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Articles taggués ‘apocalypse’

COUPLAND Douglas – Joueur_1

04/11/2011 18 commentaires

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Titre : Joueur_1
Auteur : Douglas COUPLAND
Plaisir de lecture Livre à découvrir

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Dans un des bars de l’aéroport de Toronto, nous suivons un bout de vie de Karen qui vient de parcourir des milliers de kilomètres pour rencontrer un RDV internet ; de Luke, un pasteur peu tranquille d’esprit ; de Rachel, plante sulfureuse au grain de sable ; Rick le barman au bord du chemin. Aucun d’entre eux ne pensaient partager cette tranche de vie avec les autres clients du bar jusqu’au moment où le pétrole explose atteignant en quelques minutes 900$ le baril… et ce n’est que le début.

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)°º•. Les personnages sont tous différents et tous timbrés à leur façon. Ce melting pot crée un décalage qui profite à l’histoire. L’interaction entre les personnages est la clef de voûte du roman : les protagonistes sont très peu décrits physiquement, ils n’existent aux yeux du lecteur que par leurs sentiments et leur humanité.
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Rick est le serveur de ce bar et il attend… le messie – Leslie Freemont, célèbre auteur de séminaires pour le développement personnel – . Ce qui n’est pas du tout le cas de Luke, pasteur de son état, en cavale avec la caisse de sa paroisse sous le bras. Karen, toute fraichement dans la quarantaine croit au prince charmant et est venue retrouver un RDV on Web, le fameux Warren. Rachel quant à elle, cherche aussi le mâle reproducteur parfait : cette beauté fatale cherche à construire une vie familiale pour montrer au moins à ses parents, que oui, elle est normale. Il y a également une voix off mystérieuse et omnisciente.
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Ce livre se base sur un huis clos : la narration change régulièrement de points de vue. Chaque personnage devient le capitaine d’un ou plusieurs paragraphes. Certains événements sont passés en boucle, vus par les yeux de plusieurs personnages sans la moindre lassitude mais au contraire, en entraînant un comique de situation. On bénéficie des pensées de chaque personnage, qui nous permettra davantage de les connaitre et… de les trouver encore plus loufoques.

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)°º•. L’histoire nous fait vivre l’apocalypse en direct live. Et nous, que ferions-nous à leur place ?
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Les personnages croisent leur destin sur quelques heures, alors qu’ils étaient venus dans ce bar anonyme – et peu glauque – d’aéroport pour y trouver un peu de normalité, en tout tranquillité, aussi. On y parle alors de tout, ou presque : de religion, du temps, de la connaissance de soi, de l’autre. Mais les points de vue pris individuellement font un peu froid dans le dos même si on ne se retrouve pas perdu dans la contemplation de leur déballage de vie.

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)°º•. En 250 pages, Coupland fait au plus court : pas de décor, pas d’explications au contexte apocalyptique : il se focalise sur les personnages et leurs réactions. L’absence de description apporte davantage de vie au roman. L’écriture simple maximise alors le plus important.
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L’histoire qui part en cacahuète est appréciable ; Il nous présente un petit théâtre de fin du monde grâce à des tranches de vie, des moments pris sur le vif sans oublier une bonne dose d’humour. Le monologue intérieur des personnages et les dialogues donnent un rythme particulier. Cette courte comédie dramatique permet de poser le cerveau et de passer un bon moment.
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Coupland offre de très bonnes petites trouvailles comme la pilule du 10 septembre : en la prenant, l’individu aura l’impression que le 11 septembre n’aura jamais eu lieu. On se frotte inévitablement à quelques phrases d’envolées philosophiques, on a aussi le droit à des phrases chocs – et qui pourraient être en passe de devenir cultes. Les perspectives délivrées par l’auteur sont sympathiques, intéressantes mais il manque considérablement ce petit plus qui saura nous faire véritablement chavirer.

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Petit bonus, le lexique de fin de livre est tout simplement excellent ! Je ne peux que vous faire partager un court extrait :

Repos fictionnel

Incapacité de nombreuses personnes à s’endormir sans avoir lu ne serait-ce que quelques pages de fiction. Bien que la routine joue un rôle important au moment de s’endormir, lire au lit permet à la voix intérieure d’une autre personne de venir s’emparer de notre voix propre, ce qui permet de préparer notre cerveau pour les cycles de sommeil en le relaxant et en le lubrifiant. Il y a un piège, toutefois : il faut éviter de terminer la lecture d’un livre avant de tomber endormi puisque cela fait inexplicablement tourner le cerveau à vivre allure durant des heures.

