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CRONIN Justin – Le passage

03/09/2011 32 commentaires

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Titre : Le passage (tome 1)
Auteur : Justin Cronin
Plaisir de lecture : coeur notation Livre avec entrée au Panthéon
Tome 2, tome 3

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Après un énième passage à vide, Jeannette se rend au couvent le plus proche pour y laisser discrètement sa fille Amy dans les mains de Sœur Lacey. Au même moment, à quelques milliers de kilomètres de là, Wolgast et son bras droit sont engagés dans une procédure top secrète : ils viennent récupérer Carter, un prisonnier à perpétuité pour l’emmener au centre où se trouve Babcock. Ce dernier, tranquille et encore silencieux, décapite des lapins.

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)°º•. Tout part d’un virus en forêt bolivienne, le monde des années 2000 tel que vous le connaissez va partir en fumée en un tour de main. Cronin commence son histoire en ces temps-ci, nous catapultant au plus proche de la vie de Amy, Lacey et Wolgast. Très vite, une flopée de personnages va faire son entrée. On assistera à la scène quotidienne de la Colonie, ce bastion résistant vivant en huis clos et on frôlera les mystérieux viruls – entre autres –.
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Cronin nous fait partager la vie de ses personnes (en même temps, en 900 pages, il a le temps). On connaît très vite de lourds secrets intimes. On s’attache à ses personnages très vivants et nos préférences vont de l’un à l’autre ; chacun saura ravir le cœur d’un lecteur. On vit au rythme des personnages, on plonge comme eux dans l’angoisse et l’interrogation. Certains sont laissés sur le bord de la route, et on est plutôt mal mené en notre fort intérieur. On se dit qu’ils sont fous, qu’à leur place, on n’aurait quand même pas les mêmes couilles. Oui, mais en attendant, on n’est pas réellement à leur place, et parfois, cela nous rassure quand on lit le bouquin assit dans un fauteuil moelleux, une tasse de thé ou de café à la main. Cela nous rassure d’autant plus que les viruls, appelés aussi – par de très jolis noms – jets ou dracs ont une identité qui nous reste encore incertaine. On sait qu’ils ont très faim, qu’ils sont plus que difficiles à tuer, qu’ils sont invincibles en l’absence de lumière. En gros, on sait peu de choses, mais ce dont on est sûr : c’est qu’ils veulent tuer les derniers partisans de l’humanité.

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)°º•. Cronin nous emmène dans une Amérique post-apocalyptique pour nous offrir de très belles descriptions mordantes. L’histoire qu’il nous propose est on ne peut plus réaliste, presque un futur possible. Et c’est sans doute la raison essentielle par laquelle on s’accroche tant à notre livre. Ce monde est totalement intriguant. Si vous aimez le suspense, l’aventure, l’horreur… et la romance aussi, alors vous aimerez ce livre. Les thèmes principaux desquels découle directement l’histoire s’amusent sur le virus, l’épidémie et la sauvegarde de l’humanité.

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)°º•. L’embarquement pour un univers est immédiat : on entre dans une histoire qui nous emmène loin mais aussi au plus près d’eux. Cronin nous mène – par le bout du nez – sur de nombreuses pistes : il va les suivre ou non, les abandonner, réaliser des retours en arrière et puis… Bref, les détails sont nombreux et plutôt camouflés et prennent tout leur sens bien plus loin dans la lecture. Le tout est magistralement orchestré et la cohérence globale est très bonne.
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Ce livre propose des narrations diverses : en chorale grâce aux points de vue des personnages mais aussi dans la forme (journaux, extrait de journal intimes, mails, etc.). L’ellipse en première partie d’un siècle m’a fait un peu mal surtout qu’on s’attache à des personnages pour se faire méchamment catapulter plus « loin ». En fin de tome, l’effet disney sera considéré comme « de trop » par les junkies de zombies.
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En attendant, le livre n’aura jamais été aussi apprécié si cela n’avait pas été « ZE » livre de l’été, un peu comme une saga estivale et ce, grâce à mes copines de bataillon Neph & Emma. Notre lecture commune nous a captivées : on avait l’empressement de partager chaque partie que nous savourions, nos théories, nos hypothèses… et nos oublis d’éléments fondamentaux. Le découpator nous a promis de belles joies… ou de cliffhanger dignes des meilleures séries télévisées US.

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)°º•. Justin Cronin né en 1962 se lance avec succès en tant qu’écrivain. Il est lauréat du prix Pen-Hemingway pour « Huit saisons ». Il a déjà gagné 3,75 millions de dollars grâce à « Le passage », le premier tome de sa trilogie. Notons que les deux prochains volumes en VO devraient paraître en 2012 et 2014. Les droits cinématographiques de ce premier volet ont été achetés par Fox 2000 pour la modique somme de 1,75 millions de dollars. Bon, c’est quand qu’ça sort, hein ?
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On notera la trop belle couv’ qui briiille.
Je remercie aussi Emma sans qui 1°) je n’aurai jamais eu le livre entre les mains, 2°) je n’aurai jamais participé à cette formidable lecture commune avec Neph.

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Ce livre a été apprécié en lecture commune avec Emma & Neph.

Souvenir de lecture : ptaiiiin, mais restez-yyyy dans le bunker. Mais trop pas. Mais noooon. Mais tu vois pas ce qui va t’arriver ?!
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D’autres avis à découvrir chez : Book en Stock (Dup), Délivrer des livres (Sophie), Imagin’ères, Les étagères de PitiponksLes lectures du Petit Panda (Merkillia), Vampirisme (Senhal).
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On notera que le livre fait 967 pages, c’est pile pas assez pour le défi des 1000  de Fattorius.

