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MARSHALL SMITH Michael – Les Domestiques

19/05/2010 6 commentaires

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Les domestiques Marshall SmithTitre : Les Domestiques
Auteur : Michael Marshall Smith
Plaisir de lecture : etoile 5  Livre fantas… tique

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Mark est un jeune adolescent de onze ans qui vient d’être déraciné de chez lui.
Après le remariage de sa mère avec David, il est contraint de quitter Londres pour s’installer avec eux à Brighton. Brighton, il connaît : il y allait durant ses vacances, avec sa mère et SON vrai père ; ils flirtaient avec les vagues et faisaient les petites boutiques de la rue passante. Le soir, ils commandaient souvent de la nourriture asiatique livrée.
Mais là, c’est genre, pour toujours. Il n’a encore pas recommencé l’école et va devoir faire face à son beau-père qui fait tout pour lui mener la vie dure. Brighton est une station balnéaire qui a été très cotée par les bourgeois londoniens il y a plusieurs décennies ; maintenant, c’est « plutôt mort ». Surtout qu’il n’a pas le droit de franchir le lotissement et son seul loisir est le skateboard : il tente tant bien que mal de le maitriser… mais finit bien souvent la tronche contre le bitume.
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C’est après une énième journée à se morfondre que Mark découvre que l’appartement du sous-sol semble habité, la porte est ouverte. La vieille dame l’ouvre en grand et lui demande de lui changer son ampoule. De fil en aiguille, il est invité à venir boire le thé et à manger un demi-biscuit infect. Pour contrebalancer la prise de bec entre Mark et David, la vieille dame souhaite lui donner du réconfort en lui livrant un secret. Elle lui fait visiter des quartiers inconnus : la demeure des domestiques. Et oui, cette vieille maison ne renferme un appartement au sous-sol que depuis quelques années seulement, avant il s’agissait de l’endroit où « vivait » le personnel.
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De retour chez lui pour y passer la nuit, Mark surprend des murmures, de minuscules bruits qui proviennent de la cloison de l’ancien escalier des domestiques. Sont-ce des fantômes, son imagination débordante ou son rêve si réaliste ?

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)°º•. Nous voilà entrés de plain pied dans l’univers écroulé d’un adolescent qui n’a rien demandé. Mark, avec un moral au fond des chaussettes, erre sur la plage (seulement celle devant le lotissement) en maudissant son skateboard. On va découvrir avec cette histoire, l’apprentissage de la vie… et ses perceptions !
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Ce livre est un instant de vie très bien capturé. On aimerait réellement rentrer davantage dans le côté « fantastique », mais ce n’est pas le but du roman. Pour ceux qui veulent de la magie dans tous les sens, il vaut mieux passer son chemin… tout comme les chercheurs de fantômes en puissance. Il est davantage question de ce petit bonhomme et de sa maturité.

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L’histoire est poignante, les ambiances sont superbes. Le pilier central du roman repose sur la grande place faite aux émotions et on se projette facilement aux côté de Mark, dans ces lieux si bien décrits. Le livre ne fait pas office de source à terreur mais d’atmosphères finement créées. Et puis, le suspense est relativement fort… A-t-il rêvé ? Qu’y-a-t-il derrière cette porte des quartiers des domestiques ?
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Le scenario n’est pas vraiment original mais le récit est bien conté et Marshall Smith se montre belle plume. La fin me semble quelque peu précipitée, et comme tout lecteur insatisfait éternel, j’aurai véritablement voulu que le mystère soit plus long et qu’il soit abordé plus en profondeur !

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)°º•. Michael Marshall Smith, né en 1965 en Angleterre vit actuellement aux Etats-Unis. Il s’éclate plutôt en « horreur » mais devient très vite populaire dans le royaume de la SF où il prend un malin plaisir à mélanger les genres et à se jouer des étiquettes, pour le plus grand bonheur de ses fans.

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L’illustration d’Anne-Claire Payet, présentée par Milady est bien « calibrée ». C’est grâce à elle, que ce livre – qui m’était totalement inconnu au bataillon – m’a fait de l’œil. « Les Domestiques » était présenté sur un support spécial par la médiathèque et son petit format – A6 de trois cent pages – avait tout pour me séduire !

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)°º•. Extrait :

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[La vieille dame] déposa une tasse de thé à côté de lui. Elle ne ressemblait à aucune des tasses à thé qu’il avait vues auparavant. Le liquide était d’un brun sombre, presque rouge.
_ Voilà.
_ Est-ce que c’est… un genre de thé spécial ?
_ Non, dit-elle en se laissant doucement retomber dans l’autre siège. C’est seulement fort la plupart des gens font leur thé bien trop léger. Et à quoi est-ce que ça sert ? Si vous voulez du thé, buvez du thé. Voilà ce que j’en dis.

A côté de la tasse, elle déposa une assiette sur laquelle était posé le contenu de son sac en papier brun. Il s’agissait d’un gâteau, mais d’un genre auquel Mark n’était pas habitué. Il pensait pourtant avoir vu des choses comme ça à vendre au Point de Rencontre. Le gâteau avait été soigneusement coupé en deux. Mark prit l’une des parts et y mordit prudemment. Il était dur, il avait un goût de farine et était garni de petits raisins. Ca ne collait pas avec l’idée qu’il se faisait de quelque chose de bon.
_ Très bon, dit-il en le reposant.
_ Continue, rétorqua-t-elle. Tout n’est pas bon à la première bouchée.
Cela ressemblait désagréablement au sermon que David lui avait fait à l’étage, avant qu’il s’enfuie. Et Mark se redressa sur son siège.
_ Oh, trésor, dit la vieille dame, est-ce que j’ai dit quelque chose de mal ?

Ils restèrent ainsi un moment. Mark reprit le gâteau et y mordit encore. Le goût était toujours bizarre, comme venu d’un temps où les gens mangeaient des trucs parce qu’ils étaient obligés de manger, et pas parce qu’ils espéraient en retirer du plaisir. La guerre peut-être, déduisit Mark, lorsque les choses avaient été en général de moins bonne qualité. En revanche, il aimait le thé fort. Et les troisième et quatrième bouchées de gâteau – il avait entre-temps revu son niveau d’exigence à la baisse – n’avaient pas été aussi mauvaises. Les raisins, au moins, étaient bons.

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 Les Tocades d’Eiram, Mes Imaginaires (SBM), Welcome to Nebalia (Nébal) ont aussi passé la porte des quartiers des domestiques.

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FUNKE Cornelia – Cœur d’encre ~ Cœur d’encre, tome 1

18/12/2009 22 commentaires

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Coeur d encre FunkeTitre : Cœur d’encre (Trilogie Cœur d’encre, tome 1)
Auteur : Cornelia Funke
Plaisir de lectureetoile 5 Livre fantas… tique
Tome 2, tome 3

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 Meggie, jeune fille passionnée par les livres habite avec son père Mo, relieur de profession. Un soir, Meggie surprend une drôle de personne attendre devant leur porte d’entrée. Mo averti, il fait entrer la personne qui se présente sous le nom de Doigt de Poussière. Intriguée, Meggie ne pourra entendre réellement leur conversation, hormis le nom de « Capricorne » et le fait qu’il recherche urgemment un livre rare. Le lendemain, sans crier gare, Mo plie bagages et remplit des caisses de livres : ils partent chez la tante Elinor de Meggie en Italie. C’est une urgence, des livres à réparer ! La venue d’un étranger et la précipitation de leur voyage imprévu inquiètent Meggie… Et si c’était le début d’une nouvelle histoire ?

