie « A la Croisée des Mondes » (His Dark Materials) :
– Les Royaumes du Nard (Northern Lights)
– La Tour des anges (The Subtle Knife)
– Le Miroir d’ambre (The Amber Spyglass)

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Extraits :

« Par bien des côtés, Lyra était une barbare. Ce qu’elle aimait par-dessus tout, c’était escalader les toits du collège avec Roger, le marmiton, son meilleur ami, et cracher des noyaux de prune sur la tête des Érudits qui passaient en dessous, ou imiter les ululements de la chouette derrière une fenêtre, pendant que se déroulait un cours ; ou encore courir à toute allure dans les rues étroites de la ville, voler des pommes sur le marché, ou livrer bataille. De même que Lyra ignorait tout des courants souterrains qui régissaient la politique de Jordan College, les Érudits, pour leur part, auraient été incapables de percevoir le foisonnement d’alliances, de rivalités, de querelles et de traités qui constituaient une vie d’enfant à Oxford. Des enfants qui jouent, quoi de plus agréable à regarder ! Qu’y avait-il de plus innocent, de plus charmant ?

En vérité, Lyra et ses camarades se livraient une guerre dans pitié. (…) Cette rivalité, vieille de plusieurs centaines d’années, était aussi profonde que jubilatoire.
Pourtant, elle-même disparaissait quand les autres ennemis se faisaient menaçants. Parmi eux figurait un adversaire permanent ; il s’agissait des enfants des briquetiers qui vivaient près des carrières d’argile, méprisés par les enfants des collèges aussi bien que par ceux de la ville. L’année précédente, Lyra et certains enfants de la ville avaient conclu une trêve pour lancer une attaque sur les briquetiers, bombardant les enfants des carrières avec des boules de terre glaise et détruisant le château tout mou qu’ils avaient construit, avant de les rouler pendant un bon moment dans cette substance visqueuse près de laquelle ils vivaient, si bien qu’à la fin du combat, vainqueurs et vaincus ressemblaient à un troupeau de golems vociférants. »

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 « Il changea de diapositive encore une fois. La photo suivante avait été prise de nuit elle aussi, mais sans clair de lune cette fois.

On voyait un petit groupe de tentes au premier plan, se détachant faiblement sur l’horizon bas, et à côté, un empilement désordonné de caisses en bois, avec un traîneau. Mais le principal intérêt de cette photo résidait dans le ciel. Des rayons et des voiles de lumière pendaient tels des rideaux, en boucles et en guirlandes, retenus par des crochets invisibles, à des centaines de kilomètres d’altitude, ou bien flottant en biais, portés par le courant de quelque vent inconcevable. (…)
– Pardonnez mon ignorance, dit le vieux Préchantre, de sa voix tremblante, mais si j’ai su un jour ce qu’était l’Aurore, je l’ai oublié. S’agit-il de ce qu’on appelle les Lumières du Nord ?

– Oui. Elle possède plusieurs noms. Elle est composée d’orages de particules chargées et de rayons solaires d’une intensité et d’une force extraordinaires, invisibles en eux-mêmes, mais qui provoquent cette radiation lumineuse lorsqu’ils entrent en contact avec l’atmosphère. Si j’avais eu le temps, j’aurais fait teinter cette photo pour vous montrer les couleurs, du vert pâle et du rose essentiellement, avec une touche pourpre tout en bas de cette formation semblable à des rideaux. Il s’agit là d’un cliché réalisé avec une émulsion ordinaire. Je vais maintenant vous montrer une photo prise avec l’émulsion spéciale.
Il retira la diapositive. (…)

Pendant ce temps, Lord Asriel glissait une autre photo dans le chariot de la lanterne. Elle montrait la même scène. Mais, comme avec les deux photos précédentes, la plupart des détails visibles à la lumière ordinaire étaient ici beaucoup plus sombres, à l’instar des rideaux rayonnant dans le ciel.
Toutefois, très haut au-dessus de ce paysage morne, Lyra apercevait une forme compacte. Elle constata que, comme elle, les Érudits assis près de l’écran se penchaient en avant pour mieux voir. Plus elle regardait cette photo, plus son étonnement croissait, car là, dans le ciel, on distinguait bel et bien les contours caractéristiques d’une ville : des tours, des dômes, des murs… des bâtiments et des rues suspendus dans le vide ! Elle faillit pousser un petit cri d’émerveillement.

L’Érudit Cassington dit :
– Ca ressemble à… une ville.

– Exactement, répondit Lord Asriel.
– Une ville d’un autre monde, assurément ? dit le Doyen, une note de mépris dans la voix.

Lord Asriel l’ignora. Un mouvement d’excitation parcourut certains Érudits, comme si, ayant rédigé des traités sur l’existence de la Licorne, sans jamais en voir une, on leur présentait un spécimen vivant qui venait d’être capturé. »

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« – Cette lumière, là, demanda l’Aumônier, elle monte ou elle descend ?
Elle descend, répondit Lord Asriel, mais ce n’est pas de la lumière, c’est de la Poussière.
De la manière dont il avait prononcé ce dernier mot, Lyra imagina de la Poussière avec un P majuscule, comme s’il ne s’agissait pas de poussière ordinaire.
D’ailleurs, la réaction des Erudits confirma son impression, car les paroles de Lord Asriel provoquèrent soudain un silence général, suivi de quelques hoquets d’incrédulité. »

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Dans le chaudron :
¤ A la croisée des mondes – La tour des anges, tome 2
¤ A la croisée des mondes – Le miroir d’ambre, tome 3
¤ Lyra et les oiseaux

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