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MOURIER Davy – La Petite Mort

14/11/2013 22 commentaires

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La petite mort Davy MourierTitre : La Petite Mort
Auteur : Davy MOURIER
Plaisir de lectureetoile 5 Livre fantas… tique
Tome 2, tome 3

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Papa Mort et Maman Mort ont donné naissance à la Petite Mort. Celle-ci mène une vie normale, elle rêve de devenir fleuriste, elle a un animal de compagnie, elle va à l’école… mais elle apprend aussi à faucher les gens, ce qui complique pas mal les relations avec ses camarades. Tout au long de l’album, nous suivons son quotidien.

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la petite mort 05)°º•. Pas ce genre de Petite Mort.
Ce personnage est cher au cœur de Davy, la petite mort symbolise sa Catharsis (ici, une représentation dramatique pour purger sa peur) qui est née après l’infarctus de son papa, toujours en vie. Il a développé ce protagoniste sur son blog même si le trait a un peu changé avec la publication de cette bande dessinée. On s’attache très vite à elle, dès les premières cases en réalité car on voit son évolution un peu forcée, à entrer dans le sillon de sa vie pour qu’elle entreprenne sa formation de Faucheuse. Sa situation est aux deux extrêmes au vu de son futur métier et le fait qu’elle fréquente une école avec des enfants humains et bien vivants. Les personnages sont un poil ridicule, ce qui cadre parfaitement à l’humour noir.

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la petite mort 01)°º•. Cette BD de 96 pages propose des gags en quelques cases, majoritairement en noir et blanc. Le dessin soigné prend, on apprécie la profondeur du récit, avec quelques sarcasmes bien sentis mais aussi des moments plus tristes. Je suis très bon public de la dérision, avec un grand D. Ce livre condense beaucoup d’humour… mais vous ne serez le lecteur parfait que si vous l’aimez bien noir, rempli de cynisme. Mais la sensibilité est bien présente, quand je parlais de « moments plus tristes », j’en ai la larme à l’œil. .

Les chutes de ces petites histoires sont élégantes et l’ensemble de l’ouvrage est travaillé. En entre-coupures, se glissent des fausses publicités avec Hello Kittu, les petits gags sur Buzz Aldrin (le deuxième homme qui a posé le pied sur la lune) croqué d’une autre manière que la Petite Mort, mais aussi des petits entractes sur Séphi, son chat. .

Davy Mourier fait un clin d’œil à ses amis, avec la participation de Monsieur Poulpe, Bérengère Krief, Kyan Khojandi et Alexandre Astier. Il signe la préface de manière magistrale. Utiliser sur le quatrième de couverture le nom de la préface signée est un argument de vente qui me hérisse le poil. A la fin de l’ouvrage- galerie à la fin de l’ouvrage de gens qui ne font surtout pas des illustrations.

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la petite mort 10)°º•. Je connais Davy Mourier par ses multiples projets ‘vidéo’, d’abord sur Nolife puis avec le collectif du Golden Show, mais hontàmoi par pour ses projets BD. Ici, il décrasse des thématiques universelles, la mort bien sûr, mais aussi la vie, la maladie, la différence, la société de consommation et même l’amour. .

La petite cerise sur le gâteau, c’est la réalité augmentée ! Grâce à vos super pouvoirs, ou à défauts vos Smartphones et tablettes, on obtient des petits suppléments via une application gratuite de scan. Ces petits bonus insolites se concentrent des vidéos du making of de Davy Mourier et d’autres surprises que je meurs d’envie de vous parler, mais que ça serait s*laud de vous gâcher la surprise ici. De préférence, il vaut mieux lire la BD en entier puis profiter de ces petits à-côté, et surtout, ô surtout, commencez par le pentacle sur la page de garde. Oui, c’est ludique et oui, j’ai surkiffé.
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Je fais joujou !