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Coeur d encre 01)°º•. Cornelia Funke nous propose une histoire originale autour d’un livre peu commun. J’avoue que j’éprouve certaines difficultés quant à vous donner envie sans vous en révéler trop de peur que son côté magique ne soit plus une surprise.
Hormis quelques actes prévisibles, ce livre a le doucereux bruit de murmures et de pages froissées. L’histoire est délicatement brodée et nous emmène naturellement auprès des personnages. Il y a quelques redondances dans l’histoire (enlèvement, échappée, enlèvement,…). Cependant, il fait tout simplement partie des livres si chers à nos cœurs car ils ont la faculté de nous propulser très vite dans l’imaginaire et de nous rappeler certains souvenirs d’enfance.
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Bien qu’une première impression d’une histoire un peu enfantine, le livre sait charmer par le côté « magie ». Y est déployé un monde fantastique où… littéralement, on entre dedans !
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L’auteur a exploité le livre, en tant qu’entité, sous toutes ses coutures. Nous y retrouvons différentes fonctions autour du livre : le réparateur, le conteur, le lecteur, l’auteur et le livre lui-même. Cet attachement au livre apparaît même dans la structure du livre : une citation de littérature « jeunesse » introduit chaque chapitre (La Belle et la Bête, Peter Pan, le Petit soldat de plomb, Les quatre filles du Docteur March, etc.). L’équilibre entre imaginaire et réalisme est un attribut certain pour enivrer le lectorat. Dans la façon de raconter, le vocabulaire parait très imagé, les nombreux dialogues aidant. Le livre se suffit à lui-même avec une fin exquise mais l’ouverture subtile permet de caracoler en direction des autres tomes.

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Coeur d encre 02)°º•. Qui n’a jamais rêvé de voir les personnages sortir du livre ?
Leurs préoccupations sont réalistes, ils ont, en majorité les pieds sur terre. L’identification aux personnages est forte. Toutefois, les méchants demeurent un peu unidimensionnels et quelque peu caricaturaux.
Cornelia Funke a pourvu chaque personne d’un rapport particulier au livre : il peut être tantôt considéré comme une menace, une passion, un instrument de pouvoir, un ami ou un objet de grande valeur sentimentale. Indéniablement, cet aspect où le livre figure au cœur de l’histoire est le point fort de ce livre.
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Funke s’appuie énormément sur l’utilisation des personnages pour « raconter » les sentiments ressentis lors de telle ou telle action. Cela permet bien souvent d’avoir un panel intéressant, des émotions différentes selon le caractère et de visualiser une scène de plusieurs manières. Notons tout de même que cela sera le personnage de Meggie à travers lequel essentiellement, l’histoire sera vécue.
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Meggie, notre jeune héroïne demeure un personnage peu charismatique au vu de sa place dans l’histoire. Elle est relativement fermée et j’ai eu du mal à m’y accrocher. Néanmoins, elle va entrer dans un monde qui la dépasse et saura prendre des décisions. Jeune fille volontaire, elle devrait charmer les « jeunes » lecteurs. Nous avons également, Mo, son papa , encore appelé « langue magique » est plutôt discret. Il détient des secrets qui semblent peser lourd mais sa voix est scellée… Nous rencontrons aussi Elinor, la tante bibliophile excentrique. Autant vous dire qu’elle a eu de suite et indéfiniment toute ma sympathie. Plus que passionnée, elle est folle. Folle des livres, et dans les grandeurs. Et ses malheurs m’ont énormément touchés car ils sont inversement proportionnels à sa gentillesse. Nous découvrirons les énigmatiques Doigt de Poussière et sa martre Gwin, ainsi que l’effroyable Capricorne et ses infernaux acolytes Basta & Nez Aplati.
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Hormis celui manifeste de l’amour du livre, l’histoire fait la part belle à l’enfance ; sans pour autant tomber dans la facilité ni dans la mièvrerie. Au demeurant, nous entrons dans un monde ni tout blanc ni tout noir. On se surprend à éprouver de la crainte envers les gentils et de la pitié envers les méchants. La psychologie des personnages est travaillée et cela favorise indubitablement à la qualité du récit.

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Cornelia Funke nous propose une histoire autour du livre en tant que véritable symbole. L’histoire qui se déroule, nous l’avons tous rêvé un jour… Meggie, Mo et Elinor l’excentrique ne sont pas au bout de leurs surprises. Accompagnés par Doigt de Poussière, ils vont rencontrer Capricorne qui est bien décidé à obtenir ce qu’il souhaite avec l’aide de son acolyte Basta. Entre réalisme et imaginaire, laissez-vous porter dans un monde magique où les méchants suscitent la pitié, où les plus grands malheurs inimaginables peuvent arriver. Sans aucune mièvrerie, l’auteur offre un livre très imagé et qui nous prend au cœur et aux tripes.
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stamp coeur d encre

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Cornelia Funke)°º•. Biographie
Cornelia Funke est connue en tant qu’écrivain et illustratrice de livres enfants et jeunesse. Allemande de nationalité et éducatrice pour enfants de métier, Cornelia Funke s’est essayée à son premier roman en 1988 et travaille maintenant de manière indépendante. Elle a reçu le Book Sense Award de l’année, le Mildred L. Bachelder Award, le Prix Suisse de la littérature jeunesse, le Prix du Livre pour enfants de Zurich ainsi que le Torchlight Children’s Book Award anglais. En 2008, elle reçoit également la plus haute distinction allemande, l’Ordre du Mérite.
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La trilogie « Cœur d’Encre » est un best-seller, traduit en 19 langues et vendu à plus de 4 millions d’exemplaires. En 2006, elle reçoit pour ce roman le Grand Prix de L’imaginaire.

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En 2008, Iain Softley a adapté Cœur d’Encre au cinéma. Film sympathique mais sans plus…

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)°º•. Extrait

Quand tu emportes un livre en voyage, lui avait dit Mo en mettant un premier livre dans sa caisse, il se passe quelque chose d’étrange: le livre se met à rassembler tes souvenirs et, plus tard, il suffit que tu l’ouvres pour te retrouver à l’endroit même où tu l’avais lu. Dès les premiers mots, tout revient : les images, les odeurs, la glace qu’on mangeait alors…

Crois-moi, les livres sont comme le papier dont on se sert pour attraper les mouches. Les souvenirs n’adhèrent nulle part aussi bien que sur des feuilles de papier imprimé.

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Coeur d encre 04  Coeur d encre 03

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 Les lectures d’Alexielle et A livre ouvert l’ont aussi lu.

