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ROWLING J.K. – Harry Potter à l’école des sorciers

15/09/2010 4 commentaires

Titre : Harry Potter à l’école des sorciers (Harry Potter, tome 1)
Harry Potter and the philosopher’s stone

Auteur : Joanne Kathleen Rowling
Plaisir de lecture :  Livre à découvrir
Tome 2, tome 3, tome 4, tome 5, tome 6 et tome 7

Un peu de musique pour votre lecture ?

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)°º•. Harry Potter découvre le jour de son onzième anniversaire qu’il est non seulement un sorcier mais surtout qu’il doit faire sa rentrée d’ici quelques jours à Poudlard, l’école de magie. Il voit sa vie changer de tout au tout, il quitte sa famille oncle, tante et cousin insupportables pour rejoindre sa « patrie ». Il apprend, grâce à Hagrid gardien des clefs et des lieux et futur ami, qu’il est très célèbre. Il a résisté lors de l’attaque et de la mort de ses parents, à un puissant sorcier noir, Voldemort.
Arrivé à Poudlard, il devra faire face à cette célébrité qui le précède et qui est bien encombrante. Il va se lier notamment à deux copains de première année, Ron et Hermione et devoir supporter les railleries de Malefoy et les réflexions de Rogue. Maitriser sa baguette magique, combattre un troll, récupérer une licorne dans la forêt interdite, voler avec un balai et surtout, déjouer les premiers plans du mage noir.

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)°º•. Loin s’en faut, dans ce premier tome, nous allons rencontrer du beau monde.
Sans aucun doute, notre héros bien malgré lui, Harry Potter, est un jeune garçon plutôt maigrelet, à la peau blanche et aux petites lunettes rondes. Il sera généralement très vite dépassé par cette popularité dont il n’a rien demandé. Quelque peu tête brûlée, il suivra des traces peu discrètes et entrainera Ron et Hermione à leur identification.

La famille Dursley – l’oncle Vernon, la tante Petunia et le cousin Dudley – est tout ce qu’il peut exister de plus détestable dans une famille anglaise moyenne. Ils sont heureux d’être normaux et méprise tout ce qui tourne autour de l’univers de la magie.

Ronald Weasley est l’ami d’Harry Potter avec qui il copine rapidement puisque c’est grâce à maman Weasley qu’ils apprennent à rejoindre le quai 9 ¾ pour prendre le Poudlard Express. Enième enfant roux d’une famille relativement nombreuse et pauvre, Ron est fasciné par le célèbre sorcier Harry Potter, Harry Potter est fasciné par le sorcier ordinaire Ron Weasley. C’est comme ça, dans la simplicité et sans trop d’artifices qu’ils se lient d’amitié. C’est pourtant une toute autre histoire que la rencontre avec Hermione Granger. Celle-ci, première tête de classe, antipathique à souhait et très ascétique. Ce n’est qu’après que les garçons l’aient sorti d’un mauvais pas, qu’ils commencent alors à s’apprécier tous trois.
Tous les trois à Gryffondor, ils seront soutenus par Neville Londubat, un première année mais aussi par les jumeaux Weasley (et frères de Ron).

Du côté des méchants, nous avons dans la maison des Serpentard, Drago Malefoy – qui n’a certainement pas l’envie de ranger son arrogance dans sa poche – toujours suivi de ces deux acolytes un peu ballots Crabbe et Goyle. Harry Potter aura également beaucoup de mal avec la personnalité de Severus Rogue (Severus Snape en VO), directeur des Serpentard , qu’il juge envers et contre… lui.

Harry Potter fera la connaissance – et se frottera – aux professeurs McGonagall, directrice de la maison des Gryffondor, Albus Dumbledore, directeur de Poudlard. Mais aussi du Professeur Quirrel, professeur de Défense contre les forces du mal ; Hagrid qui sous ses apparences de gros rustre, n’en demeure pas moins quelqu’un de sentimental, un fervent fan des créatures magiques dangereuses et non moins un fidèle ami.

Harry Potter entendra également parler de Voldemort, plus communément ‘nommé’ « Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom » ou « Tu sais qui » (en VO, « Who is Who »), ce terrible sorcier puissant de magie noir.

Il convient de dire qu’une des forces des récits de J.K. Rowling est d’assurer une proximité personnages/lecteur dès les premières pages : on s’y attache, on les aime, on les déteste, on leur en veut et on leur crie limite dessus !  Beaucoup de sentiments se développent à l’encontre de nos chères personnes. J’ajouterai qu’à cette relecture, il m’a été très difficile de ne pas coller le physique des acteurs engagés par la Warner Bros. Pictures.

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)°º•.Le monde parallèle inventé par J.K. Rowling ne peut faire que rêver… et il demeure pourtant bien ancré : il est réfléchi, ordonné, et bien construit pour qu’il demeure réaliste et non moins fantasmant. Dès ce premier tome, et même avec force, nous entrons de plain pied dans un univers créé de toutes pièces.

Mention spéciale à Poudlard, qui représente le nid de tous les jeunes sorciers : le château de Poudlard est tout simplement impressionnant ; il représente ce qu’il est : droit, imposant, de pierres solides. Situé en Ecosse, il demeure invisible aux Moldus (ces personnes sont pouvoirs), il est flanqué de sept étages et plusieurs hautes tours, il a les pieds dans un parc magnifique, à l’orée de la forêt interdite et possède de nombreuses serres botaniques. Il est constitué de nombreuses salles de classe, des pièces particulières – et quasi autonome -, de pensionnats, de salles communes, d’une bibliothèque à faire pâlir de jalousie tout lecteur, et bien évidemment d’escaliers mouvants et de couloirs labyrinthiques. Vous l’aurez compris, Poudlard demeure cher à mon cœur et je le considère comme un véritable personnage à part entière. J’ai sans doute un grand coup de cœur pour la Grande Salle qui accueille les repas, les examens, des réceptions cérémonieuses. Cette pièce est pour moi la plus conviviale puisqu’elle est le lieu où se retrouve tout élève et tout professeur.  Les fêtes organisées en son sein sont grandioses et bien évidemment, je n’allais pas terminer sans vous parler de son plafond très élevé qui reproduit l’humeur du ciel réel.

J’insisterai également sur les petits détails qui font toute la différence : J.K. Rowling nous sert des petites trouvailles so lovely : le sport appelé Quidditch, les chocogrenouilles, la cape d’invisibilité, les personnages des peintures qui se promènent, les dragées surprises de Bertie Crochue… etc. !

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)°º•. Niveau thématiques, ne démordons pas des traditionnels tolérance, amitié, persévérance, respect et entraide. Des thématiques chères à nos cœurs au cœur des mœurs. Erk, c’est pour moi, juste un peu mollasson et tellement guimauve. Mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un livre jeunesse…
Par contre, je suis assez étonnée du manichéisme présent :
Gryffondor = gentils, Serpentard = méchants
Sorciers = braves gens protecteurs, Moldus = crétins, imbéciles de premier ordre
Aïe ! L’exagération est également à l’ordre du jour avec comme exemple la famille Dursley qui se révèle être une grosse saleté, ainsi que celui des trois élèves de première année qui arrivent à déjouer le plan d’un des plus grands sorciers. Mouaiiis, ok, hein.

La structure du livre reprend les grands axes des romans jeunesse avec la notion du bien très ancrée, de héros plutôt bien développés avec à leurs côtés des personnages secondaires caricaturaux. Cependant, le regard neuf et innocent d’Harry Potter sur ce tout nouveau monde qui s’offre à lui est très agréable. Ce premier tome demeure léger et le ton y est agréable. Le suspense n’est pas très grand, mais on se contentera pour cette introduction.

Bref, Harry Potter à l’école des sorciers demeure un livre classique de jeunesse et bien que J.K. Rowling n’ait pas tout tété de son pouce (références multiples certes, mais aussi copitages conformes), elle a au moins ouvert les portes de la littérature à de nombreux petits gamins (et des moins petits) et surtout celles des lectures de l’imaginaire !

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)°º•. J’ai relu ce livre dans le cadre du (Re)Reading Harry Potter, lancé par Sophie The Bursar & Sophie de Les lectures de Cachou. Ma première lecture date de 2003 (oui, je suis arrivée en retard) et tout cela grâce à mon petit frère qui avait emprunté le premier tome à la bibliothèque scolaire.  J’ai bien fini par succomber… à mes risques et périls ? Bref, une relecture vraiment appréciable, bien que ce premier tome soit quelque peu ridicule et qu’on garde la dent creuse. Cependant, elle permet de voir des détails qui nous parle grandement au vu des événements des prochains livres. Il est toujours sympathique d’y voir les quelques départs de feu discrets ou même les voies qui ne seront jamais explorées.

