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LARUE Anne – La vestale du calix

26/04/2012 14 commentaires

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Titre : La vestale du calix
Auteur : Anne LARUE
Plaisir de lectureetoile 2 Livre à regrets

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Après un dur entrainement et des épreuves insupportables, Anna atteint le titre de Vestale. Celles qui ont échoué au concours deviennent des esclaves mais le nouveau statut d’Anna n’a rien d’enviable puisqu’elle ne vaut rien. Anna montre à son chevalier aimant Sergueï le très secret Calix d’Esclarmonde ; elle devra être ébouillantée jusqu’à ce que mort s’ensuive pour cette profanation. Cependant, le Pr. Aleister après quelques supplices l’envoie ailleurs pour la sauver. Elle atterrit dans un nouveau décor et trouve ce royaume des morts bien vivant : elle découvre son monde en 4660. Elle vit dans un appartement avec Ankh sa colocataire, travaille en tant que costumière « tradi » chez Thomasine Couture, se fait voler le prix Mafalda par une talentueuse cavalière. Cependant, Anna & Ankh font deux choses interdites : ne pas assister au dernier match obligatoire de trimslop et débusquer une personne assassinée. C’est le début des ennuis, heureusement, Holinshed détective équin en freelance pourrait bien un peu les aider.

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)°º•. Pour cette histoire, la focalisation sur les idées à intégrer au roman se fait un peu au détriment de la description des personnages qui est rudimentaire. Hormis quelques traits physiques et de caractère, nous appréhendons surtout les personnages pour leurs actions.
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Anna est innocente voire un poil naïve. Médiocre dans ses entrainements et résultats de concours, elle va pourtant se faire remarquer par le sacrilège qu’elle engendre. Pour la première fois dans l’Histoire des Vestales, Anna a le droit à un procès devant la justice grâce à Aleister. Secrètement, elle est propulsée dans le temps et vit sa vie de morte exactement comme on l’attend de sa part. De bonne nature, Anna suivra le chemin de sa « vie » sans opposer réellement de résistance.
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Elle fera la rencontre d’Ankh Delafontaine, blonde et médiéviste professionnelle : c’est grâce à une annonce qu’elles se trouveront pour enfin avoir un logement ensemble au lieu d’attendre le délai légal minimum de trois mois dehors. Sous le faux statut de « homosex », elles vont apprendre à se connaître et finissent par se lier d’amitié. Pourtant, elles vont devoir affronter les autorités pour différents crimes et aussi échapper à la Grande Déflagration.

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On ira également à la rencontre de Morphem, de Lucas, de Holinshed, de la morte La-que-sabe, de goules masculines, de villageois vivifiants et d’un homme qui disparaitra immédiatement dans la G.D. Sincèrement, hormis les trois premiers cités, je n’ai pas compris où l’auteur voulait en venir avec la rencontre de ces personnages secondaires : ils n’amènent pas d’eau au moulin, ils ne participent pas au comique de situation. Oui, avouons-le, je trouve qu’ils ne servent à rien et je n’ai pas pu m’empêcher de dire de nombreux « WTF ?! » lors de ma lecture. (What The F*ck, trad. : mais qu’est-ce que c’est ces bêtises ?!)

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)°º•. A travers son roman, Anne Larue se moque généreusement de certaines thématiques propres à notre société : le marketing et son phénomène de surconsommation, le sport et ses dérives, les relations entre l’élite intellectuelle et le peuple de province mais aussi du monde universitaire et de la recherche qui en prennent également plein la figure.
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Seulement, j’ai été un peu déçue de l’utilisation gratuite de thématiques qui font « vendre » comme le sexe et la violence. De mon point de vue, il est important de trouver un équilibre quand on part sur ce terrain notamment en intégrant des éléments indispensables pour l’intrigue.
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Ce qui m’amène à la place du féminisme dans la trame de ce livre. J’ai eu un peu de mal à accepter le rapprochement parfois trop systématique à mes yeux du sexe avec le statut de la femme. Cela m’a paru d’autant plus étrange de la part d’Anne Larue qui est adhérente au mouvement. Les Vestales ont une virginité intacte, si elles ne réussissent pas le concours, elles se retrouvent esclaves (sexuelles) ; de plus, le viol est reconnu comme une noble punition pour la Vestale en tort et comme un avantage social pour le bourreau. Enfin, on parle de la maison des plaisirs de Milly avec la permission d’y aller 4 soirs par mois comme une mesure d’hygiène fortement recommandée.

