Archive

Articles taggués ‘★★★★★’

GREGORY Daryl – L’éducation de Stony Mayhall

11/06/2018 23 commentaires

.

Couverture du roman "L'éducation de Stony Mayhall" écrit par Daryl Gregory et publié aux éditions PocketTitre : L’éducation de Stony Mayhall
Auteur : Daryl Gregory
Plaisir de lecture Livre fantas… tique

Lire les premières pages

.

Alors que Wanda effectue un trajet en voiture remplie de ses trois filles, Alice, Chelsea et Junie, elle est obligée de s’arrêter à un passage enneigé car un cadavre l’empêche de passer. Alors qu’elle le dégage, elle découvre serré contre le corps, un bébé qui remue. Ramené à la ferme, Wanda l’adopte et l’on suit alors dans sa vie, cet être surnommé Stony.

.
.
.

.

Comment ? Je n’avais pas encore lu ce magnifique titre, dites-vous ?

Il est vrai que je l’avais repéré à sa sortie. Et puis j’ai attendu au point d’assister à la parution au format poche. Et puis j’ai décidé de patienter encore avant que Valériane ne me l’offre pour mon anniversaire en janvier dernier. Je savais qu’il s’agissait d’un indispensable (un must have… ou un must-read) et je pense que cela me réconfortait d’avoir une telle pièce dans ma liste d’envies. Quitte à faire différemment, j’ai aussi lu en ordre antéchronologique la bibliographie de l’auteur : « Nous allons tous très bien, merci » et « Afterparty ».

.

Dans la littérature zombie, accéder au point de vue du zombie est un type de narration plusieurs fois abordé. Ceux que j’ai lus : Melanie (Celle qui a tous les dons), Andy (Comment j’ai cuisiné mon père, ma mère… et retrouvé l’amour), Maddy (Zombies don’t cry), R. (Vivants) et Johannes van der Linden (Zombie Nostalgie).

De mes lectures, je pense que c’est Stony le plus convaincant car on le suit dès les premiers instants et sur une longue période. De plus, l’atypisme se focalise sur l’aspect plus psychologique des zombies.

.

Le livre se compose de plusieurs parties, en commençant par celle où il va évoluer au sein de sa famille monoparentale composée de trois sœurs mais aussi avec son voisin du même âge, Kwang. On poursuit avec la deuxième partie où Stony est « poussé » de sa vie reculée à cause d’un drame pour rencontrer une communauté où il y sert ses valeurs. La tonalité s’assombrit au fil des parties.
.

Stony grandit avec tous les affres et les petits bonheurs de la vie ; il est choyé par une famille aimante. Son enfance peut être qualifiée heureuse dans cette ferme isolée. La galerie présentent des personnages féminins forts ; d’autres personnes incapables d’accepter les différences ; des MV (mort-vivant) comme ils se surnomment et des souffleux comme ils surnomment les humains qui respirent.
.

Le postulat de départ présente un nouveau-né zombie avec la particularité qu’il va grandir physiquement. C’est la première fois que ce phénomène est observé dans cette société. L’humanisation du zombie est réussie car ils sont capables de sentiments et d’interactions élaborées. Les zombies réfléchissent, argumentent, défendent leurs opinions politiques, leurs conditions de « non vie » et leur possible évolution au sein de la société. Les zombies sont morts mais ils restent encore des humains.

.

C’est par un angle habile et éclairé que Daryl Gregory propose une histoire sensible, humaine, politique, physique et philosophique. Tout un panel de thèmes s’y trouve : amitié, amour et tendresse, solidarité & entraide, trahison, peur et déception. Sous le point d’orgue de l’altérité (avec presque un A majuscule), l’auteur traite du poids de la religion et de la foi, de l’acception des autres, de la tolérance. En traduction, c’est un condensé de l’oppression humaine et des événements qui marquent notre Histoire.
.

Daryl Gregory a déjà montré un intérêt pour les « freaks », ces personnes considérées comme des monstres par la majorité de la société ; alors qu’ils sont en réalité, bien plus apaisés que ceux qui les pointent du doigt. À travers des enjeux colossaux, le récit tend vers l’importance du poids d’un individu standard grâce à sa force et ses victoires.
.

L’auteur créé une proximité entre son héros aux chairs mortes et le lecteur ; notre empathie vibre tout au long du récit. C’est une histoire humaine remarquable. La narration se construit tantôt à la première tantôt à la troisième personne du singulier.