Concernant mon plus gros objectif : lire en VO. Le début a été très difficile, mais petit à petit, je m’y suis mise. Au lieu de chercher tous les mots de vocabulaire (obsédée que je suis) j’ai laissé couler ne cherchant que ceux qui me posaient un problème de compréhension. Cependant, au vu de mon niveau en anglais, ma lecture a été très longue, atteignant même une heure pour lire un chapitre… ! Je n’ai pas lu tout le livre en anglais, il m’a fallu passer à la bibliothèque pour chercher un tome en français et être « à l’heure » pour rendre ma copie pour le challenge.

Un livre qui tombe à pic pour la rentrée 2010 !

Avec les premiers mots qui ne peuvent qu’attirer les lecteurs :
« Mr and Mrs Dursley, of number four, Privet Drive, were proud to say that they were perfectly normal, thank you very much. »
“Mr et Mrs Dursley, qui habitaient au 4, Privet Drive, avaient toujours affirmé avec la plus grande fierté qu’ils étaient parfaitement normaux, merci pour eux. »

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)°º•. Biographie

Joanne Kathleen Rowling est née en 1965 vers Yate, en Angleterre.

Après une vie peu chanceuse avec le décès de ses proches et l’expérience d’une vie au statut précaire, le petit sorcier Harry Potter nait alors dans son imagination et avec toute la volonté du monde, elle commence alors à écrire la saga d’Harry Potter. Après un cuisant refus de la part du premier agent, le second, issu d’une petite maison d’éditions britannique décide de la publier. Le premier volume d’Harry Potter a connu un succès grandissant grâce à un bouche-à-oreille formidable. La saga deviendra alors un phénomène planétaire.
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)°º•.  Extrait

La dernière boutique dans laquelle ils pénétrèrent était étroite et délabrée. Au-dessus de la porte, des lettres d’or écaillées indiquaient « Ollivander – Fabricants de baguettes magiques depuis 382 avant J.-C. » Dans la vitrine poussiéreuse, une simple baguette de bois était exposée sur un coussin pourpre un peu râpé.
L’intérieur de la boutique était minuscule. Une unique chaise de bois mince était réservée aux clients et Hagrid s’y assit en attendant. Harry éprouvait une étrange sensation, comme s’il venait d’entrer dans une bibliothèque particulièrement austère. Il sentit un frisson dans la nuque. La poussière et le silence du lieu semblaient recéler une magie secrète.
_ Bonjour, dit une voix douce.
Harry sursauta. La chaise sur laquelle Hagrid était assis craqua bruyamment et il se leva d’un bond.
Un vieil homme se tenait devant eux. Ses grands yeux pâles brillaient comme deux lunes dans la pénombre de la boutique.
_ Bonjour, dit Harry, mal à l’aise.
_ Ah oui, oui, bien sûr, dit l’homme. Je pensais bien que j’allais vous voir bientôt. Harry Potter. Vous avez les yeux de votre mère. Je me souviens quand elle est venue acheter sa première baguette, j’ai l’impression que c’était hier, 25,6 centimètres, souple et rapide, bois de saule. Excellente baguette pour les enchantements.
Mr Ollivander s’approcha de Harry. Les yeux argentés du vieil homme avaient quelque chose d’angoissant.
_ Votre père en revanche, avait préféré une baguette d’acajou, 27,5 centimètres. Flexible. Un peu plus puissante et remarquablement efficace pour les métamorphoses. Enfin, quand je dis que votre père l’avait préférée… en réalité, c’est bien entendu la baguette qui choisit son maître.
Mr Ollivander était si près de Harry à présent que leurs nez se touchaient presque. Harry distinguait son reflet dans les yeux couleur de brume du vieil homme.
_ Ah, c’est ici que…
D’un doigt long et blanc, Mr Ollivander toucha la cicatrice en forme d’éclair sur le front de Harry.
_ J’en suis désolé, mais c’est moi qui ai vendu la baguette responsable de cette cicatrice, dit-il d’une voix douce, 33,75 centimètres. En bois d’if. Une baguette puissante, très puissante, et entre des mains maléfiques… Si j’avais su que cette baguette allait faire en sortant d’ici…
Il hocha la tête puis, au grand soulagement de Harry, il se tourna vers Hagrid.
_ Rubeus ! Rubeus Hagrid ! Quel plaisir de vous revoir… C’était du chêne, 40 centimètres, plutôt flexible, n’est-ce pas ?
_ En effet, dit Hagrid.
_ Une bonne baguette. Mais ils ont dû la casser en deux quand vous avez été exclu du collège ? demanda Mr Ollivander d’un ton soudain grave.
_ Euh… oui… oui, c’est ça… répondit Hagrid, mal à l’aise. Mais j’ai gardé les morceaux, ajouta-t-il d’une voix plus assurée.
_ J’imagine que vous ne vous en servez pas ? interrogea sèchement Mr Ollivander.
_ Oh, non, bien sûr que non, monsieur, répondit précipitamment Hagrid.
Harry remarqua que ses mains s’étaient crispées sur le parapluie rose.
_ Mmmmm, marmonna Mr Ollivander en jetant à Hagrid un regard perçant. Bien revenons à vous, Mr Potter. Voyons un peu…
Il sortit de sa poche un mètre ruban avec des marques en argent.
_ De quelle main tenez-vous votre baguette ? demanda-t-il.
_ Euh… je suis droitier, répondit Harry.
_ Tendez le bras. Voilà.
Il mesura le bras de Harry, de l’épaule jusqu’au bout des doigts, puis du poignet jusqu’au coude, puis la hauteur de l’épaule jusqu’aux pieds, puis du genou jusqu’à l’aisselle et enfin, il prit son tour de tête.
_ Chaque baguette de chez Ollivander renferme des substances magiques très puissantes, Mr Potter. Nous utilisons du poil de licorne, des plumes de Phénix ou des ventricules de cœur de dragon. Et de même qu’on ne trouve pas deux licornes, deux dragons ou deux Phénix exactement semblables, il n’existe pas deux baguettes de chez Ollivander qui soient identiques. J’ajoute, bien entendu, qu’aucune baguette magique ne vous donnera des résultats aussi satisfaisants que les nôtres.
Le vieil homme alla prendre des boîtes disposées sur des étagères tandis que le mètre ruban continuait tout seul de prendre les dernières mesures nécessaires – l’écartement des narines, notamment.
_ Ca ira comme ça, dit l’homme, et le mètre ruban tomba en un petit tas sur le sol. Essayez donc celle-ci, Mr Potter. Elle est en bois de hêtre et contient du ventricule de dragon, 22,5 centimètres. Très flexible, agréable à tenir en main. Prenez-la et agitez-là un peu.
Harry prit la baguette et la fit tournoyer légèrement en se sentant parfaitement idiot. Mais Mr Ollivander la lui arracha presque aussitôt des mains et lui en fit essayer une autre, puis une autre et une autre encore. Bientôt, il y eut un monceau de baguettes magiques posées sur la chaise en bois mince, mais aucune ne convenait.
_ Un client difficile, commenta Mr Ollivander d’un air satisfait. Mais nous finirons bien par trouver celle qui vous convient. Voyons celle-ci. Une combinaison originale : bois de houx et plume de Phénix, 27,5 centimètres. Facile à manier, très souple.
Harry prit la baguette et sentit aussitôt une étrange chaleur se répandre dans ses doigts. Il la leva au-dessus de sa tête, puis l’abaissa en la faisant siffler dans l’air. Une gerbe d’étincelles rouge et or jaillit alors de l’extrémité de la baguette, projetant sur les murs des lueurs mouvantes. Hagrid applaudit en poussant une exclamation enthousiaste.
_ Bravo ! s’écria Mr Ollivander. Très bien, vraiment très bien. Etrange… très étrange…
Il reprit la baguette et la remit dans sa boîte qu’il enveloppa de papier kraft en continuant de marmonner : «  Etrange… vraiment étrange… »
_ Excusez-moi, dit Harry, mais qu’est ce qui est donc si étrange ?
Le vieil homme fixa Harry de ses yeux pâles.
_ Je me souviens de chaque baguette que j’ai vendue, Mr Potter, répondit-il. Or, le Phénix sur lequel a été prélevée la plume qui se trouve dans votre baguette a également fourni une autre plume à une autre baguette. Il est très étrange que ce soit précisément cette baguette qui vous ait convenu, car sa sœur n’est autre que celle qui… vous a fait cette cicatrice au front.

