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ANTHONY Piers – Lunes pour Caméléon

30/10/2009 4 commentaires

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Titre : Lunes pour Camélon (Xanth, tome 1)
Auteur : Piers Anthony
Note : Livre à découvrir
Tome 2, tome 3, tome 4

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Bink est un homme comme les autres. Ou presque. Agé de 24 ans, nous apprenons qu’il est à la veille de se faire exiler. En Xanth, condition nécessaire pour que les natifs continuent d’y vivre au-delà de leur vingt cinquième année : posséder un don. Cependant celui de notre cher compagnon ne s’est toujours pas révélé. Pour garder l’amour de sa vie, Sabrina et sa patrie, Xanth, Bink est prêt à tout. Même à partir sur des sentiers inconnus pour rejoindre le bon magicien Humpfrey qui pourrait l’aider dans sa révélation. Avec la trouille au ventre et armé d’une grande motivation, Bink chemine au travers les bibiniers, les raizinzins et autres cyprès detoimondieu… Mais il n’est pas au bout de ses surprises. Xanth, empreint de magie est peuplé de créatures magiques… pas piquées des vers !

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)°º•. Xanth, en pleine fantaisie.

Bon, quand tu lis du Xanth, on dit que t’es dans la light fantasy.

Oui, une étiquette. Mais ce qui est important, c’est qu’il y a plein de créatures. Mais plein de chez plein.

En Xanth, la magie est particulière mais… banale. C’est même pire, tout être humain n’ayant pas de pouvoir magique ne peut pas vivre au delà de ses 25 ans et se voit vulgairement éjecté en Vulgarie. Les personnes peuvent révéler des dons qui peuvent être très forts (c’est le cas, notamment, des magiciens) et d’autres, des dons un peu… inutiles : je citais changer la couleur de l’urine, mais cela peut être faire flétrir et mourir une feuille, produire l’odeur du lait tourné ou faire jaillir du sol un rire dément.

Le roman commence très fort puisque nous sommes plongés directement dans cet univers… en y apprenant la sentence de Bink. Il fait alors le choix de partir chez le bon magicien Humpfrey pour qu’il l’aide à trouver son don et subséquemment, pour rester à Xanth avec Sabrina, l’amour de sa vie. Idéalement, tout devrait se dérouler sans encombre. Sauf que… les plans géographiques ont changé, on ne se débarrasse pas si facilement d’un centaure énervé, en échange d’un couchage on se retrouve quelques fois juré dans un procès de village et on rencontre tout un tas de monde qu’on aurait préféré ne pas croiser.

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)°º•. Bien belle brochette

Bink, notre Sans-Don-de-presque-25-ans est bien déterminé à positiver. Certes, il n’a pas de don, mais a bien du mal à se trouver d’autres qualités. Il essaye de faire le nécessaire pour rétablir une situation stable de jeune héros et de potentiel futur mari génial auprès de sa donzelle. Cependant, la vie n’est pas si facile et Bink s’entremêle les idées : il a beaucoup de mal à appréhender tout modèle féminin qu’il soit. Comment se projeter dans l’avenir quand sa seule quête est d’arriver chez Humpfrey ?
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Même si les autres lecteurs ne l’ont pas ressenti, moi, Bink et bah, il m’énerve dans sa quête de la femme-mariée-parfaite et de ses sauts dans le futur pour savoir comment elle deviendra chiante et comment il y survivra. Après, il est tout aussi touchant dans son approche bancale avec elles. Somme toute, il s’agit d’un bon gaillard avec un bon fond, et finalement, cela suffit largement. Quelque couardise sera vite supprimée par son envie de faire bien. Auprès de tout et de tout le monde… car il en rencontre, du monde. Beau, hum…
Commençons par les femmes. Qu’elles s’appellent Sabrina, Iris la sorcière, Fanchon, Dee ou Wynne, Bink ne sait tout simplement pas les gérer. Quand elles ne sont pas réellement moches (comme Fanchon, mais pourtant terriblement intelligente), elles sont soit très belles… soit elles usent de leurs dons d’illusion. Comment déterminer le vrai du faux ? Et si finalement, la beauté était un critère secondaire ? Car ces donzelles, il faut les supporter. Elles n’ont pas leur langue dans leur poche, sont caractérielles ou quelques fois très bêtes. Les femmes, pour Bink, sont une grande énigme. Bilan ? Elles lui donnent du fil à retordre et le voir si embarrassé et empêtré est relativement… comique !

Après, bien sûr, vous avez des hommes. Et des méchants.

Du genre, Trent, le mauvais magicien. Des pouvoirs maléfiques, une envie de conquête, et puis un bannissement. Quitter Xanth, c’est considéré les gens comme morts… quoique. Il a l’air bien vivant, et terriblement… méchant.

Par la suite, il y a les magiques.

Nous y croisons un couple de centaures, Chester & Chérie. A sang chaud ou exquis bonbon, ces deux-là ne sont pas prêts de passer inaperçus. Au même titre que le Château Roogna qui a bien l’air de mener sa vie tout seul. Evidemment, on y croisera une foultitude d’êtres comme vous les aimez : des basiliques, des dragons, des harpies, des licornes, des mandragores et la non moins attachante Manticore du château du bon magicien Humpfrey.

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)°º•.  D’un conte

Un roman. Une aventure à chaque chapitre : beaucoup de rencontres. On leur dit bonjour, on leur fait la bise et on repart… dommage ? Le rythme est plaisant, on rentre facilement dans le livre.

Ce qui caractérise vraiment ce livre est le côté fendard. Il reste léger… et c’est d’autant plus appréciable : on goûte les chapitres et on les aime. Selon les situations, l’humour est plus ou moins présent : un dosage savant. Est étroitement lié à l’humour, le jeu de Piers ANTHONY avec ses personnages : ils sont bancals, attachants, un peu vicieux et rigolards, ce qui rajoute une sacrée dose d’épices dans cette histoire.