.

« L’éducation de Stony Mayhall » est différent des stéréotypes habituels et on remarquera que l’auteur s’amuse des codes qu’il maîtrise ; je dirai même que le roman fait un clin d’œil aux amateurs du genre (si l’on considère qu’un roman peut cligner des yeux, bien entendu). L’hémoglobine est bien présente dans le récit mais loin d’être dégoulinante ou servant des scènes gores.

Le récit ne tombe pas dans le ridicule et ne frôle pas non plus le deus ex machina. L’intrigue se révèle aussi fascinante que complexe. Elle est teintée par l’ironie et l’humour, bien évidemment.

.
.

Aurélien Police a reçu le prix Wojtek Siudmak du graphisme au Grand Prix de l’Imaginaire 2015 pour l’ensemble de ses couvertures réalisées en 2014 et notamment celle de « L’éducation de Stony Mayhall », paru originellement aux éditions Le Bélial’.

.

Couverture illustrée par Aurélien Police du roman L'éducation de Stony Mayhall par l'auteur Daryl Gregory

.

————————————————————————~*

.
Albédo (Lutin82), Blog-O-Livre (Blackwolf), CunéipageLa Prophéties des ânes (Cornwall), Le dragon galactique (Tigger Lilly), LupaUn papillon dans la Lune, Welcome to Nebalia ont aussi tracé autour d’eux, des cercles de protection avec de la farine.

.

SHUSTERMAN Neal – La Faucheuse ~ Thunderhead, tome 2

31/05/2018 8 commentaires

.

Couverture du livre "Thunderhead" de Neal Shusterman, il s'agit du tome 2 de la série La FaucheuseTitre : Thunderhead (La Faucheuse, tome 2)
Auteur : Neal Shusterman
Plaisir de lecture :  Livre fantas… tique
Tome 1
.

Dame Anastasia, fraîchement assermentée prend son travail de faucheuse à cœur, en y incluant une particularité de moisson. Prise d’amitié avec sa mentor, elles restent en bonnes relations, vivent et fauchent ensemble. Maître Lucifer est devenu une légende urbaine car il œuvre uniquement pour ses valeurs… qui vont à l’encontre de la communauté pétrifiée des Faucheurs. Le tout sous l’œil permanent et scrutateur du Thunderhead.

.
.

.

J’étais curieuse de découvrir « Thunderhead » car j’avais beaucoup aimé le premier tome « La Faucheuse ». J’étais déjà prête à ce que l’histoire retombe comme un soufflé, sensation déjà vécue avec quelques trilogies classées « jeune adulte » (YA). Je ne vous ferai vivre aucun suspense : j’ai aimé ma lecture !
.

Les points de vue des narrateurs sont récurrents ; Neal Shusterman introduit le personnage de Grayson. J’ai pris plaisir à retrouver Citra et Rowan, à travers qui nous découvrons leur vie et toujours davantage sur les règles qui régissent cette société.
.

Alors que nous avions des extraits du journal de bord des Faucheurs, dans ce deuxième tome, ce sont les « pensées » du Thunderhead qui sont insérées en début de chapitre. Il est truculent d’avoir accès aux observations de cette intelligence artificielle, comprendre comme il réfléchit sachant qu’il n’est ni omniscient, ni impotent. Il pourrait l’être, mais il souhaite s’occuper de tout sauf de la vie et de la mort des humains. Beaucoup d’interrogations géopolitiques et les dérives possibles de notre réalité sont soulevées.
.

Le roman s’inscrit dans une pluralité – pluralité des expériences, pluralité des points de vue, pluralité des questionnements et s’avère peu manichéen (d’un point de vue extérieur, si l’on n’a pas lu les livres, on peut s’en étonner alors qu’il est surtout question de Faucheurs !). J’ai été rassasiée concernant le rythme, les retournements de situation, les révélations et le niveau de manipulations ; à un rythme dont l’auteur avait donné la cadence dès le premier tome.
.

Ce que j’ai préféré, ce sont tous ces détails sur le fonctionnement de cette société, aussi originale que complexe. On entre dans la décadence de l’univers des Faucheurs où les « traditionnels » se confrontent au « nouvel ordre ». Nous est révélé le monde des malpropres, aspect sociétal que Neal Shusterman n’avait pas abordé jusque-là.
.

