FAZI Mélanie – Miroir de porcelaine
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Titre : Miroir de porcelaine
Auteur : Mélanie FAZI
Plaisir de lecture : Nouvelle à découvrir
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Iris sort d’une période « d’hibernation » et se fait violence pour sortir de l’état léthargique dans lequel elle se trouve. Elle veut répéter son numéro qui consiste à animer deux automates en même temps tout en les rendants indépendants l’un de l’autre. Mais l’exercice n’est pas si facile quand corps et esprit humains ne veulent pas aller dans la même direction.
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Voladia et Saskia sont les deux automates d’Iris. Ce sont des squelettes « bois, métal, tissu rembourré, structure sans fioritures » qui ne prennent vie que lorsqu’on leur enfile leur costume. Leur description est soignée : pièces de vêtement, coups de pinceau pour le visage, matières des tissus et couleurs. La douceur d’une plume, la rondeur d’un sein, le creux d’un nombril sont chez ces automates le manque à créer ; une certaine volupté. C’est pourquoi ces pantins de porcelaine effectuent des chorégraphies : dans la danse, on y retrouve beaucoup de sensualité.
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Mais ça sonne faux. Ma voix est émaillée de minuscules fêlures.
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La nouvelle est particulièrement bien écrite car l’auteur a la faculté de faire pénétrer le lecteur dans l’univers, et ce, dès les premiers mots. On s’attache à Iris au premier paragraphe. Les jeux de flashbacks s’investissent tant pour le rythme que pour la compréhension de la scène. On veut voir Iris s’animer pour sa passion et l’on ressent immédiatement sa détresse. La solitude de la protagoniste pèse lourd ; la volupté est transposée aux pantins.
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La belle écriture suscite au mieux nos émotions. Le récit est bien mené, plein de poésie mais doux amer également. Un malaise s’installe au fur et à mesure de notre lecture. La dualité déchire la nouvelle : les automates beaux et froids à la fois, la colère et l’immense tristesse d’Iris, Saskia et Voladia qui se veulent jumeaux et que finalement sont bien différents. Lire cette nouvelle, c’est un peu comme si on venait de regarder un instant de vie à travers une fenêtre, comme un spectateur silencieux et s’en aller à petits pas.
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J’avais déjà découvert la plume de Mélanie Fazi au travers de deux ses recueils : Serpentine et Notre-Dame-des-Écailles (ainsi que sa parfaite traduction du recueil « Ainsi naissent les fantômes » de Lisa Tuttle). L’auteur possède la grande force de faire pénétrer le lecteur dans chaque univers, et bien souvent juste le temps d’une nouvelle. « Miroir de porcelaine » a reçu le prix Masterton 2010 et est parue originellement dans « 69, anthologie érotique » anthologie qui proposent des textes d’érotisme & de littérature de l’imaginaire. J’ai reçu la nouvelle grâce au partenariat des éditions ActuSF avec le challenge Je lis des nouvelles et des novellas de Lune.
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Miroir de porcelaine est une nouvelle courte mais prenante. Le temps d’une parenthèse, Mélanie Fazi nous emmène aux côtés d’Iris. Malgré sa solitude, deux automates partagent et sa vie et les planches : Voladia et Saskia. Mais dans le tempo de cette nouvelle danse, une apocope s’immisce définitivement. L’auteur nous propose une écriture soignée pour une histoire au court format qui fonctionne.
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Souvenir de lecture : la description des automates.
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Dans le chaudron :
¤ Notre-Dame-des-Écailles
¤ Serpentine
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Voici donc ma dernière entrée pour le challenge My summer of (SFFF) love pour ce trio un peu particulier où l’entité la plus vivante ne s’avère pas forcément l’être humain ; et aussi pour le challenge Je lis des nouvelles et des novellas.
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La biblioblog de Maêlle, Les histoires de Lullaby ont aussi touché la porcelaine de ces automates.
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