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)°º•. Biographie
Douglas Coupland né en 1961 est un écrivain canadien. Il est surtout connu pour la popularisation de l’expression « génération X » grâce à son premier roman du même titre. Ses nombreux fans sont essentiellement issus de ses nombreux travaux en arts visuels. Son site.

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Souvenir de lecture : Note : en cas d’apocalypse, pense à parler du temps.

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Blabbermouth Diary (Sophie and the sead of stories), Quoi de neuf sur ma pile ? (Gromovar), Tout à Fée… Bourbonnaise, Valeriane & Books, ont aussi vécu ces cinq heures d’apocalypse.

CITRIQ

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Ce livre est voyageur !

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Et hop, une petite participation pour le challenge « Fins du monde« .

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Cette lecture a été réalisée en partenariat avec Babelio et les éditions Au diable vauvert.

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Pics : Couverture VO « PlayerOne »

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STROUGATSKI Arkadi & Boris – Stalker, pique-nique au bord du chemin

23/10/2011 31 commentaires

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Titre : Stalker, pique-nique au bord du chemin
Auteurs : Arkadi & Boris STROUGASKI
Plaisir de lecture Livre sympa peu s’en faut

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Des visiteurs sont venus, ont vu et surtout sont repartis sans prendre contact avec les humains. De leur excursion, ils ne laisseront que des objets variés répartis sur six zones différentes du globe terrestre. Les stalkers viennent piller ces artéfacts à leurs risques et périls car les secteurs sont hautement dangereux, pour un commerce bien particulier.

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)°º•. Les stalkers sont “ceux de l’impossible”, ce sont ces hommes qui rentrent dans la zone pour récupérer ces objets détritus laissés par les visiteurs afin de les revendre au marché noir ou au ministère militaire. Par extension, les “stalkers” désignent ceux qui entraient dans la zone contaminée de Tchernobyl en 1986 pour aller éteindre le réacteur, mais là, il ne s’agissait pas d’une fiction.
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Tout au long de ce livre, nous suivrons Redrick Shouhart dans la zone de Harmont. D’abord laborantin, il sert très vie de guide dans la zone. C’est d’ailleurs à travers ses yeux qu’on la découvre pour la première fois. Par la suite, la contrebande s’agrandira notamment avec le Charognard, un vétéran chez les Stalkers. Le mouvement appelé le Stalkerisme touche toute la population : que ce soit par contrainte de ramener de l’oseille à la maison, par vie de famille (ces femmes et ces enfants) ou par enjeux stratégiques et politiques. On comprend alors que le rôle de Stalker est très destructeur et que ces hommes sont l’ombre d’eux-mêmes. D’autres personnages feront également leur apparition Kirill, Cirage et Richard Nounane ; figures indispensables de l’environnement de Redrick, du fonctionnement des Stalkers et de la vie autour de cette Zone.
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Il va sans dire que ce non-contact avec les extraterrestres, totalement absents du roman a largement contribué à l’ambiance de l’histoire, pour ma lecture. On ne sait rien ; pas plus, pas moins.

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)°º•. Les six Zones, traces de la visite de ces entités extraterrestres, sont interdites : pièges et maladies sont au rendez-vous et le danger guette à chaque pas. Néfastes, elles semblent évoluer au cours du temps.
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La tension est plus que palpable quand on arrive sur les passages du roman concernant l’exploration de la zone de Harmont. L’inspection est exprimée sans filtre. Cette foutue zone qui fait peur à tout le monde pique la curiosité. Elle dépasse l’entendement de tout le monde, même des stalkers. C’est sans aucun doute l’élément le plus brut de l’histoire. On sent le secret, on se demande ce que renferme ce territoire et notamment ce qu’est la gelée de Sorcière. Ce n’est d’ailleurs pas le seul artéfact dont nous entendrons parler : zinzines, argile gazeuse, éclaboussures noires et creuses. C’est sur ce dernier objet que je me suis longuement attardée relisant avidement le texte pour le visualiser, et voir à quoi il pouvait servir.
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L’univers est donné au compte-goutte par les frères Strougatski et à la fin du livre j’avais envie de rester explorer encore la zone en compagnie de Red. Sur fond d’exploration de zone supra dangereuse, les auteurs nous enverront sur les thèmes de la condition humaine et de l’autodestruction.