Le suspense est bon, bien que le livre se termine sur un énorme cliffhanger (et c’est un euphémisme). La vision de l’intelligence artificielle est déstabilisante. L’univers est pensé dans les moindres détails et avec perspicacité. C’est validé !

.

Fan art d'Anastasia de Peter's really pretty pour le livre Thunderhead de Neal Shusterman Fan art de Lucifer de Peter's really pretty pour le livre Thunderhead de Neal Shusterman

Dame Anastasia | Maître Lucifer
Par Peter’s really pretty

.

————————————————————————~*

.

Encres & Calames (Sia), Le Chat du Cheshire (Léa), Lectures trollesques (PtiteTrolle)Muti et ses livres (Mutinelle), Ptite-Boukinette (Azariel) se demandent si elles seraient des traditionnelles ou membre du Nouvel Ordre.

.

KAY Guy Gavriel – Tigane

08/05/2018 15 commentaires

.

Couverture du livre Tigane de Guy Gavriel Kay

.

Titre : Tigane
Auteur : Guy Gavriel Kay
Plaisir de lecture Livre fantas… tique
.

Brandin d’Ygrath et Alberico de Barbadior, deux puissants sorciers, se battent pour les provinces de la Palme. Fou de douleur de la perte de son fils lors d’une bataille, Brandin jette un maléfice sur Tigane : le nom disparait de la mémoire des gens. La résistance nait avec la formation d’un petit groupe de rebelles menés par Alessan. Ils cherchent à libérer la péninsule de ses deux occupants féroces.

.
.
.

Pour ce récit, on suit les histoires de deux personnages, celle de Devin artiste d’une troupe itinérante et Dianora, membre de la Cour du roi d’Ygrath. Guy Gavriel Kay a la volonté d’intégrer des personnages « à bagages » : ils ont déjà vécu un bout de leur vie avant qu’on ne les rencontre dans le livre ; avec leurs aventures, leurs faiblesses et leurs blessures. Ceux-ci sont justes et non manichéens. Ceci dit, l’archétype du despote aurait mérité un peu de profondeur. Les rebelles sont forts et intelligents, mais cela ne s’avère pas un défaut et n’enlève rien au récit (il faut bien équilibrer les forces face aux oppresseurs).
.

Comme pour mes précédentes lectures issues de la bibliographie de l’auteur, l’aspect qui m’intéresse le plus et que je trouve aussi le plus réussi se révèle être la complexité de l’être humain, pour lequel l’investissement se ressent véritablement.
.

« Tigane » estampillée fantasy historique se base dans la péninsule italienne à l’époque de la Renaissance, foyer de rayonnement culturel et d’intrigues foisonnantes.
.

Cette épopée prend des accents de roman de cape et d’épée. L’approfondissement de l’univers permet au lecteur de mieux s’en imprégner et d’entrer dans le cercle des contestataires. La magie ne sera présente que sous la quantité d’une pincée, davantage comme une métaphore qu’un poncif du genre.
.

De par son disparition dans les mémoires, Tigane devient le témoignage de la destruction d’un pays, de l’annihilation d’une culture puis de la reconquête d’un territoire. Cette tragédie a des airs de chant de liberté, avec l’importance du patriotisme, du rôle de la mémoire et de l’art pour une nation. Elle apparait comme la quête de l’identité de tout un peuple.
.

Et il ne faut rien de moins qu’une écriture fine, basée sur des recherches poussées et un scénario réfléchi pour une histoire convaincante. À travers les lignes, se dessine une certaine musicalité, qui donne tant de beauté à ce récit épique. J’en ai aimé la souplesse, tachetée par quelques traits mélancolie et qui se termine sur un dénouement fabuleux. Cette narration balaye la pensée unique et j’ai été surprise de repenser régulièrement à Devin et à l’articulation des actions de l’équipe à la recherche d’une grande partie de son identité.

.
.

Mise en scène du livre "Tigane" écrit par Guy Gavriel Kay

.

————————————————————————~*

.

Gaëtan et LineTje (du blog Les Singes de l’Espace), Lutin82 (Albédo), ont aussi tendu l’oreille pour écouter la résonance de Tigane.

.

LOVECRAFT H.P. & BARANGER François – L’appel de Cthulhu illustré

04/04/2018 20 commentaires

.

Couverture du livre illustré par François Baranger : L'appel de Cthulhu de LovecraftTitre : L’appel de Cthulhu illustré
Auteur : H.P. Lovecraft
Illustrateur : François Baranger
Plaisir de lecture Livre fantas… tique

.

