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COLIN Fabrice – Comme des fantômes

29/11/2013 16 commentaires

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Comme des fantomes Fabrice ColinTitre : Comme des fantômes,  histoires sauvées du feu
Auteur : Fabrice COLIN
Plaisir de lectureetoile 2 Livre à regrets .

“Comme des fantômes” est l’œuvre posthume de Fabrice Colin mort en 2005, à 33 ans. Sa mort n’a pas de panache, ses nouvelles n’ont pas trouvé preneur. La maison d’éditions décide alors de constituer L’œuvre qui aurait dû être celle de sa vie.

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Ce recueil post-mortem est très surprenant dans sa construction. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce projet éditorial est atypique. Si je connais l’auteur par ses romans, c’est la première fois que je lis ses nouvelles.

J’avoue avoir été découragée dans ma lecture ; et si le livre ne laisse pas indifférent, mon appréciation est en demi-teinte. J’ai trouvé que la qualité des nouvelles était inégale. J’ai surtout retenu “Anarstapi” avec un texte touchant où Alice en est le centre ; “Chez les vivants”, une nouvelle très immersive et m’a flanqué la boule au ventre et “Comme des fantômes” la nouvelle éponyme qui m’a paru très sympathique.

J’ai été plus sceptique sur les autres, même si Fabrice Colin surfe sur différents procédés et thématiques. On retrouve certains personnages mais sous une toute autre facette : Alice, le lapin blanc, Peter Pan et Dionysos. L’auteur rend hommage à d’autres auteurs, notamment Kenneth Grahame et son roman “Le vent dans les saules”.

L’aspect macabre suinte de ses nouvelles, la mort plane sur le recueil. Ce dernier est par ailleurs majoritairement de fantasy. L’atmosphère est dérangeante et j’ai trouvé parfois qu’il était question de surenchère.

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Les textes sont présentés chacun par un collaborateur sollicité. Les textes spoilent énormément les nouvelles qu’ils précèdent. La structure est lourde, chaque texte sans exception ayant son propre préambule. Les introductions racontent et content Colin sous les traits bien souvent d’un odieux personnage mais aimé. Les phrases sont quelques peu acerbes, toutefois elles dressent un portrait flatteur de l’auteur. J’ai eu l’impression que tous ces auteurs font la fête mais que le lecteur n’a pas reçu son invitation : il est bien obscur d’en apprécier la teneur.

Même si le procédé de ce recueil est singulier, l’exercice semble réussi. Clins d’œil et reprises jalonnent les récits même si parfois, je les ai étiquetés comme sans queue ni tête. Pour être tout à fait honnête, hormis les trois titres que j’ai cités, j’ai eu du mal à accrocher. Tout est une question ici de sensibilité et de goûts personnels de lecture (donc totalement subjectif). Pour faire la connaissance de Fabrice Colin, je conseillerai bien évidemment un de ses romans plutôt que ce recueil-ci.

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“Comme des fantômes” est un recueil plutôt troublant tant sur l’idée principale de sa construction que dans le choix des nouvelles. Si l’ouvrage n’a pas retenu mon attention, il saura sans doute charmer le public qui aime les procédés atypiques et les nouvelles proposant un certain degré de malaise.

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Dans le chaudron :
¤ A vos souhaits de Fabrice Colin
¤ La malédiction d’Old Haven de Fabrice Colin
¤ Les contes de la fée verte de Poppy Z. Brite
¤ Marches nocturnes de Franck Ferric
¤ Perles noires d’Adam Possamaï
¤ Ainsi naissent les fantômes de Lisa Tuttle

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logo Halloween 2013 Challenge je lis des nouvelles et des novellas JLNN

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Voici ma dernière entrée pour le challenge Halloween 2013 et une participation supplémentaire pour le challenge Je lis des nouvelles et des novellas.

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Bulle de livre (Snow), Efelle, Falaise lynnaenne (Lynnae), La Croisée des Chemins (Tesrahilde), Naufragés volontaires (Julien) ont aussi découvert que Fabrice Colin était mort.

