DUFOUR Catherine – Entends la nuit
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Titre : Entends la nuit
Autrice : Catherine Dufour
Plaisir de lecture : Livre à découvrir
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Myriame est revenue vivre chez sa mère, elle y est bien obligée. Elle a décroché un contrat à durée déterminée à la Zuidertoren, une société parisienne située à Bercy. Elle doit subir les foudres de sa cheffe Iko avant de faire véritablement l’expérience d’un « orage globulaire » car un éclair s’est abattu sur la tour datée du XIXe siècle. Elle ne sent pas bien dans ce bâtiment, où la hiérarchie flique ses employés, où son bureau sinistre offre des relents d’humidité et où l’un des grands pontes montre qu’il est intéressé par ses compétences « professionnelles ? », en abusant de la messagerie instantanée avec ses vieilles phrases démodées.
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La cafète située au deuxième étage, est un salad bar atrocement cher. Je choisis un « méli-mélo poulet agrumes », soit un blanc de poulet avec une clémentine pour le prix d’un avion.
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Paris est un personnage à lui tout seul : on la découvre tour à tour, dans son habit de Ville Lumière et par ses quartiers obscurs : Palais-Royal, les toits de l’Opéra, la bibliothèque de l’Institut de France, la tour Saint Jacques puis les catacombes et autres entrailles.
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On retrouve Myriame qui soupire d’exaspération d’être dans cette situation. Protagoniste de l’histoire, elle ne se laisse pas malmenée ou du moins, essaie de garder un maximum le contrôle. C’est sans doute poussée par la curiosité – et certainement un peu par l’avidité – qu’elle arrive à se mettre dans de sales draps.
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Dans cette histoire, il sera question d’une créature imaginaire dans une forme que je n’avais alors jamais croisée. C’est un parti pris de ne pas vous en dévoiler un bout d’ombre sur mon blog. Sachez qu’elle est plus vieille que le vampire, et qu’elle a certainement « inspirée » cette dernière, tout comme la goule, le zombie ou encore le spectre. Il faudra presque attendre de dépasser le tiers du récit pour avoir les premières bribes de réponses. Il est plaisant de découvrir des informations sur cette créature tout au long du récit.
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Il y a une remarque très ouverte sur notre société actuelle : le contrôle permanent des employés par la tête dirigeante, avec dénonciation par les collègues. Il y a également le data mining, ici un logiciel nommé « pretty face » qui est officiellement censé faciliter la synergie entre partners. Finalement, le travail moderne est sans le monstre le plus abominable qu’il soit car il aspire toute la vitalité des humains.
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Sacha souffle :
— Les supérieurs hiérarchiques !
Je tourne la tête et je vois trois Blancs, deux hommes et une femme, traverser la cafète d’un pas tranquille. C’est pourtant vrai qu’ils ont de l’allure. […]
— Décidément, ils sont beaux avec un b comme bizarre, glousse Mei. On dirait des vampires !
— Sauf qu’ils mangent comme des bétonneuses, grogne Sacha, et qu’ils boivent comme des tas de sable. Rappelez-vous le dernier pot d’entreprise.
— C’est qu’ils sont blancs comme tes fesses, ricane Awa. Bronzage néon.
— C’est surtout qu’ils bougent comme s’ils avaient joué à saute-mouton avec des licornes et perdu, rigole Sacha qui est l’exact opposé du flegme anglais.
Je risque un commentaire :
— C’est leur peau. Elle est aussi lisse que, quoi ? De l’enduit. En fait, ils sont trop beaux pour être vrais.
— Tu verras à ta prochaine fiche de paie qu’ils sont vraiment pas beaux, siffle Awa.