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Dans le chaudron :
¤ Les Contes de Beedle le Barde
¤ Harry Potter et l’enfant maudit, Parties une et deux de Jack Thorne

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Souvenir lié à ma lecture :
Au moment de la sortie de ce premier tome, mon frère était plus jeune qu’Harry Potter, mais sa similitude physique : brun, peau blanche, plutôt mince, avec petites lunettes rondes et cicatrice au milieu du front a fait fondre beaucoup de midinettes à l’école primaire et n’avait pas assez de doigts pour compter le nombre de ses amoureuses.
A la relecture, Harry Potter sonnera forcément et de manière permanente « Brocéliande », lieu de mes dernières vacances… Un livre VO qui a connu quelques lectures et grains de sable, un livre VF emprunté à la bibliothèque dont la découverte de sa réservation par et pour moi, a fait ouvrir grandes comme des soucoupes, les yeux du bibliothécaire.

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Lu dans le cadre du (Re) Reading Harry Potter
Les participants au (Re) Reading Harry Potter et leurs chroniques chez Sophie The Bursar.

Et bien sûr, un très grand coucou à ma Sirius Team (hiiiiii ♥ )

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D’autres avis disponibles chez : La pause lecture (Emma)La vallée des grenouilles séchées (Sophie The Bursar)Lire oui mais quoi (Yueyin)Oceanicus in folio (Bladelor).

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Pics : #1 Harry Potter par Ciclomono ; #2 Harry Potter, Ron Weasley and Hermione Granger par Hakumo ; #3 Hagrid par Amy-Art ; #4 Screen du film Harry Potter à l’école des sorciers realise par Chris Colombus ; #5 Couverture fictive par M.S. Corley ; #6 Portrait de J.K. Rowling ; #7 Harry Potter par Shel-Yang ; #8 Harry Ron Hermione par Porotto ; #9 Harry Potter par Ariel87.

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DE PINS Arthur – Zombillénium ~ Gretchen, tome 1

28/08/2010 14 commentaires

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Titre : Gretchen (Zombillénium, tome 1)
Auteur : Arthur De Pins
Plaisir de lecture : coeur notation Livre avec entrée au Panthéon
Tome 2, tome 3
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Aurélien Zahner allait commettre un terrible acte avant de se faire renverser en voiture et d’en mourir. Le conducteur n’est autre que Francis Von Bloodt, le co-créateur de Zombillénium, un parc d’attraction machia

vélique. Il lui offre alors un contrat à durée indéterminée dans sa société. Aurélien, grâce à l’aide de Gretchen, une sorcière stagiaire va devoir faire face à la vie de bureau avec… des créatures diaboliques !

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)°º•. Niveau personnages, attention, chaud devant !
Arthur de Pins nous propose un superbe casting avec des gueules de star.
Côté fantastique, vous serez servi avec momie, vampire, loup-garou, sorcière, zombies et autres créatures diaboliques.
Il est tout à fait étonnant de les croiser dans ce contexte de vie de bureau, qui n’est point pour nous déplaire. Tout se déroule au parc de Zombillénium, qui se trouve aux alentours de Valenciennes.

Gretchen Webb est notre petite stagiaire au parc Zombillénium, une sorcière anglaise qui va fortement aider notre ami, Aurélien et qu’il vaut mieux avoir comme amie. Arthur de Pins nous ne ment pas, ce n’est pas un hasard si elle ressemble à Lisbeth Salander de Millénium (trilogie qu’il lisait en créant ce premier tome) et une amie à lui.

Aurélien Zahner est notre homme accidenté. On ne sait pas trop quelle créature maléfique mi-figue mi-raisin, représente-t-il au début. Embauché au stand de barpapa, il évoluera très vite pour se donner à presque 100% au train fantôme.

Francis Von Booldt, vampire de son état est directeur d’exploitation de Zombillénium et s’occupe des licenciements de la boite. Il est secondé par Blaise Canilhac un loup garou rattaché aux ressources humaines. Sont aussi présents Yves Belberthel, directeur artistique, Aton Noudjemet, momie du stand barbe à papa et Sirius Jefferson, squelette et délégué du personnel. On entendra parler aussi de Behemot, président et le créateur « suprême » de Zombillénium.

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)°º•.Tout a commencé pour Arthur de Pins lors de la réalisation de la couverture d’Halloween pour le magazine Spirou. Il a été cordialement invité à créer une BD qui reprendrait ces personnages.

Cette histoire fantastique renferme une grosse dose d’humour désopilant. L’action n’est pas en reste, l’histoire propose peu de sang mais beaucoup de suspense. Arthur de Pins joue avec les clichés et les clins d’œil à des références sont nombreux. Cette comédie sombre (décor, contexte, personnages et ce qui leur arrive) ne surfe pas uniquement sur les tendances du moment, à savoir les modes des loup-garou, zombie, vampire, personne gothique et sorcier mais notre cher illustrateur va plus loin, frisant la parodie sympathique.

Le scenario est séduisant et l’histoire démarre sur les chapeaux de roue.  Avec une telle brochette de personnages et un tel lieu de débauche (im)mortelle, on pourrait peut-être lui reprocher de ne pas aller plus loin dans le côté délirant mais n’oublions pas qu’il s’agit aussi d’un premier volume. Le tome Gretchen se révèle être un poil trop lisse et trop policé mais un très beau préambule à une série prometteuse.

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Comme je le disais, la bande dessinée présente un scénario bien léché et audacieux mais aussi un découpage dynamique et accrocheur. Toutes les illustrations ont été réalisées sous Illustrator 9 et uniquement par Arthur de Pins (pour mettre fin aux ragots) ; il précise par ailleurs que chaque planche demande un travail de trois jours à deux semaines.
Forcément, j’accroche beaucoup à son « trait » ou encore à ses illustrations appelées « sans trait », sans ce fameux trait noir de la bonne BD franco-belge. Bien que les détracteurs pensent qu’on ne peut faire du dessin qu’avec papier et crayon ; ce qu’Arthur de Pins nous offre est loin d’être sans saveur. Tout dépend des goûts et des couleurs mais la différence réside dans le savoir d’exprimer son opinion personnelle avec un « je n’aime pas, car… » plutôt que de clouer une généralité qui ne peut en être une avec un « c’est moche ». Les illustrations ne sont pas aussi riches que la couverture mais elles restent soignées, quelque peu « cartoon ». Certains pensent qu’il manque de couleurs, mais je trouve, au contraire, qu’il s’agit d’une envie de coller à l’ambiance et au thème proposés. Les vues d’ensemble et les détails sont finement réalisés.
Bref, je trouve le tout magnifique et cela fait bien longtemps que j’affectionne les travaux de notre cher auteur.

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Voilà, cela va sans dire que j’attendais plus qu’impatiemment la sortie de ce premier tome pour voir un peu ce que Monsieur avait dans le ventre, et j’adhère totalement.

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Le seul souci réside à se dire « quoi, la BD est déjà terminée ? Mais à quand le prochain tome ?! » Et bien, presque sans souci, on peut dire que le tome 2 est déjà réalisé et qu’Arthur de Pins a déjà des idées sur le tome 3. Il sait aussi comment l’histoire va se terminer mais ne sait pas de combien de tomes la série se composera.
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)°º•. Arthur de Pins est un jeune homme né en 1977 en Bretagne. Il a été publié dans le magazine Spirou, Max et Fluide Glacial. On le connaît essentiellement pour sa série à très grand succès, Péchés Mignons. Il est également l’illustrateur de certains « Osez… » et de l’anti-kamasutra à l’usage des gens normaux en collaboration avec Maïa Mazaurette.
Le site d’Arthur de Pins.

Le superbe site web  de Zombillénium est à découvrir si vous ne l’avez pas encore fait (han, pas bien)
Si le tome 2 est sorti un an après ce premier volume, le tome 3 de Zombillénium a fini par suivre !
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Post it personnel pour mon chéri : cette BD est à moi. A-m-o-i !
C’est simple, regardes, j’y ai écrit mon nom dessus.

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Souvenir lié à ma lecture : « mais le 27 août, c’est dans trop longtemps ! « 

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Pics : Dupuis ©

CALVO David – Wonderful

10/07/2010 26 commentaires

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Wonderful David CalvoTitre : Wonderful
Auteur : David Calvo
Plaisir de lecture : coeur notation Livre avec entrée au Panthéon

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Bientôt, la Terre n’existera plus. La lune est morte et va venir s’écraser sur la Terre, pulvérisant les humains et leurs rêves. Dans les derniers instants de vie, les Londoniens fourmillent : ils vivent, certains goûtant à une vie victorienne, d’autres en écoutant la radio, ou en accédant à une douce folie. Beaucoup de personnes ont un but commun : participer au grand marathon de danse au Trafalgar Square qui a lieu ces prochains jours. L’objectif est de devenir le nouveau Roi de Londres. Sur les chansons sélectionnées de BlueFM, Pooh tente de ne pas se noyer dans son chagrin, Margot cherche en vain un partenaire pour le marathon et Loom tente tant bien que mal de comprendre les paroles que prononce une orpheline en état de choc. 