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)°º•. Texte majeur en Science-Fiction, “Stalker” est paru en 1972 d’abord clandestinement. Cependant, il a bien vieilli et même s’il n’y a pas de rapport, on ne peut que le rapprocher de la catastrophe de Tchernobyl en 1986. Il a alors une influence totalement considérable dans l’imaginaire populaire des pays de l’est.
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Ce court roman – d’environ 200 pages – bénéficie d’une très bonne traduction lorsque l’on sait que la structure des phrases de la langue russe est complexe et que la façon de penser intervient aussi dans l’écriture. Le langage châtié est bien retranscrit alors que le ton caustique, un peu claquant plaira aux lecteurs. L’écriture est un peu morcelée, nerveuse et percutante. Le roman demeure âpre, noire, pessimiste… mais aussi fascinant.
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Ce récit se compose de quatre chapitres, tous étant des nouvelles qui intègrent une ellipse entre chaque ; il n’y a pas réellement de fil conducteur. Le premier chapitre écrit à la première personne nous plonge illico dans cette aventure : on est happé. Le fatalisme et le désabusement transparaissent de manière flagrante entre ces lignes.
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L’histoire propose une forte dose d’intensité sur les passages de l’exploration de la zone, un peu moins sur le reste. Il se termine cependant relativement brutalement. Beaucoup de questions naissent sans qu’on n’y trouve quelle que réponse que ce soit. Le roman reposerait alors sur un concept peu connu – du moins par moi – par lequel l’ignorance permettrait aux russes de pallier la superficialité de la vie humaine (rien que ça). Finalement, l’aventure commence quand on ferme le livre pour une pause, ces interrogations nous envahissent tout comme ces hypothèses que l’on trace avant de continuer notre lecture.
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Ce livre “diffère” et a donc su m’intriguer mais il ne me semble pas m’avoir emmenée assez loin (quelles motivations, quelles psychologies et quid de la zone ?) ; j’ai été laissée dans le flou, un peu au bord de la route du pique nique pour que je puisse le considérer comme un chef d’œuvre.
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)°º•. Biographie
Les frères Strougatski, Arkadi (1925-1991) & Boris (1933-) sont des écrivains soviétiques de science-fiction. Ils écrivent et publient clandestinement leurs œuvres avant d’être acceptées par la politique de liberté d’expression – la Glasnot – dans les années 1980. Considérés comme grande référence dans la littérature, ils cherchent à développer leur concept d’idéal sans oublier de mettre à mal le régime soviétique.
Le roman est porté à l’écran par Andreï Tarkovski en 1979, et ne se laisse pas trop regarder, parait-il. Le roman a aussi fait l’objet d’un jeu vidéo éponyme (mais en majuscules et avec des points dans le dedans : S.T.A.L.K.E.R.)
La superbe couverture est signée Lasth.

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Cette lecture a été lue avec Cachou, Julien “Naufragés”, Maëlig, Spocky & Thom pour être mise en commun aujourd’hui.
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Souvenir de lecture : comme quoi, il existe des trucs pas cools sur le mode “sorcière”, la gelée par exemple.

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(cultureguu), Fantasy au petit-déjeuner (Salvek), Les singes de l’espace (Gaëtan), Lorhkan, Magm3 (Matteo), Mes ailleurs (El Jc), Quoi de neuf sur ma pile ? (Gromovar), Welcome to Nebalia (Nebal), Zone Imaginaire Fluctuante (Seb) n’ont pas été indifférents à la lecture de ce livre.

CITRIQ
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Ce livre entre aussi en ligne de mire du Challenge Fins du Monde et du Challenge des chefs d’oeuvre de la SFFF.

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Pics : #01 Stalker unit par Gavade ; #02 Night Stalker par Ezrianna.

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CRONIN Justin – Le passage

03/09/2011 32 commentaires

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Titre : Le passage (tome 1)
Auteur : Justin Cronin
Plaisir de lecture : coeur notation Livre avec entrée au Panthéon
Tome 2, tome 3

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Après un énième passage à vide, Jeannette se rend au couvent le plus proche pour y laisser discrètement sa fille Amy dans les mains de Sœur Lacey. Au même moment, à quelques milliers de kilomètres de là, Wolgast et son bras droit sont engagés dans une procédure top secrète : ils viennent récupérer Carter, un prisonnier à perpétuité pour l’emmener au centre où se trouve Babcock. Ce dernier, tranquille et encore silencieux, décapite des lapins.