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Oh enfin une première chronique pour le challenge Fins du Monde.

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Pic : couverture américaine.

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DE PINS Arthur – Zombillénium ~ Ressources humaines, tome 2

29/08/2011 28 commentaires

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Titre : Ressources humaines (Zombillénium, tome 2)
Auteur : Arthur DE PINS
Plaisir de lecturecoeur notation Livre avec entrée au Panthéon

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Les esprits commencent à s’échauffer : la région affichant 25% de chômage bout de son mécontentement : le parc n’embauche que des morts. Sus au vampire zombie sorcière démon à tout ! De l’autre côté, les salariés doivent gérer des clients de plus en plus vindicatifs, se croyant tout permis. Dans le lot, il y a la famille Matauzier venue pour l’anniversaire de leur fils Tim alors que ses parents le perdent tout simplement dès les premières minues. Sauf qu’il y a anguille sous roche, et Tim risque de se trouver nez à nez… avec la vérité.

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)°º•. Pour ce deuxième tome, nous partons à la rencontre de beaucoup de personnages : les salariés du parc sont nombreux (douze mille côté zombies) et c’est avec émerveillement que nous allons côtoyer davantage de monde. Pour garder le personnel au top, en plus d’une nouvelle vague de recrutement, sont organisés des séminaires. Le dernier en cours est sur la gestion du stress avec le « positive freakishness ». Une séance totalement hilarante.
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On se rend vite compte que Francis Von Bloodt n’est pas très porté à la discussion sur les avantages salariaux alors que gronde la révolte parmi les humains-du-dehors. Gretchen et Aurélien n’auront pas autant d’importance que dans le premier tome : le personnage principal, retenons-le, c’est le parc. Sont toujours présents Aton, Sirius et Behemot. Il n’en demeure pas moins qu’on se rapprochera davantage d’Astaroth… qui se trouve en pleine crise d’adolescence. La personnalité de nos morts chéris est magnifique, on déguste les échanges verbaux et l’engrenage des événements.

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)°º•. C’était dur, très. D’attendre le tome 2… qui est exactement sortie 366 jours après le tome 1 (tome 1 26 août 2010, tome 2 27 août 2011). Bien que nous connaissions le parc et son ambiance mortifère, on n’est absolument pas blasé de l’histoire qui prend de l’ampleur. Le lot de surprises est toujours de la partie. C’est avec une grande joie qu’on replonge dans l’univers. L’humour désopilant est bien là, un poil plus sombre mais tellement délicieux.
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En plus de deux problèmes majeurs du parc (la révolte humaine et la fuite de Tim), on en apprend davantage sur le fonctionnement du parc. Même si la fin est plus difficile à comprendre par les plus jeunes, le tome reste accessible et agréable à tous. J’ai apprécié la petite note où De Pins se fout un poil de la mode du vampire =) Joint à la BD, vous trouverez en bonus un exemplaire de « La voix du nord », le journal qui rapporte les derniers faits qui se sont déroulés à Zombillénium.
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Au niveau du trait, c’est esthétiquement parfait. Tout comme le premier tome, le traitement graphique fait encore jaser les mauvaises gorges. Qu’à cela ne tienne, De Pins est un vrai illustrateur et on s’en met plein les mirettes. L’absence de trait noir franco-belge est appréciable et les détails sont nombreux à dévorer.
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Le tome 2 s’inscrit dignement dans la suite du premier tome mais peut également se lire seul. Après un premier tome « préambulesque », Arthur De Pins avait commencé fort et continue sur la même voie, crescendo avec ce deuxième volet.

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)°º•. Arthur de Pins est un jeune homme né en 1977 en Bretagne. Il a été publié dans le magazine Spirou, Max et Fluide Glacial. On le connaît essentiellement pour sa série à très grand succès, Péchés Mignons. Il est également l’illustrateur de certains « Osez… » et de l’anti-kamasutra à l’usage des gens normaux en collaboration avec Maïa Mazaurette.
Le site d’Arthur de Pins.

Le superbe site web de Zombillénium est à découvrir si vous ne l’avez pas encore fait.
Le tome 3 de Zombillénium sort le 8 novembre prochain !

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Dans le chaudron : Gretchen, Zombillénium tome 1 d’Arthur de Pins
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Souvenir de ma lecture : Le tome 3, encore dans un an ?!
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 Archessia et Spocky qui lit donnent aussi leur avis.

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Cette lecture s’inscrit dans le challenge Magie & Sorcellerie littéraire.

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Il aurait pu aussi faire partie du challenge Halloween 2011 de Lou & Hilde.

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CROS Anaïs – Les lunes de sang, tome 1

23/06/2011 14 commentaires

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Titre : Les lunes de sang, tome 1
Auteur : Anaïs CROS
Plaisir de lecture Livre avec entrée au Panthéon
Tome 2, tome 3, tome 4
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Evrahl vient tout juste de débarquer dans les rues de Lunargent, la cité royale du royaume de Mortelune. La bataille des Vingt Lunes vient de se terminer, il suit son compagnon de guerre, un elfe. Après quelques jours d’hébergement chez ce dernier, il lui faut trouver une demeure où habiter. Au vu des loyers relativement chers, il ne peut que répondre par la positive lorsqu’il rencontre Listak cherchant un colocataire. Cet étrange personnage est un demi-lunaire qui possède d’exceptionnels talents de déduction et une excentricité un peu excessive. Bon gré mal gré, Evrahl s’installe de nouveau comme médecin pour le peuple des nains de la ville. Ce dernier est pourtant bien loin de se douter que Listak se révèle proche du roi… l’ordonnateur de la guerre qui a terrassé sa famille et son peuple. Pris d’amitié pour son colocataire, Evrahl se retrouve tiraillé et va devoir faire des choix lourds de conséquences.

