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ILLIANO Rozenn – Le Rêve du Prunellier

18/01/2013 6 commentaires

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Le reve du Prunellier Rozenn IllianoTitre : Le Rêve du Prunellier
Auteur : Rozenn ILLIANO
Plaisir de lectureetoile 4 Livre à découvrir

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Au cœur de l’Hiver, Rozenn vous invite à entrer dans son univers fantastique. Au sein de ce recueil, huit nouvelles se partagent les pages, parfois les impressions ou même les personnages. Toutes ont en commun cette tournure poétique ô combien subjuguante.

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Dès les premières lignes, on ressent la mécanique bien huilée : le positionnement précis des virgules, comme les motifs d’une dentelle parfaite et puis la construction des phrases qui vous emmène tels les différents mouvements du vent. J’y ai retrouvé la même rigueur que chez Estelle Valls de Gomis, où la mesure est battue avec la même minutie qu’un métronome.

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Le reve du prunellier.

Nous entrons dans l’univers de Rozenn, qu’on connait par ses bijoux, ses illustrations mais aussi ses goûts et passions. Il est transposé maintenant en mots ; comme l’ultime vecteur complémentaire de ses arts. Si les textes prennent aussi bien c’est que le recueil est un rappel à nos propres souvenirs et sensations : Rozenn réalise la prouesse de faire de ses récits, un peu ceux des lecteurs.

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On y croisera souvent des personnages aux yeux sombres, quelques fois atypiques (violets), à la chevelure ébène, parfois longue et à la peau diaphane. La présence des corneilles est indéniable, celle de la Reine des glaces très attendue. On se demande parfois si on n’entrevoit par Rozenn elle-même dans les nouvelles ; Lilith, pour sûr.  La plus agréable sensation lors de ma lecture est la découverte que je qualifie de « visuelle » des écrits. Lorsque je l’ai lu le tout premier passage concernant Silence, derrière ma rétine s’est immédiatement imprimée l’illustration de Rozenn. C’est bluffant, d’autant plus que les artistes à écrire & à illustrer sont assez rares. Parfois étrange, souvent onirique (ou peut-être que…), le tout est saupoudré délicatement de féerie.

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Pour vous laisser le loisir de la surprise, je dirai que mes préférées restent « La forêt d’Adria » car elle conte un petit vieux au nom de Cornelius (j’aime ce prénom), qu’il y la présence de Titania et d’Obéron, que ce conte se révèle très beau au vu de la force de la Nature. Et sans aucun doute parce que je l’ai lu, chauffée par les rayons du soleil, assise dans un parc, face à une fontaine (ça joue). « D’Hiver et d’Ombres » m’a beaucoup plu car j’aime les personnages qu’elle renferme et parce qu’on découvre l’identité de ceux qui ont été attaqués par les Ombres.

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Le recueil présente huit nouvelles, huit récits qui se révèlent être une pièce additionnelle à la créativité de Rozenn. Marchez sur un tapis de neige pour partir à la rencontre de Layla, découvrir le royaume de la Reine des glaces… mais méfiez-vous des Ombres. Par une plume délicate, Rozenn nous offre avec simplicité et tout l’enchantement possible, une partie de son souffle.

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RozennNée en 1985, Rozenn est une artiste française touche-à-tout. Sa motivation l’entraine à s’essayer à différents arts, avec réussite. Elle est également la tenancière émérite de Unseelie.fr.

Son site, son blog.

Pour tout savoir de « Le rêve du Prunellie», c’est par ici.
La sortie numérique de recueil est pour le 19 janvier (et si vous lisez le recueil, vous saurez que cette date n’est pas anodine). Cette version ne bénéficie pas des illustrations, contrairement à la version papier accompagné d’un carnet d’illustrations qui verra le jour en février. Vous pouvez découvrir gratuitement la nouvelle « Poe » chez Rozenn et y découvrir les illustrations aussi.

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Dans le chaudron :

¤ Le chat qui avait peur des ombres de Rozenn & Xavier Collette,
¤ Brume d’Estelle Valls de Gomis.

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Souvenir de lecture : Ah, Silence !

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Autour du livre (Agathe K.), Bulle de livre (Snow), La Prophétie des ânes (Cornwall), Un papillon dans la Lune ont aussi attrapé quelques flocons.

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Logo Lecture EquitableChallenge je lis des nouvelles et des novellas JLNNHo, une petite entrée pour le challenge JLNN !
Le recueil étant auto-publié, on espère que Rozenn soit aussi reconnue-appréciée au niveau des maisons d’éditions et on la soutient en mode ‘Lecture équitable‘.

