THIOLAY Boris – Lebensborn, la fabrique des enfants parfaits
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Titre : Lebensborn
Auteur : Boris THIOLAY
Plaisir de lecture : Livre avec entrée au Panthéon
Extrait
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Boris Thiolay soulève un pan d’une période sombre de l’histoire. Ces enfants ont vu le jour dans un but particulier : devenir l’élite aryenne. Le journaliste entreprend de suivre les sillons de l’Histoire cachée et de lever le voile sur leur identité falsifiée. Ils sont nés dans des pouponnières Schutzstaffel durant les années 1940.
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)°º•. La mission sacrée de la SS durant le régime est de protéger la pureté du sang. Les « lebensborn », titre poétique signifie en vieil allemand « Fontaines de vie ». Elles voient le jour au début de 1935 car elles sont au cœur de l’idéologie nazie. C’est Heinrich Himmler, un des plus hauts dignitaires du Troisième Reich et gardien de l’Ordre noir qui développe et met en place ce système.
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Grâce aux mesures anthropomorphiques, chaque enfant est soigneusement sélectionné. Certains enfants étrangers seront kidnappés et d’autres nés d’une union entre un soldat SS et une femme aux proportions « parfaites ». Ces critères de pureté raciale « aryenne » sont définis par le régime hitlérien dans le but de créer la future élite du IIIe Reich, censé durer 1000 ans. Plus tard, ils seront placés à l’adoption dans des familles aryennes « méritantes ».
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Le concept des Lebensborn est peu connu en France car les français étaient considérés comme un peuple abâtardi. Pourtant, il a bien existé une nurserie SS entre février et août 1944 à Lamorlaye (à une cinquantaine de kilomètres de Paris) et en Belgique, au château Wégimont, près de Soumagne.
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Les enfants du Lebensborn sont des orphelins de l’histoire.
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)°º•. Le tribunal de Nuremberg a acquitté les dirigeants de l’association « Lebensborn » de l’accusation de crime contre l’humanité. Jusque dans les années 1970, les Lebensborn étaient considérées encore comme le résultat de rumeurs et en devenaient même un sujet tabou. En 2000, les personnes qui en sont issues, intentent un procès pour être déclarés victimes de la seconde guerre mondiale.
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J’ai une certaine prédilection pour le vécu des personnes durant la seconde guerre mondiale. Ce livre documentaire m’a attiré l’œil : il est bien construit, très percutant. Nous sommes loin d’un texte aseptisé. Le fait que cela ne soit pas une fiction nous serre le cœur durant la lecture et s’avère également très émouvant. J’ai été sans mot lorsque je lisais, à découvrir cette organisation millimétrée et le devenir vertigineux des enfants qui en sont originaires.
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)°º•. Boris Thiolay revient sur l’histoire d’Erwin, Gisèle, Walter, Christiane, Georges – et tant d’autres – et leur identité falsifiée sinon la raison première de leur naissance. Malgré la disparition de la plupart des documents, le recoupage soigneux des données est un travail de longue haleine. On ne peut que féliciter les associations et organismes dédiées à cette Histoire qui ont permis un travail de fourmis titanesque ; et on remercie vivement les personnes qui ont accepté de témoigner dans cet ouvrage.
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Le journaliste construit parfois de belles phrases, surtout pour souligner un trait de personnalité, un détail physique mais c’est surtout quand il parle du présent. Il reste simple et concis quant aux faits du passé ou lorsqu’il raconte leur histoire. Ou sous-tend la difficulté, parfois, de l’auteur de pouvoir relater cette histoire sans se laisser entièrement happer par l’empathie. Et si ce livre est un coup de cœur pour moi, ce n’est absolument pas pour les actes relatés mais bien pour le fait que cela révèle un pan sombre de notre Histoire.