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)°º•. Nos deux personnages principaux sont le Dr Evrahl et Listak.
Le Dr Evrahl est un nain au caractère relativement discret. Il se distingue par trois composantes : intelligence, médecine… et hache. Il en convient qu’il ressemble étrangement au Dr Watson, pourtant beaucoup de choses les opposent. Les résultats de la guerre des Vingt Lune ont laissé au peuple nain l’amertume et la rage. C’est dans ce contexte-ci qu’Evrahl arrive à Lunargent.

Il fait la rencontre de Listak. Demi-lunaire de naissance, il ressemble presque à une sorte d’elfe aveugle mais dont l’ouïe est exceptionnellement fine. Sa grande intelligence et son aptitude à l’investigation le rapprochent de Sherlock Holmes. Son esprit acéré et sa sagacité l’emmèneront dans une enquête ardue concernant un plausible régicide, en compagnie d’Evrahl.
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Bien que les ressemblances liées aux grandes figures de la littérature policière – Sherlock Holmes & Dr Watson – soient nombreuses, il n’en demeure pas moins qu‘Evrahl et Listak ont des personnalités propres avec une psychologie travaillée en profondeur. Ces personnages sont donc complexes et attachants.
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Les personnages secondaires ne sont pas éclipsés : le roi Torn, son conseille Ombre, le chef de garde Lugantz et Amhiel l’intendante de la maison. Des personnages « magiques » sont aussi de la partie : nain, elfe, lunaire, lutin d’eau mais aussi des hommes.

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)°º•. Ce petit pavé qui se lit bien trop vite est une sorte d’hommage à Sir Arthur Conan Doyle. Les doubles de fantasy de Sherlock Holmes et Dr Watson sont très réussis.
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La passion d’Anaïs Cros pour le célèbre détective est très visible : pourtant écrire une histoire originale sans se perdre dans un vulgaire copier/coller de références n’était pas évident tant l’univers holmsien est intense. Cependant, elle arrive avec dextérité et même – semble-t-il – avec facilité à retirer son épingle du jeu et à nous présenter un univers de fantasy maîtrisé et personnel.
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L’histoire nous est racontée par la voix du nain : cette narration a posteriori présente parfois un peu de recul sur les événements. Majoritairement, on assiste à une introspection d’Evrahl. Cependant, Evrahl n’est pas un simple narrateur, il est participant à plusieurs titres ; comme un agent double. Les personnages principaux sont époustouflants et les archétypes très bien adaptés. On assiste à un combat psychologique entre Evrahl et Listak : c’est bien sur ce point que repose le récit. Quel type de liens existent-ils entre nos deux personnes quand on voit le poids de leur ambivalence ? L’animosité entre espèces que nous connaissons en fantasy n’est pas en reste ici et est plutôt bien amenée.
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La plume d’Anaïs Cros se révèle intimiste et très humaniste : dès les premières pages, on a cette impression de familiarité, ce lieu commun où on se sent bien. Bien loin des rues du Londres Victorien, Anaïs Cros nous emmène dans un thriller fantasyien captivant, preuve que les genres sont faits pour se rencontrer. Sur fond de complots, trahisons et assassinats, la soif de vengeance, le désir de liberté et le besoin d’amitié devront faire place aux sentiments.
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Bien que l’écriture soit simple et directe, il en convient que le jeu des indices est subtil. Les descriptions sont quant à elles, précises et sans lourdeur. Le potentiel de l’intrigue s’avère bien exploité et prend déjà beaucoup d’ampleur dans ce premier tome. Chaque détail prend son importance, la véracité des informations nous tient en haleine. On se fait happer littéralement par le roman et on se pose beaucoup de questions au fur et à mesure du déroulement de la trame.
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Vous l’aurez compris, Les Lunes de sang est un véritable petit bijou de fantasy. L’alchimie est parfaite, la lecture passionnante. Cette saga se composerait de 7 à 8 tomes… affaire à suivre !

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)°º•. Biographie
Anaïs Cros née en 1983, est très discrète. Nous savons qu’elle a suivi des études en psychologie ; et qu’elle aimerait vivre de l’écriture. En attendant, elle peaufine son plume en écrivant plusieurs œuvres.
Son blog.

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La très belle couverture est signée par Michel Borderie.

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Dans le chaudron :
¤ La lune noire, tome 2
¤ Métamorphose, tome 3
¤ Interview d’Anaïs Cros
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Souvenir de lecture
: Mais quel COUP DE COEUR ! Waaah, ZE livre.

D’autres avis chez : Bookenstock (Dup), La caverne de JainaXFImaginelf (Lelf), Mes imaginaires (Olya).

CITRIQ

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Et hop, le petit logo car on aime nos petites maisons d’éditions.
« Petit éditeur deviendra grand », les toutes jeunes éditions Lokomodo.

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Cette lecture a été réalisée en partenariat avec les éditions Lokomodo.