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Pic : The lantern par Rozenn.

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CECCOLI Nicoletta – Beautiful nightmares

24/04/2012 26 commentaires

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Titre : Beautiful nightmares
Auteur : Nicoletta CECCOLI
Plaisir de lecture Livre fantas… tique

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)°º•. « Beautiful Nightmares » est le tout premier artbook publié au monde mais aussi le premier ouvrage en France de Nicoletta Ceccoli. Ses illustrations sont souvent connues grâce aux produits dérivés. Pour ses influences, elle cite Mark Ryden, Dino Buzzati et Stasys Eiderigevicious.

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Ce livre de 136 pages est découpé en cinq chapitres car les images ont une humeur commune et des thèmes récurrents émergent de son travail : Babes in Toyland, Beautiful Nightmares, Water Girls, Forbidden Fruit et Weird and Wonderful.
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Les illustrations s’affichent en pleine page, parfois s’étalent sur une double page mais aussi se concentrent sur un détail de la prochaine scène. Bien que les couleurs utilisées soient pastel, cet album n’est pas destiné aux enfants. Via une excellente maitrise de l’acrylique sur papier, Nicoletta Ceccoli propose un monde tout en ambiguïté. Son imaginaire sert un monde onirique des plus riches.

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)°º•. Entre les pages, nous rencontrons exclusivement des personnages féminins, opalins et aux yeux clairs. Elles ont toutes des visages ronds et de jolies tenues. Elles sont bien souvent à dos d’insectes ou de bonbons, quelques fois à demi végétale ou animale et tantôt dans des postures équivoques. Belles et cruelles, vaniteuses et fragiles, elles nous mettent les idées sans dessus-dessous et on s’interroge sur chaque illustration admirée. Les thématiques qui s’en dégagent comme l’innocence, la sexualité, le cirque, les animaux fantastiques ou encore les bestioles et jouets géants sont chères au cœur de l’illustratrice. On y retrouve par ailleurs l’influence des contes, des insectes naturalisés, de photos anciennes ou de vieilles affiches de cinéma.

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)°º•. Cet univers fantasmagorique nous attire irrésistiblement. La beauté côtoie l’horreur avec une harmonie édifiante. Si Nicoletta Ceccoli nous sert de la poésie et de la douceur, elle n’hésite pas non plus à faire figurer la monstruosité et les cauchemars. Touchées de mystère, les illustrations ont également un petit côté dérangeant. Si de prime abord, on se sent confortablement installé en regardant les illustrations, très vite on ressent à travers les détails, une certaine menace trouble ou estompée. Les illusions et les fantasmes ont une place importante dans cet artbook doucereux.

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)°º•. Biographie
Née en 1973, Nicoletta Ceccoli a étudié à l’institut d’Art d’Urbino et est reconnue pour son travail d’illustratrice de livres jeunesse. Elle a reçu le prix Andersen du meilleur illustrateur italien en 2011 et la médaille d’argent de la Société des Illustrateurs en 2006.
Nicolettaceccoli.com
Un extrait de l’arbook

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Souvenir de lecture : L’envie de se procurer un second exemplaire pour le découper et mettre les illustrations sous verre.

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Elles en aussi parler sur la blogosphère : Les jardins d’Hélène (Laure), Les lectures de Naolou et My Lou book.

CITRIQ

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Et voici une entrée pour le challenge Je lis aussi des albums.

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COLLETTE Xavier & CHAUVEL David : Alice au pays des merveilles

17/01/2012 38 commentaires

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Titre : Alice au pays des merveilles
Auteurs : Xavier COLLETTE & David CHAUVEL
Plaisir de lecture Livre avec entrée au Panthéon

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Alice s’ennuie au pied d’un arbre où sa sœur lit un livre.  » La belle avance, qu’un livre sans images, sans causeries » pensait Alice. C’est alors qu’elle voit du coin de l’œil, un lapin blanc filer à toute allure avec sa montre de poche dans la patte. Ni une ni deux, elle le suit… jusqu’au pays des merveilles.

