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TAFFIN Benedict – La Pucelle et le Démon

09/09/2012 12 commentaires

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Titre : La pucelle et le démon
Auteur : Benedict TAFFIN
Plaisir de lecture Livre sympa peu s’en faut

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Sous les ordres de la duchesse Yolda, Sidoine de Valzan s’en va rencontrer Jehanne de Dromfroy. Cette femme pieuse entendrait des voix, il se doit de la ramener auprès du Dauphin afin qu’elle lui déclare religieusement ne pas être un bâtard. L’élue va également confirmer qu’il faut qu’il reprenne son trône et qu’il boute les Azuléens hors de Falatie. Le guerrier Sidoine va pourtant s’arrêter en chemin, prendre quelques plaisirs auprès d’une putain nommée Oriane. Au petit matin, lorsqu’il arrive sur les lieux, il découvre un désastre et le corps sans vie de Jehanne ; les démons de Njorg ont tout détruit. Les bras ballants, Sidoine tente le tout pour le tout et engage officieusement Oriane pour remplacer la vierge. Afin de vérifier son identité, Oriane doit rencontrer le capitaine de Vernisse venu avec un exorciseur. Voici la première étape d’une longue aventure… tout pourrait idéalement se passer si Arkshaar le démon de Sidoine, n’avait pas décidé de s’en mêler.

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)°º•. Pour accessoiriser cette imposture magistralement organisée, il nous faut donc :

Yolda, la duchesse et commanditaire. Le type de personnes assez froides dont on n’aimerait pas la compagnie et qui semble avoir bien du pouvoir en sous-main.

Jehanne, une femme dévote que nous n’aurons pas l’occasion de bien connaitre. Nous savons que la légende veut qu’elle vienne du bois Perchus et qu’elle fera des révélations au Dauphin.

Sidoine de Valzan surnommé La Hire. Il a un sens de l’honneur particulièrement développé ; il veut donc arriver au bout de l’aventure. Ce capitaine sanguinaire est accompagné d’un bhargoest qui a pris possession de son corps. Il maitrise un large éventail de jurons et ses propos sont souvent entrecoupés de « ta gueule » ou « la ferme » pour faire taire son démon jacassant, que lui seul peut écouter. Arkshaar est plutôt sadique et aime se moquer de son hôte, il est très agressif tant dans ses paroles que dans ses gestes mais je ne peux m’empêcher d’apprécier ses interventions. Je trouve ce combo plutôt réussi notamment quand le démon lui susurre à l’oreille qu’il faut poutrer ses interlocuteurs en les décapitant ou en leur sortant les tripes alors que notre malheureux Sidoine tente de rester calme.

Il y a bien sûr Oriane avec ses magnifiques yeux émeraude qui va devoir prendre sur elle, jouer son rôle à la perfection. C’est tout de même un électron libre et il n’est pas facile de lui tenir fermement les rênes.

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)°º•. Tu as peut-être saisi, mais sous le titre de « La pucelle et le démon », il se cache l’histoire de Jeanne d’Arc… revisitée. Il va sans dire que la documentation semble très bonne, les explications en fin de livre  données par l’auteur ainsi que le récit le montrent.
Les incipits de chaque chapitre ouvrent sur l’histoire « véritable » de Jeanne avant que les mots servent l’imagination de Taffin. Les tout premiers m’ont embrouillée et il a fallu que je demande confirmation à mon binôme de lecture. La grammaire y est parfois difficile, les phrases alambiquées mais reprenant les classiques du vieux françois.
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Malgré le talent développé, il m’a été difficile d’apprécier l’exercice de Benedict Taffin car je ne connais pas assez l’histoire officielle ni même les hypothèses de ce fait historique. On notera que les éléments fantastiques sont bien entremêlés à l’histoire et semblent trouver naturellement leur place. J’ai beaucoup aimé la réinvention des noms de villes et pays : Falatie/France, Ortillan/Orléans, Azuléens/Anglais, Tourelles/Tournelles, Lyspon/Lyon, Pondiret/Paris.

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)°º•. Cette fantasy qu’on pourrait qualifier d’historique est servie par une très bonne plume. J’ai aimé ce combo non conventionnel Oriane/Sidoine qui apporte vraiment de la fraicheur au récit. J’ai regretté tout de même de ne pas en savoir plus sur ce duo ni même connaitre davantage Njorg et ses démons. Mais ça, ce sont les paroles d’une lectrice fort ancrée dans l’environnement qui s’avère une éternelle insatisfaite (non, mais parce qu’une bonne histoire se doit d’avoir une fin, en vrai).
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Les passages entre action et moments plus calmes s’harmonisent. Les enchainements sont très bons grâce à une grande fluidité d’écriture. Le préambule est vraiment réussi. Les temps de guerre sont un peu difficiles pour moi car je n’aime pas ça, mais cette histoire saupoudrée d’éléments fantastiques est bien ficelée. Des scènes violentes de batailles et d’autres remplies de quelques détails sexuels feront pencher la balance du côté « conseillé au plus de 15 ans ». J’ai aimé que les informations soient distillées au fil du récit : on voit le nom Njorg, on comprend ensuite que c’est « lui » qui s’occupe des bhargoests, puis on sait que c’est une femme et finalement une sorcière.
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Avec une connaissance imparfaite de l’histoire originelle de Jeanne d’Arc, j’ai eu du mal à apprécier le texte à sa juste valeur. Mais j’ai été surtout motivée pour connaitre la fin et savoir si Oriane allait connaitre le même sort que Jeanne la Vraie ou si Benedict Taffin allait différencier cet élément de clôture. Il va sans dire que la présence de l’humour sarcastique et la façon de conter de Taffin m’ont particulièrement enchantée et je n’hésiterai pas à découvrir ses autres écrits.

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Sous le titre un peu mielleux de « La Pucelle et le Démon » vous découvrirez qu’il n’en est rien. L’Histoire de Jeanne d’Arc a été totalement repensé par Benedict Taffin et vous allez être ravis de connaitre les coulisses de cette grosse imposture à la sauce fantastique.

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)°º•. Bénédicte Taffin – qui signe Benedict Taffin ses livres adultes – est une écrivaine française. Son premier livre (jeunesse) « Les yeux d’Opale » est paru en septembre 2010 et a remporté le prix « Révélation Jeunesse » des Futuriales en 2011. Son blog
L’illustration de couverture est signée Pascal Quidault.

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Souvenir de lecture : La différence entre histoire et faits historique qui devient de plus en plus ironique.

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Dans le chaudron :
En fantasy historique
¤ Jonathan Strange & Mr Norrell de Susanna Clarke
¤ Le dernier rayon du soleil de Guy Gavriel Kay
¤ Thya d’Estelle Faye (La Voie des Oracles, tome 1)

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Cette lecture a été appréciée en lecture avec ma précieuse binôme Heclea dont vous pouvez lire la chronique. N’oublions pas que c’est grâce à un concours des Dames de Bookenstock que nous avons pu découvrir cette histoire.
Bookenstock (Dup & Phooka), La pile à lire (Oriane), Les victimes de Louve ont aussi apprécié cette Pucelle et ce Démon.

CITRIQ
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Ce livre est publié par un petit éditeur. On apprécie la couverture amovible, le papier épais et les finitions.
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Pic : couverture par Pascal Quidault.

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