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MILLAR Martin – Les petites fées de New York

26/04/2011 24 commentaires

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Titre : Les petites fées de New York
Auteur : Martin MILLAR
Plaisir de lecture Livre avec entrée au Panthéon

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C’est peut-être à cause des canards provenant du violon de Dinnie que Morag et Heather sont allées souiller son tapis de vomissures. Imbibées de whisky, en kilt et l’épée à la main, nos deux fées aux cheveux mal teints débarquent à New-York. De l’autre côté de la 4e rue, il y a Kerry, adorable jeune femme qui tente le tout pour le tout, de finir son alphabet floral pour le concours, mais quel rapport ? Sans oublier qu’en Cournailles, ça chauffe, la révolution travailliste bout chez les fées car leur Roi leur fait vivre un enfer, mais quel rapport ? Quand Morag et Heather, débarquent, il faut s’attendre au pire !

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)°º•. Morag et Heather sont ce que nous pourrions appeler communément, des pestes fées. Sauf qu’une fée de Millar est forcément annonciatrice d’emmerdes. Elles aiment se pinter, s’insulter, se bastonner. En plus, elles volent, pètent, rotent et mentent. Voilà, le comportement idéal. On pourrait aussi rajouter qu’elles sont écossaises, fières de l’être. Elles sont aussi un tout petit peu (!) imbues d’elles-mêmes. Elles s’imbibent de whisky uniquement, elles se mettent dans les pires situations possibles. Mais malgré tout ça, elles sont aussi terriblement attachantes.
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Il y a également Dinnie, la saleté par excellence : il hait son prochain, est un raté fini, gras, paumé, sans le sou et pire que tout, c’est un très mauvais violoniste. Pas très loin il y a l’adorable Kerry. Cette jeune femme de vingt-cinq ans, aux cheveux bleus subit les affres de sa maladie. Elle cherche à apporter la dernière touche à son alphabet floral, et c’est tout, sauf évident.
Par ailleurs, Millar nous a concocté toute une ribambelle de personnages secondaires, il suffit juste de ne pas se laisser envahir par le flot.

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)°º•. Avec ce petit livre de 167 pages, c’est une histoire condensée mais fort riche que vous allez lire. De nombreuses histoires se déroulent en parallèle. Les thématiques sont nombreuses : soif de pouvoir, égoïsme, superficialité, apparence mais c’est grâce à la légèreté et la fraicheur utilisées par Millar que le tout passe très bien (et vite !).
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L’humour déjanté est aussi très présent. Il est volontairement grossier et vulgaire sortant de la bouche des fées… mais c’est ce qui fait toute la finesse de l’histoire, sans lourdeur. On se paye également de bonnes tranches de rigolade, on en pouffe derrière son livre. L’humour peut aussi être tour à tour, grinçant, un poil potache mais qui ne tombe jamais dans le sordide ou le scabreux.
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Bien qu’en impression, on pourrait croire que je parle d’un véritable capharnaüm, il n’en est rien. Tout va très vite : les retournements de situation sont nombreux, les enchainements des péripéties suivent un rythme fou. C’est rock’n’roll ! Ceci dit, certains éléments sont solutionnés très facilement, trop peut-être. Mais cette imperfection est mineure au vu de l’histoire que nous sert Millar. Un point bonus pour la couverture – dont peu raffolent – mais que moi, si, parce que tout est dit, cela représente tout à fait les deux morveuses ailées.

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)°º•. Biographie
Par lui-même « I’m Scottish, from Glasgow. I’ve lived in London for a long time. I write books under my own name, and I also wrote a series of books about Thraxas under the pseudonym of Martin Scott. My first novel, Milk, Sulphate and Alby Starvation, came out in 1987. I’ve had around 16 books published. Sometimes I’ve been successful, sometimes not so successful. I write every day. I like cable TV, music, books, films, and my friends. I also struggle with agoraphobia, which is quite severe. At the moment, the agoraphobia is winning. In 2002 I won the World Fantasy Award for Thraxas. My most recent book is Lonely Werewolf Girl. »
Martin Millar est écossais, de Glasgow et vit à Londres. Il a actuellement 16 livres à son actif, certains mieux réussis que deux. Il écrit tous les jours. Il est aussi connu sous le pseudonyme de Martin Scott sous lequel il signe sa saga « Thraxas » ; pour celle-ci, il a reçu le World Fantasy Award en 2002.
Son site, son facebook, son twitter.

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)°º•. Extrait

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Souvenir de lecture : Fantas… tique ! Des fées comme je les aime.

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Et hop, un petit billet pour la semaine celtique avec nos fées-pas-piquées-des-vers et notre auteur écossais !

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D’autres avis disponibles chez :
¤ Biblioblog,
¤ De l’autre côté du miroir (Laure),
¤ L’étrange bibliothèque de Calenwen,
¤ Mes lectures de l’imaginaire… (Olya),
¤ Mon coin lecture (Karine :)),
¤ Valeriane & Books,
… et plein d’autres chez Blog-O-Book.

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Pics : Morag n’ Heather par bhaneshide.

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COSTE Nadia – Fedeylins, les rives du monde

21/01/2011 23 commentaires

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Titre : Les rives du monde (Fedeylins, tome 1)
Auteur : Nadia Coste
Plaisir de lecture Livre avec entrée au Panthéon
Tome 2, tome 3, tome 4 | Interview de Nadia Coste

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Ouf ! Ca y est. Il vient d’arriver sur la berge… Après le déchirement de sa bulle, il a eu du mal à ne pas se noyer au fond de la mare. Maintenant il a rejoint son Monde. Cahyl. Oui, Cahyl se prénomme-t-il. Après son premier bain, Cahyl va se présenter aux Pères Fondateurs. Ces derniers vont lui indiquer sa caste, rôle indéniablement important au sein de leur société. Une marque sur l’os derrière l’oreille gauche lie chaque fedeylin à son destin. Et Cahyl est presque comme tout fedeylin, mais c’est ce presque qui fera de lui tout une différence. Cahyl est un non-marqué.