CITRIQ

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PRATCHETT Terry – La mer et les petits poissons

23/11/2013 14 commentaires

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Legendes SilverbergTitre : La mer et les petits poissons
Auteur : Terry PRATCHETT
Plaisir de lectureetoile 5 Livre fantas… tique

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Le Comité des Jugements se décide à édicter des règles : elles en ont marre que Mémé Ciredutemps gagne tout le temps. Oui, mais c’est bien un peu normal, elle est quand même plus forte que toutes les autres sorcières réunies. Mais après une longue nuit de réflexion, Esmé a décidé… d’être gentille. Et ça fait peur, vraiment.

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Cette nouvelle écrite en 1998 s’avère être la plus longue de Pratchett. Il l’a écrite, et quinze jours après, Robert Silverberg le sollicitait pour le recueil « Légendes » qu’il orchestrait. Si elle n’avait pas été publiée, la nouvelle aurait sans doute servi à la trame d’un nouveau roman des Annales du Disque-Monde. Cette fois-ci, c’est Patrick Marcel qui a effectué la traduction. On le connaît aussi pour son excellent travail sur « De bons présages » de Neil Gaiman & Terry Pratchett.

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Au même titre que celles présentes dans le recueil, cette nouvelle d’une cinquantaine de pages est une bonne idée pour faire un premier pas dans l’univers fantasyien de Pratchett. Mais c’est vrai qu’elle ravira aussi les fans qui connaissent la galerie des personnages du Disque-Monde.
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Il y a plusieurs sous-cycles à cette série et j’avoue que les Sorcières ont toute ma préférence, mais elles sont talonnées de très près par la Mort (of course). C’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé Pratchett (je ne l’avais pas quitté depuis longtemps puisque je venais de relire « De bons présages » justement) mais quel bonheur de se marrer à tous les paragraphes. L’humour est omniprésent et l’imagination du Monsieur, débordante.

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« Maitresse » Mémé Ciredutemps a décidé de ne plus être « une grincheuse en permanence ». Et si Nounou Ogg et elle utilisent le mot « sympathique » pour qualifier ce qu’elles pensent des comportements des autres ; Esmé décide directement de l’appliquer à sa personne. Franchement, voir cette sorcière sympathique, cela fout un peu les jetons. Et ça fonctionne vachement bien à la lecture : on se marre. Les jugements sont un concours entre sorcières – 19 cette année, après l’annonce de la non-participation de Mémé – qui commencent par l’épreuve des Malédictions contre Charlie la Poisse, puis le prix de la Sorcière au Chapeau le Plus Pointu, pour continuer sur le dressage de balai et finir par la plus importante, celle du Tour (le sort qu’elles ont perfectionné tout l’été durant).

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« La mer et les petits poissons » est une nouvelle parfaite pour découvrir l’univers du Disque-Monde ; et elle ravira également les fans des Sorcières. Découvrez Mémé Ciredutemps comme vous ne l’avez jamais vue : gentille ! Grâce à sa plume légendaire, nous dévorons en gloussant, cette petite aventure.

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Vouloir relever des citations sur cette nouvelle, c’est presque la reporter dans son entièreté. Alors je me limite à celles-ci :

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La mer et les petits poissons Pratchett extraits

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Dans le chaudron :
¤ Les Annales du Disque-Monde
¤ Libellule d’Ursula K. Le Guin (une autre nouvelle du recueil Légendes)

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Challenge je lis des nouvelles et des novellas JLNNlogo Halloween 2013.
Voici une entrée pour le challenge « Je lis des nouvelles et des novellas » de Lune mais aussi une pour le challenge Halloween. Certes, le livre ne fait pas peur, mais Mémé Ciredutemps gentille, si !

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Les carnets de Radicale, Un papillon dans la Lune ont aussi découvert cette nouvelle dans un recueil de Pratchett.

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LE GUIN Ursula K. – Libellule

07/11/2013 10 commentaires

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Libellule Ursula Le GuinTitre : Libellule
Auteur : Ursula K. LE GUIN
Plaisir de lectureetoile 4 Livre à découvrir

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Ivoire arrive chez Rose où Libellule vit encore. Il souhaite la séduire et pour ce faire, il lui fait miroiter l’enseignement qu’il a reçu pour devenir mage. Le seul hic réside dans le fait que les neuf maitres n’acceptent pas les femmes. Ivoire lui proposera alors de la transformer pour qu’elle puisse y obtenir son admission ; ils partent tous deux pour Roke. Ce que Libellule ignore, c’est qu’Ivoire veut surtout se jouer de ses anciens maitres. 