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)°º•. Bien que le plan scénaristique soit optimisé, le texte semble un peu décousu car il faudrait alors davantage de pages pour pouvoir illustrer l’histoire originelle de Lewis Carroll « Les aventures d’Alice au pays des merveilles ». Il n’y a pas véritable de transition et l’impression de passer du coq à l’âne est assez forte.
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Cependant, si vous connaissez la trame générale, vous verrez alors que les jeux de langage et le texte original traduit sont respectés. L’album fait la part belle à l’absurde et au non-sens si chers au cœur de Carroll. Ce n’est pas un secret, je trouve les livres (Les aventures d’Alice au pays des merveilles et De l’autre côté du miroir) beaucoup trop perchés pour qu’ils soient compréhensibles ; qui plus est, auprès d’un jeune public. C’est donc avec une grande joie qu’un tel album – avec plein d’images dans le dedans – ne pouvait que faire remonter l’estime que j’ai pour cette histoire.
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Aucun personnage ne manque à l’appel : Dodo, Duchesse, Chat de Cheshire, Chapelier, Lièvre de Mars, etc. J’apprécie énormément cette Alice brune qui ressemble davantage à Alice Liddell la source d’inspiration de Carroll qu’à Alice (la blonde) dessinée par John Tanniel. Notons que les personnages semblent relativement justes et n’ont pas sombré dans la caricature grâce à Chauvel et Collette.

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)°º•. Passons au plus important pour moi, le côté illustrations.
Hormis Alice brune, j’aime le Chat de Cheshire et son sourire dentu.
Le clair/obscur – sombre/lumineux, quoi – met parfaitement en valeur de la dimension psychologique du conte. L’atmosphère est enrichie, tour à tour mystérieuse, étrange et même effrayante.
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Collette semble s’être défait de ce qu’il aurait pu déjà se faire sur l’œuvre d’Alice : son regard frais et nouveau m’a totalement enivrée. La variation des angles de vu exalte la perspective irréelle du pays des merveilles. Les textures réalisées numériquement sont également ingénieuses. Chaque protagoniste dispose de son propre univers avec ses codes couleurs. Les détails peuvent nous retenir longtemps entre les pages.
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La jaquette amovible représente Alice qui tombe (tombe, tombe…) sur le devant et un beau médaillon doré à l’arrière. La véritable couverture de l’album représente le Chat de Cheshire avec son magnifique sourire en vernis sélectif (et j’ai toujours été une grande fan de vernis sélectif). Le quatrième de couverture montre la queue touffue du chat, sans jeu de mot.

La qualité du produit fini s’accorde sur des illustrations haute définition (encore heureux, sinon Xavier se serait lui-même tapé sur les doigts) ; les pages sont glacées. Bref, un album très soigné.

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Bien que le scenario m’apparaît comme mitigé, les illustrations m’ont totalement enchantée. D’un coup de crayon, nous sommes propulsés dans un formidable pays aux merveilles, riches en couleurs et en détails. C’est toujours avec beaucoup d’émotion que je referme cet album si magique.

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)°º•. Biographies
David Chauvel, né en 1969 voue une véritable passion pour la bande dessinée. Il tente toutes les directions, en explorateur agîté et cela lui va bien. Il devient alors un scénariste prolifique.
Xavier Collette est un homo sapiens dessinatus né en 1981 en Belgique. Ce nom ne doit pas vous être inconnu, sinon, il y a souci. Pour tout découvrir de lui (ou presque), c’est par ici : Coliandre.
Une petite vidéo de présentation de l’album, à voir ici.

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Dans le chaudron :
¤ Le Chat qui avait peur des ombres de Xavier Colette & Rozenn,
¤ Le petit bois du dimanche soir de Xavier Collette & Estelle Billon-Spagnol.
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Souvenir de lecture : Allez, je le relis encore.

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Ce livre a été apprécié en lecture commune avec
Valériane, pour une spéciale « anniversaires »

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A lire au pays des merveilles (Emmyne), Bulle de livre (Snow), De l’autre côté du miroir (Laure), Lilyn Kirjahylly (Miss Spooky Muffin), See you beyond Heaven… (De.w) ont aussi feuilleté ce bijou.

CITRIQ

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Et hop, cet album peut être rangé dans la commode du challenge « Je lis aussi des albums« .

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Pics : © Tous droits réservés Collette & Chauvel.

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COLLETTE Xavier & BILLON-SPAGNOL Estelle – Le petit bois du Dimanche soir

02/11/2011 18 commentaires

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Titre : Le petit bois du Dimanche soir
Auteurs : Estelle BILLON-SPAGNOL & Xavier COLLETTE
Plaisir de lecture : Livre fantas… tique

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En ce dimanche soir, Mariette file en douce au petit bois pour rejoindre ses amis farfelus, notamment Lézard-Noir, Vieux-Loup et Solitaire-Jack. Elle a beaucoup de choses à réaliser : aider Oie-Bel-Œil à construire l’hôtel du petit bois, jouer aux cartes avec les fourmis ou encore dormir avec les frères Corbeaux.