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Wonderful 01)°º•. Loom (Dr Loomis de son vrai nom) exerce au complexe où des enfants abandonnés de plus en plus nombreux grossissent les rangs à l’approche de l’apocalypse. Pooh, sa compagne erre dans l’appartement et dans sa tristesse permanente que seule la présence de Loom arrive un peu à tarir. Loom est appelé en urgence auprès de la nurserie où une orpheline, inconsciente et en état de choc chante d’étranges paroles. Obsédé par ce qu’il en retourne, il va chercher à trouver la langue que cette fille a employée. Au détour de murs blancs, un malade qui s’est lui-même transpercé les yeux crie qu’ils l’ont retrouvé et qu’ils vont le faire grossir. Complètement asservi par ses pensées, Loom ne se rendra pas tout de suite compte qu’il est suivi par deux détectives, les frères Floatsam et Jetsam.
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Margot Fiedler, quant à elle, est désespérée. Elle recherche activement un partenaire pour participer au marathon de danse. Elle n’a pas le choix, elle doit gagner. Coûte que coûte, c’est une course contre la montre qui se joue pour elle. Difficile pour une femme qui passe son temps le nez dans les livres, entre deux coups de stress, elle adopte Ornette, un drôle de « flocon ».
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Grimm survit dans son palais, assisté d’Ignatz un orphelin recueilli, chaque jour est une nouvelle épreuve. Bien que ses sujets lui semblent fidèles, il sait très bien qu’on veut lui destituer son titre de Roi de Londres. Sa dernière trouvaille est un kaléidoscope qui semble bien l’accaparer…
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Les reines Victoria et Mab, toutes deux sur leur territoire veillent au bon grain et sur leurs adeptes. Mais il ne fait pas bon régner quand certains Londoniens ne comprennent pas les lubies d’autres et que tout est prêt à déraper.

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Pourquoi Pooh est-elle si triste ? Dr Loom va-t-il trouver la traduction de ces paroles incohérentes ? Pourquoi est-il suivi par Floatsam et Jetsam ? Pour qui les détectives travaillent-ils ? Margot trouvera-t-elle un compagnon à temps pour le lancement du marathon ? Qui est Ornette ? Est-il seulement possible de détrôner Grimm ? Qui lui a offert le kaléidoscope ? Les reines Mab & Victoria ne sont-elles pas des usurpatrices ?

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)°º•. Nous entrons de vif dans une histoire pré-apocalyptique mais non moins romanesque. En tant que lecteur, nous sommes catapultés dans un univers qui n’est point expliqué. Il est difficile de se dire dès les premières pages, de lâcher prise et de se laisser porter. Au même titre que Loom, nous n’avons aucune vue omnisciente et nous avancerons autant à tâtons que lui. Tout jouera sur la désorientation du lecteur, qui de fil en aiguille, se surprendra par les retournements de situations et les révélations. A la moitié de l’histoire, nous découvrirons toujours de nouvelles intrigues, et reprendre son souffle devient difficile. Certes, nous apprenons le rôle de chacun, les actions, mais l’identité de chacun demeure encore floue. Le complot est universel et le déroulement peut paraître angoissé et déroutant.

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Wonderful 02)°º•. Sur toile de « rêve », Calvo nous peint une fresque des activités humaines. L’euphorie permanente des personnages côtoie leur cynisme tatillon. Chaque « clan » d’humains, en vu de ses croyances s’est attribué un quartier de Londres. C’est comme ça que nous retrouvons les Victoriens et leur Reine Victoria à Buckingham Palace et la Reine Mab et son peuple féérique aux Jardins de Kensington. Certains citoyens se retrouveront pourtant bien seuls, notamment Loom qui sauve sa peau, Pooh l’affligée, Margot la solitaire et la voix de BlueFM, radio « pirate », Gouldling coincé dans son complet-veston gris, et Grimm, Roi de Londres. Wonderful est bien entendu la scène de ces destins croisés de nos personnages.
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Manifestement, Wonderful a des allures de Neverwhere de Neil Gaiman. En premier lieu, les décors londoniens s’inspireront du précédent livre et pour ma part, je trouve que le combo Floatsam & Jetsam a quelques ressemblances avec le couple Croup & Vandemar.  Scènes poétiques et burlesques montent sur la scène tour à tour. Tragédie & Comédie se succèdent. La forte sensibilité des personnages frôlera leur intense exaltation. Dans un Londres où Big Ben a cessé de sonner, dans un Londres où l’esprit baroque prime, dans un Londres où tout est possible, vous n’aurez qu’une envie : y entrer !
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Calvo nous présente un condensé de chimères absolument délicieux. Son histoire se révèle être également un exercice de style superbe. Il saura créer un équilibre parfait entre fantastique et rocambole.
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Pour certains lecteurs, ce côté rêveur/poétique ne saura pas autant les transporter que j’ai pu l’être. J’ai aimé ce côté de l’abandon total du lecteur, invité simplement à « profiter ». Les personnages un poil tordu m’ont totalement séduite et l’univers baroque d’un(e) Londres effervescent(e) n’a pu que me plaire. La dimension de la machination planétaire ne pourra rendre que plus fragile cette histoire où les humains sont bien loin… de tout.

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)°º•. Calvo a reçu le Prix Julia Verlanger 2001 avec Wonderful.
L’édition que j’ai entre les mains, est celle de Bragelonne, dont la magnifique couverture a été refaite pour leurs « 10 ans » et est signée David Oghia.
Moi qui me plains des titres de chapitre trop révélateurs, je vous avoue que cette fois, j’ai été servie et que la majorité d’entre eux me demeurent encore énigmatiques.

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Biographie :
David Calvo Né en 1974, au milieu des îles blanches de Massilia, ce bout du monde, David Calvo est systématiquement arrêté dans les aéroports pour vérification d’identité. Quand il ne court pas le monde pour se cacher de ceux qui lui veulent du mal, David Calvo écrit des livres, des nouvelles et des scénarii. On a dit de lui qu’il est hors normes, sans respect pour les codes et genres de la littérature, qu’il se nourrit exclusivement de caramel et de thé à la menthe. C’est vrai, mais il y a plus encore : iconoclastes et dérangées, ses œuvres sont en fait les cris désespérés d’un homme prisonnier de sa propre image, dont il tente de se débarrasser depuis qu’un sinistre critique a vu en lui le nouveau Norman Mailer de la Fantasy. Aujourd’hui, David Calvo se laisse bercer par les querelles intestines que son estomac droit livre, avec patience et opiniâtreté, à son colon gauche. Wonderful est son deuxième roman.

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)°º•. Extrait :

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Wonderful extrait

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Dans le chaudron :
¤ Neverwhere de Neil Gaiman

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Wonderful 03Souvenir lié à ma lecture : Le choix de mon marque-ta-page, que j’ai découvert on ne peut plus approprié, à la fin de ma lecture. « Guardians » d’Amy Brown.

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Ce livre a été apprécié en lecture commune avec GaëtanLhisbei. Hugin & Munin et Librairie Critic se sont aussi exclamés  » So ! »

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Pics : #1 Nightfall Over Big Ben par AngryDogDesigns, #2London after Midnight par IndigoChildren, #3 Guardians par Amy Brown.

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WEEKS Brent – L’ange de la nuit ~ La voie des ombres, tome 1

19/04/2010 18 commentaires

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La voie des ombres Brent WeeksTitre : La Voie des Ombres (L’ange de la nuit, tome 1)
Auteur : Brent Weeks
Plaisir de lecture : coeur notation Livre avec entrée au Panthéon
Tome 2, tome 3

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A Cénaria, la loi des rues est la plus dure. Azoth vit au rythme des supplices infligés par le Rat. Chef de la guilde des dragons noirs, il n’hésite pas à imposer ses règles par la violence. Poupée et Jarl, les amis d’Azoth en font les frais. Afin de les sauver de leur sinistre quotidien, Azoth est prêt à quitter le Dédale, quartier où ils survivent. Les genoux jouant des castagnettes et claquant des dents, notre chétif Azoth prie Durzo Blint le pisse-culotte de le prendre comme apprenti. Mais notre brave gamin est loin de deviner qu’il devra tout aussi durement survivre que dans les rues du Dédale, changer d’identité, et même… donner la mort.

Au sein du royaume de Cénaria, domine une anarchie certaine. Cette ville est rongée par la corruption et les rênes sont tenus par la pègre des Neuf appelée le Saka’gué. Il domine différents mondes afin qu’une certaine accalmie perdure entre eux. Toutefois, l’insécurité y est perpétuelle : vie pitoyable, racket incessant, forte corruption, vols, prostitution, arnaques et mort au quotidien n’y sont pas des moindres.