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)°º•. Tout part d’un virus en forêt bolivienne, le monde des années 2000 tel que vous le connaissez va partir en fumée en un tour de main. Cronin commence son histoire en ces temps-ci, nous catapultant au plus proche de la vie de Amy, Lacey et Wolgast. Très vite, une flopée de personnages va faire son entrée. On assistera à la scène quotidienne de la Colonie, ce bastion résistant vivant en huis clos et on frôlera les mystérieux viruls – entre autres –.
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Cronin nous fait partager la vie de ses personnes (en même temps, en 900 pages, il a le temps). On connaît très vite de lourds secrets intimes. On s’attache à ses personnages très vivants et nos préférences vont de l’un à l’autre ; chacun saura ravir le cœur d’un lecteur. On vit au rythme des personnages, on plonge comme eux dans l’angoisse et l’interrogation. Certains sont laissés sur le bord de la route, et on est plutôt mal mené en notre fort intérieur. On se dit qu’ils sont fous, qu’à leur place, on n’aurait quand même pas les mêmes couilles. Oui, mais en attendant, on n’est pas réellement à leur place, et parfois, cela nous rassure quand on lit le bouquin assit dans un fauteuil moelleux, une tasse de thé ou de café à la main. Cela nous rassure d’autant plus que les viruls, appelés aussi – par de très jolis noms – jets ou dracs ont une identité qui nous reste encore incertaine. On sait qu’ils ont très faim, qu’ils sont plus que difficiles à tuer, qu’ils sont invincibles en l’absence de lumière. En gros, on sait peu de choses, mais ce dont on est sûr : c’est qu’ils veulent tuer les derniers partisans de l’humanité.

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)°º•. Cronin nous emmène dans une Amérique post-apocalyptique pour nous offrir de très belles descriptions mordantes. L’histoire qu’il nous propose est on ne peut plus réaliste, presque un futur possible. Et c’est sans doute la raison essentielle par laquelle on s’accroche tant à notre livre. Ce monde est totalement intriguant. Si vous aimez le suspense, l’aventure, l’horreur… et la romance aussi, alors vous aimerez ce livre. Les thèmes principaux desquels découle directement l’histoire s’amusent sur le virus, l’épidémie et la sauvegarde de l’humanité.

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)°º•. L’embarquement pour un univers est immédiat : on entre dans une histoire qui nous emmène loin mais aussi au plus près d’eux. Cronin nous mène – par le bout du nez – sur de nombreuses pistes : il va les suivre ou non, les abandonner, réaliser des retours en arrière et puis… Bref, les détails sont nombreux et plutôt camouflés et prennent tout leur sens bien plus loin dans la lecture. Le tout est magistralement orchestré et la cohérence globale est très bonne.
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Ce livre propose des narrations diverses : en chorale grâce aux points de vue des personnages mais aussi dans la forme (journaux, extrait de journal intimes, mails, etc.). L’ellipse en première partie d’un siècle m’a fait un peu mal surtout qu’on s’attache à des personnages pour se faire méchamment catapulter plus « loin ». En fin de tome, l’effet disney sera considéré comme « de trop » par les junkies de zombies.
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En attendant, le livre n’aura jamais été aussi apprécié si cela n’avait pas été « ZE » livre de l’été, un peu comme une saga estivale et ce, grâce à mes copines de bataillon Neph & Emma. Notre lecture commune nous a captivées : on avait l’empressement de partager chaque partie que nous savourions, nos théories, nos hypothèses… et nos oublis d’éléments fondamentaux. Le découpator nous a promis de belles joies… ou de cliffhanger dignes des meilleures séries télévisées US.

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)°º•. Justin Cronin né en 1962 se lance avec succès en tant qu’écrivain. Il est lauréat du prix Pen-Hemingway pour « Huit saisons ». Il a déjà gagné 3,75 millions de dollars grâce à « Le passage », le premier tome de sa trilogie. Notons que les deux prochains volumes en VO devraient paraître en 2012 et 2014. Les droits cinématographiques de ce premier volet ont été achetés par Fox 2000 pour la modique somme de 1,75 millions de dollars. Bon, c’est quand qu’ça sort, hein ?
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On notera la trop belle couv’ qui briiille.
Je remercie aussi Emma sans qui 1°) je n’aurai jamais eu le livre entre les mains, 2°) je n’aurai jamais participé à cette formidable lecture commune avec Neph.

