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ALMANZA Jérémie & GAUTHIER Séverine – Coeur de pierre

14/04/2013 24 commentaires

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Coeur de pierre Almanza GauthierTitre : Cœur de pierre
Auteurs : Jérémie ALMANZA & Séverine GAUTHIER
Plaisir de lectureetoile 5 Livre fantas… tique

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Une nuit d’hiver, deux enfants naissent. Le médecin est formel : le premier, un garçon, est né avec une pierre à la place du cœur ; l’équipe médicale de la seconde entend très fortement les battements : la fille est née avec un cœur d’artichaut. Ils grandissent et un jour, se rencontrent.

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Coeur de pierre 02)°º•. Après « Aristide broie du noir », reviennent Séverine Gauthier et Jérémie Almanza pour reformer un duo de choc. Pour ce one shot, ils poussent la porte du conte métaphorique sur l’amour.
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Ce récit onirique livre une histoire à cœur ouvert. Sont nommés l’amour à plus d’une facette et la lutte entre la dépression et la joie de vivre. Grâce à une ligne sensible, Séverine Gauthier offre des protagonistes au cœur sensible. Par l’absence de bulle, on classifie cette bande-dessinée comme « muette ». Ce sont des textes en rimes, et même en alexandrins qui marquent le tempo du récit. La place du non-dit est aussi très importante. L’une est tournée vers le bonheur quand l’autre est tourné vers la souffrance. L’auteure joue aussi sur les expressions cœur de pierre, cœur d’artichaut, cœur d’or.
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Le lecteur est immédiatement happé par les illustrations. Elles me font irrémédiablement penser à celles d’Éco (travail d’Almanza & Bianco). Richesse des détails et couleurs magnifiques permettent de s’évader. La consistance de chaque planche est agréable, les infinités de nuances, tout aussi. L’univers du garçon au cœur de pierre s’avère dépouillé, ravagé et est composé de tons gris. Celui de la fille au cœur d’artichaut montre beaucoup d’énergie grâce aux couleurs vives ; elle est entourée aussi d’êtres vivants (plantes, oiseaux). Almanza avoue que l’influence burtonienne est toujours là, même si c’est en filigrane. Il tente de mettre en application une leçon sur le contraste, sur la force d’une illustration détaillée si elle est précédée par une plus épurée. Il travaille toujours de la même façon : le dessin est réalisé au crayon (davantage mis en exergue pour Cœur de pierre que sur ses autres travaux), il ajoute de l’aquarelle puis les couleurs et les ambiances sont parfaites via Photoshop.

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L’enfant au cœur de pierre était né en décembre,
Et tous les médecins lors de l’auscultation
Annoncèrent aux parents qu’ils ne pouvaient entendre
Les battements du cœur de leur petit garçon.

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Coeur de Pierre 01)°º•. Aussi bien des dessins que des textes, il se dégage une grande délicatesse. La dualité des deux mondes est très bien traduite : sombre et lumineux ; ce qui reflète aussi le degré de bien-être des deux personnages. Subtil, sensible et fascinant, je ne manque pas de superlatifs pour décrire ce petit livre. La thématique de l’enfance malheureuse y prend ses quartiers : un peu de tristesse mais tellement de beauté ! La fin laisse place à l’interprétation ; qu’on ressentira chacun à sa façon.
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« Cœur de pierre » présente le même format et le même mode de narration que « Aristide broie du noir » publié en 2008. Après leur première collaboration, ils ont décidé de remettre le couvert sur un travail commun qui leur a semblé plus fluide car ils se connaissaient mieux et l’accord de leurs univers est un grand atout. Ils communiquent de la douceur et de la justesse pour une histoire intimement liée à l’émotion. Voilà un livre qui se feuillette du bout des doigts, les yeux grands ouverts.

Le livre a été publié en collection jeunesse, et s’avère pour tout public. Au vu de son petit prix par rapport à ce qu’on a l’habitude de croiser, il serait bête de résister.

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Ouvrez « Cœur de pierre » et plongez dans un monde aux couleurs contrastées et à la cadence poétique menée en alexandrins. Tant pour l’histoire que pour les illustrations, cette petite bande dessinée a tout pour séduire petits et grands. Gauthier & Almanza représentent un combo accompli pour faire naitre d’emblée des sentiments chez le lecteur.

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)°º•. Biographies
Née en 1977, Séverine Gauthier se trouve à la plume. Auteur scénariste, elle est la maman de plusieurs ouvrages. Son blog.
Côté dessinateur, c’est Jérémie Almanza qui officie. Né en 1982, il est subjugué par de nombreuses références (les romans de Roald Dahl, Max & les maximonstres et Les Contes de la rue Mouffetard). On peut voir ses productions,  .

Pour découvrir une preview de Cœur de pierre, c’est par ici.

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Souvenir de lecture : C’est beau mais triste, mais beau…

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Dans le chaudron :
¤ Eco – La malédiction des Shacklebott, tome 1
¤ Eco – La bête sans visage, tome 2
¤ Aristide broie du noir d’Almanza & Gauthier

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Bricabook (Leiloona), La bibliothèque de Noukette, Mes lectures de l’imaginaire (Olya) ont aussi déclaré le coup de cœur.