Cthulhu imprègne fortement nos imaginaires : tout le monde connaît son physique, sa présence ; d’ailleurs il existe pléthore de références à ce Grand Ancien. Howard Phillips Lovecraft est bien souvent reconnu comme un maître de l’horreur.
.

Ces « dieux » de H.P. Lovecraft initient l’apocalypse sans la moindre once d’espoir d’une terre nouvelle, lavée de tout humain et prête à un renouveau (comme c’est souvent le cas).
.

Le récit est divisé en trois parties :
* On suit Francis Wayland Thurston qui hérite des biens de son grand-oncle parmi lesquels figure une statuette d’argile mésopotamienne ; il la met en relation avec les œuvres d’Henry Wilcox, jeune artiste moderne.
* On découvre le témoignage d’un policier ayant géré des événements de violence dans les bayous de Louisiane ; pour certains, il ne s’agit que d’élucubrations de personnes hallucinées.
* On assiste, après que Francis soit entré en possession du journal du capitaine d’un bateau, à l’affrontement entre l’équipée et des renégats en plein milieu de l’océan pacifique. Une île à la structure cyclopéenne surgie des flots, une gigantesque créature apparait alors.

Je ne me pencherai pas sur la traduction – réalisée en 2012 – de Maxime Le Dain, ne connaissant pas le texte originel et n’ayant pas de connaissances ni même d’avis sur les différents travaux de traduction et sur leur finesse. Ce traducteur reste pour moi celui attitré à Lovecraft par les éditions Sans-Détour, spécialisées dans la publication des jeux de rôles pour le marché francophone.

.

Ce grand format – 35,8*27,2 cm, 64 pages – est un écrin qui renferme récit et illustrations. Ce gabarit démesuré permet de dévoiler toute la puissance des dessins de François Baranger ; qui s’avèrent pertinents de par leur fidélité au texte.
.

La mise en page du texte est équilibrée afin que la lecture garde un rythme continu et adapté à la progression des images (à aucun moment le lecteur ne se retrouve obligé de tourner la page pour terminer sa phrase ou le passage qui est illustré pour revenir en arrière et observer à loisir l’illustration). Le travail de pagination est tout aussi soigné : la répartition du texte s’incruste parfois dans l’illustration, la deuxième englobant le premier. Certains passages de l’histoire ont été intégrés en caractère plus grand que le reste du texte.

.

Les dessins ne sont pas là pour soutenir le récit, ils lui apportent une nouvelle dimension. Les illustrations donnent le change à cet univers inquiétant et fascinant à la fois. À chaque double page son illustration, d’une véritable beauté et dans laquelle on se perd vite, on en mange les détails et on regarde chaque trait.
.

J’ai apprécié la représentation de Cthulhu qui ne suit pas l’idée que s’en conçoit le lecteur (c’est à modérer) mais par un procédé de distanciation, c’est à travers le récit des personnages que l’illustrateur l’a croqué : anthropomorphe et colossal ; on peut la qualifier de « représentation canonique ». François Baranger semble avoir pris beaucoup de plaisir à choisir des angles de vue singuliers avec tout un jeu de perspectives savamment additionné à la place et l’importance des ombres.
.

L’atmosphère de tension est bien rendue. J’ai été époustouflée par les décisions de l’illustrateur qui se devait de représenter des géométries peu logiques, comme des traits qui se veulent concaves et convexes à la fois.

.

Ce livre aux illustrations saisissantes est constitué de papier glacé, possède une belle jaquette et aussi une préface de John Howe (à lire en guise de postface si vous souhaitez découvrir par vous-même le travail de François Baranger). C’est un travail magnifique qui peut faire l’objet d’un cadeau (d’ailleurs, je l’ai offert à mon Amoureux pour Noël, que je suis une personne de bon goût, hinhin).

.

Vous pouvez visionner des vidéos tournées lors des sessions de peinture
Sachez que la version illustrée par François Baranger des « Les montagnes hallucinées » est en cours. Au vu de la longueur du texte, le récit sera décomposé en deux tomes, publiés à un an d’intervalle. Le premier sortira en français dans le courant du second semestre 2019.

.
.