Enfin, et non des moindres, l’histoire est truffée de calembours, des jeux de mots, des mots valises et d’autres, inventés. Et croyez-moi, la traductrice a tenu la route !

Ils sont quelques fois faciles, d’autres fois tirés par les cheveux, mais les jeux de mots m’ont ravie. C’est simple, je me suis largement bidonnée. Nous pouvons trouver entre autres : lézarve, mite-railleuse, raizinzin, le bibinier, le cresthon, le lassaule-pleureur et d’autres phrases du genre « Rien Nasser de courir », « Tel qui rit vendredi, dimanche pleure Râ », « très sphinx nitouche ». Mon préféré reste le « cyprès detoimondieu ».

Et à tous ceux et celles qui se permettraient des rapprochements du genre… ça ressemble à du Terry Pratchett ou à du Catherine Dufour, je dirai « que nenni ». Lisez et vous comprendrez 🙂

Vous l’aurez compris : une histoire fraiche, légère, humoristique et … magique. Que du bon !

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)°º•. Alors

Piers ANTHONY est un écrivain américain, né en 1934. Ses œuvres les plus connues restent (les livres magiques de) Xanth.

Malheureusement pour nous, pauvres francophones ;  A l’heure actuelle, seuls… NEUF tomes d’origine sur trente six existants ont été traduits et publiés en français (37e en cours d’écriture). La première édition appartient aux Presses Pocket, sous le nom de «les livres magiques de Xanth ». Milady, en 2009, s’applique à les rééditer au format poche. De disponibles :
Lunes pour Caméléon, tome 1
La source de magie, tome 2
Château-Roogna, tome 3
L’(A)ile du centaure, tome 4
– Amours, délices et ogres, tome 5
– Cavale dans la nuit, tome 6
– Dragon sur piédestale, tome 7
– La tapisserie des gobelins, tome 8
– Un golem dans le potage, tome 9

A ce jour, les vingt-trois autres restent disponibles en anglais.

A noter que le cycle a été adapté en jeu vidéo pour PC sous le titre Companions of Xanth, sous Legend Entertainment en 1993.

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La lecture de ce livre s’est réalisée dans le cadre du Cercle d’Atuan : Arutha, Iani, Olya, Ryuuchan, Spocky, Tigger Lilly, Tortoise.
Chez Biblioblog, retrouvez l’avis de Coeur de Chêne
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ROTHFUSS Patrick – Chronique du tueur de roi ~ Le nom du vent, tome 1

17/09/2009 52 commentaires

P.

Titre : Le nom du vent (Chronique du tueur de roi, première journée)
Auteur : Patrick Rothfuss
Plaisir de lecture : coeur notationLivre avec entrée au Panthéon
Lire les premières pages
Tome 2

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L’histoire commence à la « Pierre Levée ». Cette auberge appartient à un très discret Kote. Ce lieu, comme beaucoup d’autres, possède tous les atours d’un cadre où naissent les légendes. Par la suite, elles sont modifiées puis embellies. Mais si finalement, le héros qui connait ses balbutiements du bout des lèvres des habitués de l’endroit, n’était autre que le tavernier lui-même? Kote n’est pas ce qu’il prétend être même si la flamme au fond des ses yeux, s’est éteinte. Serait-il « un grand magicien, un voleur accompli, un musicien professionnel et également un infâme assassin » ?

Chroniqueur, scribe de métier s’est arrêté à la Pierre Levée. Sans aucun doute, il reconnait en ce Cheveux Roux Feu, un illustre héros dont le monde connait ses légendes. Derrière l’œil vitreux de Kote, il y découvre l’Homme.

Un pacte est scellé. Contre la volonté de Chroniqueur d’écrire sa biographie en un jour, Kote force l’ultimatum. Trois jours ou rien.

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)°º•. Et de ses premiers mots, Kvothe nous apparait. Nous le suivons dès ses premiers pas où il voyage avec la troupe des Edema Ruh (comédiens itinérants de la Cour). Ces artistes sont des amoureux des mots, pas des arracheurs de dents et ramasseurs de petites monnaies. C’est de vert et de gris, qu’ils voyagent sous la bannière du seigneur GreyFallow pour jouer leurs arts.
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Kvothe raconte alors sa vie. La vraie, pas celle des légendes.  Pas de lyrisme, pas d’emphases épiques et autres figures de style. Kvothe nous emmène dans son récit sans fioriture. Nous partageons ses premiers instants à l’enfance, puis à l’adolescence et observons les évolutions de cet homme. On suit ce croquant dans son quotidien, dans ses péripéties. Et s’ouvrent à nous, des pages d’aventures et d’émerveillements.

Ce roman est celui d’apprentissage. Les rebondissements sont nombreux, nous n’assistons pas à du « fantasy moyen ». La richesse de cette chronique est de connaitre ce qui fait l’homme: la rudesse, les souvenirs, les coups, les émotions.