Pour assainir l’environnement, les corrompus font appel à la crème des assassins, les qualifiés pisse-culotte. Cette élite atypique est de fait hors-norme car ces rares membres sont dotés d’un Don.

Ignorant de tout (ou presque) Azoth prie le majestueux Durzo Blint de le prendre sous sa coupe. La vie à ses côtés se révèlera dense et aussi détestable que son ancienne vie dans le Dédale. Devenu maintenant Kylar Stern, il devra s’allier à certaines figures, aider Durzo dans ses contrats et surtout, continuer de respirer à tout prix. Il va évoluer dans un monde dont les coulisses sont source de mort certaine, sans en connaître ni les fils, ni les logiques. Implacablement, c’est le grand bain pour Azoth.

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La voie des ombres 01)°º•. Avec cette trilogie, difficile de ne pas parler d’archétype des personnages ! Les personnalités ne sont pas originales, nous avons l’enfant martyrisé, l’assassin, la pute, le gigolo… avec tout ce que nous accrochons à ces portraits types en matière de défauts et de qualités. Ils manquent tous de profondeur dans ce premier volet. Espérons que Weeks saura les développer par la suite.

Parmi la ribambelle de personnages, quelques petits mots au sujet de…

Azoth est une pauvre gens de 11 ans quand débute le roman. Il est sous-fifre dans une guilde des enfants mendiants du dédale, la Guilde des Dragons Noirs. A la tête de cette dernière, se trouve le Rat qui maltraite les gamins afin de les garder sous son contrôle : violence gratuite, menaces et viols à répétition. Notre petit Azoth souhaite protéger ses amis, Jarl son copain et Poupée, une toute petiote muette du Rat.
Pour arriver à ses fins, il tente coûte que coûte de devenir l’apprenti du meilleur pisse-culotte de Cenaria, Durzo Blint.  Azoth va mourir, notre protagoniste devient par la force des choses, Kylar Stern. Il devra changer d’identité, perdre ses amis, devenir sombre et tragique et donner la mort. Bien malgré lui, il n’atteindra pas le rang élitiste des pisse-culotte car il n’a pas de Don et devra utiliser bon nombre d’artefacts. Notre Azoth-Kylar va gagner peu à peu en maturité, devenir extrêmement attachant et la relation avec son maître est… particulière. A vous de le découvrir.

Durzo Blint, est un super assassin aux supers pouvoirs. Ni plus, ni moins. L’équation Durzo Blint = mort fait tout le charme de notre super dur à cuire. C’est la crème de la crème de Cenaria, mais tu ne voudrais même pas le croiser dans tes rêves. Un personnage épicé qui éveille notre curiosité.

Dans l’entourage d’Azoth, nous retrouvons également Logan Gyre, fils de noble qui deviendra l’ami de notre gamin ; Mamma K. est une figure intéressante et saura remettre Azoth dans le droit chemin et avorté dans l’œuf ses belles illusions.

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La voie des ombres 02)°º•. Cette première trilogie de l’auteur a connu un succès phénoménal outre-Atlantique. Elle arrive en France en 2009.  Sans aucun doute, les guildes d’assassins ont toujours piqué à vif les lecteurs : grands amateurs ou simples curieux, nous sommes attirés par les assassins comme les abeilles par le miel. Que ce soit pour leur vie de grands chemins, leurs armes à foison ou leurs non-principes de vie, l’assassin, tu l’aimes cher lecteur. Et là, tu vas être servi !
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Brent Weeks nous propose un roman réellement sombre et non moins réaliste. La violence y est dominante, l’univers est sordide et macabre. Bien que les « races » originales de magiciens, sorciers, dragons et autres lutins soient totalement absentes de l’histoire, le roman n’en demeure pas moins épique et délicieux.  Le monde se révèle assez travaillé notamment avec cette menace globale que nous retrouvons à tous les coins de page.
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La magie est cependant bien présente avec l’existence de Don : il se matérialise sous différentes formes : décupler la force, séduire les personnes, marcher plus vite, devenir discret. La différence entre un bon pisse-culotte et un assassin médiocre est la possession du Don… ou non. Pour reprendre une phrase de Salvek que je trouve très juste : le pisse-culotte est à l’assassin, ce que le fauve est au chaton.
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Je pense que si je devais retenir un atout indéniable du livre, ce serait son rythme : les ennemis retors et sadiques ne sont pas en reste et demeurent au cœur des différentes actions. Le langage un peu châtié œuvre pour la véracité de l’histoire. L’intrigue politique apparaît doucement et les trahisons de tous les côtés cadencent la lecture. Le retournement de situations improbables est à couper le souffle. La violence est relativement difficile à lire mais Brent Weeks détourne savamment le récit au moment les plus insoutenables.
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Et bien sûr, l’inconvénient menu-menu, est les ellipses trop importantes ; l’apprentissage au métier d’assassin d’Azoth est emballé-pesé en quelques pages alors qu’on aurait aimé tant en découvrir plus !

En bref, en résumé et pour conclure, je vous invite à découvrir ce premier tome car on entre dans la vie de pisse-culotte, on y découvre les mystères de Cenaria et la richesse d’histoires aux multiples rebondissements.

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Chouette, de l’assassin ! Non, de la crème de l’assassin : du pisse-culotte. Partez, si vous le pouvez, sur les traces du meilleur, Durzo Blint. Notre apprenti en herbe, Azoth va en bouffer du foin avant de comprendre les quelques rouages d’une grande Cénaria immorale. Trahisons, morts, surprises et rebondissements sont au programme. D’accord, les personnages manquent un peu de profondeur, mais ils détiennent tous du ressort et croyez-moi, le récit est rythmé, vous en aurez pour vos sous !

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La voie des ombres 03
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Brent Weeks)°º•. Brent Weeks, né en Arizona, passa quelque temps à parcourir le monde comme Caine, le héros de Kung Fu, à s’occuper d’un bar et à corrompre la jeunesse (mais pas en même temps), avant de commencer à écrire sur des serviettes en papier de restaurants. Enfin, un jour, quelqu’un décida de le payer pour ça.
Son site web perso : Brentweeks.com

Et waaaaah, la super-méga-belle-couverture ! Elle est signée par Frédéric Perrin. Et elle nous réconcilie bien vite avec les couvertures fantasy connues pour leur kitschissime à souhait.

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Ce n’était pas la première fois qu’Azoth pénétrait dans un souterrain et s’il n’aimait pas beaucoup se déplacer à tâtons dans une obscurité sirupeuse il en était néanmoins capable. Pourtant, ce boyau était curieux. Au départ, il ressemblait à tous les autres : un couloir rudimentaire taillé dans la roche sinueux et, bien entendu, noir comme un four. Mais tandis qu’il s’enfonçait dans les profondeurs de la terre, les parois devinrent plus droites ; le sol, plus lisse. Ce tunnel menait à un endroit important.
Il n’était pas bizarre, juste différent. Ce qui était bizarre, c’était ce qui se trouvait trente centimètres devant Azoth. Le garçon s’accroupit et se reposa en réfléchissant. Il ne s’assit pas : on s’asseyait lorsqu’on était sûr qu’il n’y avait pas de danger et qu’il ne faudrait pas s’enfuir à toutes jambes.
Il ne sentit pas d’odeurs inhabituelles, bien que l’air soit lourd et aussi épais que du gruau. En plissant les yeux, il distinguait quelque chose, mais, selon toute probabilité, c’était justement parce qu’il plissait les yeux. Il tendit la main devant lui. Est-ce qu’il ne faisait pas plus frais par là ?
Il était certain de sentir un vague courant d’air. Une peur soudaine le traversa comme une décharge électrique. Blint était passé à cet endroit vingt minutes plus tôt sans porter de torche. Azoth n’avait pas réfléchi à ce détail, il se rappela alors certaines histoires.
Un petit souffle aigrelet caressa sa joue. Azoth faillit s’enfuir en courant, mais il ne savait pas quel côté était dangereux, quel côté ne l’était pas. Il n’avait aucun moyen de défense. Une nouvelle bouffée effleura sa joue.
Ca sent bizarre. L’ail ?
_ Il y a des secrets en ce bas monde, mon garçon, dit une voix. Comme les systèmes d’alarme magiques et l’identité des Neuf, par exemple. Si tu fais un pas de plus, tu apprendras un de ces secrets. Ensuite, les deux gentils cogneurs qui ont ordre de s’occuper des intrus te tueront.
_ Maître Blint ?
Azoth scruta les ténèbres.
_ La prochaine fois que tu suis quelqu’un, ne sois pas si discret. Ca met la puce à l’oreille.
Azoth ne comprit pas ce que cela signifiait, mais ce n’était pas de bon augure.
_ Maître Blint ?
Il entendit quelqu’un s’esclaffer en s’éloignant, plus haut dans le tunnel.
Le garçon se releva d’un bond en sentant ses espoirs s’évanouir comme les échos du rire. Il remonta le boyau à toute allure dans le noir.
_ Attendez !
Personne ne lui répondit. Azoth accéléra et trébucha contre une pierre. Il s’affala et s’écorcha les genoux et les paumes sur le sol rocailleux.
_ Maître Blint ! Attendez ! Il faut que je devienne votre apprenti ! Maître Blint ! Je vous en prie !
Une voix parla juste au-dessus de lui, mais il ne distingua rien en dépit de ses efforts.
_ Je ne prends pas d’apprentis. Rentre chez toi mon garçon.
_ Mais je ne suis pas comme les autres ! Je ferai tout ce que vous me demanderez ! J’ai de l’argent !
Personne ne lui répondit. Maître Blint était parti.