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Bon, on finit par le livre en lui-même ? C’est un très bel objet que tu peux utiliser comme doudou. Sa belle couverture est toucher « peau de pêche »… mais elle garde toutes les traces de gros doigts dégueu. L’avantage, c’est qu’à l’inverse de roman habillé ici, on manipule moins une bande dessinée, le toucher velours n’a donc pas de raison de peler. La couverture est sobre, tant sur le dessin que la typo utilisée et même qu’elle brille sur certains détails. Moi, aimer. Et puis le quatrième de couverture est parlant « en prenant cet album, tu as enclenché un processus maléfique : si tu ne lis pas cette BD entièrement, tu auras un an de malheur. »

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« La Petite Mort », c’est 96 pages de bandes dessinées teintées d’humour noir. Ce personnage au cartable Hello Kittu est tout mignon… même s’il apprend à faucher des vivants. On aime partager son quotidien, ses soucis d’enfant, ses jeux partagés avec son chat Séphi. Mais la vie n’est pas si facile… quand on est la mort. Caustique, certainement, triste également, ce récit happe le lecteur pour le faire sourire en trois cases, parfois un peu plus. Un livre qui se dévore !

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Souvenir de lecture : Mais elle est trop mignonne, cette Petite Mort ! .

Dans le chaudron :
¤ Le secret de la licorne-sirène, tome 2
¤ Le domaine des vieux, tome 3
Pour de l’humour bien noir :
¤ Le chat noir et autres nouvelles d’Edgar Allan Poe
¤ La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires de Tim Burton
Si vous aimez la mort comme personnage :
Cycle de La Mort des Annales du Disque-Monde de Terry Pratchett

 

logo Halloween 2013

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Et hop, une entrée au challenge Halloween. C’est d’ailleurs grâce au Petit monde d’Isa que j’ai découvert cette BD.

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CITRIQ

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LINSDAY Jeff – Ce cher Dexter, tome 1

27/10/2013 12 commentaires

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Ce cher Dexter Jeff LindsayTitre : Ce cher Dexter (tome 1)
Auteur : Jeff LINDSAY
Plaisir de lectureetoile 4 Livre à découvrir
Tome 2, tome 3, tome 4, tome 5, tome 6, tome 7

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Efficace dans son travail, tendre avec sa compagne, d’humeur joyeuse et d’apparence amicale, Dexter a tout plaire. Mais cette fine couche de peinture menace à tout moment de se craqueler pour révéler sa véritable nature. Et si l’une des personnes qu’il côtoie n’avait qu’une seule once d’idée de sa véritable identité, il crierait d’horreur. Mais pas lui. Les sentiments humains, il ne connaît pas.

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Ayant vu entièrement la série télévisée éponyme, des rapprochements seront réalisés durant ma chronique.

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Ce cher Dexter 02)°º•. Dexter a été recueilli très jeune par Harry. Il est devenu son père adoptif et Deborah, sa sœur. Dexter devient le narrateur de l’histoire ; ce qui permet un rapprochement efficace entre lecteur et personnage mais qui rend les secondaires beaucoup plus fades : ils manquent clairement de profondeur. Qu’on l’aime ou non, dans la série télévisée, Deborah « envoie ». Ici, elle n’est pas aussi exquise, elle est même trop écervelée (sans parler de son physique qui est à l’antithèse de sa version télévisée). Rita, Vince, Angel, Doakes, LaGuerta font partie du cercle le plus privé de Dexter.
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Grâce à la narration à la première personne du singulier, nous avons accès aux sentiments de Dexter et on se rend compte de la complexité de sa réflexion. L’histoire est basée sur ce personnage et non pas sur l’enquête en elle-même : c’est pourquoi si vous aimez être tenu en haleine pour et par celle-ci et que vous n’êtes ici que pour la précision d’un pendule, vous risquez d’être déçus.
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)°º•. Dexter tente à tout prix de se fondre dans le décor : une sœur, une petite amie, un boulot stable ; il est regular. Mais tout à fond de lui, sa nature première est celle d’un serial killer. Il respecte le code instauré par Harry pour ne pas tuer des innocents. Il se focalise sur des « méchants ». C’est l’envie irrépressible de respecter une procédure millimétrée tant pour ses agissements tant que pour satisfaire le Passager Noir. Ce dernier est la part obscure et incontrôlable de Dexter. Elle y est davantage développée dans la série papier que sur le petit écran : nous avons l’impression qu’il est relayé sur la banquette arrière d’un véhicule conduit par le Passager Noir dans ses moments les plus sombres.
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Il vous faudrait également apprécier l’auto analyse qui prend les trois quarts du récit : Dexter va même devenir psychotique sur la toute fin. Le personnage pratique l’autodérision et cela permet aussi de soulager un peu la pression de la lecture. C’est très étrange de ressentir ses sentiments paradoxaux : peut-on s’attacher à un criminel ? Est-il juste d’éprouver de l’empathie pour un serial killer ? A-t-il valeur de justicier à nos yeux ?