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TUTTLE Lisa – Ainsi naissent les fantômes

22/03/2013 16 commentaires

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Ainsi naissent les fantomes Lisa TuttleTitre : Ainsi naissent les fantômes
Auteur : Lisa TUTTLE
Plaisir de lectureetoile 5 Livre fantas… tique

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Le recueil se compose de six nouvelles ainsi que d’un entretien – qui se révèle d’ailleurs fort plaisant puisque nous avons l’impression de lire des réponses formulées à l’instant. Ce recueil a été préparé et traduit par Mélanie Fazi, qui en plus d’être une novelliste hors pair est une grande admiratrice de Lisa Tuttle. Il regroupe des nouvelles écrites entre 1984 et 2007 ; l’œuvre est cohérente aussi bien dans l’écriture que dans les thématiques. La préface de Mélanie Fazi est assez éloquente. Le livre contemporain tire aussi un pan de sa qualité grâce à une traduction remarquable. .

En plus de chroniques plus que positives, c’est Lune qui m’a fortement conseillé d’acquérir ce livre ; et elle a eu raison. Quand on connait ma frilosité concernant le format nouvelle, on sait que lorsque je conseille à mon tour la découverte de ce recueil (même si on n’aime pas le format nouvelle, justement) ; on peut dire que c’est avec un certain poids.

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)°º•. L’harmonie est de mise concernant les thèmes : l’amour y prend beaucoup de place, la maternité-grossesse et aussi la maltraitance sous plusieurs définitions. Les figures féminines sont majoritaires bien qu’il ne s’agisse pas d’une ode. Elles sont pour la plupart narratrices, et les récits racontés à la première personne du singulier. .

Les histoires sont assez dures dans leur ensemble. La lecture est souvent glaçante, parfois perturbante. L’inquiétude nait des comportements des personnages plutôt que de la situation dans laquelle ils se retrouvent. L’auteur joue avec les sentiments : peur, colère, espoir et effroi. Soyons précis : les nouvelles finissent souvent mal, avec un dénouement particulièrement horrifique parfois. Lisa Tuttle ne laisse pas insensible, les textes font écho à nos propres obsessions ou peurs. Les monstres intérieurs sont évidemment mis en scène. J’ai été parfois assez horrifiée mais de manière plus contenue qu’à la lecture des Contes de la fée verte de Poppy Z.Brite. Ils ne jouent pas sur le même tableau, Lisa Tuttle reste plus ancrée dans la réalité.

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Ainsi naissent les fantomes couverture

clic

)°º•. L’auteur possède l’art et la manière de nous focaliser sur un détail qui n’aura pas finalement pas tant d’importance : la (mauvaise) surprise vient d’ailleurs. Elle nous propose des retournements psychologiques dans la plupart des cas. La maitrise de cet « entre-deux » entre réalité et fiction est épatante : l’élément fantastique est amené de bien des manières. La construction est exemplaire avec la place des non-dits, les sous-entendus. On y découvre beaucoup de finesse, aucune exagération et « pire » : c’est comme si on assistait aux scènes de nos propres yeux. .

La place des mots décrivent des ambiances millimétrées dans leur réalisme. Les mots glissent, c’est un sans faute. Nouvelliste est un métier : Lisa Tuttle n’a plus à le démontrer ; je n’ai ressenti aucune frustration à la lecture de ce recueil. Ce qui arrive bien souvent quand je me penche sur les nouvelles. .

Définitivement, toutes les nouvelles laissent à réfléchir, elles se savourent (mon rythme a été une ou deux nouvelles maximum par jour). Évitez d’attraper le recueil à la tombée de la nuit, c’est plutôt affolant. Ma préférée est sans doute ‘Le remède’ quoique ‘Rêves captifs’ m’a demandé de poser le livre un instant et était une promesse tacite et particulière de la suite du recueil.

Sur le fond comme sur la forme, le livre est de bonne facture. En sus du papier épais, la couverture à rabat propose une magnifique illustration de Stéphane Perger. . .

Quelques mots concernant la nouvelle « Le vieux M.Boudreaux » : j’ai été charmée dès les premiers mots par la qualité de la plume de Lisa Tuttle. Tout est extrêmement bien agencé, rien ne dépasse et c’est avec une certaine avidité que je l’ai dévorée (la nouvelle, pas Tuttle). Elle laisse matière à réfléchir et a définitivement conquis mon cœur pour acquérir ce recueil.

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« Ainsi naissent les fantômes » est un livre de bonne facture, tant pour le livre-objet que pour le contenu. Par une plume remarquable et une traduction magistrale, vous saurez surpris par les retournements majeurs des nouvelles. L’effroi nait de leur lecture, et la réflexion de par les problématiques. On se laisse très facilement envouter et chaque nouvelle appelle à la découverte de la suivante, malgré ce frisson glacé pointant entre les omoplates.

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)°º•. Biographie Lisa Tuttle, née en 1952, est un écrivain américain vivant maintenant en Ecosse. Elle a 10 romans et une centaine de nouvelles à son actif. Avec « Ainsi naissent les fantômes », elle remporte le grand prix de l’imaginaire 2012 dans la catégorie ‘nouvelle étrangère’. Vous pouvez découvrir son écriture avec une nouvelle gratuite « Le vieux M. Boudreaux », à télécharger ici. .