Enfin, on aura le droit à l’Apocalypse dans son ensemble : on l’entrapercevra de très loin « antérieurement », à tout juste avant, tout en la voyant se réaliser et la voir terminée. Cela ne rigole pas.

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)°º•. Au niveau de l’intrigue, on semble perdu : si Anna se révèle l’héroïne de cette histoire, elle passe très vite au second plan pour la deuxième moitié du roman sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. On a l’impression que la partie initiatique sur Ankh est un résultat hallucinatoire ; si dès les premiers chapitres, on ne voyait point où on allait, là, on perd complètement pied.
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Souvent qualifié de grinçant, l’humour ne m’a pas décroché un seul sourire lors de ma lecture. Il est assez présent… mais tombe toujours à plat pour moi. On s’attendrait presque à des enregistrements en boite en fin de phrase pour inciter à rire. Je pense que l’humour sous sa forme écrite est un exercice très difficile et on se rend compte d’autant plus de la haute voltige pratiquée par des auteurs humoristes comme – prenons au hasard, Pratchett – quand on se confronte à des tentatives avortées d’humour comme ici.
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L’auteur souhaite atteinte un public différent avec chacun de ses livres pour toucher au mieux l’ensemble de notre société et c’est un motif que je trouve tout à fait respectable. Si ses précédents ouvrages ont été appréciés, ce n’est pas pour autant que la plume peut se révéler parfaite pour écrire un roman de l’imaginaire. Je n’ai d’ailleurs trouvé aucune référence à ce genre littéraire, ou du moins pas de manière assez évidente pour ne pas croire que je l’avais imaginée.
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J’ai eu l’impression que le récit était sans queue ni tête ; ni même que l’auteur savait où elle allait. Tout est décousu : Anne Larue semble avoir plein d’idées et vouloir toutes les intégrer. La forme du roman me faisait penser à une juxtaposition de passages déjà rédigés qui n’ont pas de connexion avec ceux qui le précède et qui lui succède. Le côté fouillis me fait penser à un sac où tous les ingrédients auraient été jetés, secoués et tirés au hasard. Ce livre fourre-tout intègre des délires que j’ai ressentis relevant de la private joke et totalement incompréhensibles ; J’ai eu parfois aussi le sentiment que le livre était un ring où Anne Larue distribuait des règlements de comptes.
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Je trouve que le non-sens n’est pas maitrisé et que le tout perd totalement le lecteur. Cela est dommage car malheureusement ce sentiment de désorientation dessert la fluidité de sa plume. Si l’auteur voulait un livre décalé, j’aurai aimé qu’elle l’assume jusqu’au bout. Je tiens à préciser que cette perception générale de l’histoire m’est propre et que d’autres lecteurs ont été totalement emballés. En ce qui me concerne, j’en viens à regretter mon achat malheureusement. Ceci dit pour les fans de « La vestale du Calix », elle serait déjà entrain de rédiger le deuxième tome.

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Ce livre peut être rangé dans différentes catégories ; cependant, si vous aimez les romans de l’imaginaire qui sortent complètement des sentiers battus, « La vestale du Calix » pourrait vous plaire. Personnellement, l’intrigue m’a semblé tourneboulée et je n’ai pas réussi à m’accrocher à quelque élément comme une bouée de sauvetage. Je suis passée définitivement à côté de l’histoire, trop interrogative pour que je puisse profiter.

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)°º•. Biographie
Née en 1958, Anne Larue est historienne de l’art français de profession. Elle a écrit divers ouvrages dont la thématique principale reste le statut de la femme ; son premier roman « La vestale du Calix » ne déroge pas à son principe.
La couverture signée par Genkis qu’elle plaise ou non, ne laisse pas indifférente.
Vous pouvez découvrir l’interview de l’auteur réalisée par la chaîne NoLife pour l’émission Rêves et Cris qui commence à 23min45s.

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)°º•. Extrait
Le seul passage qui a donné lieu à une pâle imitation de sourire :

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Souvenir de lecture : si je me réincarne en cheval, je pose immédiatement mon curriculum vitae à l’entreprise de Holinshed.

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Ce livre a été lu en commun avec Endéa sans qui, l’épreuve aurait été beaucoup plus difficile.

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Les humeurs de Svetambre, Rongeuse de livres (Marmotte), Traqueur Stellaire (Guillaume44) ont également lu ce livre.

CITRIQ

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Si ma chronique ne vous a pas trop refroidie – soit dit en passant, elle doit être la plus négative du web – je peux faire de ce roman, un livre voyageur.

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Voici un livre qui s’inscrit également au challenge Fins du Monde.

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Pic : de Myriam Sweeney.

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