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)°º•. Chaque double page invite au voyage : les nombreux détails sont à croquer. Les ambiances mystérieuses et l’aspect cocooning ne donnent qu’une envie : aller au petit bois, nous aussi. Les grandes ombres, un poil inquiétantes, stimulent encore plus notre curiosité et le côté « j’veux en être ! ». Je suis toujours aussi admirative de cette sensibilité du bout de doigt crayon que Xavier Collette possède et nous offre. J’aime cet aspect « rêves » très bien rendu et le fantastique qui s’invite imperceptiblement. Les illustrations sont pleines de couleurs pour faire le stock de bonne humeur. Et Mariette a une super bonne bouille… et un chouette bonnet !

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Le petit format de cet album est agréable : il donne une impression de joyau, d’un objet précieux. Ce voyage entre onirisme et réalité se dessine par des frontières floues ; ce qui laisse le rôle au lecteur de choisir l’un ou l’autre et même un peu des deux, aussi. Le texte court aux allures de contes plaira dès 3 ans.

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C’est une véritable bulle de positivisme pour contrer ce blues du dimanche soir que ressentent la plupart d’entre nous. Un petit album parfait pour une « histoire du soir ». C’est de l’optimisme en barre en encres et papier, il s’inscrit dignement dans la liste des « petits quarts d’heure de bonheur » (tout comme un croissant chaud, une couverture toute douce ou une douche chaude)

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)°º•. Xavier Collette est un homo sapiens dessinatus né en 1981 en Belgique. Ce nom ne doit pas vous être inconnu, sinon, il y a souci. Pour tout découvrir de lui (ou presque), c’est par ici : Coliandre.
Evidemment, la Madame des mots de cet album est Estelle Billon-Spagnol, elle tient un blog rigolo que tu peux voir ici : Le truc d’Estelle Billon-Spagnol.

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Souvenir de lecture : Nous avons tous une Mariette en fond de nous. Laissons-la s’exprimer un peu plus souvent…

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Dans le chaudron :
¤ Le Chat qui avait peur des Ombres de Xavier Collette & Rozenn.
¤ L’Ombre que j’ai adoptée, Pouyâ !

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Histoire de lectures (Tiphanya), Le marque-page de Choukette, Les voyages immobiles de Madame Charlotte, Papier de soie (Morgan) ont autant apprécié que moi, cet album.
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CITRIQ

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Et hop, un nouveau album qui entre dans le challenge « Je lis aussi des albums » 🙂

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Pics : © Estelle Billon-Spagnol & Xavier Collette
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SACRE Yohan – Mon cauchemar et moi

21/10/2011 21 commentaires

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Titre : Mon cauchemar et moi
Auteur : Yohan SACRE
Plaisir de lecture Livre à découvrir

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Ce petit garçon est bloqué dans le monde de ses rêves et doit affronter ses démons. Il rencontre cette grosse bête toute poilue qui semble avoir oublié son nom. Ils cheminent tout deux dans un environnement sans dessus dessous et vont apprendre à se connaître.

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De prime abord, l’histoire commence sur un ton léger. L’univers onirique que nous sert Yohan Sacré est empreint d’angoisses, de peurs et de cauchemars. Ce monde étrange sans queue ni tête va servir un récit profond à l’ambiance sombre. Cette histoire cruelle demeure émouvante et l’atmosphère fantasmagorique n’est certainement pas le plus à craindre.

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J’avais emprunté “Mon cauchemar et moi” car j’étais alors en pleine période de terreurs nocturnes, il me semblait tout choisi. Cet album de qualité, au doux papier se lit d’une traite. J’ai apprécié la cadence de récit et les illustrations, bien que pas assez variées à mon goût – personnages souvent vus du même angle, construction de l’environnement identique d’une page à l’autre -. Il n’en demeure pas moins qu’hormis quelques gros mots, les illustrations pastel amènent à une fin inattendue et un peu brutale ; elle m’a un peu secouée, je dois bien le dire…

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Né en 1989, Yohan Sacré a participé à divers concours dans le monde de la BD. Il s’inspire de l’univers de grands pour les adapter en gardant sa patte. Son style est à la fois enfantin et lugubre.
Son site ; pour découvrir les premières planches de l’album, c’est ici.
Pour information, cet album est classé dans les bandes dessinées adultes dans les bibliothèques… Il n’est donc pas à mettre entre toutes les mains. Pour lecteurs avertis.

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Souvenir de lecture : Une fin au goût amer…

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A l’ombre du cerisier… (Jeydragon), Lis tes ratures ! (Lyra Sullyvan), Plume, Sous le feuillage (Lael) ont aussi découvert ce bel album touchant.