Au sommaire : ¤ Rêves captifs ¤ L’heure en plus ¤ Le remède ¤ Ma pathologie ¤ Mezzo-tinto ¤ La fiancée du dragon ¤ Entretien

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Souvenir de lecture : Et quand j’eus un peu d’espoir, il fut brisé si vite.

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Dans le chaudron :
Recueils noirs
¤ Les chambres inquiètes de Lisa Tuttle
¤ Les contes de la fée verte de Poppy Z. Brite
¤ Perles noires d’Adam Possamaï

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Clair obscur (Endea), Lectures trollesques (PtiteTrolle), Le dragon galactique (Tigger Lilly), Les lectures d’Efelle, Les lectures de Xapur, Les singes de l’espace (Gaëtan), Mes imaginaires (SBM), Nevertwhere (Vert), Quoi de neuf sur ma pile ? (Gromovar), Reflets de mes lectures (Cédric Jeanneret), RSFblog (Lhisbei), Un papillon dans la lune ont ressenti aussi cette peur filtrer des lignes.

CITRIQ

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Challenge je lis des nouvelles et des novellas JLNN Logo Lecture EquitableCe recueil est aussi une entrée pour le challenge « Je lis des nouvelles et des novellas ». Il est également une lecture équitable. Dystopia est une association loi 1901, créée en mai 2009 par Tallis (Librairie Charybde, président), Clément Bourgoin (Librairie Ys, secrétaire) et Xavier Vernet (Librairie Scylla, trésorier).

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Pic : Portrait de Lisa Tuttle par Mélanie Fazi.

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SARN Amélie – Thorgal ~ L’enfant des étoiles tome 1, Au-delà des ombres tome 2

08/02/2013 12 commentaires

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l'enfant des étoiles Au dela des ombres Thorgal SarnTitres : L’enfant des étoiles et Au-delà des ombres (Thorgal, tomes 1 et 2)
Auteurs : d’après Rosinski & Van Hamme, adapté par Amélie SARN
Plaisir de lectureetoile 5 Livre fantas… tique

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L’enfant des étoiles, tome 1
De retour d’expédition, des vikings découvrent une capsule refermant un bébé venu de nulle part. Le chef l’adopte et l’appelle Thorgal Aergisson ; mais à la mort de leur meneur, le village demande l’exil de cet étranger.

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Au-delà des ombres, tome 2
Shardar le gouverneur est à la recherche d’un dénommé Galathorn, héritier du trône de Brek-Zarith. C’est l’occasion rêvée pour Shaniah de se venger de Thorgal et le trahir. Ce dernier est fait prisonnier malgré toute sa volonté à rester libre. Thorgal et Aaricia voient leur vie brisée.

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Thorgal)°º•. Si on retrouve Thorgal – avec tout ce qui repose sur ses épaules – bon nombre de personnages secondaires sont présents dans la vie ce scalde banni du village : Leif Haraldson, Yvir, Gandalf-le-Fou, Björn, Slive, Shardar, Brek-Zarith, Galathorn, Véronar, Worgan, Caleb et Shaniah.
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Évidemment le fantastique n’est pas en reste, on vogue en Niflheim le monde des brumes qui précède le Heilheim, royaume des morts. On fait la rencontre de Vigrid, ce dieu qui a quitté Asgaard mais aussi de Tjahzi, le nain et de Nidhogg, le serpent aux sept queues. Nain, dieu, magicienne, troll, viking, chat ailé… il y en a pour tous les goûts. Et c’est ce qui rend l’univers de Thorgal si appétissant.
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Pour peu que vous ayez déjà lu la bande dessinée, le physique des personnages, dès les primes années, revient en tête. L’avantage du roman à mes yeux est l’épaisseur qu’ils y gagnent. A titre d’exemple, dans la bande dessinée, on sait Thorgal plus calme, taciturne et dont la colère est intériorisée. Mais finalement, avec le format roman, nous avons davantage accès à ses sentiments et on se rend très vite compte que c’est une grand colère qui parfois l’anime et qu’elle n’est pas toujours froide.

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)°º•. En tant que grande enthousiaste de la bande dessinée Thorgal, j’avais quelque peur de me retrouver insatisfaite à la lecture de ces romans. C’est avec une grande joie que j’ai retrouvé la même magie. On entre de suite dans l’univers de Ronsinski & Van Hamm : on s’y sent bien avec une impression de familiarité, même. J’aime particulièrement la fascination de ce destin lié mais pas tracé.
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C’était un pari très osé d’adapter une bande-dessinée en roman, surtout au près du public déjà conquis par l’univers. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, l’intrigue se prête bien au jeu du format roman. Amélie Sarn reprend les éléments de manière chronologique : le découpage en 25 chapitres pour le premier tome et en 20 pour le second permet de structurer le récit.
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Le roman ne dénature pas la bande-dessinée, l’auteur s’est approprié l’histoire, a traduit les éléments en respectant une certaine justesse sans pour autant coller implacablement à la version bullée. La plume est fluide, les deux tomes se lisent bien et très vite. Il m’est pourtant difficile de savoir si la magie prend aussi bien pour les non-initiés de la bande dessinée. Le rythme est très bon, les aventures s’enchainent sans dérapage ; on y décèle déjà ces petits détails qui auront de l’importance plus tard. L’histoire est vraiment prenante même si on en connait déjà l’issue.