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« Lebensborn » de Boris Thiolay met en évidence toute l’horreur qui se cachait derrière cette fabrique d’enfants parfaits. L’horreur mais aussi les vies fracturées de ces enfants français devenus adultes et pour qui, « se construire » prend une toute autre dimension. Avec beaucoup de tact et une écriture concise, l’auteur nous livre leur vie.
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Souvenir de lecture : L’idéal nazi qui dépasse l’entendement à tout point de vue.
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Dans le chaudron :
Sur les Lebenborn, un récit tout aussi prenant qui s’avère une fiction, la vie d’un enfant aryen. Il s’agit de « Max » de Sarah Cohen-Scali.
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Cette lecture a été réalisée en partenariat avec les éditions J’ai Lu.
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Je ne savais pas que ça avait existé, mais ça ne m’étonne pas tellement. Ça me fait froid dans le dos.
Non, les lebensborn sont même l'essence dont se nourrisait le IIIe Reich. Par contre, j'étais étonnée d'apprendre qu'il y en avait eu une en France, au vu de la vision nazie du peuple français.
Je ne savais pas que ça avait existé, mais ça ne m’étonne pas tellement. Ça me fait froid dans le dos.
Non, les lebensborn sont même l'essence dont se nourrisait le IIIe Reich. Par contre, j'étais étonnée d'apprendre qu'il y en avait eu une en France, au vu de la vision nazie du peuple français.
Comme toi, la lecture du roman de Sarah Cohen Scali m’a marquée. Je ne connaissais pas ce document : Benjamin Thiolay est-il français ? En tout cas, il semble rendre accessible le fruit de ses recherches.
Je sais juste qu'il est journaliste à L'Express :)
Comme toi, la lecture du roman de Sarah Cohen Scali m’a marquée. Je ne connaissais pas ce document : Benjamin Thiolay est-il français ? En tout cas, il semble rendre accessible le fruit de ses recherches.
Je sais juste qu'il est journaliste à L'Express :)
C’est un sujet aussi terrifiant que fascinant sur tout ce qu’il révèle des pires travers de l’homme. Je retiens le livre, qui explore comme tu le dis un pan obscur de cette période.
Tu lis, tu te dis que ce n'est pas possible, et tu frissonnes car cela s'est réellement passé et il n'y a pas si longtemps que ça.
Mince, ça doit être un texte bien « lourd » (enfin pas dans le sens chiant à lire, mais plutôt « wouah, putain mais c’est quoi ce monde?! »).
Je ne pense pas que je le lirai, mais je le note pour certains férus d’histoire.
Oui c'est complètement dingue... J'ai vu que le lebensborn belge était situé pas très loin de chez toi...
C’est où?
Oui de fait, je ne suis pas très loin de la frontière allemande non plus.
Près de Soumagne, château de Wégimont.
Aaah oui c’est à une trentaine de KM de chez moi.
Et le chateau de wegimont est une infrastructure qui dépend de mon employeur.
(Ouf il date ce com’ :-))
J'avais regardé où cela se situait en Belgique et c'est là où je me suis rendue compte que c'était tout près de chez toi. Oui, désolée de la réponse tardive, je n'ai vu ton commentaire qu'au moment de répondre à celui d'Endea.
Tracasse toi pas 🙂
Ca m’a rappelé cette discussion 🙂
Oui c'est complètement dingue... J'ai vu que le lebensborn belge était situé pas très loin de chez toi...
C’est une partie d’Histoire pas forcément très connue, du coup tu m’as intriguée dans ton Rond de Sorcière du moment. Ce doit être un lire vraiment frappant.
Très ! Je connais très mal les Lebensborn et ce n'est pas un "point" de l'histoire qui est abordée durant nos études.
Je ne cours pas après n’importe quel livre de cette période, mais ton avis donne froid dans le dos autant qu’il m’intéresse. Moi non plus je ne connaissais pas ce pan de l’Histoire.
C'est un essai particulièrement bien réussi et dont la présence dans ma bibliothèque me parait indispensable.