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_ Qu’êtes-vous ? murmura le père Donovan.
_ Le commencement, expliquai-je. Et la fin. Mon père, je suis votre Dé-créateur.

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Ce cher Dexter 01)°º•. Quand j’ai voulu regarder le premier épisode de la série, je n’ai pas pu. J’ai coupé au bout de dix secondes puisque Dexter s’approchait d’un œil avec un scalpel. J’ai retenté, quelques jours après et j’ai été assidue tout au long des huit saisons. J’étais en plein visionnage de la première saison lorsqu’un ami m’a conseillé de les lire. Je l’ai regardé un peu les yeux ronds parce que je n’aime pas avoir la frousse, mais alors… vraiment pas. Je n’aime pas la torture non plus (surtout quand c’est réaliste, donc pas sur des zombies (je me répète, non ?)). J’ai commencé, j’ai kiffé. J’ai mangé les trois premiers tomes avant d’attaquer la deuxième saison télévisée. Par ailleurs, j’apprécie aussi la bande originale signée par Daniel Licht.

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L’écriture est nerveuse, la plume acerbe convient parfaitement pour ce type de récit. En réalité, le roman est assez court et se lit très vite. La tendance à l’humour noir me fait toujours sourire. J’aime la vision caustique de Dexter et je trouve que le roman présente beaucoup plus de noirceur que la série éponyme.

Je reste toutefois assez intriguée par l’utilisation de la troisième personne parfois et de retrouver le nom de « Dexter » quand il parle de lui.  Il n’empêche que ce tome est l’un de mes préférés au vu de l’enquête qui s’y déroule.

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« Ce cher Dexter », c’est la phase d’approche du personnage principal. On y constate immédiatement sa couverture et nous sommes tout de suite plongés dans le cœur de sa vie, et dans ses ténèbres, aussi. C’est vraiment délicieux de le voir réfléchir, se questionner, et « ne pas » ressentir.

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Ce cher Dexter extraits

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Ce cher Dexter 03
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Souvenir de lecture : Les visites à la patinoire.

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Dexter stampNon seulement il s’agit d’une lecture commune mais elle est aussi le choix du défi Valériacr0 d’octobre pour… Valeriane, qui a adoré détester LaGuerta.
Ptite-Boukinette
(Azariel) et Mélange de saveurs littéraires (Erato) ont aussi découvert le pot-aux-roses.

CITRIQ

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logo Halloween 2013

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Et voilà une participation pour le challenge Halloween.

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Pics : #01 Axlesax ; #02 PatrickBrown ; #03 Amy art.
Et d’autres sont extra, mais spoilent : clic #1, clic #2, clic #3.

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Gudule – Dancing Lolita

21/10/2013 20 commentaires

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Dancing Lolita GuduleTitre : Dancing Lolita
Auteur : Gudule
Plaisir de lectureetoile 4 Livre à découvrir

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Mina, jeune fille fuit sa vie, Abel Feval, la soixantaine, tente de la retracer. Ces deux-là ont des objectifs différents mais trouveront sans doute en l’autre, la spontanéité et une confiance sans égale. Concept plutôt rare en 2036 où le troisième âge use et abuse du Juvénal, cette fameuse cure médicamenteuse qui fait rajeunir. Validée par les pouvoirs étatiques, ce traitement permettrait de combattre la pédophilie, entre autres.

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Quand Jodelle Foster, nonagénaire décède au Dancing Lolita, Abel Feval, écrivain de profession se demande s’il s’agissait de l’identité empruntée de sa mère. De son côté Mina fugue car elle veut échapper aux dégâts causés par son beau-père en retrouvant sa grand-mère dans le Tarn.

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Cette fameuse cure, le Juvénal est fortement prisée par le troisième âge car il peut donner une apparence adolescente voire plus jeune encore. Cette régression a un prix. Très vite, apparaissent sur le marché des médicaments similaires mais dont les ratés sont nombreux. Appelés Juva, les consommateurs permettraient ainsi de contrôler la pédophilie en vendant de la libido. Ici, Gudule nous propose vers les enjeux de ce régime et des dérives possibles.