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)°º•. Les fedeylins sont des petits êtres hauts de quelques centimètres. Ils habitent au bord de la mare, leur Monde. Ils deux ennemis principaux : les migrateurs, ces horribles monstres volants blancs et noirs et les gorderives, avec leur bouche spectaculaire. Avec ces derniers, un pacte de non agression a été signé il y a de cela plus de 300 ans. Leur société s’organise autour de mères pondeuses. Les bulles déposées sur le lotus de ponte sont fécondées par les cinq Pères Fondateurs. Après cinq ans de maturité, les bulles se fendent et les petits larveylins rejoignent coûte que coûte le rivage. Les pertes entre les bulles non fécondées et les larveylins qui se noient sont importantes. Grâce à leur marque, ils sont répartis dans l’une des cinq castes : récolteurs, bâtisseurs, prieurs, transmetteurs et créateurs. Dans cette société réglée comme du papier à musique, chacun a un rôle défini, un destin tracé depuis que leur marque a été apposée. Leur vie est remplie d’embûches : en plus des attaques des migrateurs, ils doivent supporter les rigoureux hivers. Au rythme de Dor, et des lunes blanche et rousse, Nooma et Olyne ; les fedeylins accomplissent leur destin. Les larveylins deviendront des mudeylins pour plus tard, devenir les adultes fedeylins. Mais les tragédies, comme les moments d’allégresse, tout est à vivre. Tout est à accepter. Etre fedeylin, c’est accepter.
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Cahyl est un petit mâle très éveillé. C’est par ses mots, ses paroles, ses pensées que nous découvrirons le Monde. Pas facile de se noyer dans la masse quand l’élément le plus important de notre identité manque à l’appel. De nature plutôt posée, Cahyl possède un caractère agréable, sa vision des choses est relativement juste et il se met sans cesse en question. C’est grâce à sa fine intelligence qu’il va pouvoir naviguer dans ces eaux troubles.
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Cahyl partage son secret avec sa famille, sa mère Delyndha et ses sœurs (plus vieilles d’une ponte) Andara et Melyna. Cahyl, seul enfant de Delyndha né lors de la dernière ponte, se sent et est exclu de la société : les autres fedeylins trouvent son comportement étrange. Bien qu’aucun ne soit son ami, il est un peu plus proche de Dhimel et Brevael, ses voisins, et plus tard d’Alwin, de Wardan et de Naïlys. Lors de la cérémonie des bulles, le Père Fondateur l’a envoyé à la caste des transmetteurs : a-t-il caché la non-marque de Cahyl ou s’est-il trompé ? Pour sa survie, Cahyl va devoir se fondre dans un fonctionnement où il ne pense pas avoir sa place. Qu’arrivera-t-il à la cérémonie du Mudeylin ? Les Pères Fondateurs se rendront-ils compte qu’il est imposteur ? Quel chemin suivra-t-il pour ce destin déjà scellé ?
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Cependant, ce n’est qu’auprès de Glark, un ami bien étrange, qu’il se sent un peu « lui ». Il partage avec Glark ses ennuis, ses tracas, ses joies et une confiance mutuelle. Glark a trois pompons au bout de ces bras ; il a cet aspect gluant un peu repoussant et une large bouche qui pourrait s’étendre de l’oreille droite à gauche s’il en était muni. Glark et Cahyl sont différents mais une amitié forte grandit entre eux. Néanmoins, les rencontres avec Glark devront rester secrètes si Cahyl veut passer inaperçu.

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)°º•. Les personnages demeurent « humains », nous ne sommes pas dans une fantasy avec des héros super-musclés et des princesses super-gaulées. Ils sont complexes, pas stéréotypés et évoluent véritablement au sein de ce premier tome. Comment ne pas tomber amoureux d’êtres dont on imagine aisément leur aspect duveteux, leur peau de soie et leurs ailes de mousseline ?
Une des plus grandes forces de ce livre est que Cahyl, notre personnage principal est là, bien réel et non pas niais ni trop enfantin. On se délivre un peu de ces livres jeunesse qui impliquent et s’enferment dans un carcan avec des enfants que nous trouvons peu dégourdis, un poil trop innocents et pas assez réalistes. Ses réactions sont étroitement liées à son expérience. Son caractère est savamment dosé, on ne peut être que compatissant à son égard.
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L’originalité de ces larveylins est qu’ils naissent certes avec un inné mais aussi un acquis indéniable grâce aux Pères Fondateurs qui leur enseignent les connaissances de leur peuple dès que leur bulle est fécondée. A travers les yeux de Cahyl, nous prenons connaissance des mœurs de cette société dictatrice de bonheur. Cette structure sociale est divisée en castes et est en perpétuelle survie. De nombreux thèmes sont abordés dans ce livre : la différence, l’affiliation, l’amour, l’amitié, la violence, la recherche d’identité, le destin.
Tout est conté naturellement, avec cette facilité d’accéder à leur quotidien, d’effleurer des mystères, de comprendre cette empathie et de toucher un peu leur bonheur.
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Cette histoire nous est racontée à la première personne, Cahyl en est notre narrateur. Le rythme appréciable nous permet de tâtonner et de connaître le Monde grâce à Cahyl. On s’accroche aux pages, on a peur au coin du papier et on palpite à l’unisson avec le cœur de Cahyl. La plume de Nadia Coste est fluide, posée et efficace. Un équilibre se développe entre descriptions et action, le récit fait preuve d’une grande profondeur.

