KAY Guy Gavriel – Enfants de la Terre et du Ciel
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Titre : Enfants de la Terre et du Ciel
Auteur : Guy Gavriel Kay
Plaisir de lecture : Livre à découvrir
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Ils font voile vers Dubrava, un peu tendus. Pero Villani est dépêché pour réaliser le portrait du Grand Calife alors que Leonora sort de sa réclusion pour une mission d’espionnage et c’est Marin qui est mandaté pour les escorter tous deux. Danica Gradek de la cité pirate se joint à eux après de malheureuses péripéties concernant l’assassinat du médecin qui servait de couverture à la jeune fille reniée par sa famille et la tentative de meurtre du cadet de la famille marchande Djivo. C’est par le hasard qu’ils se retrouvent coude à coude sur la mer séressinienne pour voguer vers des flots encore plus tumultueux.
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Guy Gavriel Kay présente une fantasy sociale en plaçant l’être humain dans un monde instable. Nous découvrons avant tout des histoires personnelles ; de personnes impliquées dans des changements monumentaux. Le tout est non choisi : destins qui se dessinent, certains qui deviennent des héros anonymes, d’autres qui connaissent une fin de vie rapide. On pourrait les qualifier ainsi : des gens ordinaires aux desseins extraordinaires.
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Par ce roman polyphonique, nous rencontrons des marchands, dirigeants, commandants, conseillers, fermiers, brigands, capitaines maritimes, espion, archère, prêtresses. Les personnages féminins se révèlent réussis : les femmes sont fortes et puissantes. L’ensemble des personnages est non factice. Ils tentent de survivre en négociant sur les terrains politiques et sociaux.
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Les personnages sont élégamment articulés, l’auteur y prend soin. Il est aussi un maître d’angles de vue : certains passages sont vus parfois par plusieurs personnages et relatés en tant que tels. Si ces multiples perspectives peuvent paraitre comme un peu ennuyantes, il faut laisser se dessiner ces destinées interconnectées pour mieux appréhender la dimension qu’elles offrent. Le tout enrichit non seulement l’intrigue générale mais en nourrit des secondaires.
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Les enfants de la Terre et du Ciel se déroule vingt-cinq années après l’histoire de La mosaïque de Sarance. Les clins d’œil envers ce récit et celui des Lions d’Al Rassan sont présents mais toutefois discrets ; il n’est pas nécessaire d’avoir lu ces romans pour comprendre celui-ci tant les connexions sont subtiles. Ce territoire est tombé et est devenu Asharias. Les conflits politiques s’étendent entre Senjan et Séresse et plusieurs peuples s’affrontent alors : Asharites (musulmans), Jaddites (chrétiens) et Kindaths (juifs).
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L’aspect historique de cette histoire prend naissance dans la situation géopolitique des Balkans au XVe siècle après la chute de Constantinople ; c’est dans ce cadre méditerranéen que se campe le récit. Guy Gavriel Kay s’approprie une époque et inclut une pointe de fantastique comme souvent.
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Je me suis peu attachée aux personnages : mon empathie pour eux a moins vibré car j’ai semblé – en tant que lectrice – manquer de temps avec chacun d’entre eux. Les multiples points de vue narratifs m’ont donné une impression discontinue, avec une intrigue plus morcelée. Il faut dire que ce roman souffre de la comparaison avec l’excellent Tigane que j’ai dévoré en mars dernier. Comparé à l’ensemble de la bibliographie de l’auteur, ce roman n’est pas mon préféré. Je reste objective : l’histoire se révèle remarquable en tant que telle.
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Guy Gavriel Kay prouve encore une fois ses talents de conteur, en proposant une belle prose mais aussi des moments doux amers. Il tisse d’anciennes histoires où se mêlent l’aventure, les amours, le danger et les guerres. C’est une réflexion tantôt profonde tantôt ironique qui nous amène sur les thématiques de l’héroïsme et de l’honneur, du chagrin et de l’amour.
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L’intrigue, ponctuée de beaux instants, démarre lentement pour devenir poignante. Un cinquième du contenu est consacré à la présentation des personnages. L’ensemble se trouve être non étouffant et se lit rapidement. Quelques actions me sont apparues un peu étrangères à l’ensemble, conséquence d’une approche inhabituelle – et forte intéressante – de la part de l’auteur.
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L’univers est luxuriant de détails, offre une profondeur que l’on sait nourrie par des recherches poussées et soignées. Les situations de réflexion demeurent le point central du récit et donnent un caractère réel à ces personnages.
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Le monde est un plateau de jeu, avait déclaré un poète d’Espéragne dans des vers encore admirés des siècles plus tard. Les joueurs déplacent les pièces, qui n’ont aucune maîtrise de leurs mouvements. Alignées face à face ou côte à côte, elles sont alliées ou ennemies, de rang inférieur ou supérieur. Elles meurent ou survivent. Un joueur l’emporte, puis on prépare le plateau pour une nouvelle partie.