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Résumer une nouvelle est un exercice encore plus périlleux que pour un roman.

Libellule est une nouvelle rattachée à l’univers de Terremer d’Ursula Le Guin. Pour ma part, je l’ai pioché dans le recueil « Légendes » orchestré par Robert Silverberg. Contrairement aux autres recueils, il vaut mieux pour la majorité des nouvelles, avoir réalisé une petite incursion dans le monde concerné sinon on risque un peu de se noyer. Libellule est l’un des contes de Terremer.

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LibelluleMa première rencontre avec l’auteure, c’était à la lecture de « Le sorcier de Terremer », le premier tome de Terremer ; son cycle majeur. D’ailleurs, c’était le livre sélectionné pour la première lecture commune du forum Le Cercle d’Atuan. Mon impression était tiède, j’avais aimé l’univers mais j’avais trouvé les personnages trop manichéens, les événements trop rapides. J’avais eu beaucoup de mal à m’y attacher.
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Quand j’ai lu Libellule, j’ai de suite été scotchée avec la possibilité de visiter une école. A y réfléchir, je crois que j’aime particulièrement les parcours initiatiques, le temps de l’apprentissage est mon instant préféré (Harry Potter de J.K. Rowling, Chronique du Tueur de Roi de Patrick Rothfuss, L’ange de la mort de Brent Weeks). En relisant ma chronique sur « Le sorcier de Terremer », j’ai souri car c’était déjà à l’époque l’un des points que je regrettais avec ce tome.
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Et pourtant ! Et oui, relire cette nouvelle m’a presque donné envie de recommencer, de donner une seconde chance à ce cycle. Je n’ai rien à redire à la plume de Le Guin, simple et efficace. Elle a ménagé le suspense en 80 pages, suffisamment pour la lire d’une traite car je voulais savoir. Libellule n’est pas son vrai nom et elle va part à la recherche de sa véritable identité. La magie n’est pas à base de sorts élémentaires à apprendre dans les livres mais bien sur la connaissance du véritable nom des objets et la maitrise des éléments.

J’avoue être assez déconcertée par la fin de cette nouvelle, mais je vous laisse seul juge.

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« Libellule » est une nouvelle un peu déconcertante si on la lit en guise d’introduction au  cycle d’Ursula Le Guin. Toutefois, ces quatre-vingt pages donnent le ton, tant sur la qualité du récit que sur le fait d’attiser le lecteur. Cette nouvelle est donc un préambule on ne peut mieux écrit pour Terremer.
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Dans le chaudron :
¤ Le sorcier de Terremer, tome 1

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Souvenir de lecture :
¤ J’ai reçu ce livre lors de ma dernière année d’étude pour le jeu « Santa Claus » : chaque nom d’étudiant était inscrit sur un bout de papier et on tirait au sort la personne à qui nous allions offrir un cadeau. C’est un de mes amis qui a tiré mon nom. A l’époque, il avait d’ailleurs coché sur le sommaire tous les œuvres qu’il pourrait me prêter.
¤ Ce livre est un rescapé de mon incendie, il est donc la tranche sale (de restes de suie) et il a une odeur particulière.
¤ J’ai déjà lu mais non chroniqué l’épée-lige et le chevalier errant qui se trouvent dans ce recueil et que j’ai lu en compagnie des atuaniens.

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Challenge je lis des nouvelles et des novellas JLNN

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Ce billet est une participation pour le challenge je lis des nouvelles et des novellas.

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Pic : Libellule par HopelessBeliever.
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Gudule – Dancing Lolita

21/10/2013 20 commentaires

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Dancing Lolita GuduleTitre : Dancing Lolita
Auteur : Gudule
Plaisir de lectureetoile 4 Livre à découvrir

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Mina, jeune fille fuit sa vie, Abel Feval, la soixantaine, tente de la retracer. Ces deux-là ont des objectifs différents mais trouveront sans doute en l’autre, la spontanéité et une confiance sans égale. Concept plutôt rare en 2036 où le troisième âge use et abuse du Juvénal, cette fameuse cure médicamenteuse qui fait rajeunir. Validée par les pouvoirs étatiques, ce traitement permettrait de combattre la pédophilie, entre autres.