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Pour ce livre, je n’ai pas ressenti les désavantages d’un livre jeunesse avec un jeune personnage un poil trop naïf, une quête trop abracadabrante et des épreuves aisément relevées. Peut-être cela est-il dû à la volonté de Nadia Coste de se diriger d’abord vers l’écriture d’un roman pour adultes. Et enfin (et ô soupir de satisfaction), ce premier tome d’une tétralogie n’est PAS un tome d’introduction. On a beaucoup à se mettre sous la dent et c’est pour notre plus grande joie. Nadia Coste ne frustre pas le lecteur en lui baratinant des petites péripéties bénignes, elle dessine une trame générale et nous y implique dès les premières pages. Aussitôt la naissance de Cahyl… on entre dans le bain ! On s’attache irrémédiablement à lui.
J’aimerai tant vous décrire tout ce qu’il m’a plu, m’attarder sur les détails savoureux, les petits plus où se cache peut-être un secret. Mais autant tout garder secret et vous laisser le plaisir d’une lecture intacte. Vous l’aurez compris, ce premier tome est un très gros coup de cœur !

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Ce tome est découpé en courts chapitres, très appréciables. Chaque début de partie propose un extrait des textes de principes, de philosophie ou d’Histoire des Fedeylins. Ce manuscrit a été bêta-lu par le collectif CoCyclics. La saga ne compte pas moins de 2,5 millions de signes, pas moins de 4 tomes, tous déjà écrits et a connu en vérité 8 versions.
Ce livre est à paraître pour le 10 mars 2011. Le tome 2 « Aux bords du mal » sortira en octobre 2011, le tome 3 « Sous la surface » pour mars 2012 et le dernier « L’ombre des Pères » pour octobre 2012. Il va falloir être patient !

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)°º•. Biographie
Nadia Coste est maman de trois « larveylins ». Après sa mauvaise expérience d’un IUT métiers du livre, elle se tourne vers des études de commerce et intègre un service administratif de banque. Lors de ses loisirs, elle découvre la fantasy par son auteur préférée, Robin Hobb. L’écriture fait alors partie intégrante de sa vie. Nadia Coste commence à attaquer un sérieux sujet en 2004, les Fedeylins. Après six ans de réécriture, les éditions Gründ décident de la suivre dans cette aventure. La magnifique couverture est de David Revoy.
Son blog.

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)°º•. Extrait
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Dans le chaudron :
¤ Aux bords du mal, tome 2
¤ Sous la surface, tome 3
¤ L’ombre des pères, tome 4
¤ Langue de chat, interview de Nadia Coste

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Souvenir lié à cette lecture
: J’étais en phase, j’avais envie de douceur pas d’horribles zombies (pour une fois !). Prête à accueillir ce roman, et à m’y plonger littéralement dedans. Les pages ont défilé, défilé… Comment, c’est déjà terminé ?

Un autre avis disponible chez Book en Stock (Dup).
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Cette lecture a été réalisée en partenariat avec les éditions Gründ.
Un superbe service presse… Mes graines de lotus, poussent, poussent, mais n’ont pas toujours « éclos » 🙂
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Pics : #01 Green Elf par Laiquendi ; #02 Water Lily Fairy par Irenbel ; #03 Photo du service presse reçu.

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FAKHOURI Anne – Le clairvoyage

11/01/2011 19 commentaires

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Titre : Le clairvoyage
Auteur : Anne Fakhouri
Plaisir de lecture : coeur notation Livre avec entrée au Panthéon
Tome 2

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Clara vit dans un monde scientifique où chaque chose a sa place, où tout a une explication logique jusqu’à ce qu’elle atterrisse chez son oncle Antoine et sa tante Bébé, dans une maison qui cache beaucoup plus que ce que l’on pense. La vie a donné un sacré coup de pied à Clara, et malgré cela, elle est prête à tout : mais comment va-t-elle réagir en découvrant des signes suspicieux ? Jusqu’où pourra-t-elle aller dans la bataille qui fait rage ?
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De grandes questions en relation avec nos personnages demeurent… quelles sont leur réelle personnalité ? Ont-ils un secret ? Sont-ils tous liés ?

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)°º•. L’attachement à Clara notre héroïne, est très fort. On ressent beaucoup de peine pour la jeune fille à la mort de ses parents. On avance à tâtons dans l’histoire aux côtés et au rythme de Clara, grâce à l’emploi de la première personne comme narratrice et à l’utilisation de l’italique pour ses pensées. A 12 ans, elle est une personne intelligente et mature. Elle se révèle être une grande exploratrice et est prête à aller au devant de tous les dangers.

Elle est accompagnée par sa poupée Miss Buba. C’est d’ailleurs grâce à elle, si nourrisson, elle a pu survivre à une chute. Miss Buba est une coéquipière de choc et Clara peut lui faire confiance les yeux fermés.

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Antoine et Bébé accueillent Clara dans leur grande maison. Antoine est son oncle maternel et ils se sont très peu vus depuis ces dernières années à cause du comportement étrange de Bébé au baptême de Clara. Etrange, Bébé l’est toujours : elle reste la plupart du temps coincée dans son atelier aux rideaux fermés. Clara fait également la rencontre des deux sœurs de Bébé, Suze et Lia : elles tiennent toutes deux un magasin d’antiquités. Monsieur Hêtre veille aussi quelques fois à la tenue de la boutique. Vient s’ajouter Gauvain, le fils de Lia ; ils vont tous deux avoir le droit à de sacrées péripéties.

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Nous découvrirons d’autres personnages discrets mais non moins importants tel que le Chat Grain (une version plus noire que le Chat de Chechire d’Alice), de Puck le corbeau, de Titania Reine des Fées (oui, la Titania de Shakespeare) et une flopée de fées, sirènes et fantômes.

