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Titre : La locomotive à vapeur céleste (Le chant de la Terre, tome 2)
Auteur : Michael Coney
Plaisir de lecture : Livre à découvrir
Tome 1, tome 3, tome 4, tome 5
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Le Chant de la Terre est supposé extrait d’un chant épique qui relate l’Histoire de l’humanité, plus quelques autres, et qui a tant proliféré au fil des temps qu’il faudrait plus d’un siècle pour le réciter en entier. Nous ne disposons donc que de fragments en cinq volets, La Grande Course de chars à voiles, La Locomotive à vapeur céleste, Les Dieux du grand loin, Le Gnome et Le Roi de l’île au sceptre. Le cycle conte la mésaventure d’un presque dieu, Starquin le Cinq-En-Un, qui, se promenant dans l’univers des aléapistes, autrement dit des possibles, se trouva piégé quelque part dans l’espace par les champs de mines d’une guerre interstellaire future. Malgré ses pouvoirs, il risque d’y périr d’inanition au bout de quelques millénaires si l’histoire ne peut être réécrite afin de le libérer.
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)°º•. Pour ce tome-ci, l’histoire est contée par Alain-Nuage-Bleu. Le récit de l’ancienne terre se situe cette fois en l’année Cyclique 143624. Afin que les divers auditeurs suivent l’épopée, « on » dit que c’est une légende : il est d’autant plus facile de suivre l’histoire en se persuadant que cela n’a jamais existé, qu’il ne faut plus y repenser ni s’y appesantir. Le Chant de la Terre est l’histoire de l’humanité ; il se compose de récitatifs et autres chants.
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Hormis le fil conducteur de notre histoire chanteresque, il faut ajouter une superposition de différentes histoires de personnages ; comme une sorte de nouvelles d’un chapitre qui s’immisce dans la trame du livre pour mieux nous englober. Nous connaitrons les légendes des Parangons, des Loups du Malheur, des Abeilles du possible et du Marais de Soumission avec nos cinq Peurs. Finalement, cet univers repose essentiellement sur un entrelacs de mondes, pour notre plus grand bonheur.
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Aux côtés des Didons, de l’Etre Tout Puissant, des Essences de Rêves, des ex Gardiens d’Hommes, du Peuple du rêve, des Spécialistes, des Cuidadors et des Capitaines-psy, nous découvrirons la naissance des Spécialistes avec l’affaire de justice de Ratona III vis à vis de son métier. Pendant quelques pages, nous vivrons au temps de l’an Cyclique 91 137 où Moredecai N Whrist soutenait la Spécialiste (alors que dans le tome 1, c’est un très ancien institut scientifique qui en porte juste le nom). Nous côtoierons les Cuidadors dans leur mission de Dôme: ils dédient leur vie à recréer de Vrais Humains, vont-ils y arriver?
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Sur cette jolie trame de fond, interviennent aussi moult personnages.
Bien que nous ne voyons pas Starquin le Cinq en Un à l’œuvre (et notamment son échappée de ces dix mille ans d’incarcération), nous comprendrons mieux ses intentions… il manipule le monde entier, les différentes races et petit à petit, il monte son stratagème. Dans la Locomotive à Vapeur Céleste, nous réalisons davantage les liens indirects, les imbrications des actes parmi d’autres et le tissage de la magnifique toile.
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L’autre tripotée de personnages ultra méga importants se nomme la Triade. Nous suivrons la naissance de celle-ci par leur rencontre. Elle se compose du Vieillard, de l’Artiste et de la Fille-sans-nom. La Triade remplira son Dessein mais également les quêtes personnelles de chacun d’entre eux. Le Chant de la Terre les cite ainsi :
Venez entendre parler de la Trinité, au légendaire renom,
Le Vieillard et l’Artiste et la Fille-Sans-Nom !
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Une myriade de personnages secondaires sont tout aussi intéressants tels que le Seigneur Cri, Taupin, Eloïse, Roller, Long John Silver (sisi), les Bjorn-Serkrs (chasseurs d’ours) et autres Marylin. Il serait malvenu de ne point citer la Locomotive comme personnage à part, qui mérite le détour…
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Tout ce beau petit monde ne serait rien sans l’Arc-en-Ciel, ordinateur puissant et planétaire, je cite « ce répertoire organico-mécanico-électronique, raisonné et planétaire de l’intelligence et du savoir humain«
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)°º•. Dans ce tome du Chant de la Terre, le récit se focalise sur ce 143e millénaire avec la naissance de la Triade et de leurs premières actions. Cependant, il est difficile de rentrer dans un tel monde « SF »; la découverte simultanée de différentes actions et déroulement de l’histoire (avec quelques flash back marqués) déroute allègrement. Il faut quelque fois s’accrocher, continuer la lecture, car elle vaut réellement le coup…
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Chaque petit épisode est une brique dans la construction du récit. Nous ne connaissons pas tous les tenants et les aboutissants et évoluons finalement, au rythme des personnages. Toutes actions ont une influence les unes sur les autres. L’échiquier se met en place et nous entr’apercevons les tendances et futurs pour préparer la grande aventure de Starquin. Ce dernier peut par ricochet utiliser les souhaits. Ici, l’inventivité de Coney se traduit en français par le souhait et le sur-hait, je cite :
Note du traducteur: « to bigwish » et « to smallwish », deux néologismes de l’auteur, que nous tâchons de transposer par le couple « sur-haiter » et « sou-haiter », le premier étant bien sûr pure invention à partir de l’étymologie du deuxième (« souhaiter » de « subtus »: sous et « haitare »: ordonner, promettre).
Cette conception est un des nerfs de la guerre de la Locomotive à Vapeur Céleste et sera non seulement appréciable mais également fondamentale pour l’histoire qu’Alain-Nuage-Bleu nous relate.