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Quand Jodelle Foster, nonagénaire décède au Dancing Lolita, Abel Feval, écrivain de profession se demande s’il s’agissait de l’identité empruntée de sa mère. De son côté Mina fugue car elle veut échapper aux dégâts causés par son beau-père en retrouvant sa grand-mère dans le Tarn.

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Cette fameuse cure, le Juvénal est fortement prisée par le troisième âge car il peut donner une apparence adolescente voire plus jeune encore. Cette régression a un prix. Très vite, apparaissent sur le marché des médicaments similaires mais dont les ratés sont nombreux. Appelés Juva, les consommateurs permettraient ainsi de contrôler la pédophilie en vendant de la libido. Ici, Gudule nous propose vers les enjeux de ce régime et des dérives possibles.

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On pourrait presque parler de roman d’anticipation pour le côté futuriste, mais il s’agit de Science-Fiction : Anne Duguël nous entraine dans une période proche de la nôtre et dans le même univers, semble-t-il. L’auteur ne va pas par quatre chemins sur la façon de nous présenter ses idées. Bien qu’intelligemment écrit, cette novella est quelque peu dérangeante, notamment sur l’intrigue. Novella assaisonnée d’humour noir voire teintée d’horreur, la chute n’en est que plus sombre.

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Dancing Lolita extrait

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Souvenir de lecture : Le fond de cour des Vertes Années.

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Dans le chaudron :
¤ Le chat noir et autres nouvelles de E.A. Poe

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Challenge je lis des nouvelles et des novellas JLNNlogo Halloween 2013Cette chronique est une participation au Challenge Halloween ainsi qu’à celui de Je lis des nouvelles et des novellas.
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FAZI Mélanie – Miroir de porcelaine

23/09/2013 17 commentaires

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Miroir de porcelaine Melanie FaziTitre : Miroir de porcelaine
Auteur : Mélanie FAZI
Plaisir de lectureetoile 4 Nouvelle à découvrir

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Iris sort d’une période « d’hibernation » et se fait violence pour sortir de l’état léthargique dans lequel elle se trouve. Elle veut répéter son numéro qui consiste à animer deux automates en même temps tout en les rendants indépendants l’un de l’autre. Mais l’exercice n’est pas si facile quand corps et esprit humains ne veulent pas aller dans la même direction.

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Voladia et Saskia sont les deux automates d’Iris. Ce sont des squelettes « bois, métal, tissu rembourré, structure sans fioritures » qui ne prennent vie que lorsqu’on leur enfile leur costume. Leur description est soignée : pièces de vêtement, coups de pinceau pour le visage, matières des tissus et couleurs. La douceur d’une plume, la rondeur d’un sein, le creux d’un nombril sont chez ces automates le manque à créer ; une certaine volupté. C’est pourquoi ces pantins de porcelaine effectuent des chorégraphies : dans la danse, on y retrouve beaucoup de sensualité.

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Mais ça sonne faux. Ma voix est émaillée de minuscules fêlures.

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La nouvelle est particulièrement bien écrite car l’auteur a la faculté de faire pénétrer le lecteur dans l’univers, et ce, dès les premiers mots. On s’attache à Iris au premier paragraphe. Les jeux de flashbacks s’investissent tant pour le rythme que pour la compréhension de la scène. On veut voir Iris s’animer pour sa passion et l’on ressent immédiatement sa détresse. La solitude de la protagoniste pèse lourd ; la volupté est transposée aux pantins.

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Miroir de porcelaine extrait 01

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La belle écriture suscite au mieux nos émotions. Le récit est bien mené, plein de poésie mais doux amer également. Un malaise s’installe au fur et à mesure de notre lecture. La dualité déchire la nouvelle : les automates beaux et froids à la fois, la colère et l’immense tristesse d’Iris, Saskia et Voladia qui se veulent jumeaux et que finalement sont bien différents. Lire cette nouvelle, c’est un peu comme si on venait de regarder un instant de vie à travers une fenêtre, comme un spectateur silencieux et s’en aller à petits pas.

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Miroir de porcelaine extrait 02

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J’avais déjà découvert la plume de Mélanie Fazi au travers de deux ses recueils : Serpentine et Notre-Dame-des-Écailles (ainsi que sa parfaite traduction du recueil « Ainsi naissent les fantômes » de Lisa Tuttle). L’auteur possède la grande force de faire pénétrer le lecteur dans chaque univers, et bien souvent juste le temps d’une nouvelle. « Miroir de porcelaine » a reçu le prix Masterton 2010 et est parue originellement dans « 69, anthologie érotique » anthologie qui proposent des textes d’érotisme & de littérature de l’imaginaire. J’ai reçu la nouvelle grâce au partenariat des éditions ActuSF avec le challenge Je lis des nouvelles et des novellas de Lune.