La lecture est conseillée à partir de 13 ans ; les couvertures représentant un patchwork des personnages sont signées par Rosinski.

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Avec « L’enfant des étoiles » et « Au-delà des ombres », Amélie Sarn propose une composition sous forme ‘roman’ des plus réussies. Elle intègre les éléments de la bande dessinée avec justesse et en présentant la vie de Thorgal chronologiquement. L’intrigue se prête très bien au format récit, les personnages gagnent en épaisseur ; les deux tomes devraient plaire aux aficionados de la bande-dessinée car on y retrouve toute la magie ressentie à la découverte de l’univers.

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Souvenir lié à ma lecture : Thorgal est bien plus tête-brulée qu’il n’y parait.

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FFORDE Jasper – Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons, tome 1

14/12/2012 39 commentaires

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Moi Jennifer Strange derniere tueuse de dragonsTitre : Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons (Jennifer Strange, tome 1)
Auteur : Jasper FFORDE
Plaisir de lectureetoile 5 Livre fantas… tique

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Aujourd’hui, Jennifer Strange accueille Grizz Crevettes au sein de l’agence des Arts Mystiques de Kazam dont elle s’occupe actuellement. Ici, dans le royaume de Hereford comme tous les autres des Royaumes Désunis, la magie sert à rendre des services en société pour renflouer les caisses. Ces derniers jours, l’énergie sociérique ambiante connait des pics intensité. Il est fort probable que cela ait un rapport avec la prophétie stipulant la mort du dernier dragon, dimanche prochain. Une âpre bataille s’organise pour savoir qui va récupérer les terrains de la Dragonie de Maltcassion dans les Montagnes Noires. Jennifer Strange a l’impression d’être la grande manipulée, le pion au centre des magouilles. Et ça, ça ne lui plait pas du tout.

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Moi Jennifer Strange derniere tueuse de dragons 01)°º•. Jennifer Strange a bientôt 16 ans. C’est une orpheline adoptée par les sœurs du culte du Homard – Les Bienheureuses du Homard – et elle a été placée dans une société de magiciens. Elle est l’assistante du directeur mais en l’absence de Houdini, elle se retrouve toute seule pour gérer cette troupe mal troupée. Cette héroïne est atypique et aussi très attachante. Fforde nous propose une protagoniste très convaincante.  Les personnages secondaires sont aussi très intéressants… et loufoques qu’il s’agisse de Grizz Crevettes, de Maltcassion et de ses réflexions ou des magiciens. Le quarkon est très attachant – vous verrez ! – et on est peu étonné de découvrir le titre du deuxième tome « Moi, Jennifer Strange, dresseuse de quarkons ».

Le quarkon aime dormir dans une poubelle : vous en achèterez une à la quincaillerie mais assurez-vous qu’elle soit peinte, pas galvanisée, sinon il la mordillera. Il mange de la pâtée pour chiens de n’importe quelle marque : il n’est pas difficile. Par ailleurs, il ronge un maillon de grosse chaîne à ancre par semaine et il lui faut une cuillère d’huile de poisson dans sa gamelle d’eau tous les jours – ça lui fait briller les écailles.

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L’agence de Kazam est une maison d’enchantement accréditée. Elle remplit de menus services contre de l’argent sonnant et trébuchant : transports d’organe en tapis volant ou réparations d’installations électriques. Selon leur titre, l’agence se compose de Deux Dames, un Mystérieux, trois Mages, un Remarquable, deux Vénérable et d’un Absurde. Elle suit une hiérarchie interne réglée comme du papier de musique : le niveau Ensorceleur : «  Soulever des objets légers, arrêter des pendules, déboucher des canalisations, sans parler de laver et de sécher le linge, ne posent pas trop de problèmes. », le niveau Sorcier : « Ils peuvent invoquer des vents légers et déclencher des migrations de hérissons. Jeter des étincelles avec les doigts et léviter une voiture.». Je vous laisse découvrir les autres niveaux, Maître Sorcier, Grand Maître Sorcier, Super Grand Maitre Sorcier ou catégorie « illimité ».
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Le Shandar est l’unité de mesure de base de l’énergie sorciérique. Avant la déclaration officielle de la mort lente du dernier dragon, cette dernière diminuait fortement. Cependant, les magiciens n’ont pas la vie facile :

Pour pratiquer n’importe quelle sorte de magie, il faut un Certificat de Conformité, un permis assurant que la personne est saine d’esprit et peu susceptible d’en arriver à utiliser les Arts pour le mal.

Tout acte de sorcellerie accompli sans permis, hors des limites d’une Maison d’enchantement est passible de… crémation publique.
Grizz paraissait choqué.
_ Je sais, ai-je repris, c’est un héritage déplaisant du XIVe siècle. Extrêmement déplaisant. Et c’est pourquoi toi, moi, nous, tout le monde, on doit remplir des formulaires avec une absolue diligence.

