MAZAURETTE Maïa – Dehors les chiens, les infidèles
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Titre : Dehors les chiens, les infidèles
Auteure : Maïa Mazaurette
Plaisir de lecture : Livre avec regrets .
La chute du porteur de l’Étoile du Matin, Galaad, a eu lieu il y a 80 ans. Depuis, une nuit éternelle règne. Tous les cinq ans, une équipe de cinq quêteurs est envoyée à travers le monde pour retrouver l’artefact qui fera revenir la lumière. Vaast, Spérance, Lièpre, Cyférien et Astasie l’Inquisitrice du groupe, sont partis voilà maintenant quatre ans de la capitale Auristelle.
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)°º•. Les quêteurs sont souvent des adolescents, portant leur foi en étendard. Ici point de parcours initiatique, les jeunes sont détachés pour mettre fin à la malédiction. Aveuglés par le fanatisme religieux, ils sont aussi obsédés par la quête. Les personnages ont tous un caractère extrémiste et même des attitudes bien souvent exécrables. .
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Les Ténèbres s’étendent grâce au culte de Satan, où l’Anti-Pape se trouve à la tête. Dieu n’est pas qu’un phénomène intangible, il s’est déjà montré plusieurs fois grâce à des illuminations et la réalisation de miracles. Les personnages en viennent à se poser des questions, à remettre en cause la foi de leurs compagnons et même à traquer ceux qu’ils croient infidèles.
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)°º•. « Dehors les chiens, les infidèles » s’appuie sur un passage de la Bible qui donne le ton (et le titre) : .
Dehors les chiens, les enchanteurs, les impudiques, les meurtriers, les idolâtres, [et quiconque aime et pratique le mensonge !] Moi, Jésus, [j’ai envoyé mon ange pour vous attester ces choses dans les Églises.]Je suis [le rejeton et la postérité de David,] l’étoile brillante du matin.
Apocalypse de Jean, XXII, 15-16 .
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La thématique – et le sujet tout court du livre – est la Religion : le questionnement sur le fanatisme, l’approbation de l’existence de monstres et la capacité d’adaptation. La foi est excessive, elle permet de garder la population sous contrôle. Maïa Mazaurette traite de l’intégrisme, de la manipulation et du détournement de la foi pour d’obscures raisons politiques. La définition entre le Bien et le Mal est remise en cause. En plus des mythes chrétiens, l’auteure intègre également la symbolique autour de la quête du Graal. .
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Le monde est plongé dans une nuit éternelle, des êtres difformes naissent, faute d’apports d’un soleil inexistant. En plus de la thématique principale, il faut reconnaitre que le mensonge est aussi bien développé : le mensonge pour des raisons de manipulation, le mensonge des liens familiaux et des origines, le mensonge aux autres et le mensonge à soi-même.
Cet univers est d’une grande noirceur où peu de touches d’espoir filtrent. Les gentils le sont-ils tant que ça ? Quelle est la définition de la gentillesse ? Comment s’applique l’altruisme ?
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)°º•. Maïa Mazaurette joue ici la carte de la provocation et cela lui va si bien. Elle s’en tire même plutôt bien sur un sujet casse-pipe. Elle ne fait pas de leçon de morale, elle donne un angle de vue sur la religion et invite à y réfléchir.
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Cette histoire moyenâgeuse et légèrement uchronique peut aussi être indiquée comme post-apocalypique. L’écriture est plutôt travaillée mais quelques points m’ont chiffonnée. .
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J’avais l’impression d’arriver en plein champ de bataille : Où suis-je ? Qui sont-ils ? Que font-ils ? Pourquoi ? Le manque de cohérence a été nourri par des descriptions trop peu nombreuses à mon avis et des dialogues pas assez étudiés. La lassitude de certaines actions redondantes et le dénouement prévisible m’ont frustrée quant à cette fin un peu expédiée, au même titre que certaines nouvelles lues.