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Miroir de porcelaine est une nouvelle courte mais prenante. Le temps d’une parenthèse, Mélanie Fazi nous emmène aux côtés d’Iris. Malgré sa solitude, deux automates partagent et sa vie et les planches : Voladia et Saskia. Mais dans le tempo de cette nouvelle danse, une apocope s’immisce définitivement. L’auteur nous propose une écriture soignée pour une histoire au court format qui fonctionne.

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Souvenir de lecture : la description des automates.
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Dans le chaudron :
¤ Notre-Dame-des-Écailles
¤ Serpentine

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My summer of (SFFF) love Challenge je lis des nouvelles et des novellas JLNNVoici donc ma dernière entrée pour le challenge My summer of (SFFF) love pour ce trio un peu particulier où l’entité la plus vivante ne s’avère pas forcément l’être humain ; et aussi pour le challenge Je lis des nouvelles et des novellas.

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La biblioblog de Maêlle, Les histoires de Lullaby ont aussi touché la porcelaine de ces automates.

CITRIQ

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TUTTLE Lisa – Ainsi naissent les fantômes

22/03/2013 16 commentaires

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Ainsi naissent les fantomes Lisa TuttleTitre : Ainsi naissent les fantômes
Auteur : Lisa TUTTLE
Plaisir de lectureetoile 5 Livre fantas… tique

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Le recueil se compose de six nouvelles ainsi que d’un entretien – qui se révèle d’ailleurs fort plaisant puisque nous avons l’impression de lire des réponses formulées à l’instant. Ce recueil a été préparé et traduit par Mélanie Fazi, qui en plus d’être une novelliste hors pair est une grande admiratrice de Lisa Tuttle. Il regroupe des nouvelles écrites entre 1984 et 2007 ; l’œuvre est cohérente aussi bien dans l’écriture que dans les thématiques. La préface de Mélanie Fazi est assez éloquente. Le livre contemporain tire aussi un pan de sa qualité grâce à une traduction remarquable. .

En plus de chroniques plus que positives, c’est Lune qui m’a fortement conseillé d’acquérir ce livre ; et elle a eu raison. Quand on connait ma frilosité concernant le format nouvelle, on sait que lorsque je conseille à mon tour la découverte de ce recueil (même si on n’aime pas le format nouvelle, justement) ; on peut dire que c’est avec un certain poids.

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)°º•. L’harmonie est de mise concernant les thèmes : l’amour y prend beaucoup de place, la maternité-grossesse et aussi la maltraitance sous plusieurs définitions. Les figures féminines sont majoritaires bien qu’il ne s’agisse pas d’une ode. Elles sont pour la plupart narratrices, et les récits racontés à la première personne du singulier. .

Les histoires sont assez dures dans leur ensemble. La lecture est souvent glaçante, parfois perturbante. L’inquiétude nait des comportements des personnages plutôt que de la situation dans laquelle ils se retrouvent. L’auteur joue avec les sentiments : peur, colère, espoir et effroi. Soyons précis : les nouvelles finissent souvent mal, avec un dénouement particulièrement horrifique parfois. Lisa Tuttle ne laisse pas insensible, les textes font écho à nos propres obsessions ou peurs. Les monstres intérieurs sont évidemment mis en scène. J’ai été parfois assez horrifiée mais de manière plus contenue qu’à la lecture des Contes de la fée verte de Poppy Z.Brite. Ils ne jouent pas sur le même tableau, Lisa Tuttle reste plus ancrée dans la réalité.

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Ainsi naissent les fantomes couverture

clic

)°º•. L’auteur possède l’art et la manière de nous focaliser sur un détail qui n’aura pas finalement pas tant d’importance : la (mauvaise) surprise vient d’ailleurs. Elle nous propose des retournements psychologiques dans la plupart des cas. La maitrise de cet « entre-deux » entre réalité et fiction est épatante : l’élément fantastique est amené de bien des manières. La construction est exemplaire avec la place des non-dits, les sous-entendus. On y découvre beaucoup de finesse, aucune exagération et « pire » : c’est comme si on assistait aux scènes de nos propres yeux. .

