ILLIANO Rozenn – Midnight City
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Titre : Midnight City
Autrice : Rozenn Illiano
Plaisir de lecture : Livre fantas… tique
Lire : le prologue, le chapitre 1, le chapitre 2
La playlist d’écriture de Rozenn
(qui m’a aussi servi pour rédiger cette chronique)
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Écrivain inconnu, la vie de Samuel change quand son roman rencontre un succès fou. Avec sa nouvelle célébrité vient le syndrome de la page blanche, impossible pour lui dire d’écrire un nouveau livre. Un mécène mystérieux décide de lui apporter son soutien sauf que le contrat semble révéler… des clauses singulières.
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Tu es un onirographe, tu écris avec tes rêves.
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Le premier roman de Samuel a circulé sous la forme d’un seul exemplaire, passant de mains en mains de lecteurs. Parfois étiqueté comme un grand coup marketing, c’est la volonté d’un grand timide de faire voyager les mots (et à travers les mots, de faire voyager le futur lecteur). Après une parution aux retombées fantastiques, Sam est bousculé par son éditrice, laquelle lui met sur le dos un assistant pour « l’aider ». Il y a également Adam que j’ai su apprécier car ses objectifs se dessinaient et qu’il a clairement un but, parfois incompris par autrui. Il y a aussi Roya et d’autres romanciers sur un forum, qui bêtalecteurs et ou de soutien, deviendront une communauté chère aux yeux de Samuel.
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Je tiens à protéger votre découverte. De ces personnages, protagoniste et secondaires, je vous dirais « seulement » qu’ils sont complètement et imparfaitement humains. Rozenn Illiano a su les rendre réels de par leur comportement et leurs réactions humaines qu’ont nourri des émotions tangibles.
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Ce roman est fantastique et de fantasy à la fois.
« Midnight City » renferme deux histoires, deux mondes imbriqués. La Cité de Minuit est une ville de tous les mystères, elle dégage une réelle force et semble être un personnage à elle toute seule. L’univers des Nocturnes est captivant : à travers les yeux et la mémoire de Cyan, on découvre l’oneirium – matière brute des rêves et des cauchemars – la vie de rêvarchitecte, l’horloge brisée et autres détails ; l’on rencontre aussi la funambule.
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Dès la première page lue, la couleur du bleu s’est imposée à moi. À chaque fois que je reprenais ma lecture, elle arrivait tel un filigrane. Une ambiance à la « Cirque des rêves » se dégage ; mais il ne faut pas que cette pensée vous fasse fuir. Ce n’est pas foncièrement vrai, c’est juste la connexion réalisée par mon cerveau (pour mon plus grand plaisir).
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Le pilote : un homme un visage pâle qui ne veut pas être là, au costume sombre désuet, aux longs cheveux aussi noirs que la nuit au-dessus de sa tête, attachés par un ruban de satin. Tout est noir ou blanc chez lui, à l’exception de ses yeux d’un bleu si bleu et si clair qu’ils troublent tous ceux sur lesquels ils se posent.
Voilà pourquoi on l’appelle Cyan, ce pilote qui n’en était pas un autrefois.
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Fantasy, fantastique… et à la croisée de bien d’autres genres, Midnight City est hybride. J’avoue que j’aime le terme de « dreampunk » choisi par l’autrice. Cet aspect poétique est accompagné d’une force certaine qui se dégage du récit. Les premières lignes sont puissantes car la Cité de Minuit est présentée.
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Tous les écrits de Rozenn Illiano restent indépendants mais entre eux, existent des liens (parfois ténus). Ce Grand Projet porte aussi le nom de Plan de l’Onirographe. Parmi les pages, il y a toujours un peu de Rozenn, avec subtilité, par petites touches. Pour Midnight City, la connexion est plus intense.
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On sent que l’autrice a peaufiné l’histoire, en la ciselant pour dégager autant d’orfèvrerie que de légèreté. Ainsi, le texte est fluide grâce à un travail sur l’histoire elle-même, un vocabulaire recherché et un scénario élaboré. Après des rebondissements, la fin m’est resté incertaine jusqu’à ce j’y arrive et j’apprécie cette maîtrise de l’intrigue.
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C’est le thème de l’écrivain qui se diffuse entre les pages : le processus de création vient apporter un lot de questionnements quant à son rapport à l’écriture, les paradoxes qui peuvent naître, ce qui fait – ou ne devrait pas faire – la qualité d’un écrivain, son désir de publication et l’envie de trouver son public, et aussi le syndrome de l’imposteurice.
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Ici, dans la Cité de Minuit, le Temps demeure une chose tangible comme une autre, le mélange parfait d’un courant d’air et d’une douce mélodie chantée à voix si basse qu’il est souvent peu aisé de l’entendre.
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La mise en abîme se complète avec l’existence du livre vagabond.
Rozenn aura finalement lâché trois exemplaires de Minight City qui se sont perdus (une mauvaise expérience qui me fend le cœur). La blogueuse Snow a bénéficié d’un service de presse qu’elle a décidé de transformer en livre voyageur en accord avec l’autrice. J’ai été très touchée qu’elle me l’envoie ! Après lecture, je lui ai moi aussi trouvé une autre destinataire en la personne de Jenn Bleu électrique.
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Midnight City continue son chemin : il s’est revêtu d’une édition collector dont les stocks sont épuisés mais il est toujours possible d’acheter une édition régulière sur le site de l’autrice. Ce livre ne connaîtra que 100 exemplaires papier et ne sera plus réédité par la suite.
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Durant novembre 2019, dans le cadre du NaNoWriMo pour National Novel Writing Month, l’autrice a bien avancé dans « Night Travelers », une possible suite. Et de manière assez égoïste, j’espère bien un jour, poser mes yeux dessus.
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Il m’a été impossible de lâcher l’ouvrage, j’ai été littéralement happée. Addictif, profond, riche et brillant, le voyage onirique a été époustouflant. Et j’espère qu’il en sera de même pour vous, potentiels lecteurs 💙
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Les heures brumaires, heureusement peu longues, précèdent les heures crépusculaires qui, elles, sont des pièges dans lesquelles se perdre car chacune dure autant qu’un cycle de sommeil ; viennent ensuite les heures vespérales, et enfin les heures nocturnes, celles que Cyan préfère, celles qui conduisent le plus loin dans la nuit. Maîtriser le calendrier de la Cité de Minuit exige un apprentissage long et minutieux, et certains Nocturnes ne le connaissent pas dans son entier ; est-ce surprenant alors qu’il existe en tout dix sortes d’heures, quarante-deux variétés de minutes, et des centaines de secondes différentes ?
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Chemin du livre devenu voyageur grâce à Snow → moi → Jenn Bleu électrique → Intemporailes (Léa)
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Illustrations : #01 Le marchand de sable par Xavier Collette ; #02 Couverture de l’édition collector ; #03 La Funambule par Xavier Collette ; #04 Edition collector et édition régulière
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