Si on peut qualitativement étiqueter ce roman de nerveux et dur, j’ai peur que mes souvenirs de lecture soient diffus dans quelques mois.
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« Dehors les chiens, les infidèles » de Maïa Mazaurette propose une histoire ardente dont le questionnement sur la religion en est le cœur. La plume mordante propose des personnages parfois méprisables pour qui seule la foi est gratifiante. Le court roman peut cependant entrainer un inassouvissement si l’évangile n’est pas un de vos thèmes de prédilection.
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Souvenir de lecture : Ce livre est l’exemplaire d’Olya qu’elle m’a donné (en 2011). Elle n’avait pas apprécié sa lecture mais savait que j’étais intriguée par le roman. Au moment de ma lecture, quelle surprise d’y (re)découvrir la carte postale l’accompagnant, que j’avais glissée entre les pages. Cette dernière m’a servi de marque-page. .
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Dans le chaudron :
Quand les personnages sont aveuglés par la religion
¤ Acacia d’Anthony Durham
¤ Ayesha, la légende du peuple turquoise d’Ange
¤ La dernière lame d’Estelle Faye
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Un livre supplémentaire pour le challenge SFFF au féminin.
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Clair Obscur (Endéa), Le carphanaüm éclairé (Nelfe), Lectures trollesques (PtiteTrolle), Le dragon galactique (Tigger Lilly), Les Naufragés Volontaires (Julien), Le valon fantastique (Ryû), Mes lectures de l’imaginaire (Olya), Nevertwhere, Parchments of Sha’, Quoi de neuf sur ma pile ? (Gromovar), RSFBlog (Lhisbei), Valunivers ont peut-être le front ceint d’un anneau pour marquer leur statut.
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Ah ta note est peu élevée … ce roman m’attire pourtant. Je me ferai mon propre avis, mais j’ai quelques craintes du coup !
L'as-tu déjà dans ta bibliothèque ou comptes-tu l'emprunter ? Je pense sincèrement qu'il peut plaire à des lecteurs, c'est juste que je n'en faisais pas partie...
J’en garde un bon souvenir, mais je pense que c’est surtout l’atmosphère qui fait le charme du bouquin ^^
Oui :) Et je n'ai pas été la plus réceptive.
Je l’avais trouvée plutôt prenant mais ‘y avais constaté certaines incohérences dans le récit, tout du moins pour moi. En tout cas c’est un livre d’actualité au final !
Oh oui...
L’histoire est plutôt convenue mais le bouquin se laisse lire et en effet l’atmosphère est assez saisissante. J’avais bien aimé aussi.
Oui et puis l'histoire est très rythmée.
L’histoire est plutôt convenue mais le bouquin se laisse lire et en effet l’atmosphère est assez saisissante. J’avais bien aimé aussi.
Je te confirme qu’après plusieurs années, mes souvenirs de lecture sont très très flous. Néanmoins je me souviens que j’avais bien aimé ce roman, parce que c’est un texte qui bouscule et qui interroge. Le sujet de la religion n’est pas facile à aborder ni à manier, même en fantasy où il est souvent évoqué. Et pourtant Maïa Mazaurette « fonce dans le tas » et aborde le sujet sous un angle très noir. Pas facile et pourtant c’est plutôt réussi, même s’il est du coup difficile de s’attacher aux personnages et à leur quête.
Si j'en crois ses différents écrits, elle réussit souvent sur des thématiques taboues :)
Je te confirme qu’après plusieurs années, mes souvenirs de lecture sont très très flous. Néanmoins je me souviens que j’avais bien aimé ce roman, parce que c’est un texte qui bouscule et qui interroge. Le sujet de la religion n’est pas facile à aborder ni à manier, même en fantasy où il est souvent évoqué. Et pourtant Maïa Mazaurette « fonce dans le tas » et aborde le sujet sous un angle très noir. Pas facile et pourtant c’est plutôt réussi, même s’il est du coup difficile de s’attacher aux personnages et à leur quête.