McNAUGHT Jon – Automne
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Titre : Automne
Auteur : Jon McNAUGHT
Plaisir de lecture : Livre à découvrir
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Sous une couverture élégante, nous découvrons deux petites histoires qui se déroulent dans une petite ville, Dockwood. Un matin gris, un jeune homme se rend à son travail, à la maison de retraite Elmview pour préparer les repas. Dans le quartier de Sunset Ridge, un garçon entame sa tournée de livraison de journaux. Dans les arbres, les animaux se préparent dans les doux instants de cette arrière-saison.
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)°º•. Cette bande dessinée minimaliste est du genre “contemplative” car il n’y a pas de narration, peu de paroles. Les premiers mots qui nous parviennent sont les paroles de la chanson “I don’t wanna miss a thing” d’Aerosmith.
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Je suis assez sensible à ce genre de livre qui ne raconte rien mais qui montre tout, notamment le temps qui passe, parfois avec nostalgie jamais avec accablement. Jon McNaught nous propose une chronologie de l’instant. La décomposition de chaque geste nous amène à l’ensemblage de tous ces mouvements, pour revenir à ce qui les façonne. Ainsi il faudra 12 petites cases pour voir une feuille tomber. Cette journée d’automne semble interminable, le récit ne propose pas de déboulé temporel. Le rythme est calme mais pas lénifiant ; l’auteur prend son temps. Dans un certain sens, la bande dessinée s’adresse à l’enfant qui sommeille dans chaque lecteur. L’ironie est latente mais somme toute légère.
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Ce côté apaisant place l’importance des onomatopées et autres bruits particulièrement mis à l’honneur en la saison de l’automne, je trouve. C’est une véritable symphonie qui s’ouvre à nos oreilles. L’illustrateur propose des sensations et semble prendre plaisir à les peindre.
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)°º•. Dès la couverture, on trouve le dessin très élégant. Elle subit un effet de mode, ce genre de couverture qu’on attend dans l’édition indépendante (et dont Nobrow en a fait sa spécialité). Elle a un côté assez chic, les feuilles pourraient représenter un motif de grande marque de bagagerie ; des ornements typiques du XIXe siècle. En elle-même : la couverture a un aspect tissé type “carnet” avec du vernis sélectif pour le titre.
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Malgré le déferlement des couleurs habituel de l’automne, Jon McNaught se concentre sur des couleurs sourdes aux tons dissonants bleutés/orangés. Le travail est minutieux bien que les personnages sont un peu trop naïfs à mon goût. On peut trouver jusqu’à 20 petites cases par page. Les bulles peuvent se lire à l’horizontal comme à la verticale; ceci est sans rappeler les ouvrages de Chris Ware (bien que ces derniers demandent un peu plus de concentration de la part du lecteur). Le jeu d’alternance est vraiment agréable. On se laisse facilement porté par les illustrations et tout ce que cela sous-entend. Une lecture silencieuse qui déclenche tout un pétillement dans la tête.
Notons deux faits qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre : le livre neuf est particulièrement odorant ; il a reçu le prix révélation Fauve au 41e festival de la bande dessinée d’Angoulême (2013).
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“Automne” de Jon McNaught offre une élégance graphique. Sans narration et aux petites bulles simples, l’auteur médite sur le temps qui passe. Cette arrière-saison déclenche toute une palette de sentiments. Dans un silence tout relatif, les petits bruits caractéristiques prennent place pour livrer un concert de non-dits. Un livre-objet esthétique aux couleurs sélectionnées.
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)°º•. Biographie
Né en 1985, Jon McNaught est anglais et travaille à l’université de l’Ouest de l’Angleterre en donnant des cours sur l’impression en relief et la lithographie offset.
Son site, son blog.
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Souvenir de lecture : … et une feuille tomba.
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Cette lecture a été réalisée en partenariat avec Priceminister pour son opération « La BD fait son Festival ».
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