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)°º•. Si on se fie uniquement à la couverture : on pourrait croire à un roman de bit-lit dont le protagoniste est une femme virile, puissante et sensuelle : tatouage, cou de reine. La première fois que j’ai croisé ce livre, j’avais alors lu le quatrième de couverture une fois pour ne jamais plus y revenir. J’ai donc été très agréablement surprise par ma lecture, c’est très frais.
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Le récit me fait penser un peu à l’univers de Pratchett compte tenu du caractère des magiciens, des bras cassés qui composent l’équipe, des vérités glissées ici ou là et de l’humour. Jasper Fforde remet d’aplomb les travers de notre société. Rien de mieux qu’un humour franc pour faire rire le lecteur ; l’utilisation du cynisme permet une critique plus acerbe. Ce roman n’est pas uniquement récréatif au ton léger… bien qu’on se poile souvent à la lecture des dialogues ou autres descriptions.
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Le style percutant de l’auteur offre un récit farfelu, plaisant et rafraichissant. L’histoire est bien ficelée ; il ne s’agit pas d’un sombre combat super sérieux entre le Bien et le Mal mais plutôt d’une joyeuse partie de « je fais avec ce que j’ai… un peu au hasard ». Cette histoire propose une satire contemporaine dans une trame fantasy, et c’est fichtrement bien joué ! La grande taille de la police et le texte aéré vous feront engloutir très vite ces 300 pages.

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« Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons » est une histoire abracadabrante selon toutes les définitions. Partez à la découverte de l’agence de magie accréditée de Kazam, allez tirer les poils métallisés du quarkon et tailler une bavette avec Maltcassion. On passe un très bon – et court, malheureusement ! – moment avec toute cette troupe. L’auteur, grand professionnel de l’humour rafraichira vos heures de lecture grâce à ce récit qui fait la peau aux travers de notre société.

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Moi Jennifer Strange derniere tueuse de dragons 02

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)°º•. Biographie
Né en 1961, Jasper Fforde est un écrivain britannique. Il écrit principalement des romans étiquetés « light fantasy » où l’humour est omni-présent. Son livre le plus connu et culte est « L’affaire Jane Eyre », premier tome de la saga Thursday Next, son précieux personnage féminin éponyme.
Son site.

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Moi Jennifer Strange derniere tueuse de dragons extraits

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Dans le chaudron :
¤ Les annales du Disque-Monde de Terry Pratchett,
¤ De bons présages de Neil Gaiman & Terry Pratchett,
¤ Le sot de l’ange de Christopher Moore.

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Adalana’s Imaginary World, Azilis, Book en stock (Phooka), Carnet de lectures de Aude, Chez Iluze, See you beyond Hell ! (Harmony), La bibliothèque de Glow, Muti et ses livres, Perdre une plume, Un brin de lecture (Karline), Welcome to Nebalia (Nébal) ont aussi discuté avec Maltcassion.

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Challenge Jeunesse YA

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Un livre parfait pour le challenge jeunesse-YA.

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TOLKIEN J.R.R. – Bilbo le hobbit

20/11/2012 22 commentaires

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Titre : Bilbo le hobbit
Auteur : J.R.R. TOLKIEN
Plaisir de lecture Livre fantas… tique

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Le quotidien de Bilbo est empli d’herbe fraiche, de bonjour sympathiques de ses voisins et de pauses hautement nutritives. Sans l’arrivée de Gandalf, de treize nains et l’évocation d’un trésor, Bilbo n’aurait jamais connu l’aventure. Pourtant, cette troupe mal troupée se dirige vers la Montagne Solitaire pour reprendre le trésor des aïeux de Thorïn à Smaug le dragon. Et ce n’est que le début…

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)°º•. Bilbo est un héros plus que modeste. Pour cette épreuve, il faudra à Bilbo bien de la chance… et un peu de courage. Oui du courage, car il ne pense qu’à enfiler ses chaussons, une fois rentré chez lui, dans ce doux cocon.
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Pourtant une ribambelle de nains va s’inviter chez lui :  Thorïn, Balin, Bifur, Bofur, Bombur, Dwalin, Gloin, Oin, Dori, Nori, Ori, Fili et Kili. Pas moins de treize nains avec lesquels il va devoir concilier sa nouvelle vie et apprendre à supporter.
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Nous faisons aussi la rencontre de beaucoup de créatures : nains, elfes, trolls, animaux qui parlent, dragons, magiciens, trolls, gobelins, wargs, aigles, araignées géantes ainsi que Gollum et Beorn. Il va sans dire que la faune est… diverse.

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)°º•. Comment ne pas accrocher dès les premières pages où Tolkien ouvre une fenêtre sur la Comté etnous bascule dans l’imaginaire grâce à quelques mots ?

Ce roman d’apprentissage nous offre des aventures que je qualifierai de « calibrées » : chaque chapitre inclut une aventure avec un début, un milieu et une fin ; structure bien pratique pour être lue à un enfant. Surtout que ce livre se lit très bien à voix haute, comme un conte.
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L’histoire est bon enfant et même si le déroulement des aventures est quelque peu prévisible, c’est tout simplement réjouissant de suivre ce petit hobbit ronchon. Poursuite par des loups, taquinerie des gobelins, rencontre d’araignées géantes, attaque par des hommes : il y en a pour tous les gouts. Si quelques bastons sont au programme, Tolkien y intègre aussi un peu de réflexion. Cette histoire a une portée philosophique et morale en développant quelques valeurs : sagesse, hardiesse, entraide, respect (nature et être vivants). Il additionne aussi le contenu avec quelques astuces, de l’intelligence et de la débrouillardise.
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J’ai lu « Bilbo le hobbit » avant le seigneur des anneaux, il se révèle moins indigeste que cette œuvre d’ailleurs. J’ai apprécié cette découverte totale, les quelques surprises mais aussi l’humour. Le ton est tour à tour enjoué, tendre et amusé ; le narrateur vient même à prendre quelque distance avec l’action menée. Il interpelle les lecteurs et commente les faits.  Le style narratif est direct, il est ainsi plus facile à lire.

