KEYES Daniel – Des fleurs pour Algernon
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Titre : Des fleurs pour Algernon
Auteur : Daniel KEYES
Plaisir de lecture : Livre avec entrée au Panthéon
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Petit lecteur, je te conseille fortement de ne pas lire la quatrième de couverture de ton (futur) livre sous peine de te spoiler la plus grande partie du roman.
Des scientifiques ont réussi à accroitre l’intelligence d’une souris, Algernon et s’apprêtent à effectuer l’opération sur un être humain. C’est en Charlie Gordon, d’un Q.I. de 68 qu’ils trouvent une personne on ne peut plus motivée. Sous l’aile du Docteur Strauss et du Professeur Nemur, il va évoluer et noter ses changements sous la forme de comptes-rendus.
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)°º•. Dans la vie, Charlie aimerait bien devenir « un teligent ». Il est retardé mental léger. Il a été recueilli par son oncle puis confié à un ami de celui-ci pour travailler en boulangerie. Charlie ne se souvient guère de son passé. Assigné aux menus travaux à la boutique, il suis depuis quelques temps des cours spécialisés pour adultes à l’université Beekman avec sa professeur Miss Kinnian. Il va sans dire que notre attachement est rapide car sa description est travaillée et très réaliste.
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)°º•. Le récit est terriblement poignant car nous assistons à l’apprentissage de Charlie en direct : il se rend compte de sa propre évolution et d ses changements ; de ce qu’il était, ce qu’il devient mais aussi de son environnement. En plus d’être cognitif, le développement est affectif. Ce sont les relations sociales le plus difficile, ce plan émotionnel que rien ne prépare même si l’accroissement intellectuel est exponentiel. On assiste à l’installation de troubles de la personnalité du personnage principal.
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On se rend très vite compte qu’il n’y a pas de manichéisme concernant les personnages ; les secondaires sont d’ailleurs très transparents dans ce type de récit. L’auteur propose des questions éthiques sensibles : l’humain utilisé comme cobaye, la considération des scientifiques, le questionnement sur soi est aussi inévitable. Le fond et la forme sont bien entremêlés ; l’évolution se ressent visuellement : orthographe, grammaire, syntaxe et ponctuation employés. Bien qu’un peu déconcertant sur le début, l’effet est très bien réalisé.
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)°º•. 250 pages, une grande claque. Ce livre est parfait pour les lecteurs qui ont des a priori sur la Science-fiction. Charlie partage huit mois de sa vie, à la manière d’un journal intime – des comptes-rendus. On assiste à son éveil intellectuel dans ses moindres détails puis à la chute.
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L’immersion est totale : l’emploi de la première personne du singulier permet une grande proximité, un certain malaise aussi. L’important n’est pas les événements, assez prévisibles mais bien comment Charlie va vivre cette expérience. Et autant vous dire que c’est assez bouleversant. Sortez les mouchoirs car le livre est plutôt du genre à faire pleurer les gâteaux secs.
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Si « Des fleurs pour Algernon » est un classique, un livre qu’il faut lire impérativement, c’est que quelque part, cela s’avère être vrai. Dès les premiers mots, on s’attache irrémédiablement à Charlie. Ce dernier ne soupçonne absolument pas tous les changements inhérents à la progression de son intelligence. A travers ses mots, souvent livrés de manière brute, on perçoit cet effet vertigineux qui prend le lecteur au cœur et interroge sa conscience. On vit avec Charlie, on le voit aussi souffrir. L’expression « prendre conscience » perd sa symbolique et gagne en pratique dans la vie de Charlie. Lors de la première rencontre avec Algernon, une souris blanche de laboratoire, Charlie perd contre elle. Lors de la première et des suivantes. Mais vous allez comprendre pourquoi, le jeu ne s’arrête pas aux murs de ce labyrinthe en carton.
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)°º•. Biographie
Daniel Keyes est un écrivain américain né en 1927. Il est professeur d’anglais, de littérature américaine et d’écriture. « Des fleurs pour Algernon » a été traduit dans 30 pays et vendu à plus de 5 millions d’exemplaires.
Écrit en 1959, le récit n’a pas vraiment pris une ride. D’abord sous la forme d’une nouvelle pour laquelle Daniel Keyes a reçu le prix Hugo de la meilleure nouvelle courte en 1960, il reprend le texte pour l’étoffer. Le travail est récompensé par le prix Nebula du meilleur roman en 1966. Si je n’ai pas vu l’adaptation réalisée en 1968 par Ralph Nelson, j’ai trouvé des similitudes avec Phenomenon (Phénomène) de Turteltaub avec John Travolta.
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Souvenir de lecture : Le dernier P.S.
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Audouchoc, Bulle de livre (Snow), Carnet de lectures de Iani, Chez Neph, Clair obscur (Endea), Dans ma bibliothèque (Roz), Hydromielle, La ronde des post-it (Lasardine), Lectures et farfafouilles (Edelwe), Lectures trollesques (PtiteTrolle), Le dragon galactique (Tigger Lilly), Les lectures de MarieJuliet, Les lectures de Xapur, Lilyn Kirjahlly (Miss Spooky Muffin), Lire par Elora, Lis tes ratures (Lyra Sullyvan), Mes lectures de l’imaginaire (Olya), My inner shelf (Carole), Petites madeleines (Faelys), Rêve général (J.a.e_Lou), Sous le feuillage (Lael), Spocky qui lit ont aussi trouvé le chemin dans le labyrinthe d’Algernon.
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Dans le cadre du défi Valériacr0, Valeriane a choisit pour ce premier mois « Des fleurs pour Algernon » car il avait été un coup de coeur pour elle ; sa chronique.
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Et contre toute attente, voici une petite chronique qui entre dans le challenge des chefs d’œuvre de la SFFF et aussi dans le challenge jeunesse – YA.
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