CITRIQ

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Ce livre s’inscrit aussi au Challenge « Je lis aussi des albums » ainsi qu’au Challenge Halloween.

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STURGEON Théodore – Cristal qui songe

30/11/2009 14 commentaires

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Titre : Cristal qui songe
Auteur : Théodore Sturgeon
Plaisir de lecture Livre fantas… tique

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Horty Bluett a 8 ans quand il fugue. Il vient d’essuyer une énième colère de son père adoptif et de perdre trois doigts à la suite des violences subies. Il a 8 ans, se retrouve en pleine rue, la nuit. Par hasard, il croise son amie Kay Hallowell, lui dit au revoir et la promesse de la revoir.
Et voilà un camion qui déboule, des étranges inconnus qui le prennent sous leur aile et l’embarquent vers des chemins inconnus. Propulsé dans un bar, il rencontre la bande. Ces gens marginaux, certain à la peau verdâtre, d’autres de petites tailles, l’adoptent. Après l’accord de Cannibale, le propriétaire du cirque, Horty va trainer ses savates et se construire grâce à la vie en communauté foraine. Au sein de cette famille de cœur, Horty va partager son temps, son attachement et développer son don de mémoire eidétique. Mais est-ce la seule facilité qu’il possède ? Pourquoi le directeur du chapiteau est-il surnommé Cannibale ? Pourquoi la troupe entière tremble devant lui et se bouche les oreilles aux gémissements d’étranges cristaux vivants ? Les phénomènes ne sont pas forcément « du cirque »…

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)°º•. Très vite, nous sommes plongés dans cette famille au grand cœur. La micro société que représente le cirque est peuplée de « monstres » très attachants. Ces freaks et autres énergumènes de foire apprendront la vie à Horty. Notre jeune garçon va évoluer parmi les gentils et les méchants. Une pression forte, une impression irréaliste tournent et planent autour de son noyau de vie. Heureusement, Horty garde encore son point d’attache, un diable à ressort reçu à l’orphelinat.  Horty entretient des relations très fortes avec Junky et y tient comme à la prunelle de ses yeux.
Horty c’est le gamin que tu vas voir grandir sous tes yeux que t’y crois pas ! Gentillesse et générosité sont son leitmotiv mais il va être désarçonné, rejeté à plus d’un titre.
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Le Cannibale, ex Pierre Ganneval n’est pas étranger à l’atmosphère pesante qui plane sur le cirque. Ce grand misanthrope a depuis longtemps été déçu par la cause humaine. Délaissant l’être humain dans toute sa splendeur, il s’intéresse davantage à des bizarreries scientifiques.
Le Cannibale, c’est le méchant de l’histoire. Mais méchant-méchant. Un vrai de vrai. Que t’aimerais même pas le croiser dans tes pires cauchemars. Enfin, bref, avec l’ingéniosité et la cruauté dont il fait preuve, tu vas en rester plus que baba.
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Famille recomposée de membres rejetés par toute structure sociale, le cirque se compose de freaks et autres énergumènes de foire. Nous croisons tantôt des hommes à la peau verdâtre, tantôt des hommes sans poumon, et quelques nains au physique particulier. Ces « monstres » très attachants n’en représentent pas moins une micro-société. Ce sont ces gens montrés du doigt qui vont apprendre le plus à Horty et vont lui permettre de traverser les obstacles qu’il rencontre.
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Enfin et non des moindres, des personnages pas forcément « principaux » en terme où on l’entend, mais non moins cruciaux, les Cristaux. C’est autour de ces « objets » que se forge notamment l’intrigue. Ces derniers vivent, communiquent, ressentent la douleur, sont faits « de chair, sève, bois, os et sang » et construisent des rêves épatants. Leur communication reste énigmatique, et c’est certainement bien là-dessus que naissent affabulations et machiavélisme.
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Bien que pour certains lecteurs, le Cannibale est une pâle copie mal réussie d’un vrai méchant ; je n’en démords pas, que je n’aimerai pas le croiser en vrai. Le véritable défaut, cependant mineur, réside pour moi dans le statut presque immuable de « gentil » et de « méchant » des personnages. Dommage… Cependant, et cela est sans doute le plus gros point positif de ce roman à mes yeux, la vie des Cristaux est splendide et j’admire l’imagination de Sturgeon. Leur existence atteint quelque sommet poétique et c’est un vrai délice de se délecter des paragraphes (pseudo ?) scientifiques et des envolées exaltées que l’auteur manifeste.