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On pourrait presque parler de roman d’anticipation pour le côté futuriste, mais il s’agit de Science-Fiction : Anne Duguël nous entraine dans une période proche de la nôtre et dans le même univers, semble-t-il. L’auteur ne va pas par quatre chemins sur la façon de nous présenter ses idées. Bien qu’intelligemment écrit, cette novella est quelque peu dérangeante, notamment sur l’intrigue. Novella assaisonnée d’humour noir voire teintée d’horreur, la chute n’en est que plus sombre.

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Dancing Lolita extrait

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Souvenir de lecture : Le fond de cour des Vertes Années.

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Dans le chaudron :
¤ Le chat noir et autres nouvelles de E.A. Poe

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Challenge je lis des nouvelles et des novellas JLNNlogo Halloween 2013Cette chronique est une participation au Challenge Halloween ainsi qu’à celui de Je lis des nouvelles et des novellas.
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BURTON Tim – La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires

18/10/2012 40 commentaires

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Titre : La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires
Auteur : Tim BURTON
Plaisir de lecture Livre fantas… tique

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Ce petit livre de 125 pages présente 23 courtes histoires sous forme de poèmes écrites et illustrées par Burton lui-même. Le recueil met en scène des enfants ou adolescents étranges voire insolites. Tantôt loufoque ou effrayant, il va sans dire que nous sommes plongés dans l’univers décalé de Burton que nous reconnaissons bien là.

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Drôle et macabre à la fois, Burton nous propose une critique de notre société et notamment sur le regard des adultes au vu de la différence : intolérance et marginalité. Une touche surnaturelle se mêle à l’humour grinçant. C’est toute une palette d’émotions qui s’ouvre ; allant de la tendresse jusqu’aux limites de l’acceptable pour les lecteurs les plus sensibles d’entre nous. Il va sans dire que pour moi – fan de zombies nota bene – ce livre est un véritable délice.

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L’édition française est bilingue : sur les pages paires se trouve le texte d’origine et sur les pages impaires la traduction. Cette dernière laisse à désirer car elle a préféré respecter les rimes que le sens des mots et bien que cela ne soit pas affriolant, on arrive à des situations où le texte VF est littéralement à côté de la plaque.

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Il va sans dire que ce recueil n’est pas à présenter au plus jeune public mais que les textes en anglais sont très agréables à lire à voix haute.

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Les titres au programme donnent déjà un aperçu :
Stick Boy and Match Girl in Love | Brindille et Allumette amoureux
Robot Boy | L’Enfant Robot
Staring Girl | La fille qui fixait, fixait, fixait
The Boy with Nails in His Eyes | L’enfant avec des clous dans les yeux
The Girl with Many Eyes | La fille avec plein d’yeux
Stain Boy | Enfant Tache
The Melancholy Death of Oyster Boy | La triste fin du petit Enfant Huître
Voodoo Girl | La Fille Vaudou
Stain Boy’s Special Christmas | Enfant Tache : un Noël hors norme
The Girl Who Turned into a Bed | La fille qui se transforma en lit
Roy, the Toxic Boy | Ludovic, l’Enfant Toxique
James | James
Stick Boy’s Festive Season | Période des fêtes pour le jeune Brindille
Brie Boy | L’Enfant Brie
Mummy Boy | L’Enfant Momie
Junk Girl | La fille faite d’ordures
The Pin Cushion Queen | La Reine Pelote-à-Épingles
Melonhead | Tête de melon
Sue | Justine
Jimmy, the Hideous Penguin Boy | Benjamin, le vilain gamin pingouin
Char Boy | J.C., le Jeune Carbonisé
Anchor Baby | Bébé Ancre
Oyster Boy Steps Out | La sortie du petit Enfant Huître

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Souvenir de lecture : Entre Stain Boy et Roy, the Toxic Boy, mon cœur balance.

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Toutes ces filles Bazar de la littérature (Mélisende), Biblioblog (Laurence), Chez Iluze, Dans ma bibliothèque (Rose), La bouquinerie au coin des deux colombes (GeishaNellie), Les lectures de Liyah, Lily et ses livres, Lis tes ratures (Lyra), My Lou Book, RSFblog (Lhisbei), Sous le feuillage (Lael) ont également lu ce recueil.

CITRIQ

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Il a fallu attendre la motivation du challenge halloween 2012 pour que je me décide – enfin ! – à vous parler de ce livre.

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Pics : #01 Voodoo Girl parSycil ; #02 Even the freaks need love par Casshimee.