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La voie des ombres 04 La voie des ombres 05 La voie des ombres 06

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Dans le chaudron :
¤ Le choix des ombres, tome 2
¤ Au-delà des ombres, tome 3

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Book en stock, Fantasy au petit déjeuner, Librairie Critic ont aussi aperçu un pisse-culotte.

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Pics : #1 Kylar Stern par FalconsCompass, #2 Kylar Stern par Kailerine, #3 Durzo listening par StitchedUpRabbit, #4 Portrait de Brent Weeks, #5 Couverture américaine, #6 Un pisse-culotte par XIII-Nightmare, #7 Durzo Blint par AzureReilight.

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GAIMAN Neil – Neverwhere

25/09/2009 28 commentaires

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Titre
: Neverwhere
Auteur : Neil Gaiman
Plaisir de lecture Livre avec entrée au Panthéon

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Le visage crasseux s’adoucit.
_ Tiens, mon pauvre, dit-elle en fourrant une pièce de cinquante pence au creux de la main de Richard. Alors, ça fait combien de temps que t’es à la rue ?
_ Je ne suis pas à la rue, répondit Richard avec embarras en s’efforçant de restituer la pièce à la vieille. Je vous en prie – reprenez votre argent. Je vais très bien. Je suis simplement sorti prendre l’air. Je pars demain pour Londres, expliqua-t-il.
Elle lui jeta un coup d’œil soupçonneux, avant de récupérer ses cinquante pence qu’elle fit disparaître sous les strates de manteaux et de châles qui l’emmitouflaient.
_ J’y ai été, à Londres, lui confia-t-elle. Et j’m’y suis mariée, à Londres. Mais c’était un sale type. Ma m’man m’avait prévenue, de pas me marier à l’extérieur. Mais j’étais jeune et j’étais belle, on le dirait pas maintenant, et j’ai écouté que mon cœur.
_ Je n’en doute pas, répondit Richard, gêné.
La certitude qu’il allait vomir commençait peu à peu à s’estomper.
_ Ca m’a fait une belle jambe. J’y ai été, à la rue. Alors, je sais comment c’est, poursuivit la vieille. C’est pour ça que j’ai cru que z’étiez. Et z’allez faire quoi, à Londres ?
_ J’ai trouvé du travail, lui répondit-il fièrement.
_ Dans quoi ?
_ Euh, les placements financiers…
_ J’étais danseuse, fit la vieille.
Et elle se déplaça en titubant sur le trottoir, tout en se fredonnant une mélodie indistincte. Puis elle se mit à tanguer d’un bord sur l’autre comme une toupie en fin de course, avant de s’immobiliser face à Richard.
_ Donnez vot’main, lui ordonna-t-elle. J’vais vous dire la bonne aventure.
Il fit ce qu’on lui demandait. Elle posa la main du jeune homme dans sa vieille paume et la serra fermement, avant de cligner plusieurs fois des yeux, tel un hibou qui vient de gober une souris et ressent les premières atteintes de l’indigestion.
_ Z’avez un long chemin à faire, dit-elle, surprise.
_ Jusqu’à Londres.
_ Non, pas seulement. (La vieille observa un silence.) Pas un Londres que je connais, en tout cas.
A ce moment, la pluie se mit à tomber doucement.
_ Pardon, dit-elle. Ca commence par des portes.
_ Des portes ?
Elle hocha la tête. La pluie redoubla, tambourinant sur les toits et l’asphalte de la rue.
_ J’me méfierais des portes, à vot’ place.

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Voilà, c’est ce passage qui m’a charmé. Je crois que je l’aurai trouvé sur le net, je n’aurai même pas lu le quatrième de couverture.
Une rencontre qui n’avait pas lieu d’être, deux mondes différents, une rencontre hors limite du temps, « intemporelle ». Mais exactement, le ton et l’ambiance du livre: magique !

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)°º•. Richard Mayhew est un homme heureux. Enfin, presque. Coincé entre les visites de musées, Jessica et ses trolls, il est persuadé de l’être. Il ne semble pas éprouver de difficultés à vivre un quotidien qui ne lui ressemble pas. Convaincu d’avoir une vie à chérir, il s’enfonce dans des habitudes qui ne sont pas les siennes, empruntées.
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Un soir, sur le chemin d’un restaurant, Richard et Jessica tombent sur une femme ensanglantée. L’une la traite d’alcool et veut poursuivre son chemin, l’autre ne décolle pas ses yeux. Il faut la sauver, elle est sacrément amochée. Richard se trouve alors en compagnie d’une demoiselle fragile à soigner, en l’absence d’une compagne vexée et furieuse. La demoiselle repêchée dort d’un sommeil profond quand deux inconnus Messieurs Croup & Vandemar sonnent à sa porte.
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Tout s’enchaine : il leur ouvre mais, les yeux écarquillés, il ne voit plus la demoiselle endormie. Quelques minutes plus tard, il constate qu’elle parle aux animaux. Une fois sur pied, elle se volatilise.
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Abasourdi et se sentant complètement à côté de ses pompes, il tente de reprendre sa vie. Sauf qu’… il est devenu invisible au monde. A son monde… Et le voilà projeté dans un Londres d’En-Bas avec ses rencontres, ses vices, ses ruelles labyrinthiques et ses faits magiques complètement irréalistes. Bienvenue à London Underground !

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)°º•.  Parlons tout d’abord des personnages. Ils sont sinistres, horripilants, magouilleurs, roublards, dandy, fragiles, frêles, discrets, sombres et énergiques. Et pourtant, difficile d’en croire à des archétypes. Ils sont tous hauts en couleurs, on les imagine très bien grâce au style de Gaiman qui favorise cette « réalité » visuelle qui nous vient en lisant le livre. Qu’il soit Marquis de Carabas, Old Bailey, Chasseur, Porte, Vandemar, Croup ou encore Islington, on s’y attache énormément ou moins, selon leurs traits de caractères… particuliers. J’avoue avoir une préférence pour la jeune demoiselle Porte ainsi que pour Lamia Velours… sans aucun doute, c’est leur portrait qui m’a séduit : l’un avec une certaine fragilité, des vêtements en superposition, un côté très « petit peuple », de l’autre, les yeux mangeant le visage, le côté doux, le gris, le violet et sa douceur. Mais attention, les personnages ne sont pas ce qu’ils prétendent être !
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Les objectifs des personnages restent difficilement cernables lors des premiers chapitre, mais au moins, on commence à parcourir le « nouveau » monde. Pour moi, et non des moindres, le mystère qui règne autour du marché flottant et de son prochain établissement géographique reste un de plus grands moments de plaisir… et de questionnement. Une fois, juste une fois, j’aurai aimé y mettre les pieds.
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Finalement, l’En-Bas de Londres est mis en devant de scène. C’est une sorte de reflet de Londres. La géographie des lieux est époustouflante et les ambiances sombres et marginales nous séduisent ! J’aime cette invitation au voyage, les trouvailles brillantes de Gaiman qui nous donnent tant envie. La crédibilité prend tout son sens quand on se dit que finalement, ce Londres-ci est la porte d’à côté. On se délecte d’un monde que l’on découvre… et dont on a toujours eu envie qu’il existe !
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Les détails pour les sentiments, les réactions et même les décors donnent un aspect « cohérent » à l’histoire : « botte au bout carré » « poche revolver d’un immense manteau noir de dandy, ni réellement redingote, ni vraiment trench-coat ». Parallèlement, l’absurdité est aussi omniprésente : que ce soit la femme sur le trottoir venue de nulle part, la demoiselle qui parle aux animaux, son volatilisation lors de la visite des messieurs Croup & Vandemar, son nom « Porte », surfer au-dessus de Londres, acheter des cauchemars frais, vendre une formule magique pour consulter la carte des métros… bref, Richard en prend plein les mirettes : et nous aussi.
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Le style de Gaiman est vivifiant et prenant. Que ce soit les passages en italiques pour les flash-back très proches et les pensées des gens ou pour l’utilisation de l’humour cynique, ce livre se pose là. De l’urban fantasy comme on l’aime. Un livre fantastique qu’on ne peut lâcher… et qui je pense, on n’oublie pas !