Quoiqu’il en soit, l’essor et la chute des empires, des royaumes, des républiques, des religions belligérantes, des hommes et des femmes – leurs chagrins, leurs deuils, leurs amours, leur fureur éternelle, leur plaisir et leur émerveillement, leur souffrance, leur naissance et leur mort –, tout cela est intensément réel à leurs yeux, bien plus que de simples images poétiques, si talentueux pût être leur auteur.
Les morts (à de très rares exceptions près) sont séparés de nous. Ils sont enterrés avec les honneurs, incinérés, jetés en mer, abandonnés sur des gibets ou dans les champs à la merci des charognards à poils et à plumes. Il faudrait les observer de très loin ou d’un œil bien froid pour ne voir dans ces tourbillons, ces malheurs, cette agitation, que les mouvements de pièces sur un plateau de jeu.
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Albédo (Lutin82), Le Bibliocosme (Boudicca), Les singes de l’espace (LineTje) ont aussi rencontré Gurçu le Ravageur.
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Nous sommes à la fin de l’été – l’automne est le 23 septembre – me voici donc à vous présenter mon dernier pavé de 640 pages lu dans le cadre du challenge « Pavé de l’été » de Brize.
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Ça a l’air chouette Guy Gavriel Kay, faudrait vraiment que je découvre cet auteur.
L’avantage, c’est qu’il y a plein de titres au choix !
Comme toi, je me suis jettée dessu à sa sortie 😉
Pas son meilleur effectivement, mais quel bonheur de retrouver son talent de conteur à entremêler les destins des personnages, en se demandant où il nous emmène. Toujours autant d’humanité, de beaux personnages. Il donen envie de relire la Mosaïque de Sarance !
Oh ! Je suis contente de te voir par ici 🙂 Oui, c’est vrai qu’on a envie de relire la Mosaïque de Sarance ; je me suis tellement attachée à Crispin !
Un auteur que j’ai repéré, mais je ne sais pas si j’accrocherais (c’est très historique, pas trop de fantasy/magie, là-dedans …). Enfin, je dis ça et j’ai beaucoup aimé la Trilogie de l’Empire (Feist et Wurts), où la magie n’apparaît que très peu au début.
Un postulat historique de départ, je suis d’accord. Après, il y a de belles surprises 😉 Ceci dit, la fantasy apparait de manière discrète.
*insérez ici un commentaire habituel sur le fait de devoir vraiment découvrir Guy Gavriel Kay un jour*
Ahah, bien joué 🙂 Il n’y a plus qu’à !
Rhaaaaaaa! je t’envie! Je ne l’ai pas encore, et je sais qu’il est moins « bon » que Tigane ou les Lions. Mais c’est Kay, quoi! Tu me torture avec ta chronique. Vivement que mon budget livre soit remis sur ses pieds.
La question que je me pose, du coup, en attendant : dois-je lire la Mosaîque avant ? (je l’ai dans ma PAL!)
Voilà, cela résume bien : « C’est un Kay ! ». Non je ne pense pas car ce ne sont que des allusions à la Mosaïque et pas de rappels précis à des éléments. J’ai une petite mémoire sur les livres (je me souviens de la trame principale rarement des intrigues mineures) et je ne me suis pas sentie flouée. Lire La Mosaïque de Sarance après ce titre, te permettra sans doute d’apprécier différemment – et avec grand intérêt – la découverte de ces territoires.
La citation que tu as choisie permet vraiment de se rendre conte de la musicalité de son écriture et donne très envie de lire l’auteur 🙂
On a de la chance que les textes de Guy Gavriel Kay bénéficient de très bons traducteurs !
Très heureuse que tu ai lu ce dernier roman de l’auteur. Comme toi il n’à pas été mon préféré mais il reste un très beau roman et on y retrouve tout le talent de conteur de Guy Gavriel Kay ! Vivement son prochain roman… (pour l’instant je ne lui en connais pas, ni en anglais ni en français)
C’est un plaisir de se plonger dans chacun des univers qu’il développe. Ah, si tu as vent de quelque chose en préparation, je veux bien que tu me préviennes 🙂
Quand j’aurais (enfin) lu Les Chevaux Célestes, je verrai pour celui-ci ^^
C’est une bonne idée 🙂
J’ai le même ressentu que toi. AU final c’est l’histoire de cette contrée qui m’a embarquée en lieu et place des personnages. J’avoue que j’attendais des protagonistes qui me feraient vibrer comme précédemment et cela n’a pas été le cas. Du coup, il ne sera pas dans mes favoris de l’auteur.
Même s’il est question de sensibilité, d’autres titres sont tout de même préférés par l’ensemble de ses lecteurs. J’ai encore « Le fleuve céleste » à découvrir ; mais j’avoue avoir hâte que « A brightness long ago » soit traduit… !