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Malgré ses dons et ses facilités, Kvothe se révèle être un être normal : il doit apprendre à se débrouiller dans la vie malgré les catastrophes et les drames. On le suit avec les caractéristiques qui font de Kvothe un personnage tellement vivant ! Emotions, faiblesses, qualités, schéma de réflexion, fonctionnement de vie. L’homme est humble, il conte et raconte sa vie: ses déboires et ses succès teintés. On le suit dans la ville de Tarbean où il apprend l’école de la vie. Puis, on marche dans ses menus pas pour récolter de l’argent. Il doit faire face à ses ennemis, aux adorateurs du Dieu Tehlu. Et puis, un rêve. Celui d’intégrer l’université de magie: l’Arcanicum. Plein de courage et d’audace, ce n’est pas l’entretien verbal qui lui causera le plus de soucis.
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On y découvrira que sa quête n’est pas celle d’un objet crucial mais bien celle de l’argent. Comme vous et moi, il a besoin de la monnaie céald pour vivre. Et les temps ne sont pas faciles pour un Kothe perdu et solitaire… Son obsession pour les Chandrians nous enverra sur des chemins torturés. Les nombreux revers de la fortune et du succès feront prendre à Kvothe le sens des réalités et le feront se questionner sur ses besoins profonds.
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Bien évidemment, au programme, nous aurons le droit à : l’humour, l’amour, la beauté, le courage, le désespoir, la violence, la musique, la beauté et la magie. Les rencontres forgeront Kvothe, vous y découvrirez…  « Skarpi le conteur, Abenthy l’arcaniste, Lorren le maitre archiviste et ses pairs; Kilvin artificier, Arwyl médecin, Elxa Dal sympathiste et Elodin, le maitre nommeur; celui qui connait le nom de toutes choses ; les sept mots qui rendent une femme amoureuse de vous, la magie du tonnerre et du feu, celle de Taborlin le grand ».

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Dans ce livre,il y a… des filles. Denna, une princesse en détresse, sauvageonne et indépendante. Auri, une offrante de rêves en bouteilles et de poussière de nuages en sel, la simplicité à l’état pur. Il y aussi la grande réchappée Fela qui n’a d’yeux que pour Kvothe. Il y a des hommes, des vrais. En passant de Kewel à Simmon, les amis fidèles. D’Ambrose jeune coq noble à Abenthy, l’érudit. Il y a bien entendu Kote, les Edema Ruh, ces artistes ambulants. Bast, l’apprenti de Kvothe et Chroniqueur, personnage du présent.
Et nous n’avons d’yeux que pour l’Arcanicum, la prestigieuse école de magie.
Et puis, il y a Kote, l’ombre de Kvothe. Et Kvothe, le héros de tous les temps.

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La simplicité des personnages avec leurs qualités et leurs défauts est appréciable. Nous n’avons aucun stéréotype et tous sont attachants. Nous sommes happés par ces personnages, par l’aventure, par le rythme. L’histoire sonne
juste car nous suivons le personnage de Kvothe jusqu’au bout : la tendresse, la joie mais aussi la pitié.

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)°º•. C’est court, c’est concis, c’est offert par Bragelonne :
Patrick Rothfuss vit dans le Wisconsin, où il enseigne à l’université. À ses heures perdues, il tient une chronique satirique dans un hebdomadaire, pratique la désobéissance civile et tâte de l’alchimie. Il aime les mots, rit souvent et refuse de danser. Le Nom du Vent est son premier roman.
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Bragelonne a fait de la publicité à coups, non pas de pelle, mais de bulldozer ?
Et bien, oui. Et il mérite tout le buzz que l’on fait autour de lui.
On le compare avec les maitres américains de la fantasy? Ok.
Mais sincèrement, Rothfuss qui s’avère un grand inconnu pour moi est une superbe surprise. C’est un doux poète dont le style mérite sa renommée. Ce premier roman mérite les éloges reçues.
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Et je vais vous dire pourquoi :

Le roman de Rothfuss nous propose une densité de l’imaginaire à couper le souffle. Sa très belle plume se révèle fluide et rapide. C’est la métaphore des poupées gigognes russes. Les émotions sont écrites avec une justesse confondante. L’univers est cohérent, il est fouillé et complet. Les concepts de sympathisme et d’arcanisme (respectivement, tours de passe-passe faciles et véritable magie) développés sont prodigieux. Ce livre permet de réconcilier avec « l’essence » de la fantasy, les liens sont puissants entre traditions et merveilleux.
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Le récit est captivant du début à la fin, cette histoire cuisinée aux petits oignons vous donne envie de lire, avec la bave en coin de bouche.
L’écriture est très vivante car elle n’est pas encombrée de longues descriptions; elle s’avère rehaussée par des dialogues tantôt enlevés, tantôt piquants, drôles ou intelligents.

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L’histoire développée à la première personne est un choix dangereux mais judicieux ici car ce mode colle parfaitement au récit et à l’ambiance voulue. Cette chronique peut sembler tour à tour familière et étrangère de par la proximité ressentie avec le personnage principal. Le récit de vie est entrecoupé d’interludes: ces moments du présent où nous revenons à la taverne pour que les personnages posent les questions… qui nous viennent à la bouche. Les formes d’organisation sociales sont harmonieuses et réalistes. Tout ceci donne un poids supplémentaire au roman de Rothfuss.

Nous sommes emportés dans un autre monde : l’écriture nous transporte, les émotions nous touchent. Cette initiation d’un héros se fait, sans orc, sans elfe et sans quête cruciale d’un objet magique. La pauvreté est un thème très peu développé dans les récits de fantasy:  la quête de l’argent se révèle pour Kvothe, cruciale, pour payer logis, nourriture et frais d’études.

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)°º•. J’ajouterai qu’il n’a rien à redire à la traduction de Colette Carrière et que les titres des chapitres ne révèlent rien… ils ne sont compréhensibles qu’après lecture dudit chapitre. Et ça, j’apprécie !
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Mais, le problème avec ce livre, c’est que même si la fin n’est pas brutale on reste quand même sur sa faim. On a la sensation de manque. Et on attend le prochain tome avec impatience. Pas de bol, parce qu’il n’est pas du tout prêt. Le premier jet manuscrit du tome 2 est tout juste terminé. La sortie du prochain tome ne sera pas avant automne 2010 (nous informe Pat du blog Fantasy Hotlist, qui a diné avec Patrick Rothfuss).
Ce dernier est certain de ce qui se joue avec ses Chroniques et peaufine son roman. Il explique même son retard ici. Alors imaginez, si la date de la VO n’est pas fixée, je vous laisse libre choix quant à fixer celle de la version française… Si vous attaquez ce premier tome, vous êtes prévenus : mordez-vous les doigts forts et jusqu’au sang pour attendre le tome 2 VF (sorti le 24 août 2012)

Et pour tous ceux qui s’apprêteraient à me parler de comparaison avec Harry Potter… Clic, bande d’ingrats.