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Humour cynique, ambiances sombres, Londres marginal. Voici le cocktail explosif que nous propose Gaiman. Un univers qu’on rêve tous d’en fouler le sol, qui se trouve à la porte d’à côté. Mystère, labyrinthes et incroyables rencontres attendent de pied ferme notre personnage Richard Mayhew… et les lecteurs. Les personnages hauts en couleurs valent le détour, le Londres peint est subtil et donne envie. Une histoire fantastique à lire de toute urgence.

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)°º•.  Gaiman, Neil de son petit prénom n’est plus à connaitre, tout le monde a déjà entendu parler de lui – du moins, j’ose espérer –. C’est un auteur britannique vivant aux USA et qui a fait son petit trou dans les rideaux du devant de la scène de la littérature fantastique (reprenons notre souffle). Comics, romans et nouvelles, Neil Gaiman a plus d’un tour dans son sac.
Son site/blog, son twitter.

Pour MON exemplaire (lorsque ce livre était encore en rupture de stock), je ne remercierai jamais assez Vert

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)°º•. Extraits

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On ne fait pas une omelette sans tuer quelques personnes.

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L’eau du récipient chauffait à gros bouillons. Richard contempla l’eau qui s’agitait et l’épaisse vapeur qui montait, se demandant ce qu’ils allaient en faire. Son imagination lui fournit une foule de réponses, dont la plupart lui auraient infligé une douleur inconcevable, et dont aucune ne se révéla correcte.
On versa l’eau bouillante dans un pot, auquel le frère Fuligineux ajouta trois cuillerées de feuilles séchées et broyées. Le liquide qui en résultat fut versé directement du pot dans trois tasses de porcelaine, à travers une passoire. L’abbé leva sa tête d’aveugle, huma l’atmosphère et sourit :
_ La première partie de l’Epreuve de la Clé, dit-il, est une bonne petite tasse de thé. Vous prenez du sucre ?
_ Non, merci, répondit Richard, sur ses gardes.
Le frère Fuligineux ajouta un peu de lait dans le thé et passa une tasse et une soucoupe à Richard.
_ Il est empoisonné ? S’enquit celui-ci.
L’abbé parut presque choqué.
_ Grand Dieu, non.
Richard but le thé, qui avait grosso modo le goût habituel du thé.
_ Mais ça fait vraiment partie de l’épreuve ?
Le frère Fuligineux prit la main de l’abbé et y plaça une tasse de thé.
_ C’est une façon de parler, dit l’abbé. Nous aimons toujours offrir une tasse de thé aux candidats, avant de commencer. Cela fait partie de l’épreuve pour nous. Pas pour vous. (Il bu un peu de son propre thé, et un sourire béat se répandit sur son antique visage.) Un thé plutôt savoureux, tout bien considéré.
Richard posa sa tasse, quasiment intacte.
_ Alors, demanda-t-il, verriez-vous un inconvénient à ce que nous passions tout de suite à l’épreuve ?

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Tout le monde achetait. Tout le monde vendait. Richard écouta les cris du marché en commençant à déambuler dans la foule.
_ Ils sont beaux, ils sont frais, mes rêves. Cauchemars, cauchemars, première qualité ! Venez acheter mes beaux cauchemars.
_ Aux armes ! Armez-vous ! Défendez votre cave, votre caverne ou votre terrier ! Vous voulez leur taper dessus ? On a ce qu’il faut. Allez, ma belle, approchez, venez par ici…
_ Cochonneries ! Beugla une vieille obèse dans l’oreille de Richard quand il passa devant son étal malodorant. Détritus ! poursuivit-elle. Ordures ! Déchets ! Fange ! Immondices ! Servez-vous ! Tout est cassé et abîmé ! Saloperies, saletés et vieux tas de merde. Allez, allez, faites-vous plaisir.
Un homme en armure battait un petit tambour, chantait en même temps :
_ Objets perdus ! Approchez, approchez ! Voyez vous-mêmes. Objets perdus. Rien de trouvé ici, tout est garanti perdu.

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Un vieux téléphone reposait dans un coin de la pièce. Un vieux téléphone en deux éléments, inutilisé par l’hôpital depuis les années vingt, en bois et Bakélite. M. Croup saisit le combiné par lequel se terminait un long cordon gainé de tissu et parla dans le microphone fixé sur la base.
_ Croup et Vandemar, annonça-t-il d’une voix suave, Maison de Tradition. Obstacles oblitérés, nuisances éradiquées, amputation des membres gênants et dentisterie à l’ancienne.

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Le blog d’Yspaddaden, Les chroniques d’Isil, Les lectures de Xapur, LupaMon coin lecture (Karine), Nevertwhere, Tortoise’s Times Tree ont aussi a-do-ré.

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MOORE Christopher – Le sot de l’ange

10/06/2009 8 commentaires

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Titre : Le sot de l’ange
Auteur : Christopher Moore
Plaisir de lecturecoeur notation Livre avec entrée au Panthéon

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C’est tout Pine Cove, petite bourgade de Californie, qui s’active pour les préparatifs de Noël. En ces quinze derniers jours avant la date, Pine Cove se dédie à une joie commune, par la générosité envers autrui. Cette année, c’est l’immonde agent immobilier, Dale Pearson, qui endossera le costume de Père Noël.

Lors d’une petite altercation entre Léna Marquez et lui, Dale Pearson reçoit un coup fatal de pelle de la part de son ex-épouse. Joshua Barker, 8 ans et déjà en retard pour rentrer à la maison, assiste aux faits et voit le Père Noël passer l’arme à gauche.

C’est alors que toute la ville s’en mêle et le tout dérape: Tucker Case qui passait dans le coin, aide Lena Marquez à cacher son crime et lui présente sa chauve-souris géante végétarienne. Théophile Crowe, shérif de Pine Cove à ses heures perdues doit enquêter sur l’affaire et simultanément surveiller sa femme Molly Michon, schizophrène de son état, se prenant toujours pour une guerrière du désert et ayant arrêté ses médicaments.  Quant à Joshua, conscient que la mort du Père Noël entraînera une absence de cadeaux, formule un vœu à l’adresse de Dieu afin de faire revenir à la vie, le Père Noël échu. Notre grand copain, Ange Gabriel, assoiffé de réussite dans le vœu humain, chercher à réussir le voeu formulé de la part enfant et passant dans le coin, se dit que finalement, les Cieux lui sourit. Cependant, il n’est pas aisé ni même donné à tout le monde de réanimer un mort sans aucune conséquence.

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)°º•. Là, vous avez compris, avec ce décor planté, cela relève d’une belle m*rde !
Ce livre est tout simplement poilant. On se retrouve en lecteur ricanant du génie de l’histoire. C’est une réussite totale, une merveille d’humour déjanté et saugrenu (et j’en arrêterai là pour les superlatifs).
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Voilà enfin un livre où on assiste à un véritable retournement ironique des contes de Noël.  Christopher MOORE brise les conventions de la merveilleuse nuit de Noël, il met à mal les clichés de cette période, et on adore ça ! Il se base énormément sur l’imagerie de Noël que nous avons tous et décline le tout grâce à un jonglage rire/horreur.
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L’auteur est un fou dangereux. Les règles du jeu sont simples: on éclate de rire… et on ne prend rien au sérieux. On se délecte du jeu de Moore qui met en place tous les petits éléments de sa version de conte de Noël. Sans oublier que le délire s’étend bien évidemment jusqu’au chapitrage du bouquin.
Le style est fluide et nous entraîne dans cette mouvance sans dessus dessous. L’action se divise en une multitude d’épisodes et on tourne les pages fébrilement pour savoir la suite, vite, toujours plus vite. Seulement 256 pages pour pénétrer dans cet univers frappadingue et très vite on referme le livre avec la 4e de couverture. Et là, la seule réflexion qui nous formulons, s’avère être un onomatopée: « waouh!« 

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Apparemment, il y aurait quelques incohérences de traduction effectuée par Luc Baranger; mais elles ne m’ont absolument pas sauté aux yeux. Le tout est tellement bien enlevé qu’on reste dans l’histoire, sans se préoccuper de tout cela.