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Ce livre a été apprécié en lecture commune avec Emma & Neph.

Souvenir de lecture : ptaiiiin, mais restez-yyyy dans le bunker. Mais trop pas. Mais noooon. Mais tu vois pas ce qui va t’arriver ?!
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D’autres avis à découvrir chez : Book en Stock (Dup), Délivrer des livres (Sophie), Imagin’ères, Les étagères de PitiponksLes lectures du Petit Panda (Merkillia), Vampirisme (Senhal).
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On notera que le livre fait 967 pages, c’est pile pas assez pour le défi des 1000  de Fattorius.

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Oh enfin une première chronique pour le challenge Fins du Monde.

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Pic : couverture américaine.

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CALVO David – Wonderful

10/07/2010 26 commentaires

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Wonderful David CalvoTitre : Wonderful
Auteur : David Calvo
Plaisir de lecture : coeur notation Livre avec entrée au Panthéon

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Bientôt, la Terre n’existera plus. La lune est morte et va venir s’écraser sur la Terre, pulvérisant les humains et leurs rêves. Dans les derniers instants de vie, les Londoniens fourmillent : ils vivent, certains goûtant à une vie victorienne, d’autres en écoutant la radio, ou en accédant à une douce folie. Beaucoup de personnes ont un but commun : participer au grand marathon de danse au Trafalgar Square qui a lieu ces prochains jours. L’objectif est de devenir le nouveau Roi de Londres. Sur les chansons sélectionnées de BlueFM, Pooh tente de ne pas se noyer dans son chagrin, Margot cherche en vain un partenaire pour le marathon et Loom tente tant bien que mal de comprendre les paroles que prononce une orpheline en état de choc. 

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Wonderful 01)°º•. Loom (Dr Loomis de son vrai nom) exerce au complexe où des enfants abandonnés de plus en plus nombreux grossissent les rangs à l’approche de l’apocalypse. Pooh, sa compagne erre dans l’appartement et dans sa tristesse permanente que seule la présence de Loom arrive un peu à tarir. Loom est appelé en urgence auprès de la nurserie où une orpheline, inconsciente et en état de choc chante d’étranges paroles. Obsédé par ce qu’il en retourne, il va chercher à trouver la langue que cette fille a employée. Au détour de murs blancs, un malade qui s’est lui-même transpercé les yeux crie qu’ils l’ont retrouvé et qu’ils vont le faire grossir. Complètement asservi par ses pensées, Loom ne se rendra pas tout de suite compte qu’il est suivi par deux détectives, les frères Floatsam et Jetsam.
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Margot Fiedler, quant à elle, est désespérée. Elle recherche activement un partenaire pour participer au marathon de danse. Elle n’a pas le choix, elle doit gagner. Coûte que coûte, c’est une course contre la montre qui se joue pour elle. Difficile pour une femme qui passe son temps le nez dans les livres, entre deux coups de stress, elle adopte Ornette, un drôle de « flocon ».
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Grimm survit dans son palais, assisté d’Ignatz un orphelin recueilli, chaque jour est une nouvelle épreuve. Bien que ses sujets lui semblent fidèles, il sait très bien qu’on veut lui destituer son titre de Roi de Londres. Sa dernière trouvaille est un kaléidoscope qui semble bien l’accaparer…
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Les reines Victoria et Mab, toutes deux sur leur territoire veillent au bon grain et sur leurs adeptes. Mais il ne fait pas bon régner quand certains Londoniens ne comprennent pas les lubies d’autres et que tout est prêt à déraper.

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Pourquoi Pooh est-elle si triste ? Dr Loom va-t-il trouver la traduction de ces paroles incohérentes ? Pourquoi est-il suivi par Floatsam et Jetsam ? Pour qui les détectives travaillent-ils ? Margot trouvera-t-elle un compagnon à temps pour le lancement du marathon ? Qui est Ornette ? Est-il seulement possible de détrôner Grimm ? Qui lui a offert le kaléidoscope ? Les reines Mab & Victoria ne sont-elles pas des usurpatrices ?