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Cette genèse intègre des éléments annonciateurs qu’on retrouve dans le Seigneur des Anneaux. Même si la fantasy n’est pas votre tasse de thé/café/chocolat, vous pourriez être ravi de ce voyage sans prise de tête et où règne la bonne humeur.

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)°º•. Biographie
John Ronald Reuel Tolkien, né en 1892 mort en 1973 a été écrivain mais aussi poète et aussi philologue (études de la linguistique historique).
Il est surtout connu pour ses romans « Bilbo le Hobbit » et « Le seigneur des anneaux ». Professeur à l’université d’Oxford, il fait partie du groupe littéraire sous le nom d’Inklings, au même titre que son proche ami, C.S. Lewis. Après sa mort, son fils Christopher publiera de nombreux ouvrages grâce aux notes et manuscrits de son père, et notamment Le Silmarillion.
En plus d’avoir eu à disposition une version poche, j’ai pu me délecter des écrits de J.R.R. Tolkien grâce à une édition complète publiée par France Loisirs qui a été ponctuée d’illustrations d’Alan Lee.

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Dans le chaudron :
¤ La communauté de l’anneau, tome 1
¤ Les deux tours, tome 2
¤ Le retour du roi, tome 3
¤ Le Silmarillion
¤ Faërie et autres textes

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Souvenir de lecture : Et sinon, c’est quand qu’on mange ?

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Bazar de la littérature (Melisende), Book en stock (Phooka & Moyen-Phooka), Bulle de livre (Snow), Chez Craklou, Clair obscur (Endea), Dans ma bibliothèque (Roz), De l’autre côté du miroir (Laure), EuphemiaHydromielle, La vallée des grenouilles séchées (The Bursar), Le blog bleu (Céline), Lectures trollesques (PtiteTrolle), Le dragon galactique (Tigger Lilly), Les lectures de Folfaerie, Madly Pagal (Taliesin), Mes lectures de l’imaginaire (Olya), Monstres et Merveilles (Sintaël), Naufragés volontaires (Julien), Nevertwhere, Ptite boukinette (Azariel) ont certainement préféré un nain à un autre.

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Et hop, une entrée pour The Middle-Earth Challenge.

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Pics : #01 Collecting memories, Bilbo par Aryundomiel ; #02 The hobbit par Undertaker-Damon ; #03 Wrong tune par Aminawolf ; #04 Smaug par s-u-w-i.

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CARRIGER Gail – Le protectorat de l’ombrelle ~ Sans forme, tome 2

06/11/2012 36 commentaires

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Titre : Sans forme (Le protectorat de l’ombrelle, tome 2)
Auteur : Gail CARRIGER
Plaisir de lectureetoile 5 Livre fantas… tique
Tome 1tome 3, tome 4, tome 5

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Du haut de ses talons et sous son ombrelle, Alexia Tarabotti a pris du grade : la voilà maintenant « Mujah » au service de la Reine. Elle mène l’enquête pour découvrir pourquoi les pouvoirs des vampires et de loups garous sont ainsi annihilés. Elle va devoir mettre son nez dans les affaires de l’ancienne meute de Lord Maccon. Tout pourrait se passer à merveille, si elle ne devait pas se frotter à son épouvantable demi-sœur et subir le chatouillement de plumes des chapeaux d’Ivy.

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)°º•. Lord Maccon et Alexia Tarabotti travaillent maintenant et principalement en horaires décalés ; pourtant ils mènent une vie tranquille et… non, pas du tout en fait. Pour Alexia, il est temps de partir en Écosse, à bord d’un dirigeable. Elle va rencontrer des loups garous en kilt (ouhouh !), la meute de Kingair, l’ex de Lord Maccon (la meute, pas Kingair). Dans ce tome, nous faisons un petit tour dans le passé de Conall, avec fortes grandes révélations… ou pas.
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C’est avec une grande joie si bien dissimulée qu’Alexia n’ait d’autres choix que de partir avec Félicité, sa demi-sœur insupportable. Ivy l’accompagnera et avec elle ses délicieux couvre-chefs invraisemblables. Tunstell, le porte-clés et le fiancé officiel de cette dernière sera de la partie ainsi que le commandant Channing Channing des Chersterfield Channings.
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Nous ferons la connaissance de Mme Lefoux, une inventrice française, modeuse et aux autres talents bien cachés. J’ai un faible particulier pour elle car j’aime beaucoup son caractère et sa façon de vivre. J’ai été un peu déçue que Lyall, le second de Maccon et Lord Akeldama soient aussi en retrait alors qu’ils m’avaient charmés dans Sans âme.
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Les créatures surnaturelles souffrent d’une épidémie d’humanisation, ce qui va créer une tension relativement forte. Il va sans dire que le grand atout de cette saga est bien les interactions entre les personnages. Alexia menacée, que va-t-il se passer ?