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Pour cette fantasy urbaine, Catherine Dufour s’investit sur la thématique de l’histoire d’amour naissante entre des êtres issus de différentes classes sociales : d’un homme aussi beau que riche (ou l’inverse) et du pauvre quidam de sexe féminin complètement fauché(e). Ceci dit, l’axe est mieux traité que dans les œuvres contemporaines (Twilight ou Cinquante nuances de Grey). Rappelons que Myriame n’est pas femme à se laisser (oui, à se laisser tout court : à se laisser avoir, à se laisser entrainer, à se laisser penser comme la masse,…).
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Bon, je suis un peu chafouine pour plusieurs raisons : à commencer par la visite de Paris, je voulais un peu m’attarder dans certains lieux, même si j’ai bien conscience que je ne peux pas connaître tous les tours et les détours de la ville. Myriame ne souhaite pas de statut de « femme passive » mais bien trop souvent à mon goût, les initiatives étaient prises par Duncan. Mais j’ai bien conscience que ce sont des bémols mineurs dans cette mélodie et qu’elle ne concerne que mes esgourdes au final (je suis en train de me perdre dans la métaphore, on est en pleine littérature).
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Seules les licornes se maquillent pour mourir.
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Le seul point que je soulèverai – et qui peut concerner d’autres lecteurs que moi – c’est que l’univers de ces créatures me semble à peine effleuré : j’aurais voulu en savoir davantage, sur les différents « niveaux » et « clans » de cette communauté, de la répartition des territoires, des possibles ententes, des rivalités existantes, de leurs vécus et expériences.
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Pour ce récit, il y a beaucoup de jeux et en substance peu d’actions décisives si ce n’est le spectacle final. L’histoire est maîtrisée, l’autrice joue parfaitement avec certains clichés, filoutant la parodie, mais pas au point de devenir un parfait pastiche (ce n’est pas ce que je recherchais, ouf !). Il y a une histoire d’amour mais ce que je peux vous confirmer, c’est qu’il n’y a aucune mièvrerie là-dedans (si, c’est possible).
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Ce n’est plus de l’amour, c’est de l’insuffisance cardiaque !
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J’essaie de prendre un roman « comme il vient », sans avoir d’attentes. Cependant, pour conseiller au mieux les futurs lecteurs – mes chroniques servent humblement aussi à ça – et sans l’envie de comparer entre eux des titres de Catherine Dufour, je signale à ceux qui ont déjà lu sa trilogie en quatre tomes « Quand les Dieux buvaient » (rien que d’écrire le titre, je me marre toute seule) ou encore par l’excellentissime « Le goût de l’immortalité » ou encore « Outrage et Rébellion », qu’il ne faut pas chercher ici un humour tout aussi truculent ou un aspect « grand upercut ».
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À noter que malgré les défauts mineurs que je soulève, j’ai passé un agréable moment de lecture. Les pages se sont tournées à une vitesse folle et j’avais bien envie de savoir tout du long ce que nous concoctait l’autrice ; je n’ai été déçue ni du déroulé de l’intrigue ni de sa conclusion. Je n’ai pas suivi l’autrice sur ses publications chez Fayard, c’était donc avec un plaisir authentique pour moi de la retrouver dans le genre fantastique. Titre et couverture – signée par Aurélien Police – prennent tout leur sens à la fin de la lecture.
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J’enlève la chaise, je tourne la poignée : une petite ombre frôle mes chevilles et saute sur le lit. Une voix très basse gronde :
— Fermez.
Ce chat a un micro autour du cou ? Je ferme à double tour et je m’approche du lit. Assis au milieu du cercle de sa queue, le chat me regarde venir. Dans la pénombre, sa fourrure est argentée.
— Bonsoir, ronronne-t-il.
Tu as dormi, quoi ? Une heure en deux jours ?
— Vous parlez ?
— Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? miaule le chat.
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Bien que la fête soit passée, le challenge Halloween court toujours ! C’est donc une parfaite lecture pour un parfait challenge.
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Just a word (Nicolas Winter), Le bibliocosme (Boudicca), Ombrebones ont aussi senti la froideur des murs du bureau n°327 de Myriame.
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