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)°º•. Bien sûr, plusieurs thèmes sont abordés par cette histoire et la plus grande réside en l’image forte de l’humanité et de ses valeurs. La marginalité montre la double facette indispensable de vivre et survivre. Dans le bouquin, on en arrive presque à la lutte du bien contre le mal. Mais il n’en demeure pas moins que pour (sur)vivre, il faut alors avoir la faculté d’adaptation. Marche ou crève en quelque sorte… J’ajouterai qu’on retrouve même une vision poétique voire une hymne à la différence.
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Une de mes plus grandes interrogations au fil des pages a été de me demander quand l’horreur (et secondairement la méchanceté) allait arriver. Sturgeon a su mettre en place des atmosphères en très peu de temps, et qui enveloppent entièrement le lecteur. Souvent on tâtonne, on reste dans la brume. Et grâce à une intrigue plus que palpitante, on se questionne beaucoup. Sturgeon a su distiller avec succès les informations, garder de grands mystères ; actes qui participent au « pourquoi ? » général.
Dans le cadre de la lecture commune du Cercle d’Atuan, les débats ont été riches et passionnés, les différentes théories qui entourent Horty, Junky et les Cristaux (ainsi que le rôle des personnages secondaires) ont eu la belle part de nos bavardages. Il va sans dire que les interprétations des écrits ont été différentes d’une personne à l’autre. Relativement jouissif !
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El Jc a très bien définit la plume de Sturgeon via le forum,  « aspect humaniste et bouleversant et ce avec une grande économie de mots ». La fluidité du style n’est pas en reste et le charme étrange du bouquin participe à accrocher à l’histoire. On apprend aussi, que c’est le roman le plus réussi et le autobiographique de Sturgeon, car il se vouait à la culture physique plus jeune, dans l’objectif de devenir acrobate. Malheureusement, la vie en a décidé autrement…

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Sturgeon nous délivre une histoire très palpitante où le thème de la différence est servie sur plateau. Confiné aux abords de la vie de phénomènes de foire, le lecteur est entrainé dans un monde où les atmosphères sont prenantes, où l’on reste dans un endroit brumeux et quelque peu cruel. Nous suivons le trépidant d’Horty qui bien malgré lui, se retrouve au centre d’étranges affaires. La vision des Cristaux, leur existence et leur fonctionnement demeurent le point d’orgue magnifique de ce récit. Oserez-vous plonger dans ce livre énigmatique ?

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)°º•. Biographie
via Wikipedia
Théodore Sturgeon, de son vrai nom Edward Hamilton Waldo ou Edward Waldo, est né le 26 février 1918 et mort le 8 mai 1985. C’est un écrivain américain de fantastique et de science-fiction, dont le talent s’est exprimé à travers de nombreuses nouvelles et quelques romans.

Plus que son style, l’ambiance et les thèmes abordés dans ses écrits font de cet auteur un cas particulier dans l’univers de la SF et du fantastique. Certains parlent à juste titre d’un univers « Sturgeonien ». On retrouve dans ses écrits des traces d’événements de sa propre vie qu’il a explorée d’une manière presque « thérapeutique » pour en faire quelques chefs d’œuvres, où l’humain prime toujours…

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¤ Adaptation :
La chaîne américaine de télévision HBO de 2003 à 2005 a diffusé un feuilleton de 24 épisodes en deux saisons inachevées. Ce dernier repose sur deux romans de Sturgeon et se nomme  « Carnivale » (fête foraine). La référence à l’auteur a été volontairement mise de côté afin que le public ne soit pas assujetti aux préjugés de la littérature sturgeonienne qui avait créé des scandales dans les années 1950 (le thème de la différence, on en parlait quelques paragraphes au dessus). Sans oublier que des références aux œuvres originelles, l’adaptation n’en garde plus grande trace afin de mieux coller aux envies d’un public qu’on voulait massif.

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¤ Extrait :

Horty poussa doucement Junky sur le pupitre e pressa un bouton usé sur le côtté du cube de bois. Violemment d’abord, puis en hésitant sur son ressort rouillé et enfin avec une sortie de défi triomphant, Junky émergea de sa prison. C’était un diable à ressort, reliquat d’une génération aux mœurs innocentes. Il avait une tête de polichinelle dont le nez crochu tout écaillé rejoignait presque le menton pointu. Dans la mince fente qui les séparait s’étalait un sourire chargé d’expérience.
Toute la personnalité de Junky (et c’était la raison principale de l’affection que lui portait Horty) résidait dans ses yeux. Ils semblaient faits d’une sorte de verre teinté, moulé ou taillé à arêtes mousses, qui, même dans une chambre obscure, avait un reflet, un scintillement étrange et complexe. Maintes et maintes fois Horty avait cru constater qu’ils possédaient une espèce de rayonnement propre – mais il n’avait jamais pu en être tout à fait sûr.
_ Bonsoir, Junky, murmura-t-il.