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)°º•. Anne Fakhouri est une très bonne conteuse. On tourne les pages très vite, on se surprend à retenir son souffle. Le flirt avec le merveilleux se fait par touches subtiles. On y trouve beaucoup de mythes et légendes mais ils n’ont pas été réécrits et c’est grâce à la seule interprétation du lecteur que l’histoire devient naturelle et très puissante. Y sont présents des références arthuriennes, du folklore et pas d’impression d’un livre ultra classique. Par la fracture dans la vie de Clara, l’auteur traite des thèmes plus profonds tels l’adolescence et la mort. « Le Clairvoyage » est un petit roman de 250 pages mais dont l’histoire est riche et originale. Par-dessus tout, prime la tendresse de l’auteur.

L’univers est magique, quelque peu féérique et tellement prenant. L’impression de brume en début de livre renforce ce côté de « miss Clara perdue ». Les ambiances sont délicieusement mises en place et participent à la part de mystère. Le suspense y est très fort et le retournement de situation appréciable.

Cette histoire est loin d’être seulement un livre « enfantin », il est au contraire accessible à et intéressant pour tous. Il est fort dommage que L’Atalante ne communique pas sur le fait que ce livre soit le premier tome d’un diptyque, on croit à un one-shot. « Le Clairvoyage » a par ailleurs reçu le Grand Prix de l’Imaginaire en 2010. La couverture est réalisée par Sarah Debove.

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)°º•. Biographie (source)

Anne Fakhouri a huit ans quand elle découvre le désert, Lewis Carroll et le roi Arthur. Son bac en poche, elle se destine à des études de lettres qu’elle oriente vers le mythe arthurien, participe à la création d’Actusf, un site de chroniques sur les littératures de l’imaginaire, et écrit. Aujourd’hui, mariée, une fille, elle vit à Paris. Le clairvoyage est son premier roman.
Un entretien de l’auteur à découvrir chez Elbakin.

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Souvenir lié à ma lecture : Mais comment fait-on pour n’avoir jamais entendu parler d’un livre pareil ?!
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Ce livre est voyageur
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Merci à Babelio et aux éditions L’Atalante

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D’autres avis disponibles chez : Loula, il était une fois…On ne voit bien qu’avec le coeur (Edelwe).

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DUFOUR Catherine – Le goût de l’immortalité

01/10/2010 10 commentaires

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Titre : Le goût de l’immortalité
Auteur : Catherine Dufour
Plaisir de lecture : Livre avec entrée au Panthéon
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2213, elle raconte son enfance à Har Rebin, entourée de trois piliers, trois femmes différentes : sa génitrice, prostituée en mal d’être, Iasmitine, la voisine sorcière-vaudou-allergologue-naturiste-et-autres, une femme redoutable et Ainademar à la voix râpée et au tendre amour pour le Pollen. Puis elle raconte son béguin pour Cmatic, jeune entomologiste installé dans la tour, venu enquêter sur une maladie qui semblait éradiquée. Un mot après l’autre, nous entrons dans ce monde où la vie et ses essences prennent des dimensions particulières, on suit les péripéties des uns et des autres qui gravitent dans l’environnement à elle. La vie, c’est comme une drogue. La vie, mais à quel prix ?

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)°º•. En 2304, une femme revient sur sa vie dans ses écrits. Ce roman est une lettre de correspondance, avec un ami, Marc. Ce récit a posteriori nous conte un monde où le ciel est jaune de pollution, où les insectes en Polynésie sont assassins, où l’enfer se trouve réellement en sous-sol. Sous une narration à la première personne du singulier, elle nous entraine toujours plus loin, dans un univers sombre où les objets ont perdu leur nom propre et possède une majuscule, ces objets du quotidien, qui n’existent plus maintenant, en Manchourie.