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STURGEON Théodore – Cristal qui songe

30/11/2009 14 commentaires

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Titre : Cristal qui songe
Auteur : Théodore Sturgeon
Plaisir de lecture Livre fantas… tique

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Horty Bluett a 8 ans quand il fugue. Il vient d’essuyer une énième colère de son père adoptif et de perdre trois doigts à la suite des violences subies. Il a 8 ans, se retrouve en pleine rue, la nuit. Par hasard, il croise son amie Kay Hallowell, lui dit au revoir et la promesse de la revoir.
Et voilà un camion qui déboule, des étranges inconnus qui le prennent sous leur aile et l’embarquent vers des chemins inconnus. Propulsé dans un bar, il rencontre la bande. Ces gens marginaux, certain à la peau verdâtre, d’autres de petites tailles, l’adoptent. Après l’accord de Cannibale, le propriétaire du cirque, Horty va trainer ses savates et se construire grâce à la vie en communauté foraine. Au sein de cette famille de cœur, Horty va partager son temps, son attachement et développer son don de mémoire eidétique. Mais est-ce la seule facilité qu’il possède ? Pourquoi le directeur du chapiteau est-il surnommé Cannibale ? Pourquoi la troupe entière tremble devant lui et se bouche les oreilles aux gémissements d’étranges cristaux vivants ? Les phénomènes ne sont pas forcément « du cirque »…

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)°º•. Très vite, nous sommes plongés dans cette famille au grand cœur. La micro société que représente le cirque est peuplée de « monstres » très attachants. Ces freaks et autres énergumènes de foire apprendront la vie à Horty. Notre jeune garçon va évoluer parmi les gentils et les méchants. Une pression forte, une impression irréaliste tournent et planent autour de son noyau de vie. Heureusement, Horty garde encore son point d’attache, un diable à ressort reçu à l’orphelinat.  Horty entretient des relations très fortes avec Junky et y tient comme à la prunelle de ses yeux.
Horty c’est le gamin que tu vas voir grandir sous tes yeux que t’y crois pas ! Gentillesse et générosité sont son leitmotiv mais il va être désarçonné, rejeté à plus d’un titre.
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Le Cannibale, ex Pierre Ganneval n’est pas étranger à l’atmosphère pesante qui plane sur le cirque. Ce grand misanthrope a depuis longtemps été déçu par la cause humaine. Délaissant l’être humain dans toute sa splendeur, il s’intéresse davantage à des bizarreries scientifiques.
Le Cannibale, c’est le méchant de l’histoire. Mais méchant-méchant. Un vrai de vrai. Que t’aimerais même pas le croiser dans tes pires cauchemars. Enfin, bref, avec l’ingéniosité et la cruauté dont il fait preuve, tu vas en rester plus que baba.
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Famille recomposée de membres rejetés par toute structure sociale, le cirque se compose de freaks et autres énergumènes de foire. Nous croisons tantôt des hommes à la peau verdâtre, tantôt des hommes sans poumon, et quelques nains au physique particulier. Ces « monstres » très attachants n’en représentent pas moins une micro-société. Ce sont ces gens montrés du doigt qui vont apprendre le plus à Horty et vont lui permettre de traverser les obstacles qu’il rencontre.
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Enfin et non des moindres, des personnages pas forcément « principaux » en terme où on l’entend, mais non moins cruciaux, les Cristaux. C’est autour de ces « objets » que se forge notamment l’intrigue. Ces derniers vivent, communiquent, ressentent la douleur, sont faits « de chair, sève, bois, os et sang » et construisent des rêves épatants. Leur communication reste énigmatique, et c’est certainement bien là-dessus que naissent affabulations et machiavélisme.
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Bien que pour certains lecteurs, le Cannibale est une pâle copie mal réussie d’un vrai méchant ; je n’en démords pas, que je n’aimerai pas le croiser en vrai. Le véritable défaut, cependant mineur, réside pour moi dans le statut presque immuable de « gentil » et de « méchant » des personnages. Dommage… Cependant, et cela est sans doute le plus gros point positif de ce roman à mes yeux, la vie des Cristaux est splendide et j’admire l’imagination de Sturgeon. Leur existence atteint quelque sommet poétique et c’est un vrai délice de se délecter des paragraphes (pseudo ?) scientifiques et des envolées exaltées que l’auteur manifeste.

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)°º•. Bien sûr, plusieurs thèmes sont abordés par cette histoire et la plus grande réside en l’image forte de l’humanité et de ses valeurs. La marginalité montre la double facette indispensable de vivre et survivre. Dans le bouquin, on en arrive presque à la lutte du bien contre le mal. Mais il n’en demeure pas moins que pour (sur)vivre, il faut alors avoir la faculté d’adaptation. Marche ou crève en quelque sorte… J’ajouterai qu’on retrouve même une vision poétique voire une hymne à la différence.
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Une de mes plus grandes interrogations au fil des pages a été de me demander quand l’horreur (et secondairement la méchanceté) allait arriver. Sturgeon a su mettre en place des atmosphères en très peu de temps, et qui enveloppent entièrement le lecteur. Souvent on tâtonne, on reste dans la brume. Et grâce à une intrigue plus que palpitante, on se questionne beaucoup. Sturgeon a su distiller avec succès les informations, garder de grands mystères ; actes qui participent au « pourquoi ? » général.
Dans le cadre de la lecture commune du Cercle d’Atuan, les débats ont été riches et passionnés, les différentes théories qui entourent Horty, Junky et les Cristaux (ainsi que le rôle des personnages secondaires) ont eu la belle part de nos bavardages. Il va sans dire que les interprétations des écrits ont été différentes d’une personne à l’autre. Relativement jouissif !
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El Jc a très bien définit la plume de Sturgeon via le forum,  « aspect humaniste et bouleversant et ce avec une grande économie de mots ». La fluidité du style n’est pas en reste et le charme étrange du bouquin participe à accrocher à l’histoire. On apprend aussi, que c’est le roman le plus réussi et le autobiographique de Sturgeon, car il se vouait à la culture physique plus jeune, dans l’objectif de devenir acrobate. Malheureusement, la vie en a décidé autrement…

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Sturgeon nous délivre une histoire très palpitante où le thème de la différence est servie sur plateau. Confiné aux abords de la vie de phénomènes de foire, le lecteur est entrainé dans un monde où les atmosphères sont prenantes, où l’on reste dans un endroit brumeux et quelque peu cruel. Nous suivons le trépidant d’Horty qui bien malgré lui, se retrouve au centre d’étranges affaires. La vision des Cristaux, leur existence et leur fonctionnement demeurent le point d’orgue magnifique de ce récit. Oserez-vous plonger dans ce livre énigmatique ?

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)°º•. Biographie
via Wikipedia
Théodore Sturgeon, de son vrai nom Edward Hamilton Waldo ou Edward Waldo, est né le 26 février 1918 et mort le 8 mai 1985. C’est un écrivain américain de fantastique et de science-fiction, dont le talent s’est exprimé à travers de nombreuses nouvelles et quelques romans.

Plus que son style, l’ambiance et les thèmes abordés dans ses écrits font de cet auteur un cas particulier dans l’univers de la SF et du fantastique. Certains parlent à juste titre d’un univers « Sturgeonien ». On retrouve dans ses écrits des traces d’événements de sa propre vie qu’il a explorée d’une manière presque « thérapeutique » pour en faire quelques chefs d’œuvres, où l’humain prime toujours…

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¤ Adaptation :
La chaîne américaine de télévision HBO de 2003 à 2005 a diffusé un feuilleton de 24 épisodes en deux saisons inachevées. Ce dernier repose sur deux romans de Sturgeon et se nomme  « Carnivale » (fête foraine). La référence à l’auteur a été volontairement mise de côté afin que le public ne soit pas assujetti aux préjugés de la littérature sturgeonienne qui avait créé des scandales dans les années 1950 (le thème de la différence, on en parlait quelques paragraphes au dessus). Sans oublier que des références aux œuvres originelles, l’adaptation n’en garde plus grande trace afin de mieux coller aux envies d’un public qu’on voulait massif.