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)°º•. La touche steampunk est indéniable, Gail Carriger en ajoute encore une couche grâce aux inventions de Mme Lefoux, ainsi que le dirigeable, symbole fort de ce genre littéraire. J’ai beaucoup apprécié l’ajout de l’éthérographe qui s’avère un moyen de communication plus fantasyien que le télégraphe.
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Les us et coutumes victoriens en prennent toujours plein la figure notamment quand on s’aperçoit que les bandelettes d’une momie deviennent l’apparat indispensable à toute personne de distinction.

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)°º•. Pour ce deuxième tome, nous retrouvons toutes les particularités de ces personnages hauts-en-couleur. J’apprécie tout particulièrement l’harmonie indéniable entre la brutalité des loups-garous et le raffinement des vampires. On y croise aussi quelques fantômes mais je vous  en laisse la surprise. J’aurai quand même aimé que les informations concernant le passé de Conall Maccon soient plus consistantes.
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Si j’avais beaucoup souri en lisant le premier volume, la bonne surprise quant au ton employé par Gail Carriger est un peu passée. L’intrigue est lente et au démarrage tardif pour finalement se résoudre assez vite. Les actions sont rares, le tout manque de dynamisme. J’aurai envie que l’auteur passe la seconde maintenant que nous sommes aux faits quant au caractère des personnages, de l’existence de sociétés secrètes et des ambiances victoriennes. Heureusement, on ne peut pas rester chagrin trop longtemps, car cette série a – heureusement – un fort potentiel.
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J’apprécie toujours ces dialogues plein de mordant, les réponses cinglantes et sarcastiques du personnage principal. Il n’y a pas à dire, l’humour british est très appréciable. La plume est terriblement distrayante. Notons que ce tome propose une fin (difficilement) soutenable. Par ailleurs, cette série se clôture en cinq tomes et une adaptation en manga est déjà en cours.

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Cette fois-ci, Alexia part en Ecosse à bord d’un dirigeable pour rencontrer des loups-garous en kilt. Il va sans dire que nous sommes très heureux de retrouver ces personnages aux caractères plus forts les uns que les autres. On est tout « joie » d’assister à leurs échanges peu piqués des vers. Il est conseillé de ne pas attendre trop d’actions pour ce tome car l’intrigue est lente au démarrage pour se conclure très rapidement. On continue de flotter dans un univers steampunk délicieux.

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)°º•. Biographie
Gail Carriger, était archéologue américaine avant de devenir une auteur de steampunk. Elle a commencé d’écrire pour s’évader et y a pris beaucoup de plaisir – et on la comprend !

Son magnifique site à découvrir.

Pour lire les premières pages de « Sans forme », c’est par ici.

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Dans le chaudron :
¤ Sans âme, tome 1

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Souvenir de lecture : Et pourtant j’avais déjà fait une pré sélection pour les citations !

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Elles ont été nombreuses à lire « Sans forme » : Book en stock (Dup & Phooka), Elemnium (Dehlya), Hydromielle, La p(ile) à l(ire) d’Hécléa, Les lectures de Mylène (Mycoton), Les lectures de Nyx, Mon coin lecture (Karine), Neverwhere (Vert), Perdre une Plume, Pluie de livres (Dexlivres), Ptite boukinette (Azariel), Terre des mille lieux (Anisedora), Un brin de lecture (Karline05).
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CITRIQ

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Un petit livre qui se plait pour le challenge Halloween et le défi steampunk.

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Pics : #01 Ivy par Poisonwillow ; #02 Mme Lefoux par Poisonwillow.

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FEIST Raymond E. – Faërie

31/10/2012 43 commentaires

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Titre : Faërie
Auteur : Raymond Elias FEIST
Plaisir de lecture Livre fantas… tique

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Phil, grand écrivain décidé de quitter la vie agitée d’Hollywood pour retourner dans sa région natale, vers Pittsville. Gloria et leurs enfants, Gabbie, Sean & Patrick emménagent très vite dans la maison du vieux Kessler acquise pour une bouchée de pain. La propriété s’étend sur plusieurs hectares et comprend le pont du troll au fond des bois. Phil retrouve sa mère spirituelle, l’ancienne universitaire Aggie et même Gabbie qui rechignait un peu à passer son été ici, rencontre Jack. Mais ce tableau idyllique est très vite envahi par les ombres, notamment quand les jumeaux et leur chien Pas-de-pot traversent pour la première fois le pont. Ils ne sont que les premiers à être la proie de créatures fantastiques et d’autres puissances inconnues.