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)°º•. Nous entrons de vif dans une histoire pré-apocalyptique mais non moins romanesque. En tant que lecteur, nous sommes catapultés dans un univers qui n’est point expliqué. Il est difficile de se dire dès les premières pages, de lâcher prise et de se laisser porter. Au même titre que Loom, nous n’avons aucune vue omnisciente et nous avancerons autant à tâtons que lui. Tout jouera sur la désorientation du lecteur, qui de fil en aiguille, se surprendra par les retournements de situations et les révélations. A la moitié de l’histoire, nous découvrirons toujours de nouvelles intrigues, et reprendre son souffle devient difficile. Certes, nous apprenons le rôle de chacun, les actions, mais l’identité de chacun demeure encore floue. Le complot est universel et le déroulement peut paraître angoissé et déroutant.

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Wonderful 02)°º•. Sur toile de « rêve », Calvo nous peint une fresque des activités humaines. L’euphorie permanente des personnages côtoie leur cynisme tatillon. Chaque « clan » d’humains, en vu de ses croyances s’est attribué un quartier de Londres. C’est comme ça que nous retrouvons les Victoriens et leur Reine Victoria à Buckingham Palace et la Reine Mab et son peuple féérique aux Jardins de Kensington. Certains citoyens se retrouveront pourtant bien seuls, notamment Loom qui sauve sa peau, Pooh l’affligée, Margot la solitaire et la voix de BlueFM, radio « pirate », Gouldling coincé dans son complet-veston gris, et Grimm, Roi de Londres. Wonderful est bien entendu la scène de ces destins croisés de nos personnages.
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Manifestement, Wonderful a des allures de Neverwhere de Neil Gaiman. En premier lieu, les décors londoniens s’inspireront du précédent livre et pour ma part, je trouve que le combo Floatsam & Jetsam a quelques ressemblances avec le couple Croup & Vandemar.  Scènes poétiques et burlesques montent sur la scène tour à tour. Tragédie & Comédie se succèdent. La forte sensibilité des personnages frôlera leur intense exaltation. Dans un Londres où Big Ben a cessé de sonner, dans un Londres où l’esprit baroque prime, dans un Londres où tout est possible, vous n’aurez qu’une envie : y entrer !
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Calvo nous présente un condensé de chimères absolument délicieux. Son histoire se révèle être également un exercice de style superbe. Il saura créer un équilibre parfait entre fantastique et rocambole.
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Pour certains lecteurs, ce côté rêveur/poétique ne saura pas autant les transporter que j’ai pu l’être. J’ai aimé ce côté de l’abandon total du lecteur, invité simplement à « profiter ». Les personnages un poil tordu m’ont totalement séduite et l’univers baroque d’un(e) Londres effervescent(e) n’a pu que me plaire. La dimension de la machination planétaire ne pourra rendre que plus fragile cette histoire où les humains sont bien loin… de tout.

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)°º•. Calvo a reçu le Prix Julia Verlanger 2001 avec Wonderful.
L’édition que j’ai entre les mains, est celle de Bragelonne, dont la magnifique couverture a été refaite pour leurs « 10 ans » et est signée David Oghia.
Moi qui me plains des titres de chapitre trop révélateurs, je vous avoue que cette fois, j’ai été servie et que la majorité d’entre eux me demeurent encore énigmatiques.

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Biographie :
David Calvo Né en 1974, au milieu des îles blanches de Massilia, ce bout du monde, David Calvo est systématiquement arrêté dans les aéroports pour vérification d’identité. Quand il ne court pas le monde pour se cacher de ceux qui lui veulent du mal, David Calvo écrit des livres, des nouvelles et des scénarii. On a dit de lui qu’il est hors normes, sans respect pour les codes et genres de la littérature, qu’il se nourrit exclusivement de caramel et de thé à la menthe. C’est vrai, mais il y a plus encore : iconoclastes et dérangées, ses œuvres sont en fait les cris désespérés d’un homme prisonnier de sa propre image, dont il tente de se débarrasser depuis qu’un sinistre critique a vu en lui le nouveau Norman Mailer de la Fantasy. Aujourd’hui, David Calvo se laisse bercer par les querelles intestines que son estomac droit livre, avec patience et opiniâtreté, à son colon gauche. Wonderful est son deuxième roman.

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)°º•. Extrait :

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Wonderful extrait

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Dans le chaudron :
¤ Neverwhere de Neil Gaiman

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Wonderful 03Souvenir lié à ma lecture : Le choix de mon marque-ta-page, que j’ai découvert on ne peut plus approprié, à la fin de ma lecture. « Guardians » d’Amy Brown.