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¤ Extrait :

Horty poussa doucement Junky sur le pupitre e pressa un bouton usé sur le côtté du cube de bois. Violemment d’abord, puis en hésitant sur son ressort rouillé et enfin avec une sortie de défi triomphant, Junky émergea de sa prison. C’était un diable à ressort, reliquat d’une génération aux mœurs innocentes. Il avait une tête de polichinelle dont le nez crochu tout écaillé rejoignait presque le menton pointu. Dans la mince fente qui les séparait s’étalait un sourire chargé d’expérience.
Toute la personnalité de Junky (et c’était la raison principale de l’affection que lui portait Horty) résidait dans ses yeux. Ils semblaient faits d’une sorte de verre teinté, moulé ou taillé à arêtes mousses, qui, même dans une chambre obscure, avait un reflet, un scintillement étrange et complexe. Maintes et maintes fois Horty avait cru constater qu’ils possédaient une espèce de rayonnement propre – mais il n’avait jamais pu en être tout à fait sûr.
_ Bonsoir, Junky, murmura-t-il.

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45788423_pLa lecture de ce livre s’est réalisée dans le cadre du Cercle d’Atuan : Chimère, El Jc, Olya, Ryuuchan, Spocky, Tigger Lilly, Vert.
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Mes Imaginaires (SBM) en parle aussi, Nebal a rédigé un bien bel article sur Sturgeon.

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SAKURAZAWA Erica – Entre les draps

02/11/2009 8 commentaires

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Titre : Entre les draps
Auteur : Erica Sakurazawa
Plaisir de lecture :  Fantas… tique

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Saki et Minako sont deux meilleures amies. Sauf que Saki plait. Elle plait aux hommes, elle fait l’objet d’une passion dévorante de la part de son amie Minako. Un beau jour par jalousie, cette dernière dort avec Ken, le chéri de Saki. Et tout bascule ou presque. Amours, amitié et autres (dés)illusions.

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Cette relation ambiguë entre les deux femmes est la base et la force l’histoire. Tout simplement… Partagées entre amours passionnantes et amour fraternel, les deux jeunes femmes s’offrent une vie complexe. Entre elles deux, il y a ces amours indéfinissables ; entre elles deux, il y a aussi des hommes. Nous retrouvons bon nombre de sentiments : jalousie, trahison, amours sincères et désarroi.

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Ce one shot est sur le net, classé en tant que Yuri. Mais en est-ce vraiment un ?
Selon la définition de Wikipédia : Au Japon, le terme yuri (百合 qui signifie littéralement « lys », les noms de plantes étant souvent utilisés pour les prénoms féminins) fait référence aux relations homosexuelles entre femmes.
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Je vous dirai que … non. Non, ce n’est pas un Yuri, c’est beaucoup mieux que ça. Ce n’est pas de l’érotisme soft, c’est juste une relation quelque peu nébuleuse entre deux femmes qui se portent un attachement sans limite. Ce manga « libéré » permet à Erica Sakurazawa de travailler sur le nu : il est présent dans ce manga uniquement en fonction des situations ; ainsi la nudité des corps est plutôt une appréciation libre et non incitative au sexe « exécutoire ».  Cependant, l’histoire comprend des scènes de sexe explicites, à bon entendeur…

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De par les dessins quelques fois brefs, extraits de simples gestes, en découlent une atmosphère elle aussi faite d’ambiguïté et d’incertitude. Les aplats noirs et les trames en grand nombre accentue le psychologique : finalement, à sa lecture, notre propre sensibilité ressort.  Ce manga propose peu de personnages, mais suffisamment travaillés et le rythme parait très naturel et aisé à suivre.

Découvert au hasard des rayons bibliothécaires, je ne pensai pas rencontrer une œuvre pareille. Tout simplement parce que les manga, c’est une palette tellement large qu’on n’en oublie souvent les œuvres un peu « à part », un peu trop « sérieuses » et qu’on s’imagine fort bien, en idée reçue,  des adolescents lisant du Naruto, point.

J’ajouterai que cette œuvre japonaise ne peut pas plaire à tous : 1°) parce qu’il est pour public averti (+18 ans), 2°) parce que le sujet traité ne peut pas plaire 3°) parce que ce manga présente une certaine maturité.

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CITRIQ

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VANDERMEER Jeff – La cité des saints et des fous

04/05/2009 12 commentaires

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Titre : La Cité des Saints et des Fous
Auteur : Jeff VanderMeer
Note :  Livre fantas… tique

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Ambregris est une ville mystérieuse qui se situe sur les côtes du fleuve Moss. Elle a pris naissance de par le sang de ses créateurs et abritera de curieux Chapeaux Gris. Contée par ses habitants – champigniens lugubres, artistes dévoués, politiciens perdus – Ambregris devient une ville d’une grande beauté froide. Sa raison d’exister est le culte du Calmar Royal qui peuple le fleuve Moss. Grâce à ce recueil, vous serez littéralement transporté au cœur de la cité d’Ambregris… de bien de curieuses façons…

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)°º•. Cette critique va paraître complètement absurde.
Il est très difficile de pouvoir en dire plus sans dévoiler l’intérêt de ces histoires sans en casser l’effet de surprise. Ce roman n’en est pas un : c’est, pour moi, un recueil de divers documents traitant d’Ambregris; la richesse provient des types de documents mis à disposition. Alors, certes, il part dans tous les sens, mais il n’en demeure pas moins compréhensible et cohérent ; mais comment expliquer ce phénomène ?
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Ce monde créé de toutes pièces (ou peut-être pas) par Jeff VanderMeer est un patchwork d’émotions :  fou, glacial, morbide, drôle, grotesque, déchirant… On trouve tour à tour, poésie & horreur.
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Au programme (Source : Le Cafard Cosmique)
• « Le Véritable Vandermeer » par Michael MOORCOCK, paratexte
• « Dradin amoureux »
• « Guide Hoegbotton de l’Ambregris des premiers temps par Duncan Hurle »
• « la Transformation de Martin Lac »
• « L’étrange cas de X »
• « Lettre du Dr.V. au Dr. Eron-Minaudery »
• « Notes de X »
• « La libération de Belacqua »
• « Le Calmar royal : brève monographie de Karl Manfou (complétée par quelques recherches de Candace Avalaarp, bibliothécaire) »
• « Histoire de la famille Hoegbotton par Orem Hoegbotton »
• « La Cage par Sirin »
• « Dans les heures après la mort par Nicolas Pretspor »
• « Notes adressées au Dr. Eron-Minaudery »
• « L’Homme qui n’avait pas d’yeux par X » [crypté]
• « Pretspor, Verden et L’Echange »
• « Apprendre à quitter la chair »
• « Glossaire d’Ambregris »

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Ces dépliants commerciaux et touristiques, précis d’histoire, rapports de contes et légendes et autres correspondances, permettent de toucher du doigt puis de s’ensevelir dans un monde imaginé : que de richesse et profondeur pour un ouvrage ! La définition des contours et du contenu de cette cité est tellement précise qu’elle en devient obsessionnelle. Tout, tout, tout, vous saurez tout sur Ambregris (et désolée pour l’emprunt vulgaire de la chanson).