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Et si c’était réellement LE roman fantasy de l’année ?

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Dans le chaudron :
¤ La peur du sage, tome 2

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Elemnium (Dehlya), Le Troquet du Nain (Cœur de Chêne) se sont aussi donnés rendez-vous à Shuden, le 35e du mois.
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Pics : #01 Couverture de Marc Simonetti, #02 Kvothe par GunnerRomantic.

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CLARKE Susanna – Jonathan Strange & Mr Norrell

09/04/2009 34 commentaires

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Titre : Jonathan Strange & Mr Norrell
Auteur : Susanna Clarke
Plaisir de lecture Livre fantas… tique

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Dans une Angleterre meurtrie, en 1806, George III veille sur son peuple. La magie en ce territoire a disparu en même temps que le Roi Corbeau, il y a de ça, maintes années. Aux prises des guerres napoléoniennes,  les britanniques ne savent plus où donner de la tête ni à quel saint se vouer. Le gouvernement de Gladstone remet alors aux mains des magiciens, le sort de la nation.
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En ces temps mémoriaux, Mr Norrell travaille pour la restauration de la magie, et sera alors alerté et devra offrir ses services à son pays. Afin de s’établir en référence incontestée, Mr Norrell essaye tant bien que mal de s’incruster à la mondanité so british. Les personnes qui façonnent sa notoriété l’inciteront alors à prendre un apprenti. Jonathan Strange devra alors apprendre à composer avec un maître imbu de lui-même et individualiste pour s’instruire à la magie.
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Cependant, les élucubrations de Mr Norrell ne se dérouleront pas comme prévues, et Jonathan Strange se tournera vers les côtés sombres et profonds de la magie, se détournant petit à petit du monde couvé par l’hégémonie de son maître.

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)°º•. En ce livre, la magie est une science exacte. Elle devient alors un privilège réservé à une élite restreinte, soit… Mr Norrell seul en son nom. C’est ce qu’il nommera « la restauration de la magie anglaise ». Cette dernière est alors assujettie aux relations et à un certain lobbying.
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Ce livre s’inscrit avec beaucoup de détails précieux tant pour la description, les lieux géographiques ou même la chronologie : on bascule facilement dans une sommes de références et de précisions pseudo historiques. On rentre alors dans une Angleterre de rêve et de magie où l’Histoire est revisitée avec finesse et habilité.
Le livre se révèle de plus en plus noir, et le suspense grandit au fil des pages. Le roman est composé de trois volumes distincts, dont le suivant est plus fort que le volume précédent.
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L’histoire n’est pas linéaire, les débuts peuvent paraître longs (voire très longs pour certains lecteurs) mais la troisième partie est réellement salvatrice. D’autres stipuleront que la fin est bâclée mais ne serait-ce pas un sentiment de frustration ? Car la fin est tout… sauf comme on l’imagine.

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)°º•. Qu’ils soient principaux ou plus anonymes, tous les personnages sont façonnés avec grand soin, entre retenue et humour, « à l’anglaise ». Nous y retrouvons, également pour le côté historiques, des personnages célèbres, qui ont existé en chair et en os, comme Lord Wellington et Lord Byron. Le premier connu en tant que vainqueur de Napoléon à Waterloo, le second, illustre poète britannique en littérature romantique.
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Comme dit précédemment, la sempiternelle lenteur ressentie par de nombreux lecteurs est pour moi l’opportunité de développer et de camper les caractères des personnages et même plus : avancer avec eux en évaluant les modifications spécifiques à leur propre expérience. Pour une fois, que l’on n’accuse pas le contraire à un roman… ! L’humain serait-il alors toujours mécontent de ce qu’il possède ?
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Les deux personnages principaux, Strange et Norrell, vont tenter de rendre ses lettres de noblesse à cette science tombée en désuétude.
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Norrell est pour sa part, relativement fier et imbu de lui-même. On pourrait alors lui ajouter les défauts d’inhumain et d’individualiste. En tant qu’unique et officiel représentant de la magie moderne, il pense que la magie est une discipline spirituelle de chaque instant, inaccessible à à peu près tout le monde.
Il n’est pas inimaginable pour sa part, et même plus, il est nécessaire que l’apprentissage demande des années d’études. Par ailleurs, il ne verse pas dans les sortilèges « démonstratifs » jugés par lui-même comme de la poudre aux yeux. Il paraît relativement désoeuvré, et le fait qu’il soit coincé dans son monde d’érudit provoque davantage la pitié du solitaire de la part des lecteurs.
Portrait faussement craché d’un « terriblement intellectuel »,  le secret des livres est jalousement gardé. En attendant, la lecture du roman tend à lui trouver des excuses quant à l’invention de son monde nombriliste ; on notera d’ailleurs que la passion poussée aux extrêmes lui est aussi néfaste qu’à son environnement. Quelque peu bancal et mal conseillé, Norrell s’appesantira douloureusement à la suite des événements.

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Jonathan Strange est son miroir social : il est bien marié, très amoureux. Il se révèle comme aventurier, fantasque, curieux. En disciple intéressé, il supportera l’enseignement de son maître Norrell avec force. Cependant, il choisira sa propre voie avec en étendard, la démocratisation de la magie. Quitte à en délaisser sa femme.
Il supporte d’avantage l’expérience : guerre au Portugal, traversées de routes imaginaires,…). Il s’attaque directement à la conception norelliennes.

