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BENNETT Robert Jackson – American Elsewhere

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Couverture du roman "American Elsewhere" de Robert Jackson Bennett paru aux éditions Albin Michel imaginaireTitre : American Elsewhere
Auteur : Robert Jackson Bennett
Plaisir de lecture : note : 4Livre à découvrir
Lire les premières pages

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Au décès de son père, Mona hérite d’une maison dont elle ne soupçonnait pas l’existence. Elle se rend au Nouveau Mexique, à une ville qu’aucune carte ne mentionne : Wink. Elle déboule au volant de sa flamboyante Dodge et freine devant le monument aux morts, où elle peut lire qu’un orage a décimé une partie de la population locale le 17 juillet 1983, date de la mort de sa mère. D’ailleurs, personne ne semble connaitre cette dernière alors qu’elle y a vécu et a travaillé au laboratoire Coburn qui n’existe plus. Les étranges rencontres avec cette communauté ne cessent de s’enchaîner.

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Il est un type d’obscurité particulier qu’on ne peut imaginer tant qu’on n’y est pas plongé. Des ténèbres si profondes et totales qu’elles vous font douter d’avoir jamais vu la lumière, et de l’existence du monde même.

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La narration est essentiellement tenue avec le point de vue de Mona Bright. Elle apparait comme une femme forte, réaliste de par son passé, ancienne flic et un peu abîmée par la vie. Elle ne semble pas comprendre la vraie nature d’une partie de la population de Wink.
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Madame Benjamin, Parson et Gracie sont d’autres personnages qui graviteront autour de la protagoniste. D’autres personnages ne feront qu’un passage éclair dans l’histoire et l’on pourra se questionner sur leur intérêt. On retiendra que personne n’arrive à et personne ne part de Wink : la venue de Mona est vécue de manière fracassante.
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On a tendance à tenir pour acquis que la conscience est chose unique et unifiée : on est, tout simplement, on est là, vivant, on sait qu’on est vivant, et rien de plus.
Mais la vérité est un peu plus compliquée que ça.

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Robert Jackson Bennett n’est pas inconnu aux yeux du monde, mais pour moi, si. Heureuse traduction qu’est celle de la nouvelle collection Albin Michel Imaginaire dirigée par Gilles Dumay. J’aime bien l’illustration réalisée par Aurélien Police mais je reste encore dubitative quant à la présence des pointillés en bord de maquette (mais on ne peut pas plaire à tout le monde).
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« American Elsewhere » baigne dans le fantastique ; bien que je ne l’estampillerai pas « roman d’ambiance » à proprement parlé. Il devrait plaire au plus grand nombre (de lecteurs) car si le roman bascule dans l’horreur quand Mona comprend enfin certaines évidences, il n’y a pas d’effusion de sang à tout va, on y note tout de même quelques moments bien glauques.
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Son visage ne traduit pas très bien ses émotions ; au mieux, il parvient à communiquer une déception cynique, comme s’il s’était attendu à ce que tout parte à vau-l’eau depuis le début et que ses pires soupçons concernant le monde s’avéraient fondés. Par chance – ou par malchance, peut-être –, c’est précisément l’expression qu’il est contraint d’arborer la plupart du temps.

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L’intrigue très visuelle offre un beau cadre à l’angoisse par son aspect perturbant et son atmosphère réussie : on imagine aisément les quartiers de Wink, l’architecture des maisons, on cartographie le voisinage et on apprend bien vite les règles de la ville (ne jamais sortir de chez soi la nuit).
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Wink est une ville qui se situe au pied d’une mesa. Elle semble coincée dans les années 60 dans la ville parfaite : tout le monde est beau, propre, poli… et surtout à sa place. La recherche de la cité parfaite (enfin, surtout le jour) entraine avec elle les thématiques des aberrations, du jugement, du quid de la réalité et de son modelage. On y retrouve aussi des allusions à la passerelle entre humanité et grandes divinités, un peu au bon goût de « La bibliothèque de Mount Char » de Scott Hawkins.
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Je pourrai aussi citer la place de la métaphore non pas de l’arbre qui cache la forêt, mais celle complètement inventée de l’éléphant qui se trouve caché derrière un arbre rachitique. En tant qu’ancienne flic, c’est vrai que j’en attendais davantage de Mona concernant ses compétences d’enquêtrice. L’auteur intègre tellement d’implicité dans son récit que les explications faussement « incompréhensibles » ne le sont plus depuis longtemps (il ne faut pas détenir un doctorat en Sens Caché pour tout comprendre). Le parallèle est vite établi, dès qu’on nous raconte l’histoire du grand oiseau à vrai dire.
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L’intrigue reste relativement classique, moins « convenue » dans certains détails. Cela reste un plaisir à la voir se dérouler avec quelques éléments novateurs malgré la prévisibilité de l’axe principal.
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L’emménagement de Mona à Wink est plutôt lent et représente un tiers du roman. On retrace l’histoire originelle par flash et cela reste obscurément un bon moment.
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Je n’ai pas été surprise par l’intrigue mais le style fluide et énergique m’a permis de passer un bon moment de lecture. La montée de la tension est bien réalisée et permet d’apprécier ces 800 pages. Si ce n’était pas bien écrit/traduit, s’il n’y avait pas un intérêt pour l’histoire, je n’aurais pas dévoré pas un tel pavé (ceci est un vrai argument, c’est juste que cela traduit mal ma pensée). Je pense que l’auteur aurait pu laisser des zones d’ombre – attendu dans ce type de littérature –, son récit aurait gagné en percussion et en force.