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Véritable puzzle dont la construction mérite le détour : poésie, illustrations, glossaire (hilarant), monographie, essai scientifique (sur le calmar), bibliographie des livres parlant d’Ambregris, riche documentation appartenant à un interné, (X, qui n’est pas si inconnu que ça au bataillon).
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Les autres… traité philosophique, précis biologique sur les us & coutumes des calmars royaux, l’histoire d’Ambregris, correspondance, documentation commerciale sur les activités et services disponibles à Ambregris & courtes nouvelles et vies racontées des personnages, vous plongeront dans l’immensément abyssale Ambregris.

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Telle une boite à trésors aux multiples tiroirs, pour pourrez approcher la générosité de VanderMeer grâce à un mélange ahurissant à tous niveaux : tons, teintes, style d’écriture, observations, etc. Et vous comprendrez pourquoi c’est la fête au Calmar d’eau douce !

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)°º•. Alors oui, cela est chaotique mais certainement pas brouillon. Il faut prendre son temps pour le lire. C’est un livre mais pas un roman : il vaut mieux faire des trajets entre différents textes car il n’est pas une seule et unique histoire. Courageux est celui qui lira de la page 1 à la dernière ; je conseille fortement de l’attaquer comme un recueil de l’histoire d’Ambregris et de se laisser porter par ses envies.
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Jeff VanderMeer nous propose un réalisme magique offert sur un plateau d’argent. Il explore de nouveaux horizons et nous sert une multitude de détails, un enchevêtrement de vies, un papier de musique parfait. Sa précision en est foudroyante.
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Et même si on a l’impression que l’auteur se plie à des exercices de style (avec l’apparition de l’auteur dans ses propres nouvelles), il en convient qu’on aime se perdre dans ce livre. Il existe quelques longueurs dans les passages ressentis comme secondaires ; certains faits inventés peuvent ne pas plaire. Il faut alors aimer cette douce logique folle que VanderMeer nous dédie…
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Cet ouvrage est un compilé de petits « trucs littéraires », ce livre caméléon est tout simplement époustouflant. Bref, c’est le bouquin indispensable à avoir pour tout connaître d’Ambregris… ou presque.
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Petit aparté sur les notes de fin de page que je trouve ici, extraordinaires. Les discussions d’auteurs/lecteurs, les indices, les précisions historiques, le grandnimportequoi : c’est tout simplement délicieux de vivre une vie parallèle à ces lectures.

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)°º•. Les personnages issus d’Ambregris ont leurs vies imbriquées, ils se croisent, se connaissent, se suivent, s’indiffèrent ou s’interpellent. Les personnages sont pour la plupart fantasques et/ou perdus.
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Cette cité est le carrefour de ses habitants, on vit parmi eux : que ce soient les rebellions des habitants (Champigniens) , les drames dans les chaumières (Dradin, la Cage),les institutions en déroute (Hoegbotton), l’histoire ambiguë avec les animaux (Fête du Calmar) et la vie rocambolesque d’artistes désœuvrés (Guerre de la symphonie de Voss Bender), on est entraîné au fil des pages bien malgré nous.
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On y croisera entre autres…
Dradin l’Amoureux : un amoureux fou qui tentera tout, coûte que coûte, pour séduire une belle qu’il ne connaît que par son image furtive, qu’il observe du pied du bâtiment : horreur, bienvenue !

Martin Lac : peintre tourmenté de nature, il ne saura prendre position dans la Guerre de la symphonie de Voss Bender : sera-t-il rouge, sera-t-il vert, ou sa contribution dépassera-t-elle ces deux simples limites ?

Calmar Royal d’eau douce : au centre du livre et d’Ambregris, ce céphalopode décapode marin est l’emblème et la raison d’exister d’Ambregris. Ce Symbolisme fort en croyances et en valeurs… dépassera les contours du concept « abstrait ».

… et tant d’autres, qui n’attendent que vous, sans dessus dessous.

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En voilà, un livre complètement fou. Jeff VanderMeer nous propulse dans une cité inventée de toutes pièces : Ambregris, la belle. Vouée au culte du Calmar Royal d’eau douce, cette cité regorge de sombres épopées, de délicieuses entrevues et de passionnantes mais non moins horribles histoires. Partez à la conquête de cet ouvrage, recueil de nombreux et divers documents sur Ambregris, et suivez les Chapeaux gris.

Si ce livre a été un véritable délice à lire pour moi ; il se peut que son côté alibamqué et son atmosphère si particulière ne plaisent pas aux lecteurs avec qui je partage de nombreuses lectures d’ordinaire.

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)°º•. Alors certes, La Cité des Saints et des Fous est farfelu. Mais tellement bon… !
¤ Prix : du cafard cosmique, 2007
¤ Lecture:  du premier chapitre
¤ Traducteur : Gilles Goullet (travaux magnifiques et colossaux)
¤ Plaisirs du livre : enluminures, dessins, fresques, photos d’objets,…

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P.S. : Définition d’Ambre gris, locution signifiant : substance parfumée formée dans les intestins du cachalot.

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1. introduction à la monographie du Festival du Calmar Royal
2. extrait de « L’Homme qui n’avait pas d’yeux par X » [crypté]
3. Guerre: Hoegbotton vs Prepstor

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A livre ouvert (Chimère), Au bout de la corde (Le pendu), Journal semi-littéraire (Angua), Le bazar d’Urgonthe, Les lectures d’Elfelle ont aussi découvert Ambregris.

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CLARKE Susanna – Jonathan Strange & Mr Norrell

09/04/2009 34 commentaires

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Titre : Jonathan Strange & Mr Norrell
Auteur : Susanna Clarke
Plaisir de lecture Livre fantas… tique

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Dans une Angleterre meurtrie, en 1806, George III veille sur son peuple. La magie en ce territoire a disparu en même temps que le Roi Corbeau, il y a de ça, maintes années. Aux prises des guerres napoléoniennes,  les britanniques ne savent plus où donner de la tête ni à quel saint se vouer. Le gouvernement de Gladstone remet alors aux mains des magiciens, le sort de la nation.
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En ces temps mémoriaux, Mr Norrell travaille pour la restauration de la magie, et sera alors alerté et devra offrir ses services à son pays. Afin de s’établir en référence incontestée, Mr Norrell essaye tant bien que mal de s’incruster à la mondanité so british. Les personnes qui façonnent sa notoriété l’inciteront alors à prendre un apprenti. Jonathan Strange devra alors apprendre à composer avec un maître imbu de lui-même et individualiste pour s’instruire à la magie.
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Cependant, les élucubrations de Mr Norrell ne se dérouleront pas comme prévues, et Jonathan Strange se tournera vers les côtés sombres et profonds de la magie, se détournant petit à petit du monde couvé par l’hégémonie de son maître.

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)°º•. En ce livre, la magie est une science exacte. Elle devient alors un privilège réservé à une élite restreinte, soit… Mr Norrell seul en son nom. C’est ce qu’il nommera « la restauration de la magie anglaise ». Cette dernière est alors assujettie aux relations et à un certain lobbying.
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Ce livre s’inscrit avec beaucoup de détails précieux tant pour la description, les lieux géographiques ou même la chronologie : on bascule facilement dans une sommes de références et de précisions pseudo historiques. On rentre alors dans une Angleterre de rêve et de magie où l’Histoire est revisitée avec finesse et habilité.
Le livre se révèle de plus en plus noir, et le suspense grandit au fil des pages. Le roman est composé de trois volumes distincts, dont le suivant est plus fort que le volume précédent.
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L’histoire n’est pas linéaire, les débuts peuvent paraître longs (voire très longs pour certains lecteurs) mais la troisième partie est réellement salvatrice. D’autres stipuleront que la fin est bâclée mais ne serait-ce pas un sentiment de frustration ? Car la fin est tout… sauf comme on l’imagine.