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Parallèlement, on fait la connaissance du Gentleman aux cheveux comme du duvet de chardon dont le caractère s’appuie sur son immense impétuosité. Ses objectifs vont à l’encontre des valeurs humaines et il n’hésitera pas à user et à abuser de ses savoirs pour mener à bien les destinées qu’il proclame (et sincèrement, il me fout la pétoche, lui). Les personnages dits secondaires offrent un panel de caractères, d’histoires et d’émotions propres à eux. C’est une véritable histoire chorale ou la vie de chacun se lie. Je me suis réellement attachée à certains et c’était un délice littéraire de suivre leurs pas de danse en fond de trame.

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)°º•. 10 ans. C’est le temps qu’il faudra à Susanna Clarke pour l’écriture, pour le peaufiner ce livre et nous le présenter.
Il est difficile de lui mettre une étiquette ou de ranger ce roman dans des cases prédéfinies de par les genres littéraires qu’il aborde. Certainement, une essence victorienne flotte sur cette histoire. Cependant, cette œuvre très XIXe siècle est quelque peu difficile à lire à cause des lenteurs de ce genre tant pour le rythme que pour le déroulement des actions.
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Les influences prêtées à Susanna Clarke s’appuierait sur des auteurs du XIXe siècle telle que Jane Austen (n’en ayant jamais lu, je ne confirmerai pas). Le quatrième de couverture, dans un objectif commercial selon moi, citera les noms de J.R.R. Tolkien et de Rowling – aucune comparaison n’est possible avec Harry Potter car il est plus sérieux et la noirceur y est omniprésente – ; mais aussi d’Ursula Le Guin, qui est, elle, un grand nom de la Fantasy. Et si mon observation est bonne, nous retrouvons une multitude de clins d’œil à Shakespeare et à ses œuvres dans les notes de bas de page.

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Ce monde fantastique repose sur des connaissances poussées du mélange de plusieurs univers magiques qui se lient et se délient au fil des pages.  Cependant, le tout reste rationnel, très ancré dans la réalité ; et le duel permanent des deux magiciens est finement ciselé, sophistiqué et même archaïque. L’auteur éveille notre curiosité de par une intrigue intéressante. D’accord, il demeure quelques longueurs à des moments clefs. On pourrait alors scinder son avis selon les trois parties que propose le livre : un début fastidieux, de longues pauses narratives mais une fin salutaire. Il faut prendre le temps de le lire, prendre le temps de rentrer dans l’histoire : le suspense, les rebondissements et actions ne sont pas présentes à toutes les pages : c’est un divertissement de qualité.
Il en convient tout de même, qu’on attend avec un zeste d’impatience (immense) l’arrivée de Jonathan Strange… qui mettra quelques cinquantaines de pages à se réaliser !

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Il arrive même à Susanna Clarke de s’adresser directement à ses lecteurs, chose surprenante mais non moins essentielle pour les inclure dans l’histoire. J’ai beaucoup apprécié les analyses pour définir les différences entre les livres de magie et les livres sur la magie. De petites précisions, des habilités sur le sujet agrémentent le texte.

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Le triptyque : Mr Norrell, Jonathan Strange et John Uskglass est de plus loin, le plus piquant et passionnant.
Nous remarquerons aussi une bipolarité permanente qui se définie très bien dans les personnages de Mr Norrell/ Jonathan Strange, comme de lumière symbole du présent/souvenirs du passé mais aussi, par la forme : des couverture de livres blanche/noire qui finalement, sous-tendra le triptyque.

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Enfin, et certainement en dernier mot, hormis le fait que Susanna Clarke nous police en nous éduquant que la magie ne s’apprend que par un travail long, dur et acharné ; elle s’investit sur le fondement que ce qu’il importe : c’est la vie.

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Susanna Clarke se fait alors connaître du grand public grâce à Jonathan Strange & Mr Norrell, et remporte les prix suivants :
– Prix Hugo du meilleur roman 2005
– Prix Locus du premier roman 2005
– World Fantasy Award 2005
– Prix BookSense du roman de l’année 2005
– Roman de l’année par le Time Magazine
– Prix des Lecteurs du Livre de Poche.

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Biographie selon www.livredepoche.com
Née en 1959 à Nottingham, Susanna Clarke a passé son enfance dans différentes villes d’Écosse et du nord de l’Angleterre. Après des études à Oxford, elle travaille un temps dans l’édition, puis part enseigner l’anglais à l’étranger, d’abord à Turin, ensuite à Bilbao. Elle revient en Angleterre en 1992. De 1993 à 2003, elle est directrice de la publication chez Simon & Schuster à Cambridge. Parallèlement, elle commence à publier des nouvelles. L’une d’elles, « Mr Simonelli or The Fairy Widower », est sélectionnée pour le World Fantasy Award en 2001. Mais c’est son premier roman, Jonathan Strange & Mr Norrell, paru en 2004, qui la fait connaître du grand public et lui vaut plusieurs prix.

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Enfers & Damnation : étant une véritable quiche en anglais, j’ai bien évidemment lue la version traduite. Aïe ! Préférez de loin la version originale car le budget alloué pour la traduction (par Isabelle D. Philippe) devait être restreint au vu des nombreuses coquilles inacceptables…

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Notes de bas de pages
Petit paragraphe qui vaut ce qu’il vaut : les notes de bas de pages.
J’ai régulièrement vu qu’elle agaçait un grand nombre des lecteurs dudit roman. Pour moi, elles ont été de véritables bouffées d’air. Elles sont fraîches et reposantes. Elles sont indéniablement des références qui propulsent le livre sous son côté « historique ». De petites histoires, des correspondances postales, quelques explications historiques véridiques, de références à des livres inexistants : bref, du petit plaisir qui, quelque fois, prend plusieurs pages voire même… 90% de la superficie d’un recto !