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MOORE Christopher – Le sot de l’ange

10/06/2009 8 commentaires

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Titre : Le sot de l’ange
Auteur : Christopher Moore
Plaisir de lecturecoeur notation Livre avec entrée au Panthéon

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C’est tout Pine Cove, petite bourgade de Californie, qui s’active pour les préparatifs de Noël. En ces quinze derniers jours avant la date, Pine Cove se dédie à une joie commune, par la générosité envers autrui. Cette année, c’est l’immonde agent immobilier, Dale Pearson, qui endossera le costume de Père Noël.

Lors d’une petite altercation entre Léna Marquez et lui, Dale Pearson reçoit un coup fatal de pelle de la part de son ex-épouse. Joshua Barker, 8 ans et déjà en retard pour rentrer à la maison, assiste aux faits et voit le Père Noël passer l’arme à gauche.

C’est alors que toute la ville s’en mêle et le tout dérape: Tucker Case qui passait dans le coin, aide Lena Marquez à cacher son crime et lui présente sa chauve-souris géante végétarienne. Théophile Crowe, shérif de Pine Cove à ses heures perdues doit enquêter sur l’affaire et simultanément surveiller sa femme Molly Michon, schizophrène de son état, se prenant toujours pour une guerrière du désert et ayant arrêté ses médicaments.  Quant à Joshua, conscient que la mort du Père Noël entraînera une absence de cadeaux, formule un vœu à l’adresse de Dieu afin de faire revenir à la vie, le Père Noël échu. Notre grand copain, Ange Gabriel, assoiffé de réussite dans le vœu humain, chercher à réussir le voeu formulé de la part enfant et passant dans le coin, se dit que finalement, les Cieux lui sourit. Cependant, il n’est pas aisé ni même donné à tout le monde de réanimer un mort sans aucune conséquence.

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)°º•. Là, vous avez compris, avec ce décor planté, cela relève d’une belle m*rde !
Ce livre est tout simplement poilant. On se retrouve en lecteur ricanant du génie de l’histoire. C’est une réussite totale, une merveille d’humour déjanté et saugrenu (et j’en arrêterai là pour les superlatifs).
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Voilà enfin un livre où on assiste à un véritable retournement ironique des contes de Noël.  Christopher MOORE brise les conventions de la merveilleuse nuit de Noël, il met à mal les clichés de cette période, et on adore ça ! Il se base énormément sur l’imagerie de Noël que nous avons tous et décline le tout grâce à un jonglage rire/horreur.
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L’auteur est un fou dangereux. Les règles du jeu sont simples: on éclate de rire… et on ne prend rien au sérieux. On se délecte du jeu de Moore qui met en place tous les petits éléments de sa version de conte de Noël. Sans oublier que le délire s’étend bien évidemment jusqu’au chapitrage du bouquin.
Le style est fluide et nous entraîne dans cette mouvance sans dessus dessous. L’action se divise en une multitude d’épisodes et on tourne les pages fébrilement pour savoir la suite, vite, toujours plus vite. Seulement 256 pages pour pénétrer dans cet univers frappadingue et très vite on referme le livre avec la 4e de couverture. Et là, la seule réflexion qui nous formulons, s’avère être un onomatopée: « waouh!« 

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Apparemment, il y aurait quelques incohérences de traduction effectuée par Luc Baranger; mais elles ne m’ont absolument pas sauté aux yeux. Le tout est tellement bien enlevé qu’on reste dans l’histoire, sans se préoccuper de tout cela.

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)°º•.  Les personnages du bouquin sont issus des autres tomes de Moore, que ce soit L’agneau, Le Lézard lubrique de Melancholy Cove ou La Vestale à paillettes d’Alualu. Pour la plupart, ce sont des personnages- archétypes. Alors en ‘ »vrai », cela donnerait des personnes atypiques mais épatantes. Mais « sans rire », Moore nous sert une belle brochette de tarés doublée d’une équipe de bras cassés. Non, franchement, rien que les personnages valent le déplacement.
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Commençons par Dale Pearson. Agent immobilier de Pine Cove et ex mari de Léna Marquez, sa dernière grande prestation sera de jouer le Père Noël qui retrouvera vite la terre. Léna Marquez défend la cause des plus démunis, par tous les moyens. Elle se retrouve vite dépassée et s’appuiera sur l’aide improbable que propose Tucker Case. Ce dernier est l’admirable possesseur d’une chauve souris géante, parlante et végétarienne.
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On trouvera également un couple mal assorti avec Théophile Crowe, flic looser, fumeur accroc à la marijuana et pourtant mari flegmatique de la célèbre Molly Michon. C’est ancienne starlette de série B se prend toujours pour l’amazone des terres inconnues, son dernier rôle. Cependant, cette ex Kendra n’a qu’une envie, tuer des mutants des sables.
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Bien sûr, on retrouvera Joshua Barker qui formule un vœu de retour à la vie et notre grand sot d’Archange Gabriel.