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)°º•. Qu’ils soient principaux ou plus anonymes, tous les personnages sont façonnés avec grand soin, entre retenue et humour, « à l’anglaise ». Nous y retrouvons, également pour le côté historiques, des personnages célèbres, qui ont existé en chair et en os, comme Lord Wellington et Lord Byron. Le premier connu en tant que vainqueur de Napoléon à Waterloo, le second, illustre poète britannique en littérature romantique.
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Comme dit précédemment, la sempiternelle lenteur ressentie par de nombreux lecteurs est pour moi l’opportunité de développer et de camper les caractères des personnages et même plus : avancer avec eux en évaluant les modifications spécifiques à leur propre expérience. Pour une fois, que l’on n’accuse pas le contraire à un roman… ! L’humain serait-il alors toujours mécontent de ce qu’il possède ?
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Les deux personnages principaux, Strange et Norrell, vont tenter de rendre ses lettres de noblesse à cette science tombée en désuétude.
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Norrell est pour sa part, relativement fier et imbu de lui-même. On pourrait alors lui ajouter les défauts d’inhumain et d’individualiste. En tant qu’unique et officiel représentant de la magie moderne, il pense que la magie est une discipline spirituelle de chaque instant, inaccessible à à peu près tout le monde.
Il n’est pas inimaginable pour sa part, et même plus, il est nécessaire que l’apprentissage demande des années d’études. Par ailleurs, il ne verse pas dans les sortilèges « démonstratifs » jugés par lui-même comme de la poudre aux yeux. Il paraît relativement désoeuvré, et le fait qu’il soit coincé dans son monde d’érudit provoque davantage la pitié du solitaire de la part des lecteurs.
Portrait faussement craché d’un « terriblement intellectuel »,  le secret des livres est jalousement gardé. En attendant, la lecture du roman tend à lui trouver des excuses quant à l’invention de son monde nombriliste ; on notera d’ailleurs que la passion poussée aux extrêmes lui est aussi néfaste qu’à son environnement. Quelque peu bancal et mal conseillé, Norrell s’appesantira douloureusement à la suite des événements.

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Jonathan Strange est son miroir social : il est bien marié, très amoureux. Il se révèle comme aventurier, fantasque, curieux. En disciple intéressé, il supportera l’enseignement de son maître Norrell avec force. Cependant, il choisira sa propre voie avec en étendard, la démocratisation de la magie. Quitte à en délaisser sa femme.
Il supporte d’avantage l’expérience : guerre au Portugal, traversées de routes imaginaires,…). Il s’attaque directement à la conception norelliennes.

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Parallèlement, on fait la connaissance du Gentleman aux cheveux comme du duvet de chardon dont le caractère s’appuie sur son immense impétuosité. Ses objectifs vont à l’encontre des valeurs humaines et il n’hésitera pas à user et à abuser de ses savoirs pour mener à bien les destinées qu’il proclame (et sincèrement, il me fout la pétoche, lui). Les personnages dits secondaires offrent un panel de caractères, d’histoires et d’émotions propres à eux. C’est une véritable histoire chorale ou la vie de chacun se lie. Je me suis réellement attachée à certains et c’était un délice littéraire de suivre leurs pas de danse en fond de trame.

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)°º•. 10 ans. C’est le temps qu’il faudra à Susanna Clarke pour l’écriture, pour le peaufiner ce livre et nous le présenter.
Il est difficile de lui mettre une étiquette ou de ranger ce roman dans des cases prédéfinies de par les genres littéraires qu’il aborde. Certainement, une essence victorienne flotte sur cette histoire. Cependant, cette œuvre très XIXe siècle est quelque peu difficile à lire à cause des lenteurs de ce genre tant pour le rythme que pour le déroulement des actions.
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Les influences prêtées à Susanna Clarke s’appuierait sur des auteurs du XIXe siècle telle que Jane Austen (n’en ayant jamais lu, je ne confirmerai pas). Le quatrième de couverture, dans un objectif commercial selon moi, citera les noms de J.R.R. Tolkien et de Rowling – aucune comparaison n’est possible avec Harry Potter car il est plus sérieux et la noirceur y est omniprésente – ; mais aussi d’Ursula Le Guin, qui est, elle, un grand nom de la Fantasy. Et si mon observation est bonne, nous retrouvons une multitude de clins d’œil à Shakespeare et à ses œuvres dans les notes de bas de page.

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Ce monde fantastique repose sur des connaissances poussées du mélange de plusieurs univers magiques qui se lient et se délient au fil des pages.  Cependant, le tout reste rationnel, très ancré dans la réalité ; et le duel permanent des deux magiciens est finement ciselé, sophistiqué et même archaïque. L’auteur éveille notre curiosité de par une intrigue intéressante. D’accord, il demeure quelques longueurs à des moments clefs. On pourrait alors scinder son avis selon les trois parties que propose le livre : un début fastidieux, de longues pauses narratives mais une fin salutaire. Il faut prendre le temps de le lire, prendre le temps de rentrer dans l’histoire : le suspense, les rebondissements et actions ne sont pas présentes à toutes les pages : c’est un divertissement de qualité.
Il en convient tout de même, qu’on attend avec un zeste d’impatience (immense) l’arrivée de Jonathan Strange… qui mettra quelques cinquantaines de pages à se réaliser !

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Il arrive même à Susanna Clarke de s’adresser directement à ses lecteurs, chose surprenante mais non moins essentielle pour les inclure dans l’histoire. J’ai beaucoup apprécié les analyses pour définir les différences entre les livres de magie et les livres sur la magie. De petites précisions, des habilités sur le sujet agrémentent le texte.

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Le triptyque : Mr Norrell, Jonathan Strange et John Uskglass est de plus loin, le plus piquant et passionnant.
Nous remarquerons aussi une bipolarité permanente qui se définie très bien dans les personnages de Mr Norrell/ Jonathan Strange, comme de lumière symbole du présent/souvenirs du passé mais aussi, par la forme : des couverture de livres blanche/noire qui finalement, sous-tendra le triptyque.

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Enfin, et certainement en dernier mot, hormis le fait que Susanna Clarke nous police en nous éduquant que la magie ne s’apprend que par un travail long, dur et acharné ; elle s’investit sur le fondement que ce qu’il importe : c’est la vie.

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Susanna Clarke se fait alors connaître du grand public grâce à Jonathan Strange & Mr Norrell, et remporte les prix suivants :
– Prix Hugo du meilleur roman 2005
– Prix Locus du premier roman 2005
– World Fantasy Award 2005
– Prix BookSense du roman de l’année 2005
– Roman de l’année par le Time Magazine
– Prix des Lecteurs du Livre de Poche.

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Biographie selon www.livredepoche.com
Née en 1959 à Nottingham, Susanna Clarke a passé son enfance dans différentes villes d’Écosse et du nord de l’Angleterre. Après des études à Oxford, elle travaille un temps dans l’édition, puis part enseigner l’anglais à l’étranger, d’abord à Turin, ensuite à Bilbao. Elle revient en Angleterre en 1992. De 1993 à 2003, elle est directrice de la publication chez Simon & Schuster à Cambridge. Parallèlement, elle commence à publier des nouvelles. L’une d’elles, « Mr Simonelli or The Fairy Widower », est sélectionnée pour le World Fantasy Award en 2001. Mais c’est son premier roman, Jonathan Strange & Mr Norrell, paru en 2004, qui la fait connaître du grand public et lui vaut plusieurs prix.

