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SHEPHERD Peng – Le Livre de M

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Roman "Le livre de M" de Peng Sheperd aux éditions Albin Michel ImaginaireTitre : Le Livre de M
Autrice : Peng Shepherd
Plaisir de lecturenote : 4 Livre à découvrir
Lire les premières pages

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Aujourd’hui a une particularité religieuse, c’est le Jour sans Ombre – zéro shadow day. Un homme, Hemu Joshi, perd littéralement son ombre. Il devient l’objet des média mais aucun expert n’arrive à trouver d’explications. Malheureusement, c’est le premier de très nombreuses personnes à subir cette perte… et d’autres dommages.

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Le Jour sans Ombre est un moment unique où le soleil ne projette aucune ombre au sol une fois arrivé au Zénith. Cela arrive deux fois par an dans des lieux géographiques très précis.
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La galerie des personnages est intéressante du fait de portraits bien croqués. Ce sont des gens ordinaires qui essaient de se dépasser et de s’adapter à un nouvel environnement. J’ai tout particulièrement apprécié leurs comportements que j’ai trouvés très réalistes. La mise en place de différents points de vue narratifs permet de balayer de multiples ressentis. Parmi ces humains, il existe un mythe « Celui qui rassemble » résidant à la Nouvelle-Orléans. Aussi, on suit notamment Max et Ory, un couple qui a décidé de rester vivre dans un complexe hôtelier forestier abandonné depuis plusieurs années. Max vient de perdre son ombre et ils se trouvent propulsés dans l’inconnue du nombre de jours restants avant que sa mémoire disparaisse.

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La perte de l’ombre frappe aléatoirement les individus, sans distinction, sans schéma qui se dessine. L’ombre semble contenir les souvenirs, ce qui fait de nous des êtres à part entière. Une fois que l’ombre est perdue, ces derniers disparaissent graduellement. Peng Shepherd investit la métaphore de l’ombre avec pour références, l’histoire hindoue de Surya et Chaya et aussi à J.-M. Barrie et son Peter Pan.

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Ce roman post-apocalyptique est singulier : la problématique de la survie ne s’appuie pas sur une histoire injectée de zombies mais sur l’échec de l’humanité qui ne sait comment survivre à l’effondrement du monde basé… sur les souvenirs. Le récit reprend les poncifs du genre pour mieux les bouleverser : retranchement, clandestinité, suivi des survivants face aux « contaminés », scènes de violence. J’ai trouvé que ce monde était aussi crédible que glaçant. Avec un grand coup de pinceau, on pourrait aussi qualifier « Le livre de M » en fantasy. Le phénomène surnaturel avec la perte de l’ombre s’accompagne de la prise d’un tournant plus magique. La dimension mystique vient ficeler le tout.

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La perte de l’identité et le questionnement sur la réalité font réfléchir à une interrogation essentielle : quelle importance donne à des choses, à des personnes. Cet aspect métaphysique – avec une quatrième dimension un peu flippante – peut désorienter le lecteur. Ce roman se base sur un drame quotidien : les sentiments ont plus de place que les actions.

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Ce roman déroutant repose sur quatre points de vue. Le ton introspectif donne beaucoup de force aux voix qui s’entremêlent. Les 600 pages ont défilé, j’ai eu du mal à lâcher « Le livre de M ». Les coïncidences, les déséquilibres et quelques rebondissements ont un goût de trop car ils arrivent à point nommé. La tension palpable à chaque instant entretient le suspense tout du long et offre un fort côté doux amer. Cette histoire est une quête, un road trip et une histoire d’amour à la fois, avec une tristesse certaine qui s’en dégage.

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Le genre est réinventé et cela fait du bien. L’autrice va jusqu’au bout de ses idées, sans retenue, sans surenchère et c’est encore plus appréciable dans le cadre d’un premier roman. Entre roman d’aventure et conte philosophique, il trouve toute sa place particulière. Tout n’est pas expliqué mais le postulat de départ est brillant, le développement intelligent ; sujet émerveillant et lecture addictive. Il est indéniable que ce roman occupe un bon moment. Je me suis sentie un peu perdue dans le déroulement de la métaphore car certains passages m’ont paru un peu tordus et je considère la fin comme inattendue. En réalité, je ne saurais vous influencer sur la teneur atypique du roman.

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Mise en scène du roman Le livre de M de Peng Sheperd : l'importance de son ombre

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Logo lectures estivales 2020 Voilà une lecture estivale bien rafraîchissante ! 🌊
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Boudicca (Le Bibliocosme), FeydRautha (L’épaule d’Orion)Le Chien Critique, Les lectures de XapurNeVertwhere, Phooka (Book en Stock)Un papillon dans la Lune ont aussi vérifié que leur ombre était toujours là.

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Categories: SHEPHERD Peng Tags:
  1. 05/08/2020 à 14:58 | #1

    Je pensais avoir beaucoup de mal avec le post-apo en général puis j’ai découvert récemment que j’aimais cela seulement lorsque le récit avait un côté plus intimiste, un déroulé lent davantage porté sur des trajectoires personnelles.
    D’après ce que tu en dis, il pourrait me convenir !

    • Acr0
      05/08/2020 à 21:04 | #2

      Effectivement, il propose quelques éléments que tu recherches 🙂 C’est chouette de se découvrir un nouvel intérêt, comme ce fut mon cas pour les histoires à base de voyage temporel.

  2. 05/08/2020 à 15:48 | #3

    Belle chronique!
    On se rejoint pas mal, il me semble (faut que je rédige mon avis ;-)).
    J’ai bien aimé le récit, le style, la narration… et un peu plus de mal avec le côté métaphysique 😉
    Mais ça ne gâche rien!
    Clair qu’il sort de l’habituel post-apo. Une bonne découverte.

    • Acr0
      05/08/2020 à 21:04 | #4

      Du coup, j’ai hâte de lire ta chronique. C’est vrai que c’était une lecture surprenante.

  3. 05/08/2020 à 16:45 | #5

    L’atypique, c’est bien. Je le tenterai à l’occasion.
    « je considère la fin comme inattendue » : positivement ou négativement ? ^^

    • Acr0
      05/08/2020 à 21:07 | #6

      Je reste encore indécise sur mon avis, peut-être sera-t-il plus clair d’ici quelques semaines ? À vrai dire, j’avais d’abord indiqué « livre sympa » puisque l’aspect métaphysique n’avait pas su me séduire. Mais je n’ai pas non plus pu mettre de côté que l’histoire m’a entraînée et que pour une fois, une autrice assumait ses choix scénaristique ou la direction générale prise.

  4. 05/08/2020 à 16:54 | #7

    Bonjour,
    Je passe juste pour signaler que le nom de l’autrice est SHEPHERD.
    Bonne journée,

    • Acr0
      05/08/2020 à 20:58 | #8

      Ah, vous avez bien fait ! Mon cerveau l’a mal enregistré, je corrige 🙂

  5. 06/08/2020 à 11:13 | #9

    @Acr0
    Je me penche vite là dessus!

  6. 06/08/2020 à 22:50 | #10

    Le postulat de départ est super en effet. Je regrette de m’être perdue en chemin (j’ai dû perdre mon ombre faut croire xD)

    • Acr0
      20/08/2020 à 18:44 | #11

      Oh, j’ai été laissée sur le côté moi aussi 🤷🏻

  1. 05/08/2020 à 21:22 | #1