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)°º•. Comme la magie, le marketing est une véritable science concernant le roman Jonathan Strange & Mr Norrell.
Commençons par la couverture, sobre, frappée d’un logo de corbeau : elle ne passe pas inaperçue. Les packaging sont classieux et à éditions multiples : le livre se décline en noir (couverture noir mais aussi les tranches des pages) et en blanc ; une version rouge relancer l’impact quelques mois plus tard…

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Sa sortie est savamment organisée : une baguette de chef d’orchestre en est son symbole le plus fort. Le teasing s’organise plusieurs mois à l’avance :
¤ Acquis par les éditions Bloomsbury (qui signe le contrat du succès d’Harry Potter & Rowling), Seront disponibles 1500 épreuves du roman (au lieu d’une dizaine habituellement) enroulées dans du papier kraft et cachetées à la cire pour se faire promouvoir dans la sphère professionnelle. Certaines ont même été vendues via ebay au prix de 200$.
¤ Durant le Salon du livre à Londres : ils créent une ancienne gazette avec des extraits du livre
¤ Les sorties littéraires s’enchaînent : août 2004 en Grande-Bretagne, septembre aux Etats-Unis, puis en octobre, dans plusieurs pays en simultané.

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A l’heure actuelle, le livre s’est vendu à 2 millions de ventes…
Il ferait l’objet d’une adaptation par les studios New Line (qui ont été les créateurs de la saga « Le seigneur des anneaux ») par le scénariste de Christopher Hampton (connu pour les liaisons dangereuses).
A l’avenir, on parle également un deuxième tome, mais qu’en sera-t-il ?

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)°º•. Extraits :

¤ La veille du jour où Mr Norrell devait accomplir son acte de magie, il neigea sur York et, le lendemain main, la poussière et la boue de la cité avaient entièrement disparu sous une blanche immaculée. Les bruits de pas et de sabots étaient assourdis, et les voix des citoyens d’York altérées par un silence blanc qui étouffait les sons. Mr Norrell avait fixé une heure très matinale. Chacun dans sa maison, les magiciens d’York prenaient seuls les peut-déjeuner. Sans un mo, ils regardaient une servante servir leur café, rompre leurs pains au lait chauds, aller quérir le beurre. L’épouse, la sœur, la fille, la belle-fille ou la nièce qui accomplissaient ordinairement ces menues tâches n’étaient pas encore levées ; le plaisant papotage domestique féminin, que les messieurs de la société d’York affectaient tant de mépriser et qui, en vérité, formait un doux et gentil refrain dans la petite musique de leur vie quotidienne, était absent. Les salles à manger où ces messieurs étaient installés avaient changé par rapport à ce qu’elles étaient la veille. L’obscurité hivernale avait disparu, chassée par une formidable lumière – le soleil d’hiver réverbéré maintes fois par le sol enneigé. La nappe damassée blanche avait un éclat éblouissant, où dansaient les boutons de rose ornant les délicates tasses à café de la fille de maison. La cafetière d’argent de la nièce étincelait sous les rayons, les bergères souriantes en biscuit de la belle-fille s’étaient métamorphosées en anges flamboyants. La table paraissait dressée de couverts et de cristaux magiques.

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¤ Cependant, la peinture qui tira l’œil de Strange était une immense fresque murale s’étendant sur toute la longueur du mur nord. Au milieu, on voyait deux rois assis chacun sur un trone. De part et d’autre, debout ou à genoux, se pressaient chevaliers, dames, courtisans, pages, dieux et déesses. La partie gauche de la fresque était baignée de soleil. De ce côté-ci, le roi était un homme beau et robuste, présentant toute la vigueur de la jeunesse. Il portait une toge claire et avait les cheveux dorés et bouclés, le front ceint de lauriers et un sceptre à la main. Les figures des dieux qui l’entouraient étaient tous équipés de casques, de cuirasses, de lances et d’épées, l’artiste suggérant ainsi que ce monarque n’attirait dans son amitié que les plus guerriers des hommes et des divinités. Dans la partie droite du tableau, en revanche, la lumière devenait terne et crépusculaire, comme si le peintre avait voulu figurer un soir d’été. Des étoiles brillaient au-dessus des personnages et tout autour. De ce côté-là, le roi avait la peau pâle et les cheveux bruns. Il portait une toge noire, et sa physionomie était indéchiffrable. Couronné de sombres feuillages de lierre, il tenait en sa main gauche une fine baguette d’ivoire. Son entourage se composait de créatures surnaturelles : un phénix, une licorne, une mantichore, des faunes et satyres. On distinguait également quelques personnages mystérieux : une silhouette masculine en robe de moine avec le capuchon tiré sur le visage, une silhouette féminine enroulée dans une cape foncée et semée d’étoiles, le bras jeté en travers les yeux. Entre les deux trônes se dressait une jeune femme vêtue d’une tunique blanche flottane et coiffée d’un casque d’or. D’un geste protecteur le roi martial lui avait posé la main gauche sur l’épaule ; le roi ténébreux, lui, tendait la main droite vers elle, qui avait allongé la sienne, de sorte que les bous de leurs doigts se touchaient légèrement.
C’est l’œuvre d’Antonio Verrio, une gentilhomme italien, expliqua le valet. – Voici Edward III de l’Angleterre du Sad. – Il montra ensuite le roi de droite. – Et voilà le roi magicien de l’Angleterre du Nord, John Uskglass.

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¤ Cela étonnera mes lecteurs (car cela étonne tout le monde qu’un roi soit si peu maitre de son destin. Songez pourtant avec quelles alarmes la suspicion de démence est accueillie dans les familles privées. Songez alors combien ces alarmes sont bien plus grandes quand le patient est le roi de Grand-Bretagne ! SI vous ou moi devenions fou ce serait un malheur pour nous-mêmes, nos proches et notre famille. Mais quand un roi devient fou, c’es une calamité pour la nation entière.