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Couverture d'Orbit pour American Elsewhere de Bennett Couverture d'Agave Konyvek pour American Elsewhere de Bennett
Couverture d’Orbit | Couverture d’Agave Konyvek

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Mise en scène automnale du livre American Elsewhere de Robert Jackson Bennett

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Logo défi Valériacr0

Logo challenge Halloween 2018Pour cette sélection d’octobre, Valériane a choisi un titre par-fait pour me plonger dans l’ambiance d’Halloween. Un peu de glauque, un peu d’horreur, je l’inscris à ma participation au challenge Halloween.

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Chut… Maman lit ! (Anne-Laure), Le Bibliocosme (Boudicca)Le Chien critique, Le culte d’Apophis, Le monde d’Elhyandra, L’épaule d’Orion, Les lectures de XapurL’ours inculte, Marque ta page (Valériane)Un papillon dans la LuneVibration littéraire (Mayumi), se sont demandé s’ils voulaient rencontrer Dame Poisson.

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  1. lutin82
    02/11/2018 à 15:59 | #1

    je vois que les avis se suivent et se ressemblent franchement. Je me dois de le lire pour voir si vous ne vous êtes pas trompé, tous, enivrés par le grand middle ouest américain…

    • Acr0
      06/11/2018 à 19:34 | #2

      Je reviens de ma lecture des blogopotes, c’est vrai que nos avis se ressemblent 🙂 Allez, il va falloir que tu tranches !

  2. 02/11/2018 à 16:43 | #3

    Plutôt un bon livre, malgré quelques défauts, on est d’accord.

    • Acr0
      06/11/2018 à 19:34 | #4

      La preuve, on a lu 800 pages tout de même 😉

  3. rachel
    02/11/2018 à 19:01 | #5

    cela semble bien mais sans plus..oui didonc….

    • Acr0
      06/11/2018 à 19:34 | #6

      C’est comme pour tout titre : il y a tellement de choix qu’il vaut mieux se focaliser sur ceux qui nous bottent vraiment 😉

  4. 02/11/2018 à 21:30 | #7

    Un titre bien tentant…

    • Acr0
      06/11/2018 à 19:35 | #8

      tantantan ! (désolée 😄) C’est la suite logique de cet adjectif que je formule toujours dans ma tête quand je l’écris ou le lis.

  5. Saureus
    03/11/2018 à 10:54 | #9

    J’ai vu une interview de l’auteur aux utopiales de Nantes, hier. C’est vrai que ça donnait envi !

    • Acr0
      06/11/2018 à 19:36 | #10

      Avec un peu de chance, elle a peut-être été enregistrée et je pourrai la découvrir à mon tour 🙂

  6. 06/11/2018 à 22:17 | #11

    Han! Belle chronique!
    Mon avis rejoint pas mal le tien.
    La lente montée en tension, les décors et le côté visuel.
    Malgré l’épaisseur, je trouve que ça se dévore très bien…. et de plus en plus vite.
    J’ai vraiment adoré découvrir cet auteur!
    Une note le comparait à Stephen King, et de fait, j’y ai retrouvé cette lente montée, un suspense présent même si on a des éléments sous les yeux, la position du cadre et de la ville, le mustère ambiant, le malaise autour de certains mysteres… et l’incursion du fantastique et de (un peu) l’horreur (ici).
    Un coup de coeur quand meme.
    Kiffance!

    • Acr0
      07/11/2018 à 18:37 | #12

      Oui, on le rapproche aisément à la plume de King 🙂 Vivement que je lise ta chronique alors si c’est un coup de cœur pour toi !

  7. 07/11/2018 à 10:07 | #13

    Très jolie photo du livre ! Il est dans ma PAL lui ^^

    • Acr0
      07/11/2018 à 18:38 | #14

      Tiens, une question : as-tu la liste de ta PAL en ligne ?

  8. 07/11/2018 à 21:35 | #15

    Je suis encore étonné de la vitesse de lecture au vue du nombre de pages de l’ensemble.
    Je remarque que nous avons choisi sensiblement les mêmes extraits, preuve que tu as beaucoup de goût !

    • Acr0
      08/11/2018 à 21:29 | #16

      Héhé, nous sommes donc deux personnes de bon goût mais personne n’en doute 😉

  9. 08/11/2018 à 14:54 | #17

    @Acr0
    OOOH quelle manière insidieuse de me mettre la pression 🙂 LOL

    • Acr0
      08/11/2018 à 21:31 | #18

      Non, c’est pour la motivation ! (je suis décidément bien incomprise)

  10. 12/11/2018 à 16:25 | #19

    Ambiance glauque et montée en tension progressive, voilà qui devrait bien fonctionner par chez moi 😉 Thanks !

    • Acr0
      13/11/2018 à 13:25 | #20

      J’espère qu’il fonctionnera pour toi aussi 🙂

  11. 06/01/2019 à 18:15 | #21

    Bien envie de le lire celui-là, faudrait que je pense à le rentrer dans ma PàL un jour quand même…

    • Acr0
      06/01/2019 à 18:45 | #22

      Quand l’envie de lecture se fera vraiment forte ? 😉

  1. 02/11/2018 à 14:51 | #1
  2. 02/11/2018 à 16:44 | #2
  3. 03/11/2018 à 10:11 | #3
  4. 04/11/2018 à 09:02 | #4
  5. 05/11/2018 à 22:42 | #5
  6. 30/01/2019 à 17:31 | #6
  7. 14/02/2019 à 16:13 | #7
  8. 22/10/2019 à 17:37 | #8