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Enfers & Damnation : étant une véritable quiche en anglais, j’ai bien évidemment lue la version traduite. Aïe ! Préférez de loin la version originale car le budget alloué pour la traduction (par Isabelle D. Philippe) devait être restreint au vu des nombreuses coquilles inacceptables…

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Notes de bas de pages
Petit paragraphe qui vaut ce qu’il vaut : les notes de bas de pages.
J’ai régulièrement vu qu’elle agaçait un grand nombre des lecteurs dudit roman. Pour moi, elles ont été de véritables bouffées d’air. Elles sont fraîches et reposantes. Elles sont indéniablement des références qui propulsent le livre sous son côté « historique ». De petites histoires, des correspondances postales, quelques explications historiques véridiques, de références à des livres inexistants : bref, du petit plaisir qui, quelque fois, prend plusieurs pages voire même… 90% de la superficie d’un recto !

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)°º•. Comme la magie, le marketing est une véritable science concernant le roman Jonathan Strange & Mr Norrell.
Commençons par la couverture, sobre, frappée d’un logo de corbeau : elle ne passe pas inaperçue. Les packaging sont classieux et à éditions multiples : le livre se décline en noir (couverture noir mais aussi les tranches des pages) et en blanc ; une version rouge relancer l’impact quelques mois plus tard…

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Sa sortie est savamment organisée : une baguette de chef d’orchestre en est son symbole le plus fort. Le teasing s’organise plusieurs mois à l’avance :
¤ Acquis par les éditions Bloomsbury (qui signe le contrat du succès d’Harry Potter & Rowling), Seront disponibles 1500 épreuves du roman (au lieu d’une dizaine habituellement) enroulées dans du papier kraft et cachetées à la cire pour se faire promouvoir dans la sphère professionnelle. Certaines ont même été vendues via ebay au prix de 200$.
¤ Durant le Salon du livre à Londres : ils créent une ancienne gazette avec des extraits du livre
¤ Les sorties littéraires s’enchaînent : août 2004 en Grande-Bretagne, septembre aux Etats-Unis, puis en octobre, dans plusieurs pays en simultané.

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A l’heure actuelle, le livre s’est vendu à 2 millions de ventes…
Il ferait l’objet d’une adaptation par les studios New Line (qui ont été les créateurs de la saga « Le seigneur des anneaux ») par le scénariste de Christopher Hampton (connu pour les liaisons dangereuses).
A l’avenir, on parle également un deuxième tome, mais qu’en sera-t-il ?

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)°º•. Extraits :

¤ La veille du jour où Mr Norrell devait accomplir son acte de magie, il neigea sur York et, le lendemain main, la poussière et la boue de la cité avaient entièrement disparu sous une blanche immaculée. Les bruits de pas et de sabots étaient assourdis, et les voix des citoyens d’York altérées par un silence blanc qui étouffait les sons. Mr Norrell avait fixé une heure très matinale. Chacun dans sa maison, les magiciens d’York prenaient seuls les peut-déjeuner. Sans un mo, ils regardaient une servante servir leur café, rompre leurs pains au lait chauds, aller quérir le beurre. L’épouse, la sœur, la fille, la belle-fille ou la nièce qui accomplissaient ordinairement ces menues tâches n’étaient pas encore levées ; le plaisant papotage domestique féminin, que les messieurs de la société d’York affectaient tant de mépriser et qui, en vérité, formait un doux et gentil refrain dans la petite musique de leur vie quotidienne, était absent. Les salles à manger où ces messieurs étaient installés avaient changé par rapport à ce qu’elles étaient la veille. L’obscurité hivernale avait disparu, chassée par une formidable lumière – le soleil d’hiver réverbéré maintes fois par le sol enneigé. La nappe damassée blanche avait un éclat éblouissant, où dansaient les boutons de rose ornant les délicates tasses à café de la fille de maison. La cafetière d’argent de la nièce étincelait sous les rayons, les bergères souriantes en biscuit de la belle-fille s’étaient métamorphosées en anges flamboyants. La table paraissait dressée de couverts et de cristaux magiques.

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¤ Cependant, la peinture qui tira l’œil de Strange était une immense fresque murale s’étendant sur toute la longueur du mur nord. Au milieu, on voyait deux rois assis chacun sur un trone. De part et d’autre, debout ou à genoux, se pressaient chevaliers, dames, courtisans, pages, dieux et déesses. La partie gauche de la fresque était baignée de soleil. De ce côté-ci, le roi était un homme beau et robuste, présentant toute la vigueur de la jeunesse. Il portait une toge claire et avait les cheveux dorés et bouclés, le front ceint de lauriers et un sceptre à la main. Les figures des dieux qui l’entouraient étaient tous équipés de casques, de cuirasses, de lances et d’épées, l’artiste suggérant ainsi que ce monarque n’attirait dans son amitié que les plus guerriers des hommes et des divinités. Dans la partie droite du tableau, en revanche, la lumière devenait terne et crépusculaire, comme si le peintre avait voulu figurer un soir d’été. Des étoiles brillaient au-dessus des personnages et tout autour. De ce côté-là, le roi avait la peau pâle et les cheveux bruns. Il portait une toge noire, et sa physionomie était indéchiffrable. Couronné de sombres feuillages de lierre, il tenait en sa main gauche une fine baguette d’ivoire. Son entourage se composait de créatures surnaturelles : un phénix, une licorne, une mantichore, des faunes et satyres. On distinguait également quelques personnages mystérieux : une silhouette masculine en robe de moine avec le capuchon tiré sur le visage, une silhouette féminine enroulée dans une cape foncée et semée d’étoiles, le bras jeté en travers les yeux. Entre les deux trônes se dressait une jeune femme vêtue d’une tunique blanche flottane et coiffée d’un casque d’or. D’un geste protecteur le roi martial lui avait posé la main gauche sur l’épaule ; le roi ténébreux, lui, tendait la main droite vers elle, qui avait allongé la sienne, de sorte que les bous de leurs doigts se touchaient légèrement.
C’est l’œuvre d’Antonio Verrio, une gentilhomme italien, expliqua le valet. – Voici Edward III de l’Angleterre du Sad. – Il montra ensuite le roi de droite. – Et voilà le roi magicien de l’Angleterre du Nord, John Uskglass.

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¤ Cela étonnera mes lecteurs (car cela étonne tout le monde qu’un roi soit si peu maitre de son destin. Songez pourtant avec quelles alarmes la suspicion de démence est accueillie dans les familles privées. Songez alors combien ces alarmes sont bien plus grandes quand le patient est le roi de Grand-Bretagne ! SI vous ou moi devenions fou ce serait un malheur pour nous-mêmes, nos proches et notre famille. Mais quand un roi devient fou, c’es une calamité pour la nation entière.

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)°º•.