La place des mots décrivent des ambiances millimétrées dans leur réalisme. Les mots glissent, c’est un sans faute. Nouvelliste est un métier : Lisa Tuttle n’a plus à le démontrer ; je n’ai ressenti aucune frustration à la lecture de ce recueil. Ce qui arrive bien souvent quand je me penche sur les nouvelles. .

Définitivement, toutes les nouvelles laissent à réfléchir, elles se savourent (mon rythme a été une ou deux nouvelles maximum par jour). Évitez d’attraper le recueil à la tombée de la nuit, c’est plutôt affolant. Ma préférée est sans doute ‘Le remède’ quoique ‘Rêves captifs’ m’a demandé de poser le livre un instant et était une promesse tacite et particulière de la suite du recueil.

Sur le fond comme sur la forme, le livre est de bonne facture. En sus du papier épais, la couverture à rabat propose une magnifique illustration de Stéphane Perger. . .

Quelques mots concernant la nouvelle « Le vieux M.Boudreaux » : j’ai été charmée dès les premiers mots par la qualité de la plume de Lisa Tuttle. Tout est extrêmement bien agencé, rien ne dépasse et c’est avec une certaine avidité que je l’ai dévorée (la nouvelle, pas Tuttle). Elle laisse matière à réfléchir et a définitivement conquis mon cœur pour acquérir ce recueil.

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« Ainsi naissent les fantômes » est un livre de bonne facture, tant pour le livre-objet que pour le contenu. Par une plume remarquable et une traduction magistrale, vous saurez surpris par les retournements majeurs des nouvelles. L’effroi nait de leur lecture, et la réflexion de par les problématiques. On se laisse très facilement envouter et chaque nouvelle appelle à la découverte de la suivante, malgré ce frisson glacé pointant entre les omoplates.

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)°º•. Biographie Lisa Tuttle, née en 1952, est un écrivain américain vivant maintenant en Ecosse. Elle a 10 romans et une centaine de nouvelles à son actif. Avec « Ainsi naissent les fantômes », elle remporte le grand prix de l’imaginaire 2012 dans la catégorie ‘nouvelle étrangère’. Vous pouvez découvrir son écriture avec une nouvelle gratuite « Le vieux M. Boudreaux », à télécharger ici. .

Au sommaire : ¤ Rêves captifs ¤ L’heure en plus ¤ Le remède ¤ Ma pathologie ¤ Mezzo-tinto ¤ La fiancée du dragon ¤ Entretien

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Souvenir de lecture : Et quand j’eus un peu d’espoir, il fut brisé si vite.

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Dans le chaudron :
Recueils noirs
¤ Les chambres inquiètes de Lisa Tuttle
¤ Les contes de la fée verte de Poppy Z. Brite
¤ Perles noires d’Adam Possamaï

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Clair obscur (Endea), Lectures trollesques (PtiteTrolle), Le dragon galactique (Tigger Lilly), Les lectures d’Efelle, Les lectures de Xapur, Les singes de l’espace (Gaëtan), Mes imaginaires (SBM), Nevertwhere (Vert), Quoi de neuf sur ma pile ? (Gromovar), Reflets de mes lectures (Cédric Jeanneret), RSFblog (Lhisbei), Un papillon dans la lune ont ressenti aussi cette peur filtrer des lignes.

CITRIQ

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Challenge je lis des nouvelles et des novellas JLNN Logo Lecture EquitableCe recueil est aussi une entrée pour le challenge « Je lis des nouvelles et des novellas ». Il est également une lecture équitable. Dystopia est une association loi 1901, créée en mai 2009 par Tallis (Librairie Charybde, président), Clément Bourgoin (Librairie Ys, secrétaire) et Xavier Vernet (Librairie Scylla, trésorier).

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Pic : Portrait de Lisa Tuttle par Mélanie Fazi.

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ILLIANO Rozenn – Le Rêve du Prunellier

18/01/2013 6 commentaires

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Le reve du Prunellier Rozenn IllianoTitre : Le Rêve du Prunellier
Auteur : Rozenn ILLIANO
Plaisir de lectureetoile 4 Livre à découvrir

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Au cœur de l’Hiver, Rozenn vous invite à entrer dans son univers fantastique. Au sein de ce recueil, huit nouvelles se partagent les pages, parfois les impressions ou même les personnages. Toutes ont en commun cette tournure poétique ô combien subjuguante.