Photographie du livre L'appel de Cthulhu de Lovecraft, illustré par Baranger : illustration de Francis Wayland Thurston

Photographie du livre L'appel de Cthulhu de Lovecraft, illustré par Baranger : illustration de la statuette de Cthulhu

Photographie du livre L'appel de Cthulhu de Lovecraft, illustré par Baranger : illustration de l'atelier d'Henri Wilcox

Photographie du livre L'appel de Cthulhu de Lovecraft, illustré par Baranger : illustration de l'île démesurée de Cthulhu

Photographie du livre L'appel de Cthulhu de Lovecraft, illustré par Baranger : couverture et jaquette

Photographie du livre L'appel de Cthulhu de Lovecraft, illustré par Baranger : illustration en filigrane de Cthulhu

 

.

————————————————————————~*

.

Logo défi Valériacr0

Sélectionné par Valériane pour le mois de mars, il était le dernier des livres ajoutés en 2017 à ma Pile à Lire qu’il me restait à découvrir !

 

.

Les lectures de Xapur, Lorhkan et les mauvais genres ont aussi succombé à ce magnifique livre.

.

FAYE Estelle – Les Seigneurs de Bohen

31/01/2018 20 commentaires

.

Couverture de Les Seigneurs de Bohen d'Estelle Faye.
Titre
: Les Seigneurs de Bohen
Autrice : Estelle Faye
Plaisir de lecture Livre fantas… tique
Lire les premières pages

.

L’empire de Bohen court à sa ruine. La chute sera provoquée par plusieurs individus qui n’ont pas pour vocation de sauver le monde. Alors que leur seule priorité est leur propre survie, les valeurs qu’ils défendent vont les emmener sur un chemin plus large.

.
.
.

Par le talent de conteuse d’Estelle Faye, j’ai été séduite dès les premiers mots. C’est un nouvel univers qui s’ouvre et je suis bien en peine de pouvoir vous le résumer.
.

Ce roman chorale se positionne sur des portraits d’humains réussis : Sorenz, Saint-Étoile, Maëve, Sigalit, Janosh, Wens, Lantane. Ils fonctionnent généralement par duo et ils s’avèrent tout en qualités et en défauts. On va essayer de comprendre les objectifs de chaque personnage qui se révèle engagé (comportements, valeurs et actions). Chaque destin va se croiser sur le principe de « la vie est une passion ». Si les protagonistes sont bien développés, les deuxièmes et troisièmes personnages sont inexistants.
.

J’ai su apprécier l’importance de l’humain et de ses choix. Chaque personnage a une trajectoire différente et ne laisse pas le lecteur indifférent. J’ai aimé leurs cicatrices et leurs sacrifices, auréolés par la justesse des sentiments ; et parfois par des histoires d’amours.
.

J’ai trouvé qu’il y avait quelques couacs sur le comportement des personnages où certains changent brutalement de direction, d’autres ont un comportement à risque sévèrement puni (de mort).
.

Tout comme les personnages, l’univers est envoûtant. La magie ancestrale est hautement réprimandée. Cependant, l’autrice ne donnera aucune explication concernant cette magie, son existence, son interdiction, ses origines.

Il existe des mots défendus, des mots de pouvoirs utilisés par des sorciers ou des Morguennes. Un bestiaire s’anime : Morguennes, vouivres, goules, métamorphes, mercenaires, nonnes-soldates et bretteurs itinérants.

.
.

Le récit est enivrant : on entre directement dans le vif du sujet, dans un monde dense. Rien n’est laissé au hasard, la plume est habile. On sent qu’Estelle Faye se balade. C’est comme regarder une saltimbanque qui danse : on est obnubilé par les mouvements du corps, des tissus qui volent et des bijoux qui tintent.
.

Loin des clichés du genre, cette fantasy en un seul volume est originale car elle ne laisse pas une impression de linéarité. Le récit est percutant et s’apprécie comme dans la construction d’un puzzle.

Parfois, certains éléments clés semblent survolés et j’ai perdu aussi l’intrigue de vue dans le quotidien des personnages. Mais secrets et rebondissements parsèment l’histoire.
.
.

L’ambiance est chargée en émotion ; l’oscillation entre le mal et le bien tout comme le mystère imprègnent les pages. L’écriture est pleine de sensualité, soignée et poétique. Des hales, des démones des tempêtes. Les hales semblaient patiner sur la neige, poussées par le vent, vêtues seulement de leurs longs cheveux blancs emmêlés.
.