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Ce livre a été apprécié en lecture commune avec GaëtanLhisbei. Hugin & Munin et Librairie Critic se sont aussi exclamés  » So ! »

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Pics : #1 Nightfall Over Big Ben par AngryDogDesigns, #2London after Midnight par IndigoChildren, #3 Guardians par Amy Brown.

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McCARTHY Cormac – La route

03/02/2010 18 commentaires

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La route McCarthyTitre : La route
Auteur : Cormac McCarthy
Plaisir de lectureetoile 4 Livre à découvrir

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Ce sont les pieds dans la cendre, que Lui et son enfant errent dans ce monde grisâtre. A la suite de l’apocalypse, leur seul but est de (sur)vivre coûte que coûte. L’homme et son enfant partent pour le sud : il n’est plus nécessaire de fuir, la mort rôde, ce n’est qu’une question de temps. Ils s’accrochent à leurs valeurs, à l’espoir de vivre encore un peu. Ils vont devoir faire face à la pénurie de nourriture et à leur pire ennemi : les autres. Leur chemin vers le sud sera pénible, à bien des titres.

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La route 01)°º•. De prime abord, l’absence d’identité des personnages est quelque peu troublante. Nous ne connaissons le nom ni de l’Homme, ni de l’Enfant. Sans aucun doute, une volonté de McCarthy de nous renvoyer à notre propre image. Et si finalement, c’était nous ?
Les échanges verbaux entre nos deux hommes seront peu nombreux : leur caractère bref rend l’histoire d’autant plus intense… le long cheminement proposé par McCarthy qui pourrait aussi valoir l’honneur de remplir de définition, le titre « Route ».
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L’homme est père d’un enfant relativement jeune (il sait tout juste écrire dans le sable et lire) porte sur ses épaules, un espoir mort dans l’œuf. Il tente tant bien que mal de ne pas se laisser bercer par de doux rêves et son ambition aussi stérile soit-elle est de rester en vie. Ils voyagent en suivant le macadam qui n’a plus de raison d’être, poussant dans le caddie, des placebos de vie. Le strict nécessaire, le peu qu’ils ont réussi à récupérer. Trouver de la nourriture devient de plus en plus difficile, au mépris de l’anthropophagie environnante, il assoit sa morale. Lui et le petit sont les gentils, il tente par tous les moyens de transmettre les valeurs d’un monde qui n’existe plus, en lesquelles il continue –ou fait semblant ?- de croire. Son plus grand garant de leur survie est son propre fils.
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L’enfant, allégorie de la vie dans ce roman, n’est pas en reste. On le devine jeunot mais la joie innocente a quitté depuis longtemps ce petit être. Il devine ce que ressent son père et l’éprouve plus que tout. Il remet son « quotidien » en cause, il pose des questions peu anodines, quelques fois détournées pour trouver des réponses. Il est d’une maturité hors du commun…
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Quand on sera tous enfin partis alors il n’y aura plus personne que la mort et ses jours à elle aussi seront comptés.

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La route 02)°º•. McCarthy nous propose un universravagé, anéanti, ardu, âpre, glaçant et rempli de désespoir. Il nous présente des personnes blessées dans un monde blessé. Dans cette adversité totale, l’homme et l’enfant ont des préoccupations « rudimentaires », répondre aux besoins vitaux : manger et boire. Accessoirement, dormir sans trop d’humidité. Dans cet espace où le temps semble s’être arrêté, les souvenirs d’une société disparue deviennent des mythes. Les survivants sont peu nombreux et sont enclins au cannibalisme. L’humanité présentée par Mc Carthy n’en a que le nom. La problématique de la condition humaine dans ce roman prend tout son sens. Tout est remis en question : la valeur des denrées, la valeur des objets et la valeur des sentiments.

Tout cela nous renvoie à nous-mêmes : que ferions-nous dans cette situation… l’impossibilité d’éviter la mort de cette manière, d’errer sans but.
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L’évolution dramatique de l’histoire est inéluctable, mais bien plus que l’importance de la fin, entre ses pages sombres se révèle beaucoup d’amour. Notons d’ailleurs qu’il restera une pièce mystérieuse de l’histoire où l’interprétation demeure tout à chacun : la force du feu qu’ils portent en eux.
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Il faut que tu portes le feu.
Je ne sais pas comment faire.
Si, tu sais.
Il existe pour de vrai le feu ?
Oui, pour de vrai.
Où est-il ?
Je ne sais pas où il est.
Si tu le sais. Il est au fond de toi. Il y a toujours été. Je le vois.

