SHANNON Samantha – Le Prieuré de l’Oranger
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Titre : Le Prieuré de l’Oranger
Autrice : Samantha Shannon
Plaisir de lecture : Livre avec regrets
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La maison Berethnet est vénérée car sa seule existence empêcherait le réveil du Sans-Nom. Le règne de la reine Sabran IX est perturbé par les complots. Ead Duryan est Dame et dont la présence à la Cour a pour seul but de protéger la reine, elle est missionnée par une société secrète. De l’autre côté des Abysses, Tané est en passe de gravir les échelons malgré ses origines modestes pour devenir jeune dragonnière. Et pourtant dans les Abysses, pourrait très bien s’éveiller le Sans-Nom au bout d’un millénaire de sommeil et détruire l’humanité. L’Est et l’Ouest vont devoir faire face ensemble.
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Le récit intègre uniquement des personnages féminins Ead, Sabra, Tané ; les hommes comme Roos et Loth ont un rôle secondaire. Les personnages principales sont torturées et aussi ambiguës. Pour moi, elles manquent de charisme pour que je puisse m’attacher à elles. Leur personnalité n’est pas assez poussée, avec des sentiments qui auraient mérité un peu plus de crédibilité bien qu’elles ne soient pas manichéennes.
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Le bestiaire reste classique et vraiment en retrait. Après quelques échanges avec d’autres lecteurs, j’avais compris que les dragons ou croisements issus de dragons ne seraient pas le point fort de l’intrigue. J’ai bien aimé les noms et adjectifs les qualifiant : vouivre, lacustrine, coquatrix, haut-ouestrien, wrym, seiikinois entre autres. L’univers mythologique est un peu fade et a sonné creux pour moi, même si certains éléments ont été intégrés au récit pour charmer le lecteur ; comme si l’autrice avait envie de le flatter en faisant écho à des problématiques actuelles.
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On reste sur un ensemble connu composé de territoires, de peuples et de créatures différents mais le système de magie n’a rien de percutant ou de marquant. Il relève lui aussi du second plan. Reste la menace du Sans-Nom dont le but ultime est révélé au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue. Mais je suis mitigée sur le quid de la prophétie. L’intrigue est nourrie par plusieurs axes : magique donc, religieux et politique.
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Il y a un aspect révolutionnaire qui se dégage du récit : l’envie de briser certaines règles, us et coutumes dans lesquels semblent coincés les peuples. Les intrigues politiques viennent nourrir un héritage qui parait-il est épique, sauf que le courage semble avoir de prime abord déserté les membres royaux. Samantha Shannon intègre l’homosexualité comme la normalité sans appui artificiel mais en présentant une belle histoire d’amour (mais ce n’est pas le cœur de l’intrigue). Le thème du féminisme a manqué de finesse pour moi. C’est même assez soft pour passer inaperçu. Je n’écris pas qu’il s’agit d’un féminisme passif mais j’aurais du coup aimé un peu plus de poigne.
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Ce titre de fantasy propose une couverture aux couleurs chatoyantes, avec un bien joli relief bleu brillant. L’objet livre est imposant – 1024 pages – du fait qu’il soit un one shot roman unique : l’exemplaire papier m’a été prêté par Marie Juliet mais j’avoue être vite passée au format numérique.
Ce livre a fait beaucoup parler de lui mais c’est quelque chose dont je sais me protéger. Bien souvent, je fais mûrir ces titres sur ma liste d’envies mais parfois, je les lis dans la foulée et je suis agréablement surprise. Mais pour cette fois, je ne partage pas l’engouement général. Je savais pourtant ce qui pouvait m’attirer, je n’y suis pas allée contre ma propre envie, hein.
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Cette histoire propose plusieurs points de vue avec plusieurs fils narratifs. Elle respecte plusieurs points classiques dans sa construction. On sent bien l’imagination de l’autrice mais 1000 pages m’ont semblé un peu longuettes à cause des éléments déjà-vus et des rebondissements prévisibles.
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Le récit est un peu long à démarrer le temps de comprendre la géographie des lieux, de rattacher les personnages aux bons territoires. Mais une fois que les bases étaient posées, l’action elle-même met du temps à s’installer et reste noyée dans la masse d’explications. J’ai trouvé qu’il manquait d’équilibre entre Est et Ouest : les intrigues de Cour occupent beaucoup de lignes. Quelques événements auraient mérité d’être écourtés et d’autres points, d’être développés. La fin se veut épique mais reste surtout expéditive. A contrario, les chapitres assez courts s’enchainent bien et le style direct reste agréable à lire.
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Je suis vraiment mitigée par la cadence de l’histoire et par la densité de l’histoire ; j’en suis même venue à m’ennuyer. Une sensation d’insatisfaction s’est emparée de moi en fin de lecture, du genre « tout ça pour ça » Je n’ai pas été transportée et pourtant, j’aurais moi aussi voulu aimer « Le Prieuré de l’Oranger ».
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🧱 Voilà une bonne briquette parfaite pour le challenge Pavé de l’été de Brize. Une entrée fracassante 😉
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Boudicca (Le Bibliocosme), Chez le Chat du Cheshire, Karine (mon coin lecture), Les lectures de Bouch’, L’ours inculte ont davantage apprécié les aventures d’Ead.
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