COHEN-SCALI Sarah – Max
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Titre : Max
Auteur : Sarah Cohen-Scali
Plaisir de lecture : Livre avec entrée au Panthéon
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Le 19 avril… minuit approche. Il décide de naitre le jour d’anniversaire du Führer. Il devient alors la mascotte du Lebensborn où il a vu le jour. Lui, c’est Konrad. Sa mère aurait voulu l’appeler Max, mais cela ne faisait pas très aryen. Et c’est exactement ce qu’il aimerait éviter, justement de ne « pas faire très aryen ». Il n’aspire qu’à l’être. Et justement, il va grandir dans l’optique d’être le meilleur pour sa patrie nazie.
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)°º•. Max est enfant né dans les Lebenborn. Ce concept a été initié par Himmler en 1936 pour « fabriquer » la future élite du IIIe Reich. Avant même la conception, tout est étudié pour que l’enfant présent des proportions morphologiquement parfaites aux yeux de la race aryenne.
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Max est le narrateur de cette histoire, il en est d’ailleurs omniscient. Ce « je » est désincarné : Max s’avère totalement endoctriné ; il a donc un regard à la fois très mature et complètement faussé sur sa propre existence.
Dans cette histoire, c’est finalement l’évolution de Max qui m’a le plus passionnée. J’ai apprécié aussi de rencontrer le Dr Ebner et Lukas, qui va être la source de terribles changements. Max est habité par le draufgängertum, il se croit invincible et immortel et est prêt à tout pour sa patrie.
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)°º•. Ce livre, je le zieutais depuis belle lurette ; je savais que j’allais le livre dès que je l’aurai acheté. Ce livre objet a une couverture très bien calibrée : des mesures métriques autour d’une silhouette de fœtus doté d’un brassard aux couleurs nazies sur fond rouge. Elle a de quoi intriguer voire même interloquer. Cette écriture réaliste traite d’un sujet souvent ignoré.
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Le vocabulaire est cru, vulgaire voire même choquant. Avec la dureté des propos du protagoniste, le parti pris narratif s’avère très audacieux : l’exercice est difficile à tenir sur la distance. Et pourtant, cela fonctionne. Sarah Cohen-Scali a suscité beaucoup d’émotions au lecteur.
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On croit parfois que le regard de Max/Konrad évolue et bim, il donne quelques réflexions pas piquées des vers. Pourtant notre empathie fonctionne à plein régime : si on ressent l’envie de le secouer, de dire au personnage principal qu’il y a une autre façon d’envisager les choses, il nous arrive d’avoir un élan de cœur et de vouloir le câliner, le rassurer. Le livre brasse l’aspect politique, le militaire mais surtout le côté humain.
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Le ton cynique est ajusté. La froideur du style donne toute la force de cette histoire. Il est impossible de rester neutre face au récit. Ce dernier entrain une réflexion sur les sentiments évoqués qui sont totalement tournés vers l’idéologie nazie. L’histoire est dérangeante parfois révoltante mais pourtant il y a aussi de l’humour, du rire et de l’espoir.
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)°º•. Ce livre fascinant est très documenté. En plus d’imprégner le texte de la pensée aryenne, en filigrane la part historique est non négligeable : l’invasion de la Pologne, le kidnapping d’enfants d’autres pays, l’attaque de Pearl Harbor et l’avancée russe. Le livre demeure très rude dans la thématique générale, on y cite notamment la mort, le viol, la concentration et l’extermination, la prostitution et l’exclusion.
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Cette histoire que j’ai dévorée m’a aussi été une « grande claque ». Ce n’est pas tant sur le thème du livre que sur le fond et la forme que ce récit est un grand coup de cœur. Bien que déstabilisante, la lecture m’a réellement marquée. Elle s’est même avérée très addictive. Je sais que je relirai ce livre.
Concernant le public, je dirai à partir de 15 ans et à condition que la personne soit mature. Le futur lecteur doit pouvoir comprendre la froideur des propos de Max, et avoir un certain détachement quant à cette fiction.
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« Max » de Sarah Cohen-Scali marque les esprits dès le premier coup d’œil jeté à la couverture. Le contenu est d’autant plus fort que si le récit est une fiction, elle se base sur un pan de notre propre Histoire. Avec une grande verve, l’auteure nous entraine dans un roman où le personnage principal est bouleversant et l’intrigue, poignante. Les émotions sont réellement exaltées.
Lecture conseillée à partir de 15 ans et pour lecteur avisé
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Souvenir de lecture : Une livre très poignant.
Dans le chaudron :
Récit documentaire sur les Lebensborn : Lebensborn, la fabrique des enfants parfaits de Boris Thiolay
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Voici une nouvelle entrée pour mon challenge jeunesse – young adult.
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Audouchoc, eTemporel (Kahlan), Iluze ont aussi ont aussi suivi le BPFP (Baptisé Par le Führer en Personne).
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Il m’interpelle celui, il va atterir dans ma with list
Il est très percutant, il faut le lire entre deux lectures joyeuses, je pense...
Il m’intrigue depuis sa sortie, je le note dans mes prochains achats !
J'espère qu'il va te plaire :)
Ça fait un moment que j’entends parler de ce livre mais l’histoire et la couverture me mettent déjà mal à l’aise :/
Alors ce sera pire avec le contenu ;)
Je ne lui avais pas prêté d’attention lorsqu’il était sorti, mais ce que tu en dis redores son blason :3 Il va falloir que j’inspecte les rayons de ma bibliothèque et que je prépare mes tripes à supporter cette lecture.
Comme je te sais plus réfléchie que moi sur l'intrigue, j'espère qu'il saura te plaire.
J’ai été très marquée également par cette lecture. Je n’ai pas réussi à en faire un article, j’aimerais le relire (et je sais que je vais le faire un jour ou l’autre). Belle chronique !
Oui moi aussi je le lirai, c'est un ouvrage très fort.
T’es à fond dans la thématique là? (Cf. ton autre billet sur les lebensborn).
Je ne sais pas si je suis super attirée par le sujet, mais la manière dont tu en parles, l’effet coup de poing, etc…. puis « Panthéon » quoi… bin ça donne quand même envie de pousser son nez à l’intérieur de ce bouquin…
Merci pour ta chronique.
Ce livre, je l'ai lu en février et la chronique était en pause, mais je souhaitais la publier dans le cadre du challenge jeunesse/ young adult. Et à l'époque, je ne savais pas que je lirai Lebensborn de Boris Thiolay quelques mois après ;) Entre temps, il y a aussi eu le diptyque Blitz de Connie Willis ; Et il me reste aussi à découvrir "Hitler, mon voisin" d'Edgar Feuchtwanger. J'ai toujours apprécié les retours des gens qui avaient vécu la seconde guerre mondiale, en fait. C'est juste que j'en parle peu ;)
Okay. Il me semblait bien que je l’avais vu dans ta colonne « lecture en cours », il y a un bout de temps.
Tout à fait :) Mais il a été très difficile à chroniquer pour moi.
ce n’est pas un sujet « easy game »…
Non, c'est sûr. Mais je trouve ça très intéressant (et émouvant)
Alors là…. Il va falloir que je me penche sérieusement dessus, ta chronique m’a totalement conquise !
La lecture est très impactante !
J’ai lu plusieurs romans de Sarah Cohen Scali ou Sarah K et j’en garde d’excellents souvenirs. Voilà un titre que j’aimerais bien découvrir.
A vrai dire, je n'ai lu que celui-ci :)