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45788423_pLa lecture de ce livre s’est réalisée dans le cadre du Cercle d’Atuan : Chimère, El Jc, Olya, Ryuuchan, Spocky, Tigger Lilly, Vert.
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Mes Imaginaires (SBM) en parle aussi, Nebal a rédigé un bien bel article sur Sturgeon.

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VANDERMEER Jeff – La cité des saints et des fous

04/05/2009 12 commentaires

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Titre : La Cité des Saints et des Fous
Auteur : Jeff VanderMeer
Note :  Livre fantas… tique

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Ambregris est une ville mystérieuse qui se situe sur les côtes du fleuve Moss. Elle a pris naissance de par le sang de ses créateurs et abritera de curieux Chapeaux Gris. Contée par ses habitants – champigniens lugubres, artistes dévoués, politiciens perdus – Ambregris devient une ville d’une grande beauté froide. Sa raison d’exister est le culte du Calmar Royal qui peuple le fleuve Moss. Grâce à ce recueil, vous serez littéralement transporté au cœur de la cité d’Ambregris… de bien de curieuses façons…

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)°º•. Cette critique va paraître complètement absurde.
Il est très difficile de pouvoir en dire plus sans dévoiler l’intérêt de ces histoires sans en casser l’effet de surprise. Ce roman n’en est pas un : c’est, pour moi, un recueil de divers documents traitant d’Ambregris; la richesse provient des types de documents mis à disposition. Alors, certes, il part dans tous les sens, mais il n’en demeure pas moins compréhensible et cohérent ; mais comment expliquer ce phénomène ?
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Ce monde créé de toutes pièces (ou peut-être pas) par Jeff VanderMeer est un patchwork d’émotions :  fou, glacial, morbide, drôle, grotesque, déchirant… On trouve tour à tour, poésie & horreur.
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Au programme (Source : Le Cafard Cosmique)
• « Le Véritable Vandermeer » par Michael MOORCOCK, paratexte
• « Dradin amoureux »
• « Guide Hoegbotton de l’Ambregris des premiers temps par Duncan Hurle »
• « la Transformation de Martin Lac »
• « L’étrange cas de X »
• « Lettre du Dr.V. au Dr. Eron-Minaudery »
• « Notes de X »
• « La libération de Belacqua »
• « Le Calmar royal : brève monographie de Karl Manfou (complétée par quelques recherches de Candace Avalaarp, bibliothécaire) »
• « Histoire de la famille Hoegbotton par Orem Hoegbotton »
• « La Cage par Sirin »
• « Dans les heures après la mort par Nicolas Pretspor »
• « Notes adressées au Dr. Eron-Minaudery »
• « L’Homme qui n’avait pas d’yeux par X » [crypté]
• « Pretspor, Verden et L’Echange »
• « Apprendre à quitter la chair »
• « Glossaire d’Ambregris »

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Ces dépliants commerciaux et touristiques, précis d’histoire, rapports de contes et légendes et autres correspondances, permettent de toucher du doigt puis de s’ensevelir dans un monde imaginé : que de richesse et profondeur pour un ouvrage ! La définition des contours et du contenu de cette cité est tellement précise qu’elle en devient obsessionnelle. Tout, tout, tout, vous saurez tout sur Ambregris (et désolée pour l’emprunt vulgaire de la chanson).

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Véritable puzzle dont la construction mérite le détour : poésie, illustrations, glossaire (hilarant), monographie, essai scientifique (sur le calmar), bibliographie des livres parlant d’Ambregris, riche documentation appartenant à un interné, (X, qui n’est pas si inconnu que ça au bataillon).
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Les autres… traité philosophique, précis biologique sur les us & coutumes des calmars royaux, l’histoire d’Ambregris, correspondance, documentation commerciale sur les activités et services disponibles à Ambregris & courtes nouvelles et vies racontées des personnages, vous plongeront dans l’immensément abyssale Ambregris.

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Telle une boite à trésors aux multiples tiroirs, pour pourrez approcher la générosité de VanderMeer grâce à un mélange ahurissant à tous niveaux : tons, teintes, style d’écriture, observations, etc. Et vous comprendrez pourquoi c’est la fête au Calmar d’eau douce !