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D’autres thèmes sont développés comme courir après des chimères, ici nous noterons qu’il est plus important de chercher que de trouver. Seront appréhendés également l’idée de la Pensée Intérieure et de la Croyance (aller où bon nous semble du moment que l’on y croit). Sans oublier que les aléapistes ont ici aussi une influence digne de ce nom.
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Je définissais les aléapistes comme cec i:
Et comme un « bonus », tu peux même apprendre les « aléas ». Ce genre d’hypothèses de vie, où telle action aurait été préférée à une autre, ou le non choix entraîne également un destin différent. Ce sont les « aléapistes », ces bifurcations permettent d’entrevoir ce que les personnages auraient pu devenir/faire. Il est très intéressant de découvrir en soulevant ainsi le pan, les voies de vie de ces personnages qu’ils ont refusées, fermant définitivement des bouts de vie imparfaits.
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Dans la Locomotive à Vapeur Céleste, une métaphore est digne d’être relevée :
Dans le Grand-Loin, il y a un arbre qui s’appelle l’ « Hydre Phare », et qui s’étend sur mille kilomètres à travers l’espace, si énorme que sa seule masse suffit à affecter l’orbite de sa planète. Je veux que tu imagines le Temps encore plus immense que l’Hydre Phare. Chaque branche, chaque brindille, représente une possibilité où ta vie future peut inscrire son cours ou un autre, selon ce que tu fais, ou ce que d’autres font. Les possibilités sont infinies, et chacune d’entre elles s’appelle une « aléapiste ».
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Bien qu’à première vue, nous pourrions voir des similitudes avec « le meilleur des mondes » d’Adous Huxley, il n’en est rien. Michael Coney a toujours un style très prenant de par l’invention des mots et l’utilisation de l’italique pour appuyer certaines pensées. Ce tome-ci à proprement parlé n’est pas la suite des aventures intrépides de nos personnages d’un Brésil méconnu. Il s’agit de concevoir cet univers sous un autre angle, tout aussi intéressant ! Abstraction faite d’un immersion quelque peu difficile dans un récit très riche (en personnages, lieux et actions), la Locomotive à Vapeur Céleste reste une lecture très appréciable que je conseillerai.
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Voici un deuxième tome tout aussi incroyable que le premier. Nous plongeons dans cet univers qui semble infini pour s’approcher au plus près des différentes races et personnages qui l’habitent. Nous partons à l’aventure avec la Triade tout en apprenant les légendes. Ce livre est d’une très grande richesse et la première difficulté d’immersion passée, c’est un véritable bonheur littéraire de SF qui s’ouvre à nous !
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)°º•. Biographie
Michael Coney, écrivain britannique né en 1932 s’est mis à sa quarantaine à écrire de la Science Fiction. Il a tout d’abord reçu le prix British Science-fiction en 1977 pour son roman « Brontomek ». Ce n’est que durant les années 1980, qu’il commence à écrire le grand cycle « Le Chant de la Terre »; cette œuvre originale et présentant une certaine sensibilité contemporaine a été récompensée en 1987 par le Prix Aurora.
Avant sa mort en 2005, Michael Coney a publié sur son site web plusieurs romans et des récits inédits pour en faire don à ses lecteurs.
Notons enfin que la couverture des Éditions Laffont reprend le modèle d’anciennes collections basées sur un mélange de futurisme et de psychédélique. Par ailleurs, c’est aspect chromé qui en a fait sa renommée. Espérons que l’esthétique reprise pour ces éditions saura séduire les nostalgiques.
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)°º•. Extraits
Et les Vites pleuraient.
Assis à demi estompés, ils clignaient des paupières à qui mieux mieux, et c’était étrange de voir les larmes ruisseler sur ces gueules évanescentes tout comme des larmes normales, juste aussi lentes et régulières. Les Vites étaient assis là à vieillir, sacrifiant leurs quelques précieuses heures de vie à la contemplation du chef-d’œuvre de Manuel, dont la beauté les faisait sangloter. Et pourtant – tel est le propre de l’art – ils n’étaient pas satisfaits. L’un d’eux, qui tentait de communiquer avec Manuel, leva la main. Pour cette femelle d’âge mûr, parler était un véritable supplice : chaque syllabe prononcée lui coûtait subjectivement un mois. Mais son message parvint au garçon. Pour la première fois, une Vite avait parlé. Elle en mourut, emportée au seuil de la vieillesse par une maladie inconnue qui évolua en deux secondes. Elle avait dit : il y faut plus d’amour.
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Polysitiens, Parangons, Humains Sauvages, Vrais Humains, néoténites, Peuple de Rêve… On à a peine concevoir l’extrême diversité des espèces et variétés humaines développées au cours de l’histoire – surtout à l’époque actuelle, lorsque tant de ces variétés ont disparu.
Il y eu la Première Espèces : fruit de l’union du singe et du Parangon, connue comme l’Homme Primitif.
Puis, il y eut la Seconde Espèce, répartie en trois variétés :
Vrais Humains,
Humains Sauvages, adaptés à un air pauvre en oxygène,
Polysitiens, adaptés à un air riche en oxygène.
et la Troisième Espèce, les Spécialistes, en variétés innombrables.
Ensuite, il y eut la Quatrième Espèce, représentée par deux variétés, dont la première était des néoténites. Ce n’est ni le lieu ni le moment de parler de la deuxième de ces espèces, car le Chant de la Terre se doit de garder un certain mystère.
Et, finalement, il y eut la Cinquième Espèce que Manuel et Zozula connaissent sous le nom de Vites.
Telles étaient les formes de l’Homme.
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Un duo de choc
Un livre à dévorer
(ici en l’occurrence, par un chat)
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