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)°º•.  Les personnages du bouquin sont issus des autres tomes de Moore, que ce soit L’agneau, Le Lézard lubrique de Melancholy Cove ou La Vestale à paillettes d’Alualu. Pour la plupart, ce sont des personnages- archétypes. Alors en ‘ »vrai », cela donnerait des personnes atypiques mais épatantes. Mais « sans rire », Moore nous sert une belle brochette de tarés doublée d’une équipe de bras cassés. Non, franchement, rien que les personnages valent le déplacement.
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Commençons par Dale Pearson. Agent immobilier de Pine Cove et ex mari de Léna Marquez, sa dernière grande prestation sera de jouer le Père Noël qui retrouvera vite la terre. Léna Marquez défend la cause des plus démunis, par tous les moyens. Elle se retrouve vite dépassée et s’appuiera sur l’aide improbable que propose Tucker Case. Ce dernier est l’admirable possesseur d’une chauve souris géante, parlante et végétarienne.
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On trouvera également un couple mal assorti avec Théophile Crowe, flic looser, fumeur accroc à la marijuana et pourtant mari flegmatique de la célèbre Molly Michon. C’est ancienne starlette de série B se prend toujours pour l’amazone des terres inconnues, son dernier rôle. Cependant, cette ex Kendra n’a qu’une envie, tuer des mutants des sables.
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Bien sûr, on retrouvera Joshua Barker qui formule un vœu de retour à la vie et notre grand sot d’Archange Gabriel.

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)°º•. Biographie (présente sur la quatrième de couverture)
Né dans l’Ohio en 1957, Christopher Moore, qui aime l’océan, le polo à dos d’éléphant, les émissions télévisées sur les animaux et les crackers au fromage, a étudié l’anthropologie et la photographie au Brooks Institute of Photography de Santa Barbara — où il écrira son premier roman, Practical Demonkeeping, publié en 1993. Après avoir passé quelques années dans une forteresse perdue sur une île inaccessible du Pacifique, il s’est récemment établi en Californie. « Si jamais il y a un auteur plus drôle dans le coin, qu’il s’avance d’un pas. » Playboy

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)°º•. Extraits

¤ L’avertissement écrit par l’auteur :

Si vous comptez offrir ce livre à votre grand-mère ou à un gamin, sachez qu’il contient des jurons, de subtiles descriptions de cannibalisme, ainsi que des scènes de rapports sexuels entre des personnages dont l’âge moyen tourne autour de la quarantaine. À bon entendeur, salut !
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¤ Je trouve que les premières lignes du livre donnent le ton :

L’esprit de Noël s’immisça dans Pine Cove. Sournoisement. Comme un truc pitoyable. Sous la forme de guirlandes ou de rubans que l’on accroche à pendouiller, de cloches de traîneau, de lait de poule ‘ qui passe par-dessus bord, d’odeur entêtante de sapin et de menaces de sinistres réjouissances, telle la perspective de faire la bise, sous une boule de gui, naturellement à quelqu’un qui souffre d’un bouton de fièvre.
Avec ses édifices de pseudo-style Tudor (tous outrageusement retapés façon villégiature au charme désuet), ses loupiotes clignotantes dans les arbres bordant la rue Cypress, sa fausse neige dans les coins de chaque vitrine, ses Pères Noël miniatures, ses bougies géantes illuminées sous chaque réverbère, Pine Cove s’offrait en pâture aux troupeaux de touristes en provenance de Los Angeles, de San Francisco et de la Grande Vallée, tous contaminés par la fièvre acheteuse, et en quête d’une véritable émotion commerciale. Alors que Noël se profilait (plus que cinq jours à attendre), Pine Cove, véritable ville miniature de la côte californienne, où le nombre de galeries d’art supplantait celui des stations-service, et celui des officines de dégustation de vin le nombre de quincailleries, semblait aussi avenante qu’une Miss Beauté de comice agricole bourrée comme un coing. La fête de la Nativité arrivait, accompagnée cette année de l’Enfant roi, car l’une comme l’autre étaient grands, inévitables et miraculeux. À vrai dire, Pine Cove n’en espérait qu’un sur les deux.
Ce qui ne signifie pas que les habitants n’étaient pas pénétrés de l’esprit de Noël. Les deux semaines qui précédaient l’événement, ainsi que les deux semaines qui le suivaient, déversaient une sympathique avalanche sonnante et trébuchante dans les tiroirs-caisses de la ville, car depuis la fin de l’été les touristes se faisaient rares. Alors, chaque serveuse épousseta son bonnet de Père Noël, posa sur sa tête une paire de merrains de daim factices et s’assura d’avoir quatre stylos en état de marche dans la poche de son tablier. Les employés des hôtels se préparèrent à affronter le déferlement de réservations de dernière minute pendant que les femmes de ménage troquaient leurs habituels déodorants domestiques à la putride senteur de poudre pour bébés contre des bombes au parfum plus festif, mais plus putride encore, à l’odeur de sapin et de cannelle. À La Boutique de Pine Cove, sur la pile de sweaters ornés des affreux merrains de daim, on plaça un écriteau «Offre spéciale vacances» et on y inscrivit le prix… pour la dixième année consécutive.
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¤ Et le premier chapitre est disponible en lecture,  ici.

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FOENKINOS David – Nos séparations

06/03/2009 5 commentaires

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Titre : Nos séparations
Auteur : David Foekinos
Note : Livre avec entrée au panthéon

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Fritz & Alice sont l’un pour l’autre, leur premier amour. Ils s’aiment et pourtant, ils vont passer leur vie à se séparer. Sous le coup de multiples raisons ou excuses, le temps va jouer d’eux, les situations grotesques, les histoires de dents, le travail, les belles-familles. Les aléas de la vie sont ancrées dans leur histoire d’amour. Par le soliloque de Fritz, nous vivrons avec ces deux personnages et entr’apercevoir l’essence même de leurs liens.

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Fritz est un fils de hippies, Alice fille de bonne famille : un monde entier de valeurs les sépare… et pourtant. Au fil des pages, leur histoire « allait commencer encore ». Nous découvrons une certaine décadence de l’amour ; cet amour qui possède plusieurs facettes. C’est un amour que l’on peut facilement mettre au pluriel et même pire : le conjuguer à tous les temps. On vit au rythme des mots, c’est une écriture simple, sans ambage : cela permet un partage pur, non travaillé des émotions. Quelques touches d’humour sont distillées dans les paragraphes malgré la tristesse des situations. On ressent une certaine amertume, une mélancolie du temps. On se voit dans certaines situations ; on vit avec le personnage : les angoisses véritables, les parfaits instants de bonheur.  Sans détour, j’avoue que ce sont ces petits détails de l’autre, ces menus souvenirs qui font la force et la fatalité de leur amour qui m’ont séduite et touchée. A chaque page lue, nous approchons des inévitables fins qui, malgré tous les indices, les ressentis de Fritz, éclatent avec l’intensité que nous supposions. Ce livre m’a peut-être touchée plus que de raison, car c’est finalement la magie de son arrivée : il est sans doute entré chez moi à un moment particulier dans ma vie.

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Quelques extraits :

* Je tentais simultanément de faire du sport pour avoir un beau torse et de lire l’intégrale de Schopenhauer pour me faire une idée précise de l’amertume. Selon plusieurs avis soudoyés, ce mélange me conférait une certaine élégance. Je pouvais peut-être envisager une vie de héros moderne. Seuls obstacles à cet héroïsme potentiel : mes insomnies. On ne peut pas sauver l’humanité sans ses huit heures de sommeil. Tous les héros dorment bien, même d’un œil. Ils maitrisent la nuit pendant que je compte tous les moutons du monde ; pas un qui m’ait jamais sauté par-dessus la ête. Il faudrait que l’un d’entre eux rate son saut. Se faire assommer par une masse laineuse endort à coup sûr.

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* Oui, je sais, c’est étrange de s’appeler Fritz. Surtout quand on n’est pas allemand. Mon père avait une passion pour le roman Mars de Fritz Zorn. Ainsi, il m’était tout à fait agréable de porter le prénom d’un auteur mort à trente-deux ans d’un cancer et qui disait : « Je trouve que quiconque a été toute sa vie gentil et sage ne mérite rien d’autre que d’avoir le cancer. »

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* [Le père d’Alice] s’intéressa à moi :
« Alors comme ça vous travaillez chez Larousse ?
_ Oui, c’est ça.
_ Et c’est là-bas, qu’on vous apprend à économiser vos mots ? »

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* Je végétais devant la télévision, fasciné par le télé-achat, par les chaînes d’informations en continu, et, dans mon esprit vaporeux, il m’arrivait parfois de mélanger les deux et de m’imaginer que je pouvais m’acheter un attentat à Bagdad.

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Ce livre est en voyage…
Il était chez Thracinée, puis a atterri chez moi. Au 30/06/09, il part chez Emma !

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