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Fiche technique :
– 864 pages (de bonheur ?)
– Broché, 153 x240 mm (ça, ça veut dire que dans le métro, tu ne pourras point le balader, un sac à lui seul tu devras donner)
– Prix : 23€
– www.jonathanstrange.com

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En résumé :
Suppositoire soporifique :
– longueurs narratives
– début long, très long…
– écriture très XIXe siècle
– coquilles de la langue française (dans la traduction)
– fin salutaire
– imaginaire réaliste et rationnel
– 864 pages soporifiques

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Brillant chef-d’œuvre :
– personnages travaillés
– triptyque des personnages fabuleux
– bipolarité permanente
– références scientifiques et historiques très documentées
– fin salutaire
– imaginaire réaliste et rationnel
– (presque) 864 pages salvatrices

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Pics : #01 Moment privilégié ; #02 Version noire ; #03 Un extrait… ; #04 Oh une invasion des notes de « bas » de page ; #05 une note, page 1 et page 2 ; #06 page 3, la note continue et se la joue solo ; #07 Le chapitre qui anéantit tous les magiciens britanniques ; #08 Enfin l’arrivée de Strange !

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WYNNE JONES Diana – Le château de Hurle

05/03/2009 12 commentaires

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Titre : Le château de Hurle
Auteur : Diana Wynne Jones
Plaisir de lecture : Livre à découvrir

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Halle-Neuve, du Royaume d’Ingary bourgade typique du XVIIIe siècle ampli de magie…
Après la mort de leur père, trois sœurs se voient devenir apprentie grâce aux choix réalisés par Fanny, leur (belle)-mère. Lettie se verra attribuée à une pâtisserie familiale reconnue, Martha s’en ira vers de nouveaux horizons auprès d’une sorcière ; Sophie, quant elle, restera à la boutique de chapeliers appartenant à Fanny et feu leur père. Sophie devient casanière, timide et se renferme petit à petit sur son monde à chapeaux. Elle en vient à accepter un tel destin de par sa position d’ainée : rien ne réussit à la première de la famille…

Sophie rend très peu visite à ses sœurs, car la rumeur court qu’un étrange magicien rode dans les rues pour conter fleurette aux jeunes demoiselles et dévorer leur cœur. Halle-Neuve retient son souffle et vit dans une peur tapie, en observant le château ambulant du magicien parcourir les collines avoisinantes.

A la fermeture de boutique qui tardait, Sophie voit entrer en ces lieux une dame imposante et non moins impolie. Cette dame n’est autre que la sorcière du désert, et pour punir de son impétuosité, ensorcèle Sophie. Cette dernière se retrouve dans le corps d’une femme de quatre-vingt dix ans.

Très vite, Sophie décide de fuir sa vie et de partir loin. Peu importe où, mais loin. Son dernier refuge devient celui du Château de l’affreux Hurle. Après moult efforts, elle entre dans un des capharnaüms les plus impressionnants qu’il soit. Tant bien que mal, elle se hisse jusqu’au fauteuil moelleux. A peine a-t-elle le temps de reprendre son souffle que Calcifer, démon du feu, lui proposera un marché. Les escaliers verront débouler un petit garçon prénommé Michael… Et la porte s’ouvrira d’un grand claquement sur Hurle. Que va devenir Sophie ?

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)°º•. Le Royaume d’Ingary et plus amplement, les environs du Château sont des univers parallèles où le fantastique règne.  La magie existe au quotidien par de petites touches discrètes. Diana Wynne Jones tire pour son scénario de bonnes ficelles ; et même si le plus gros de l’histoire est facilement devinable, de petites surprises nous restent agréables. La mise en place de l’histoire est quelque peu longuette ; mais son début par une malédiction concernant l’ainé et son destin est intéressant. Contrairement à beaucoup de lecteurs, je n’ai pas eu le moindre ressenti de « cauchemar » en lisant ce livre… Bien mieux, je trouve que les paysages relatés, les diverses scènes sont baignées d’un brin de poésie relativement frais. Cependant, le happy end est très facile et la fin on ne peut plus brutale. Le roman entier est coloré, plein de bons sentiments mais ne verse pas tendancieusement dans la mièvrerie.

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)°º•. L’histoire recèle de plusieurs personnages, dont le premier à évoquer est le Château lui-même. Sans nul doute, il demeure mon personnage préféré. Une immense bâtisse sombre, quelque peu délabrée craque, bouge, en un mot : vit. Le mystère autour de lui est celui qui a le plus suscité mon intérêt.
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Vient ensuite Sophie. Cette dernière est la gentille incarnée, le personnage « bon » par excellence, quelque peu naïve et innocente. Ses défauts trop bien définis, ne lui donne que du charme en plus. Cependant, sa condition de « vieille » n’est que trop peu réaliste. Timide et effacée en tant qu’enfant, elle gagne en assurance et en caractère avec son ensorcèlement de vieille peau.
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Calcifer, démon du feu et assujetti à de grandes humeurs et à leurs sauts particuliers détient également ma sympathie. Il est asservi et emprisonné, mène la vie dure et pourtant, il est on ne peut plus attachant.

Michael est l’apprenti du magicien Hurle. Il est très ou trop gentil. C’est un habitant greffé également au Château et sera une aide utile à Sophie.
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Nous découvrons aussi Hurle le magicien, qui s’avère effectivement très peu présent. La présence de Sophie redonnera du poil à la bête et malgré ses scènes sur scène, les habitants du Château arriveront à vivre avec ce caractériel. La volonté de l’auteur est d’appuyer sur sa crainte mais les effets demeurent… nuls.

Quant à la Sorcière du désert, elle est également peu présente mais on ne redoute qu’une chose : sa venue avec le basculement de la vie des habitants du Château. Pour moi, son démon représente le personnage le plus horrible de l’histoire.

Petit tour d’horizon rapide pour vous donner envie de découvrir ces multiples personnages attachants nés d’une histoire sucrée.