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Dès les premières lignes, on ressent la mécanique bien huilée : le positionnement précis des virgules, comme les motifs d’une dentelle parfaite et puis la construction des phrases qui vous emmène tels les différents mouvements du vent. J’y ai retrouvé la même rigueur que chez Estelle Valls de Gomis, où la mesure est battue avec la même minutie qu’un métronome.

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Le reve du prunellier.

Nous entrons dans l’univers de Rozenn, qu’on connait par ses bijoux, ses illustrations mais aussi ses goûts et passions. Il est transposé maintenant en mots ; comme l’ultime vecteur complémentaire de ses arts. Si les textes prennent aussi bien c’est que le recueil est un rappel à nos propres souvenirs et sensations : Rozenn réalise la prouesse de faire de ses récits, un peu ceux des lecteurs.

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On y croisera souvent des personnages aux yeux sombres, quelques fois atypiques (violets), à la chevelure ébène, parfois longue et à la peau diaphane. La présence des corneilles est indéniable, celle de la Reine des glaces très attendue. On se demande parfois si on n’entrevoit par Rozenn elle-même dans les nouvelles ; Lilith, pour sûr.  La plus agréable sensation lors de ma lecture est la découverte que je qualifie de « visuelle » des écrits. Lorsque je l’ai lu le tout premier passage concernant Silence, derrière ma rétine s’est immédiatement imprimée l’illustration de Rozenn. C’est bluffant, d’autant plus que les artistes à écrire & à illustrer sont assez rares. Parfois étrange, souvent onirique (ou peut-être que…), le tout est saupoudré délicatement de féerie.

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Pour vous laisser le loisir de la surprise, je dirai que mes préférées restent « La forêt d’Adria » car elle conte un petit vieux au nom de Cornelius (j’aime ce prénom), qu’il y la présence de Titania et d’Obéron, que ce conte se révèle très beau au vu de la force de la Nature. Et sans aucun doute parce que je l’ai lu, chauffée par les rayons du soleil, assise dans un parc, face à une fontaine (ça joue). « D’Hiver et d’Ombres » m’a beaucoup plu car j’aime les personnages qu’elle renferme et parce qu’on découvre l’identité de ceux qui ont été attaqués par les Ombres.

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Le recueil présente huit nouvelles, huit récits qui se révèlent être une pièce additionnelle à la créativité de Rozenn. Marchez sur un tapis de neige pour partir à la rencontre de Layla, découvrir le royaume de la Reine des glaces… mais méfiez-vous des Ombres. Par une plume délicate, Rozenn nous offre avec simplicité et tout l’enchantement possible, une partie de son souffle.

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RozennNée en 1985, Rozenn est une artiste française touche-à-tout. Sa motivation l’entraine à s’essayer à différents arts, avec réussite. Elle est également la tenancière émérite de Unseelie.fr.

Son site, son blog.

Pour tout savoir de « Le rêve du Prunellie», c’est par ici.
La sortie numérique de recueil est pour le 19 janvier (et si vous lisez le recueil, vous saurez que cette date n’est pas anodine). Cette version ne bénéficie pas des illustrations, contrairement à la version papier accompagné d’un carnet d’illustrations qui verra le jour en février. Vous pouvez découvrir gratuitement la nouvelle « Poe » chez Rozenn et y découvrir les illustrations aussi.

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Dans le chaudron :

¤ Le chat qui avait peur des ombres de Rozenn & Xavier Collette,
¤ Brume d’Estelle Valls de Gomis.

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Souvenir de lecture : Ah, Silence !

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Autour du livre (Agathe K.), Bulle de livre (Snow), La Prophétie des ânes (Cornwall), Un papillon dans la Lune ont aussi attrapé quelques flocons.

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Logo Lecture EquitableChallenge je lis des nouvelles et des novellas JLNNHo, une petite entrée pour le challenge JLNN !
Le recueil étant auto-publié, on espère que Rozenn soit aussi reconnue-appréciée au niveau des maisons d’éditions et on la soutient en mode ‘Lecture équitable‘.

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Pic : The lantern par Rozenn.

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