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Cormac McCarthy)°º•. Soyons honnête, le prix Pulitzer a propulsé le livre de McCarthy. Avec l’adaptation cinématographique, « La Route » a été le centre d’un buzz phénoménal de la critique littéraire. Ce ne sont pas les 170 000 lecteurs que proclame le bandeau du livre qui me donnera le petit coup de pouce pour entamer ma lecture – moi qui fuis les best seller… Quantité & Qualité ne sont pas deux critères qui vont toujours de paire.
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En attendant, ce livre étiqueté « Science Fiction post apocalyptique » n’en a que le titre dans le sens où cette définition ne le sert pas. En conviennent les critiques des bloggeurs et bloggeuses pas spécialement attachés aux lectures SFFF l’apprécient aussi.
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Cette histoire intemporelle, indéterminée et sans lieu de géographique donné propose une thématique tout aussi universelle et maintes fois, utilisée. Cependant, McCarthy a su se l’approprier : grâce à une plume quelque peu glaciale, il fait approcher une horreur plus que réaliste d’un monde de cendres.
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L’histoire en soi ne fait pas peur, elle pose énormément de questions. Elle émeut beaucoup et ne laisse pas insensible. Une sensation un peu cafardeuse reste après que le quatrième de couverture soit refermé.
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Ce récit est écrit dans un style relativement dépouillé. Chaque mot est pesé. Le tout est minimaliste : l’absence de ponctuation, l’usage excessif des « et » au sein d’une même phrase. La linéarité va même jusqu’aux discours sans guillemets, sans tirets, sans la précision des prosateurs. L’écriture en elle-même appuie la densité du roman sans saut de page, ni chapitre.
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 Il plongea et empoigna le petit et roula et se releva avec le petit qu’il tenait contre sa poitrine.

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McCarthy nous présente une histoire minimaliste où chaque mot est pesé. L’homme n’a que garant de vie, son propre fils. Ce dernier, sans enfance et mature trop tôt, le suit jusqu’au bout du monde. Ce couple intemporel traverse un paysage sombre où leur pire ennemi est la condition humaine. Par une plume glaçante, plongez au cœur d’un pays blessé où les gentils ne sont plus si nombreux que ça.

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Cormac McCarthy, écrivain américain, né Charles Mc Carthy en 1933. A reçu le National Book Award en 1992 pour « De si jolis chevaux » et le Prix Pulitzer en 1997 pour « La Route ».

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 Aucune liste des choses à faire. Chaque jour en lui-même est providentiel. Chaque heure. Il n’y a pas de plus tard. Plus tard c’est maintenant. Toutes les choses de grâce et de beauté qui sont chères à notre cœur ont une origine commune dans la douleur. Prennent naissance dans le chagrin et les cendres. Bon, chuchotait-il au petit garçon endormi. Je t’ai toi.

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 Carnet de SeL, Connivences littéraires, Les lectures de Cachou ont aussi marché sur la route.

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PRATCHETT Terry & GAIMAN Neil – De bons présages

13/01/2009 18 commentaires

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Titre : De bons présages
Auteurs : Terry Pratchett et Neil Gaiman
Plaisir de lecturecoeur notation Livre avec entrée au Panthéon
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Ca y est, l’apocalypse est pour dans 11 ans ! Diable et Dieu se sont mis d’accord pour se mettre dessus, et accessoirement anéantir la Terre. En attendant, leur fidèle serviteur, Aziraphale amateur de vieux bouquins en morceaux pour l’un et Rampa, amoureux de grosses cylindrées et des lunettes de soleil pour l’autre ; doivent veiller au bon déroulement des événements et provoquer la Fin des Temps. C’est qui n’est pas de tout repos, quand on les sait amis et quand on sait que 7 jours avant l’échéance, ils se sont trompés sur l’identité de l’Antéchrist.

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Les références sont nombreuses, littéraires, cinématographiques et c’est sans conteste sous une plume unie qu’ils font et défont la vie des seconde-mains et des divinités par l’humour et l’ironie. Désopilant à souhait, les deux compères se font la guerre le jour, et s’envoient des bières la nuit. Des personnages hauts en couleur font leur apparition et leur rencontre est pour le moins… spectaculaire. Voilà un duo qui fonctionne très bien et qui est un pur délice pour les lecteurs. Hilarité permanente !

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