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)°º•. La famille Hastings se compose d’une famille presque trop parfaite aux yeux des lecteurs, que ce soit dans la description de leur caractère ou dans leur comportement. Phil, bien que n’étant toujours pas passé à l’ère des ordinateurs, s’avère être un écrivain brillant, un illustre réalisateur et maints fois récompensé. Ce qui n’est pas forcément le cas de Gloria qui n’a pas réellement enflammé les planchers de théâtre ; mais elle demeure une femme aimante et une mère protectrice.
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Gabbie, jeune rentière est la fille de Phil née d’un précédent mariage. Si au début, on s’attend à ce qu’elle tape un scandale parfait pour une publication dans Vogue, elle redevient très vite une jeune femme responsable. Elle rencontre le protégé d’Aggie Grant : le doctorant Jack  Cole avec qui elle tisse des liens très forts. Mais il n’est pas le seul à être charmé par son physique. Les jumeaux Patrick & Sean sont un peu plus clichés dans le sens où le premier est fort et téméraire, le second est très effacé et timide. Il en convient qu’ils sont plutôt crédibles dans leur rôle de jeunes garçons de 8 ans, tant pour les « oui, oui » répondus aux conseils de leur mère – alors qu’ils n’en pensent pas moins – que pour leur incapacité à prendre correctement des messages téléphoniques, parce que bon, « les jeux vidéos, c’est trop cool ». Ils vont être les premières victimes des créatures et ce sont eux aussi qui vont faire face aux plus dures épreuves.
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On croisera souvent Mark et Gary, deux collaborateurs d’un même cabinet qui sont ravis de pouvoir fréquenter la bibliothèque de M. Kessler laissée en l’état dans la vieille maison. Ils souhaitent compulser tous les documents qu’ils y trouveront mais se feront surprendre par quelque découverte. Enfin, il y a le vieux Barney qui lui sait. Il sait beaucoup de choses, mais personne ne daigne l’écouter. Il se révèlera être une aide précieuse dans les derniers retranchements et possède d’ailleurs une pierre-à-fées.

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)°º•. Pour son histoire, Raymond Feist ne présente pas un univers édulcoré à la poudre de perlimpinpin, mais sert un véritable monde sombre et dangereux. Même si les légendes me sont parfois méconnues, nous mettons les pieds sur un tapis de folklore. L’environnement – paysages, bâtiments – est très peu décrit pour laisser une place optimum aux ambiances lugubres.
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Raymond Feist nous entraine à la rencontre du peuple : petit, bon ou mauvais. Pour ce livre-ci, nous allons côtoyer les sentiments maléfiques du petit peuple. On se rend compte que les créatures féériques ne sont absolument pas fréquentables. Personne n’échappe à ces êtres diaboliques, même pas les petits enfants de 8 ans. Il va sans dire que le roman peut faire ressortir les peurs de son enfance ; l’histoire prend des tournants un peu malsains voire qui font peur.

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)°º•. Ce roman fantastique date de 1988 et n’a pas pris une seule ride. L’écriture se révèle subtile, très travaillée et le roman se lit facilement.

Le fort pouvoir d’attraction de cette histoire réside dans le mélange du réalisme au folklore. La vie quotidienne est mélangée à des scènes surnaturelles. Ce qui fait sa force peut aussi être un petit point faible dans le sens où certains moments paraissent plus lents, un peu trop enfantins à mon goût ; mais cela représente à peine 10% de la totalité du roman puisqu’il s’agit-là de moments plus calmes pour que la tension monte progressivement.
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La sexualité est exploitée dans ce récit, on peut même parler de violence sexuelle. C’est pourquoi certaines scènes peuvent se révéler choquantes. Ce livre ne doit absolument pas être considéré comme un livre jeunesse, surtout si le lecteur n’a jamais eu de premiers frissons via un livre classé « horreur » pour jeunesse.
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Il va de soi que l’angoisse est latente, que le suspense peut se révéler « de fou ». Il ne s’agit pas de verser dans de l’horreur gratuite ou dans des moments sanglants, mais la chair de poule nait parfois à la lecture de certains passages. C’est un livre dont on ne se sépare pas, jusqu’au dénouement.
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Ce roman est totalement envoutant car nous voyons l’ombre rôder dès les premières pages et s’imposer sur ces feuilles d’écriture innocentes. On est très vite aspiré par l’histoire et les interventions de différents narrateurs sont justement dosées. Cela pourrait être une histoire à laquelle on y croirait dur comme fer.

Si vous souhaitez lire ce livre, commencez par vous procurer une pierre-à-fées.

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En un tour de main, Feist nous présente un one shot des plus particuliers où le petit peuple montre ses aspects les plus terrifiants et s’en prend puissamment aux êtres humains. Ce livre fait monter un suspense certain tout au long de ses pages et c’est avec les yeux écarquillés – et parfois cachés sous la couette – qu’on dévore cette histoire.

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)°º•. Biographie
Né en 1945 à Los Angeles, Raymond Elias Feist tire sa notoriété mondiale grâce aux chroniques de Krondor comptant pas moins de 28 ouvrages. Son site.

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Souvenir de lecture : « Ah, ce passage, c’est un peu craignos quand même » […] « Oké, celui-là, c’est encore pire ! »

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Audouchoc (Théoma), Au fil de mes lectures (La Liseuse), E-maginaire, Imagin’erre, La bibliothèque Malounienne (Malou), Lanylabooks, Lectures d’une dévoreuses de livres… (Nini), Mes imaginaires (SBM) ont aussi rencontré la Chose sous le Pont du Troll.

CITRIQ
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Une participation au Challenge Halloween, un peu effrayante mais idéale pour ce 31 octobre !

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Pic : Couverture anglaise par Geoff Taylor, des détails à voir ici.

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