Fiche technique :
– 864 pages (de bonheur ?)
– Broché, 153 x240 mm (ça, ça veut dire que dans le métro, tu ne pourras point le balader, un sac à lui seul tu devras donner)
– Prix : 23€
– www.jonathanstrange.com

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En résumé :
Suppositoire soporifique :
– longueurs narratives
– début long, très long…
– écriture très XIXe siècle
– coquilles de la langue française (dans la traduction)
– fin salutaire
– imaginaire réaliste et rationnel
– 864 pages soporifiques

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Brillant chef-d’œuvre :
– personnages travaillés
– triptyque des personnages fabuleux
– bipolarité permanente
– références scientifiques et historiques très documentées
– fin salutaire
– imaginaire réaliste et rationnel
– (presque) 864 pages salvatrices

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Pics : #01 Moment privilégié ; #02 Version noire ; #03 Un extrait… ; #04 Oh une invasion des notes de « bas » de page ; #05 une note, page 1 et page 2 ; #06 page 3, la note continue et se la joue solo ; #07 Le chapitre qui anéantit tous les magiciens britanniques ; #08 Enfin l’arrivée de Strange !

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LEWIS Clive Staples – Narnia ~ L’armoire magique, tome 2

04/02/2009 6 commentaires

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Titre : L’armoire magique (Les Chroniques de Narnia, tome 2)
Auteur : Clive Staples Lewis
Plaisir de lecture Livre fantas… tique

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Alors que le pays est en guerre, Peter, Susan, Edmund et Lucy Pevensie sont envoyés par leurs parents en campagne. Le propriétaire de ce château est un homme vieux et sage mais tellement discret. Un jour de grand ennui, les quatre frères et sœurs décident de jouer à cache-cache. Dans une pièce inconnue, Lucy se sent irrésistiblement attirée par une vieille armoire. Alors qu’elle se frotte contre les manteaux de fourrure, elle avance petit à petit afin de se tenir à l’abri de regards contre le fond de meuble. Mais elle se rend compte bientôt qu’elle marche dans la neige, et que ce sont des sapins qui l’entourent. Sous ce lampadaire, elle rencontre M.Tumnus, un faune qui l’invite à boire le thé. Après divers chants et contes surprenants, la joie de ce faune s’éteint dans ses larmes. Il explique qu’il est engagé par la méchante reine à capturer les enfants.

Après l’avoir convaincu, Lucy retourne chez elle, et explique à ses frères et sœur son aventure. Ceux-ci, bien trop sceptiques se moquent d’elle… jusqu’à ce qu’Edmund entre lui aussi dans l’armoire. Il y rencontre une femme étrange, qui lui demande de ramener les siens dans ce monde, car elle s’ennuie sans enfants. C’est ici que tout commence, quand Peter, Susan, Edmund et Lucy décident de partir en expédition dans ce monde où règne un hiver éternel…

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)°º•. Clive Staples Lewis (Belfast, 1898 – Oxford, 1963), étudiant à Oxford, il arrêta ses études pour partir au front lors de la Première Guerre Mondiale. Il enseigna à Oxford puis à Cambridge jusqu’à sa mort. Après quelques romans de thélogie-fiction, cet ami de Tolkien et de Charles Williams composera des récits-fables pour enfants.
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Clive Staples Lewis, dévoré de passion pour les contes de fées, rédigea les « Chroniques de Narnia » à partir de 1950. Tout a commencé par la mystérieuse image fugace d’un faune se baladant cadeaux sous le bras et parapluie dans la main ; et se termine en très joli classique anglais incontournable pour enfants. Ce n’est qu’avec l’adaptation cinématographique que ces Chroniques prendront (et prennent) une toute autre ampleur en France.
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C.S. Lewis a eut une vie excentrique et assez tourmentée. Il a connu peu d’enfants ; c’est finalement, par ses rêves d’enfants et ses idées inachevées d’une enfance naufragée qu’il a fait de Narnia, un monde magique époustouflant.

Pauline Baynes (1922) présentée par Tolkien a C.S. Lewis a illustré les Chroniques de Narnia. Par ce travail de longue haleine, elle finit les illustrations des sept tomes, près de quarante ans après la parution du tome de « l’armoire magique ».
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Il existe toujours cette présence religieuse, assez chère à C.S. Lewis. La narration est cependant, plus fluide. L’écriture y est plus développée, plus accrocheuse, davantage humoristique, et quelques fois ironique ; ce qui ne dérange pas à la lecture.
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La présence de quatre personnages empreints de valeurs diverses permet à chaque lecteur de s’identifier ou tout au moins de se rapprocher. Des trois premiers tomes que j’ai lus, c’est celui que je préfère. Sans doute car j’ai aimé la magie surprenante, la diversité des créatures, la force de la description, les lieux mystérieux et la noblesse qui s’en dégagent. Je me rapproche davantage dans l’univers que j’affectionnais petite (et peut-être encore aujourd’hui). Cet hiver éternel y est sans doute pour beaucoup, car j’aime l’impression feutrée de la neige, l’abasourdissement de la nature ainsi revêtue, et le passage à ce monde par cette armoire magique…

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)°º•. Dans ce deuxième tome, les personnages sont et deviennent très attachants. Les enfants paraissent assez réalistes même s’ils sont quelque peu attachés à des caractères bien déterminés.

Peter est l’aîné des quatre enfants. Il a un penchant pour être leader de ces derniers de par son âge. Il est sérieux et neutre. Il doit sans cesse rétablir l’ordre et la paix entre ses frère et sœurs.

Susan est la deuxième enfant de la fratrie. Elle est douce et paraît fragile. Elle est très différente de ses frères et sœur, elle n’aime pas l’aventure et encore moins y participer.

Edmund est le troisième enfant de la famille Pevensie. Il a un sale caractère, il est jaloux de et rancunier envers Lucy et souhaite faire payer son frère de l’avoir insulté d’animal. Il aime se faire charmer par la force maléfique, mais dans l’aventure de l’armoire magique, son caractère change de tout au tout.

Lucy est la plus jeune de cette famille ; elle sait distinguer nettement le bien du mal et ne dit jamais de mensonge. Elle est douce et croit énormément en la force qui émane d’Aslan. C’est sans doute le personnage que je préfère dans ce tome, elle est réfléchie et intelligente.

M. et Mme Castor sont les repères et l’aide incontournables des quatre enfants. Ils leur apportent chaleur et réconfort.

M.Tumnus est le personnage qui apparut le premier à Lewis. Il est musicien et enjoué. Il a pour ordre de capturer des enfants. Il est tout aussi attachant.
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Comme cités ci-dessus, la multitude des personnages est un des piliers de ce tome. Le récit prend toute son ampleur quand à la versatilité des événements. (Tout blanc ou tout noir, mais certainement nuancé de gris).

Les lieux décrits sont magnifiques et l’imagination se fait grandissante. Les détails permettent de donner la vie, et Lewis atteint l’apothéose. Je ne vous dirai pas que mon lieu préféré est celui près de l’armoire, je ne vous dirai pas que j’aime ce lampadaire brillant nuit et jour au milieu de cette forêt, je ne vous dirai pas que j’ai aimé cette première rencontre magique avec le faune, nous je ne vous dirai pas.

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Au risque de me répéter ; j’ai aimé. Tout simplement.
Comme quoi, les récits pour enfants ne sont réussis que s’ils ne plaisent pas qu’aux enfants…

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Dans le chaudron :
¤ Le neveu du magicien, tome 1
¤ Le cheval et son écuyer, tome 3
¤ Le Prince Caspian, tome 4
¤ L’Odyssée du Passeur d’aurore, tome 5
¤ Le fauteuil d’argent, tome 6
¤ La dernière bataille, tome 7