Notre troupe de personnages principaux et secondaire se révèle être tout haut en couleurs. Des âmes singulières qui ne laissent pas indifférent.
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Elle, est une petite fille dont on ne connaît pas le nom, du temps ingrat, très en colère, mais une caboche bien remplie. Bien qu’elle ait un faible pour cmatic, elle n’en deviendra pas moins, une très bonne alliée.
 » J’avais définitivement les épaules étroites, la courbe des cuisses droite, le ventre plus saillant que le torse, la tête plus grosse que le reste et des traits marqués du bout du doigt. Je me cachais dans le flot sombre de ma chevelure comme dans une source miraculeuse, un soleil noir de la maturation, j’en ressortais toujours aussi inachevée, tel un Alevin translucide. »
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Ainademar, c’est un ensemble de prothèses. Ne suivant pas de traitement hormonal post-ménopause, elle a le dos voûté et est fière de son doigt tordu par l’arthrose. Cette femme soigneuse, elle porte difficilement ses quatre-vingts ans mais elle voue un amour sans borne à elle. Elle s’occupe d’une dizaine de serres entassées dans les couloirs de la tour. Son travail minutieux permet de conserver des Plantes, du Bambou et de l’Osier. Ainademar est polléinisatrice en voie d’extinction.
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Iasmitine est une femme qui s’assume, tant par son physique asiatique, son port de tête magistral, ses cheveux noirs bouclés et sa peau mate tant que par ses activités. Quelque peu obscure, iasmitine travaille à éliminer bon nombre de maux. Et pour elle, toute technique est valable. A la fois à la pointe des technologies, et sorcière vaudou, iasmitine embaume la vie d’elle, d’une manière omniprésente.
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Dans ce monde, il est possible de choisir non seulement le sexe de son enfant, mais également ses attributs génétiques. C’est pourquoi cmatic a reçu grâce à sa fiche génétique prénatale E123.5, un taux de mélanine plutôt bas avec des yeux clairs et une chevelure blonde. Sa peau est comme du velours et à sa naissance, il était protégé de vingt-cinq maladies auto-immunes. Cmatic, dans la vie, est paumé. C’est sans doute, un de ses traits principaux en plus de sa sensibilité. Il a été « choisi » (nous pouvons dire obligé) pour mener une enquête sur le cas d’une maladie censée être éradiquée en Polynésie. Ses indices et choix l’amène à investiguer dans la tour où elle habite, à Har Rabin.
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Shi est plutôt charmant et relativement beau gosse. Malgré sa mâchoire carrée, il a de longs cheveux soyeux et a cette façon de baisser les yeux sur le côté de timidité quant on s’adresse à lui. Dans sa vie, shi connaitra moult revirements de situations, avec le principal défaut de s’attacher aux mauvaises personnes.
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Cheng est une fille au bord de la majorité, affamée et insouciante. Elle traine généralement avec les mendiants, les vendeuses d’oxygène, les trafiquants de greffes frelatées, les dealers de psychotine, joue de la guitare et de la cithare. Entrainée par sa peur, elle court au refuge et sa vie va basculer.
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Path est androgyne roux de deux mètres et un sociopathe bourré de génie. Ce qui le caractérise le mieux est sa sauvagerie démoniaque, ses tatouages écarlates et son succès sexuel auprès des deux sexes. Sans aucun doute, c’est l’être qui vous terrorisera et vous intriguera le plus, lors de votre lecture.

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)°º•. Attention, c’est du Dufour, certes. Mais ce n’est pas comme sa précédente trilogie, ce n’est pas foison d’humour, d’ironie & autres calembours à vous en tordre le bide. Catherine Dufour a mis un an et demi à écrire « Le goût de l’immortalité », « tout à la main sur Papier d’Arbe au fond d’un bar enfumé en buvant de la bière ».

Il m’est très difficile de faire un résumé de ce livre, comme vous avez pu le voir. Mais le travail d’écriture est minutieux. Son talent singulier permet d’offrir aux lecteurs un roman sublime. Il est quelque peu dérangeant, sûrement. Mais l’écriture au scalpel est délectable. Je peux rattacher beaucoup d’adjectifs à cette histoire : ironique, doucereuse, acérée, incisive et corrosive. Les phrases assassines sont superbes et l’intrigue assez complexe (mais je ne vous dévoile rien des ressorts).

L’histoire se présente dans un futur pas si éloigné de ce qu’en sera la réalité à ce moment là. Au début, le livre m’a curieusement fait penser à « Le meilleur des mondes » où Aldous Huxley nous donne une vision pragmatique. Dans cet univers fantastique, les nouvelles technologies côtoient d’un côté, l’aspect bestiaire de certains bourreaux à machette et de l’autre côté, le mysticisme et la magie vaudou. Catherine Dufour fait naturellement du futur (dans le livre), un passé pour elle. L’effet est réel, l’univers est maintenant créé. Ce monde est cruel, grouillant, sordide, impitoyable, raciste, nauséabond et malsain. C’est la scène de théâtre, l’important. L’idée de confrontation d’atmosphères est admirablement gérée. S’y cachent des vérités criantes de notre propre société.

L’histoire est racontée à la première personne avec un narrateur presque omniscient. On se rend vite compte que les rapports humains sont à la déchéance. Ce tout amène à une mosaïque d’émotions, de moments et de personnages. Le tableau est relativement morbide avec des touches de bonheur si fugaces d’un ton étonnamment léger. Bref, « Le goût de l’immortalité » est tout simplement d’une grande beauté.
Totalement subjuguée, je l’ai lu d’une traite sur 48 heures. Et ça, ma parole, c’est preuve de chef d’œuvre.

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)°º•. Catherine Dufour, née en 1966 est un écrivain français. Elle est notamment connue pour sa trilogie burlesque « Quand les dieux buvaient ». De nombreuses fois récompensée, elle compte maintenant parmi les auteurs à découvrir absolument. Et une citation de Cafard cosmique que je trouve superbe « écrivaine française de fantasy délirante et de science-fiction sérieuse ».

L’illustration magnifique du livre chez Mnémos est de Caza.
Bien qu’on dise souvent que la quantité ne fait pas la qualité, il faut bien dire qu’ici, c’est vrai avec les nombreuses récompenses : Prix Rosny Aîné 2006 (prix du roman de SF francophone), prix Bob Morane du meilleur roman francophone 2006, prix du Lundi 2006, et le grand prix de l’Imaginaire 2007.

Extrait du livre lu à voix haute par l’auteur elle-même.

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)°º•. Extrait

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Souvenir lié à ma lecture : là, en vacances, à minuit passé, ramenée sur moi dans ce fauteuil blanc, là, dans l’après-midi, installée sur un siège en bois de korrigan. Là, pendant 48 heures, à dévorer.

La lecture de ce livre s’est réalisée dans le cadre du Cercle d’Atuan.
Retrouvez les critiques des membres : Arutha, Calenwen, Ryû.

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D’autres avis disponibles chez : A la lettre (Karine), Avis de VicklayLes lectures d’EfelleQuoi de neuf sur ma pile ? (Gromovar), Bibliotheca (Marc).

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Pics : #1 Couverture de Caza ; #2 path selon Catherine Dufour ; #3 Basement de lit-it-di

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