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)°º•. Alors oui, cela est chaotique mais certainement pas brouillon. Il faut prendre son temps pour le lire. C’est un livre mais pas un roman : il vaut mieux faire des trajets entre différents textes car il n’est pas une seule et unique histoire. Courageux est celui qui lira de la page 1 à la dernière ; je conseille fortement de l’attaquer comme un recueil de l’histoire d’Ambregris et de se laisser porter par ses envies.
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Jeff VanderMeer nous propose un réalisme magique offert sur un plateau d’argent. Il explore de nouveaux horizons et nous sert une multitude de détails, un enchevêtrement de vies, un papier de musique parfait. Sa précision en est foudroyante.
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Et même si on a l’impression que l’auteur se plie à des exercices de style (avec l’apparition de l’auteur dans ses propres nouvelles), il en convient qu’on aime se perdre dans ce livre. Il existe quelques longueurs dans les passages ressentis comme secondaires ; certains faits inventés peuvent ne pas plaire. Il faut alors aimer cette douce logique folle que VanderMeer nous dédie…
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Cet ouvrage est un compilé de petits « trucs littéraires », ce livre caméléon est tout simplement époustouflant. Bref, c’est le bouquin indispensable à avoir pour tout connaître d’Ambregris… ou presque.
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Petit aparté sur les notes de fin de page que je trouve ici, extraordinaires. Les discussions d’auteurs/lecteurs, les indices, les précisions historiques, le grandnimportequoi : c’est tout simplement délicieux de vivre une vie parallèle à ces lectures.

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)°º•. Les personnages issus d’Ambregris ont leurs vies imbriquées, ils se croisent, se connaissent, se suivent, s’indiffèrent ou s’interpellent. Les personnages sont pour la plupart fantasques et/ou perdus.
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Cette cité est le carrefour de ses habitants, on vit parmi eux : que ce soient les rebellions des habitants (Champigniens) , les drames dans les chaumières (Dradin, la Cage),les institutions en déroute (Hoegbotton), l’histoire ambiguë avec les animaux (Fête du Calmar) et la vie rocambolesque d’artistes désœuvrés (Guerre de la symphonie de Voss Bender), on est entraîné au fil des pages bien malgré nous.
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On y croisera entre autres…
Dradin l’Amoureux : un amoureux fou qui tentera tout, coûte que coûte, pour séduire une belle qu’il ne connaît que par son image furtive, qu’il observe du pied du bâtiment : horreur, bienvenue !

Martin Lac : peintre tourmenté de nature, il ne saura prendre position dans la Guerre de la symphonie de Voss Bender : sera-t-il rouge, sera-t-il vert, ou sa contribution dépassera-t-elle ces deux simples limites ?

Calmar Royal d’eau douce : au centre du livre et d’Ambregris, ce céphalopode décapode marin est l’emblème et la raison d’exister d’Ambregris. Ce Symbolisme fort en croyances et en valeurs… dépassera les contours du concept « abstrait ».

… et tant d’autres, qui n’attendent que vous, sans dessus dessous.

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En voilà, un livre complètement fou. Jeff VanderMeer nous propulse dans une cité inventée de toutes pièces : Ambregris, la belle. Vouée au culte du Calmar Royal d’eau douce, cette cité regorge de sombres épopées, de délicieuses entrevues et de passionnantes mais non moins horribles histoires. Partez à la conquête de cet ouvrage, recueil de nombreux et divers documents sur Ambregris, et suivez les Chapeaux gris.

Si ce livre a été un véritable délice à lire pour moi ; il se peut que son côté alibamqué et son atmosphère si particulière ne plaisent pas aux lecteurs avec qui je partage de nombreuses lectures d’ordinaire.

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)°º•. Alors certes, La Cité des Saints et des Fous est farfelu. Mais tellement bon… !
¤ Prix : du cafard cosmique, 2007
¤ Lecture:  du premier chapitre
¤ Traducteur : Gilles Goullet (travaux magnifiques et colossaux)
¤ Plaisirs du livre : enluminures, dessins, fresques, photos d’objets,…

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P.S. : Définition d’Ambre gris, locution signifiant : substance parfumée formée dans les intestins du cachalot.

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1. introduction à la monographie du Festival du Calmar Royal
2. extrait de « L’Homme qui n’avait pas d’yeux par X » [crypté]
3. Guerre: Hoegbotton vs Prepstor

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A livre ouvert (Chimère), Au bout de la corde (Le pendu), Journal semi-littéraire (Angua), Le bazar d’Urgonthe, Les lectures d’Elfelle ont aussi découvert Ambregris.

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