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)°º•. Quelques petits mots sur l’écriture de Diana Wynne Jones : le vocabulaire est simple tout comme la grammaire et la syntaxe, leur immense avantage est l’accessibilité pour tous. Ce roman se lit facilement, comme du petit lait. Bien qu’il ne possède que très peu de longueurs et un rythme régulier. Le suspense existe uniquement à la fin du roman, le reste est un long fleuve tranquille. Les thèmes développés sont coutumiers : l’amitié, l’amour, la trahison mais aussi l’acceptation du vieillissement et la réconciliation avec la sphère familiale.
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Cependant, un gros défaut dudit livre est le titre de chaque chapitre : ils se composent d’une phrase… qui commence ce qui se passe dans le chapitre que l’on s’apprête à lire. Tout bonnement, ils ruinent les espoirs et révèlent un bon nombre d’indices. Il manquera alors un peu de profondeur quant à l’histoire et décevra les amateurs de personnages travaillés. Notons tout de même quelques passages rigolards qui ont su me tirer quelques sourires.
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Pour résumer, c’est un roman mi-conte, mi-fantasy qui saura convenir aux enfants et charmer les adultes.

Et si malgré tout cela, vous n’êtes toujours pas intrigués, je vous invite à le lire, rien que pour découvrir le roman qui est bien différent de l’animation japonaise que vous connaissez.

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Ce livre est d’une belle et bonne douceur qui ensorcellera petits et grands. La magie existe par petites touches au quotidien, et la bourgade respire selon les allées et venues du Château de l’affreux magicien Hurle. Les personnages sont tous attachants, souvent « bons » et innocents. Le suspense n’est présent qu’à la fin du livre et la fin sera très vite arrivée, limite bâclée dans un grand mouvement de « happy end » et autres joyeusetés. Malgré un rythme régulier, le roman nous surprend à quelques surprises. Les quelques notes de poésie seront présentes pour donner une fraicheur au tout.

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)°º•. Quelques petites informations :

– lecture conseillée à partir de 9 ans
– publié en 1986
– « le château des nuages » se révèle la suite de ce premier opus
– a été adopté et adapté par Miyazaki « le Château ambulant » en 2004

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BRADLEY Marion Zimmer & LISLE Holly – La faille entre les mondes

29/01/2009 3 commentaires

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Titre : La faille entre les mondes (Les pouvoirs perdus, tome 2)
Auteurs : Holly Lisle & Marion Zimmer Bradley
Plaisir de lecture Livre à regrets
Tome 1 Glenravenne

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Kate Beacham traverse une période difficile : des personnes veulent sa peau et sa famille la renie à cause de ses croyances religieuses. Alors qu’elle pensait à une innocente attaque dans une rue sombre tard dans la nuit, les événements s’enchainent dans sa vie pour lui faire comprendre que dans peu de temps, elle sera morte. Au paroxysme de sa fatigue physique et émotionnelle, des étrangers apparaissent dans son jardin stipulant qu’ils viennent d’un autre pay, la Glenravenne. Un guide magique de voyage apparaît chez elle, et lui dicte sa conduite : aider ses inconnus. Et elle va s’y atteler, malgré ses propres démons.

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Les deux tomes peuvent se lire séparément. Tout autant le premier tome m’avait époustouflée, tant le second m’a désenchantée. Je m’attendais à revivre « Glenravenne » dans le sang sur les quelques jours de ma lecture ; mais la magie n’est plus là. Le concept original d’un pays d’une autre dimension et pourtant si proche du nôtre ne m’a plus autant séduite : la corde est usée. Le personnage principal n’en est cependant, pas moins attachant et son courage nous fait écarquiller les yeux. Ici aussi, elle doit lutter contre ses problèmes personnels… en plus de ceux universels ! Amitié et traitrise et les émotions relatives à ces deux thèmes seront le fil conducteur. Malheureusement, l’intrigue n’est pas tenue jusqu’au bout, le rythme n’est plus aussi fantastique, je reste sur ma faim.

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Dans le chaudron :
¤ Glenravenne, tome 1

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BRADLEY Marion Zimmer & LISLE Holly – Glenravenne

29/01/2009 8 commentaires

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Titre : Glenravenne (Les pouvoirs perdus, tome 1)
Auteur : Holly Lisle & Marion Zimmer Bradley
Note Livre avec entrée au Panthéon
Tome 2
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Alors que Jayjay et Sophie remettent en question leur catastrophique vie sentimentale, le guide magique de voyage Frodor leur tombe dans les mains. C’est alors qu’elles sont propulsées en Glenravenne, petit pays situé entre la France et l’Italie. Persuadées qu’elles se trouvent dans un pays où l’electricité et le macadam ne sont pas arrivées, elle se jettent dans un piège effroyable. La magie au sein de ce territoire se meurt et seule Aidris Alkan possède ses pleins pouvoirs. Ces deux amies devront affronter ceux qui leur souhaite une lente mort et ceux qui les voient déjà en héroïnes magiciennes.

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La fantasy mêlée à un monde moderne est un cocktail foudroyant. Le fait de se partager les deux héroïnes entre deux écrivains est une idée originale qui amène une nouvelle dynamique au rythme de lecture. Chacune des deux amies doit vivre avec un passé lourd et avancer dans un monde qui leur est inconnu. On y découvre deux femmes en lutte avec leurs valeurs, quelques fois vulgaires, assujeties à de terribles peurs et quelques peu naïves : l’attachement et le réalisme naissent en tournant les pages. Glenravenne est un monde original, sombre mais suscitant l’intérêt. Le seul regret que je pourrai émettre c’est que les créatures ne sont pas véritablement décrites et qu’il manque une petite dimension pour s’interroger au fait de l’existence plausible ou non du pays.

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Dans le chaudron :
¤ La faille entre les mondes, tome 2

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