NIOGRET Justine – Cœurs de rouille
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Titre : Cœurs de rouille
Auteur : Justine NIOGRET
Plaisir de lecture : Livre fantas… tique
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Saxe s’est enfui de sa vie bien rangée à l’usine de réparation pour trouver la paix. Il se dirige vers l’ancien quartier des artistes… et tombe nez-à-nez avec Dresde. Bien que les golems aient été anéantis, il rencontre une vraie, en vie et en rouages bien huilés. Tous deux partent en quête de la liberté mais ils arrivent à une porte donnant sur un étage inférieur de la cité, complètement abandonné. Leurs mésaventures seraient supportables s’ils n’étaient pas traqués par Pue-la-Viande.
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Justine Niogret nous sert un univers consistant mais qu’on ne maitrise pas. Au même titre que Saxe & Dresde, nous avançons à tâtons ; ce qui renforce d’autant plus l’impression de découverte à notre lecture. On se sent parfois mal quant à l’environnement dépeint. La première scène à laquelle nous assistons, décrit les faits et gestes de Pue-la-Viande par rapport à une proix ; elle se révèle assez violente. Même si le style s’avère un peu déstabilisant, on devient vite avides : on veut en savoir plus au fil des découvertes. Le suspense est bien tenu.
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J’ai trouvé que les descriptions étaient vraiment bien étudiées. Par un vocabulaire choisi, l’auteur nous conte de manière très juste les sensations ressenties comme l’odeur de la terre remuée du bout du pied, celle de l’eau stagnante avec la mousse créée contre la vide, la poussière filtrée par la lumière ou le toucher froid et pourtant doux de la céramique. Ce monde de peur, de tristesse, d’espoirs et surtout de surprises est violent mais poétique à la fois. C’est sans doute par cette dualité qu’on se sent parfois un peu mal à l’aise, aussi.
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On se sent à l’étroit, on bouge durant notre lecture. Justine Niogret nous présente de façon assez brutale les choses où souffle un vent violent avec un espoir très maigre. Nous sommes aussi déboussolés par le fait qu’il n’y ait aucun repère temporel. L’univers est un peu cauchemardesque, sans légèreté aucune. Les actions s’enchainent et on ne peut s’empêcher d’apprécier ce livre comme un bonbon qui pique la langue.
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Notons que le méchant est vraiment méchant. J’ai eu des frissons quand il raconte la magie des êtres vivants qui l’amène à se recouvrir d’une peau de chien écorché vivant. Le steampunk officie ici de manière un peu atypique avec ces automates. Ceux « actuels » sont les plus sobres, les plus insignifiants, appelés agolems pour cette bonne raison. Avant, les golems étaient… différents ; et c’est pourquoi ils ont été anéantis. Tous sont lisses, composés de céramique, de rouages et d’engrenages.
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Concernant le public ciblé, j’avoue avoir un peu de mal. Je ne dirai pas qu’il est pour le plus jeune public, ça non. Mais alors pourquoi ce texte est-il qualifié de « Young adult » ? Nous trouvons une typographie en grands caractères, un double interligne, quid ? Ceci dit, si on se fie à la description de la collection « Pandore » données par les éditions Le pré aux clercs, on se dit que « Cœurs de rouille » y a tout à fait sa place : « Quête, romance, combats, sensualité, humour et suspense, la boîte de Pandore contient bien des charmes. Vous êtes maintenant devant la boîte. Il ne vous reste plus qu’à l’ouvrir… »
La couverture est très intrigante et j’avoue l’avoir longuement regardée (plus qu’étudiée). Je me suis rendue compte que lorsqu’on mettait le visage face à nous, seules les lèvres ne semblent pas aussi lisses que le reste, qu’elles paraissent presque humaines. J’ai aimé le parallèle de la plume tenue par Dresde – je suppose – et de la constitution même de la golem ; ainsi que les yeux qui sont si… vivants. (Photo David&Myrtille, couverture dpcom.fr)
Je vous invite très très très fortement à ne pas lire le quatrième de couverture qui spoile – à mon sens – un gros élément de l’intrigue.
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« Cœurs de rouille » est surprenant. Violent et poétique à la fois, ce récit déstabilise le lecteur. Il entraine ce dernier à la course poursuite de Saxe, Dresde et Pue-la-Viande pour s’enfoncer dans les affres d’une cité quelque peu malveillante. Justine Niogret affute sa plume, et nous révèle des éléments comme on se retrouve sur le seuil du vide en ouvrant une porte. Voici un livre sans repère temporel où le steampunk s’invite de manière particulière. Un récit qui se lit comme une grande bouffée d’air inspirée. (et rien que pour le titre, il vaut la peine d’être lu)
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Pour lire un extrait, c’est par ici.
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Souvenir de lecture : tomber encore plus bas. La traque.
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Dans le chaudron : Chien du Heaume
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Ce livre est la dernière entrée pour mon challenge jeunesse-young adult. Il s’avère aussi parfait pour mon challenge My summer of (SFFF) love car il y a dans Cœurs de Rouille des amours platoniques et fortes.
Ce livre est également une lecture équitable avec les éditions Le Pré aux clercs « petites mais costaudes ».
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Blog-o-livre (Blackwolf), Book en Stock (Phooka), Clair obscur (Endea), Les lectures de Mylène, Mes imaginaires (Sandrine) Un papillon dans la Lune ont aussi entendu les susurrements de Pue-la-Viande à leurs oreilles.
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Cette lecture a été réalisée en partenariat avec les éditions Le Pré aux Clercs.
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Pic : The Doll part ElenaHelfrecht. .