Estelle Faye peut décrire avec volupté une tenue vestimentaire composée de dix jupes, détailler les cheveux tressés en de multiples nattes, décrire les mouvements de l’eau ou l’empreinte de l’écorce d’un arbre sans jamais perdre son lecteur.

.

L’autrice est accordée à son intrigue comme à un diapason. Le voyage est étonnant et détonant. Finir le livre, c’est aussi se priver de son univers. Je sais d’ores et déjà que je soumettrai « Les seigneurs de Bohen » à une relecture pour le plaisir.

.
.

Les Seigneurs de Bohen, illustration de couverture par Marc SimonettiIllustration de couverture par Marc Simonetti

.

————————————————————————~*

.

Pour fêter la sixième année de son blog, Sia organisait un concours pour faire gagner son specimen.

.

Lecture équitable : soutien aux petites maisons d'éditions

Il est de bon ton d’apposer ici le logo de soutien envers les petites maisons d’édition 🙂
.

BlackWolf (Blog-O-Livre)Dup (Book en stock)Gilwen (Livrement vôtre), La LicorneLe culte d’Apophis, Les lectures de Marie JulietMay (The Books Howl), Phooka (Book en stock), Roz (Dans ma bibliothèque)Sia (encres & calames) ont aussi formulé des mots défendus.

.

WILLIS Connie – Blitz ~ All clear, tome 2

26/07/2014 24 commentaires

.

All clear Connie Willis Blitz tome 2Titre : All Clear (Blitz, tome 2)
Auteur : Connie WILLIS
Plaisir de lectureetoile 5 Livre fantas… tique

.

Michael, Polly et Merope sont enfin réunis. Ils sont coincés en plein Blitz à Londres en 1940. Ces historiens venus de 2060 jouent contre la montre : le temps devient de plus en plus précieux maintenant qu’ils se rapprochent de leur date limite. Ils risquent réellement leur peau sans pouvoir retourner au XXIe siècle.

.
.

)°º•. Connie Willis s’attaque à la thématique de la seconde guerre mondiale où le quidam est le véritable héros. Ce sont des portraits et hommages fantastiques des Londoniens durant le blitz. Le quotidien prend une place primordiale dans le roman : le background avec cet effort de guerre gagne en intensité dans « All Clear ».
. Lire la suite…

WILLIS Connie – Blitz ~ Black-out, tome 1

12/05/2014 32 commentaires

.

Black out Connie Willis Blitz tome 1Titre : Black-out (Blitz, tome 1)
Auteur : Connie WILLIS
Plaisir de lectureetoile 5 Livre fantas… tique

.

En 2060, les historiens partent en mission grâce au voyage temporel. Ils revisitent les moments forts de l’Histoire afin de collecter des données. Seulement, les missions sont précipitées par le service de l’université, les annalistes manquent d’entraînement et de connaissances : ils sont envoyés en plein blitz londonien en 1940. Ils doivent éviter absolument les points de divergence, et l’exercice est beaucoup moins aisé pour eux qu’ils ne le pensaient.

.
.

Poly, Mérope/Eileen et Mike voient leurs missions chamboulées : ils partent tous pour la seconde guerre mondiale. C’est avec une grande excitation qu’ils partent pour vivre une page essentielle de l’Histoire. Mais les doutes naissent durant leur périple. Si on s’attache au devenir de ces trois protagonistes, la galerie de portraits de gens qu’ils vont fréquenter n’en sera pas moins intrigante. Les personnages luttent pour leur survie en s’inquiétant de la moindre interférence qu’ils pourraient créer et de son poids concernant la trame temporelle.

.

Abri antiaérien →

Pancarte dans une rue de Londres, 1940

.
.

Black out Connie Willis Illustration Gregoire HL’auteure est consciencieuse dans l’écriture : le background réaliste est très prenant. Elle ressuscite l’époque “comme si on y était”. Si le livre donne une impression de pavé, la plume est particulièrement fluide. Très documenté, le roman fait passer beaucoup d’informations tant sur la période que sur les figures de cette période. La richesse de la reconstitution nous entraîne dans le quotidien des personnes et leurs préoccupations. Si le voyage temporel par les historiens n’est pas l’idée du siècle, c’est son traitement qui appuiera l’effet de page turner.

.

Magasin ouvert. Vraiment ouvert.

Affiche placardée dans la vitrine brisée
d’un grand magasin de Londres

.
.

Lire la suite…