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)°º•. Biographie (présente sur la quatrième de couverture)
Né dans l’Ohio en 1957, Christopher Moore, qui aime l’océan, le polo à dos d’éléphant, les émissions télévisées sur les animaux et les crackers au fromage, a étudié l’anthropologie et la photographie au Brooks Institute of Photography de Santa Barbara — où il écrira son premier roman, Practical Demonkeeping, publié en 1993. Après avoir passé quelques années dans une forteresse perdue sur une île inaccessible du Pacifique, il s’est récemment établi en Californie. « Si jamais il y a un auteur plus drôle dans le coin, qu’il s’avance d’un pas. » Playboy

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)°º•. Extraits

¤ L’avertissement écrit par l’auteur :

Si vous comptez offrir ce livre à votre grand-mère ou à un gamin, sachez qu’il contient des jurons, de subtiles descriptions de cannibalisme, ainsi que des scènes de rapports sexuels entre des personnages dont l’âge moyen tourne autour de la quarantaine. À bon entendeur, salut !
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¤ Je trouve que les premières lignes du livre donnent le ton :

L’esprit de Noël s’immisça dans Pine Cove. Sournoisement. Comme un truc pitoyable. Sous la forme de guirlandes ou de rubans que l’on accroche à pendouiller, de cloches de traîneau, de lait de poule ‘ qui passe par-dessus bord, d’odeur entêtante de sapin et de menaces de sinistres réjouissances, telle la perspective de faire la bise, sous une boule de gui, naturellement à quelqu’un qui souffre d’un bouton de fièvre.
Avec ses édifices de pseudo-style Tudor (tous outrageusement retapés façon villégiature au charme désuet), ses loupiotes clignotantes dans les arbres bordant la rue Cypress, sa fausse neige dans les coins de chaque vitrine, ses Pères Noël miniatures, ses bougies géantes illuminées sous chaque réverbère, Pine Cove s’offrait en pâture aux troupeaux de touristes en provenance de Los Angeles, de San Francisco et de la Grande Vallée, tous contaminés par la fièvre acheteuse, et en quête d’une véritable émotion commerciale. Alors que Noël se profilait (plus que cinq jours à attendre), Pine Cove, véritable ville miniature de la côte californienne, où le nombre de galeries d’art supplantait celui des stations-service, et celui des officines de dégustation de vin le nombre de quincailleries, semblait aussi avenante qu’une Miss Beauté de comice agricole bourrée comme un coing. La fête de la Nativité arrivait, accompagnée cette année de l’Enfant roi, car l’une comme l’autre étaient grands, inévitables et miraculeux. À vrai dire, Pine Cove n’en espérait qu’un sur les deux.
Ce qui ne signifie pas que les habitants n’étaient pas pénétrés de l’esprit de Noël. Les deux semaines qui précédaient l’événement, ainsi que les deux semaines qui le suivaient, déversaient une sympathique avalanche sonnante et trébuchante dans les tiroirs-caisses de la ville, car depuis la fin de l’été les touristes se faisaient rares. Alors, chaque serveuse épousseta son bonnet de Père Noël, posa sur sa tête une paire de merrains de daim factices et s’assura d’avoir quatre stylos en état de marche dans la poche de son tablier. Les employés des hôtels se préparèrent à affronter le déferlement de réservations de dernière minute pendant que les femmes de ménage troquaient leurs habituels déodorants domestiques à la putride senteur de poudre pour bébés contre des bombes au parfum plus festif, mais plus putride encore, à l’odeur de sapin et de cannelle. À La Boutique de Pine Cove, sur la pile de sweaters ornés des affreux merrains de daim, on plaça un écriteau «Offre spéciale vacances» et on y inscrivit le prix… pour la dixième année consécutive.
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¤ Et le premier chapitre est disponible en lecture,  ici.

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